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mercredi 1 février 2012

L’esclavage dans la société maure



12. Les Maures blancs (Arabo-Berbères) constituent une élite qui contrôle l’économie et
la plupart des rouages de l’appareil d’État, notamment le Gouvernement, l’armée et la
police. Historiquement, ils ont attaqué, réduit en esclavage et assimilé des groupes
ethniques noirs sédentaires installés le long du fleuve Sénégal. Aujourd’hui, ces populations
assimilées sont aussi dénommées Maures noirs. À la suite de la loi de 1905 abolissant
l’esclavage en Mauritanie, les Maures noirs ont été progressivement affranchis et ont été
communément appelés les Haratines − terme qui vient du mot arabe signifiant liberté − car
ils sont perçus par le reste de la société comme étant des esclaves affranchis. Les Haratines
continuent d’être victimes de discrimination, de marginalisation et d’exclusion en raison de
leur appartenance à une «caste servile»; c’est surtout à propos de ce groupe ethnique que
l’on parle d’esclavage de nos jours en Mauritanie. Dans de nombreux cas, les Haratines,
même affranchis, continuent de servir leurs maîtres parce qu’ils leur sont attachés par des
liens économiques, culturels et psychologiques et qu’ils n’entrevoient aucune autre option
viable. Qu’ils soient affranchis ou encore asservis (abid), les Maures noirs sont appelés
Haratines.
13. Dans ce vaste pays essentiellement désertique, il est extrêmement difficile aux
esclaves de s’enfuir et d’abandonner leurs «familles». Les Haratines qui fuient leurs maîtres
A/HRC/15/20/Add.2
GE.10-15628 7
vont vivre dans des adwabas, des campements de descendants d’esclaves, ou dans des
bidonvilles à l’extérieur des grandes villes. Les anciens esclaves deviennent ainsi les
membres les plus pauvres de la communauté: ils n’ont guère accès aux services de base tels
que l’éducation et leurs possibilités d’emploi sont limitées. Ils occupent fréquemment des
emplois de service et autres emplois subalternes dans les centres urbains. Dans certains cas,
d’anciennes femmes esclaves travaillent dans les zones urbaines comme domestiques chez
des parents de leurs anciens maîtres ou comme prostituées. Dans d’autres cas, des femmes
esclaves affranchies établissent des petits commerces en vendant des articles tels que le
couscous ou la menthe; quant aux hommes, ils travaillent comme portefaix ou gardiens de
nuit.
14. Le fait que les anciens esclaves négro-africains et haratines n’ont pas accès aux
services de base et à des moyens d’existence différents contribue à propager l’idée qu’ils
demeurent des êtres inférieurs et qu’ils seront toujours des esclaves.

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