Translate

samedi 30 juillet 2016

Pétition pour la libération des prisonniers d’opinion en Mauritanie # halte à l’arbitraire



Pétition pour la libération des prisonniers d’opinion en Mauritanie # halte à l’arbitraire
Oumoulkhairy BA Mauritanie

Depuis le 30 juin 2016 des militants des organisations de droit de l’homme ont été enlevés séquestrés torturés durant une douzaine de jours sans mandat ; puis emprisonnés. Ces détenus sont des prisonniers d’opinion. Certains écroués uniquement pour avoir fait un usage pacifique de leur droit à la liberté d’expression, de réunion et d’association, d’avoir exprimé leur opinion anti-esclavagiste, d’autres d’avoir résisté physiquement face à une situation insupportable de délogement de population sur leurs lieux de vie occupés depuis plus de deux décennies.

Des formations politiques et celles de la société civile se sont unies pour dénoncer cette énième violation de nos droits perpétrée par le régime actuel. Elles se sont mobilisées contre les injustices et ont fait bloc pour exiger la libération des prisonniers d’opinion. Un procès est fixé au 3 août 2016, il est donc urgent pour nous citoyens d’agir pour réaffirmer notre attachement à la dignité humaine et défendre notre liberté. Vous aussi vous pouvez changer les règles et arrêter cette épidémie de racisme d’état et d’exclusion.

Par votre signature, vous appelez à la libération immédiate et sans conditions des militants de IRA, du M25 et de Mani-Chari-Gasoil arrêtés et détenus depuis le 30 juin 2016.

Signez et faites signer cette pétition. 

Mauritanie : l’IRA élargit sa base et parle à tous les mauritaniens : Entre racisme, esclavage, égalité, comment réclamer justice sans effrayer ?

Au terme de deux années d’emprisonnement pour délit d’opinion et quelques jours après leur libération, Brahim Bilal et lui, Birame Dah Abeid, s’exprimait, le 11 juin 2016, sur la chaine de télévision privée 2STV, qui émet, sur le câble, depuis son siège, à Dakar.

La transcription du propos permet de mesurer à quel degré de maturité et d’affinement conceptuel parvient le discours de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) et des organisations affiliées, dans le cadre du mouvement de revendication citoyenne en Mauritanie.

La concision, la clarté et le soin des mots d’ordre tranchent d’avec la période pionnière, quelquefois qualifiée de cacophonique, voire de populisme outrancier.

Même s’il ne renie les slogans du début ni ne confesse les facilités oratoires d’hier, Birame Dah Abeid aborde les perspectives de l’engagement, avec davantage d’ambition : avatar inédit de ce qui ressemble à une dynamique autocritique pour une action améliorée, il écarte le recours au geste solitaire, puis ouvre la voie à une alliance avec les forces du changement mais, toujours, sur la base d’un projet de refondation du pays.

Pourtant et sans doute à cause d’un tel recentrage, la presse et les relais d’opinion des services de renseignements de Mauritanie, se sont employés, assez vite, à présenter l’entretien, comme une énième provocation : en quelques jours, la rumeur enflait d’un mot d’ordre de Birame où il appellerait l’Afrique subsaharienne à envahir le pays, pour y porter secours aux noirs opprimés.

Le trouble s’est insinué dans l’IRA et parmi les organisations amies, au point, parfois, d’occasionner un étalage de divergences. Manifestement, Birame Dah Abeid gêne le système, quand il endosse la stature du rassembleur et l’arrange bien, tant que son attitude et ses mots se prêtent à une interprétation de nature à susciter et entretenir la discorde raciale.

Or, à la faveur de la rencontre rapportée en verbatim, le leader de l’IRA lève le voile sur les raisons de sa première candidature à l’élection présidentielle, explique le conditionnement de la communauté des anciens esclavagistes par le pouvoir du moment ; en même temps, il met, ce dernier, en garde contre le piège de la solidarité mécanique avec la caste des prédateurs prétoriens sous uniforme de civil. Enfin, il tend la main de l’union sacrée, pour une Mauritanie de la paix par la seule thérapie de la justice.

« Sans équité, semble réitérer Birame, à ses compatriotes, nous ne sommes frères et ne le deviendront jamais ».

Le nouveau Birame Dah Abeid, symptôme incarné d’une perfection dans la lutte, jette, ici, les jalons d’un parcours à réinventer où chaque mauritanien trouvera l’opportunité de concourir, sur la base du contrat citoyen : « mêmes droits pour tous », ainsi pourrait s’intituler l’interview.

Cheikh Aïdara

--------

Retranscription de l’interview de Biram le 11 juin 2016 à « ça me dit mag » 2STV Sénégal

2STV Sénégal : Vous avez vu ces images qui parlent d’elles-mêmes, des images très claires de l’accueil qui a été réservé à Biram Dah Abeid qui est de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie. Je rappelle qu’il est un célèbre militant anti-esclavagiste, un célèbre défenseur des droits de l’homme, dix-neuf mois de détention et lors de la dernière présidentielle, il est sorti deuxième derrière Abdel Aziz, l’actuel président de la Mauritanie. D’abord, merci de nous accorder cet entretien : vous avez choisi de venir ici au Sénégal pour nous accorder cet entretien. Merci pour cet honneur tout d’abord, mais quelles étaient les raisons de votre détention ?

Biram Dah Abeid : les raisons de ma détention sont la panique du régime qui se reproduit depuis 1978, un régime d’officiers issus de la même communauté, d’officiers réfractaires à toute idée de démocratie, à toute idée de cohabitation entre les différentes communautés mauritaniennes, à savoir les Haratine, les Pulaars, les Soninkés, les Wolofs, les Bambaras et les Arabo-Berbères, un groupe d’officiers qui se relaient au pouvoir depuis 1978, qui a fondé une ferme, une vache à traire qui s’appelle la République Islamique de Mauritanie, au détriment de tous les Mauritaniens et qui ont usé de la violence indicible, du despotisme, de la répression, du musellement, et ont aussi usé d’un machiavélisme de division des différentes communautés qui ont adopté fait et cause pour un groupe de féodaux esclavagistes qui a fondé son mode de vie sur l’esclavage. Ils ont aussi adopté une gouvernance raciste qui cible et exclut depuis des décennies les noirs de ce pays. Ils ont aussi commencé, avec le dernier d’entre eux, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, à mettre au ban de la vie politique, au ban de la gestion du pays, même les cadres, les personnalités, les hommes politiques, les hommes d’affaire de la communauté arabo-berbère qui n’ont pas accepté de se souscrire à une n-ième reproduction d’un système clientéliste, d’un système anti-démocratique que Ould Abdel Aziz voudrait pérenniser ici en Mauritanie. Le fait que Biram Dah Abeid et IRA-Mauritanie, mon organisation, ont pu démontrer sur le terrain intérieur, au sein de la lutte dans les rues, sur la scène politique, sur la scène des droits de l’homme, et si dans la diplomatie internationale, notre capacité à défier le pouvoir et à marquer des points importants sur lui et d’attirer la sympathie des populations mauritaniennes, l’adhésion des populations mauritaniennes et la sympathie de la communauté internationale démocratique, de la communauté des droits de l’homme internationale. Ceci est notre crime et c’est pourquoi nous étions emprisonnés.

2STV Sénégal : quand vous parlez de racisme, le tableau que vous dessinez là est un tableau qui est très sombre, il faut le reconnaître. Quelles sont les manifestations de cette forme de racisme dont vous parlez ?

Biram Dah Abeid : le groupe gabegiste qui dirige la Mauritanie depuis 1978 et qui se relaie au pouvoir est un groupe qui a déjà endeuillé, saigné les Mauritaniens : ils sont responsables d’une tentative de génocide qui a ciblé les populations noires de la Mauritanie, surtout la communauté peule.

2STV Sénégal : dans quelle période ?

Biram Dah Abeid : entre 1986 et 1992 : sur ces années, s’est échelonné une tentative d’épuration ethnique

2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé concrètement ?

Biram Dah Abeid : elle a été soldée par des déportations massives de populations noires de Mauritanie par dizaines de milliers au Sénégal et au Mali, des Mauritaniens de souche, des Mauritaniens autochtones. Les cadres mauritaniens, les cultivateurs mauritaniens, les enseignants mauritaniens, les médecins mauritaniens, les infirmières mauritaniennes, les banquiers mauritaniens, les administrateurs mauritaniens ont été pris pour cible par l’Etat qui a mis en branle son administration, ses différents corps sécuritaires, ses services de renseignement et qui ont fait jeter hors de leur pays des dizaines de milliers de Mauritaniens pour le seul crime d’être un Mauritanien Pulaar, un Mauritanien Soninké, un Mauritanien Peul ou un Mauritanien Bambara. Ensuite, il y a eu radiation massive de ces catégories de Mauritaniens de la fonction publique : il y a eu une chasse aux sorcières. La fonction publique a été pratiquement nettoyée ou quasi nettoyée de tous les cadres haalpulaars, soninkés, wolofs ou bambaras ; il y a eu aussi des emprisonnements massifs par milliers, des gens ont été arrêtés pour seul délit d’être noir mauritanien, ils ont été emprisonnés et des centaines parmi eux ont été passés par les armes dans des exécutions extra-judiciaires dans le cadre de cette épuration ethnique et le point d’orgue de cette épuration ethnique a eu lieu le 28 novembre 1990 dans la garnison de Inal lorsque un groupe d’officiers qui sont là, maintenant actionnaires, prépondérants dans le régime actuel de Mohamed Ould Abdel Aziz.

2STV Sénégal : quelle place occupent-ils ?

Biram Dah Abeid : ils sont tous présents. Lui-même Ould Abdel Aziz était le bras droit de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, le dictateur de l’époque : il était son bras droit. Et il y a son directeur général de la sécurité et plusieurs autres officiers.

2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé ce 28 septembre ?

Biram Dah Abeid : le 28 novembre, c’est le jour anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie et les officiers racistes qui dirigent la Mauritanie et qui sont dans le cadre d’une épuration ethnique contre les noirs, surtout l’élément peul, ont choisi 28, comme 28 novembre, 28 personnes, 28 officiers, sous-officiers et soldats mauritaniens, de l’ethnie peule mauritanienne et qui les ont pendus en guise de sacrifice.

2STV Sénégal : 28 personnes ?

Biram Dah Abeid : 28 personnes pendues le même jour en guise de sacrifice pour la fête de l’indépendance de la Mauritanie, le 28 novembre 1990.

2STV Sénégal : mais ce que vous dites là est grave !

Biram Dah Abeid : c’est ce qui a existé !

2STV Sénégal : et personne n’a été au courant ?

Biram Dah Abeid : mais depuis que IRA est née, on a mené une campagne de sensibilisation sur le plan national et international contre cet oubli, contre ce silence coupable, contre cette omertà et nous avons dirigé une caravane que j’ai moi-même dirigé le 28 novembre 2011 jusqu’à la garnison d’Inal avec les veuves, les orphelins de centaines de militaires négro-mauritaniens tués, sacrifiés pour les dieux du racisme. J’ai dirigé cette caravane qui a prié sur la fosse commune où reposent ces martyrs

2STV Sénégal : la fosse commune se trouve où ?

Biram Dah Abeid : elle se trouve à 450 km au nord de Nouakchott dans la garnison d’Inal. Il y a d’autres fosses communes qui jalonnent le territoire mauritanien parce que le carnage et le massacre du 28 novembre à Inal n’est que le carnage le plus symbolique, mais il y a eu des massacres un peu partout et 616 militaires négro-mauritaniens ont péri dans le cadre de cette épuration ethnique.

2STV Sénégal : mais pour votre détention, on vous a reproché d’avoir brûlé le Coran, d’apostasie : qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Biram Dah Abeid : mais c’est faux !

2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé ?

Biram Dah Abeid : ce qui s’est passé, c’est ce que j’ai décliné le jour où j’ai, d’une manière volontaire, publique et symbolique, incinéré devant 800 personnes, devant des journalistes étrangers, devant des journalistes mauritaniens, le Code noir, le code d’esclavage en vigueur toujours en Mauritanie

2STV Sénégal : c'est-à-dire ? qu’est-ce que c’est que le Code noir ?

Biram Dah Abeid : c’est un code d’esclavage qui est édicté depuis les siècles passés. Dans les sociétés esclavagistes d’Afrique du nord, c’est un code qui décrète l’inégalité entre les différentes races et même c’est un code qui décrète l’inégalité entre genres humains, c’est un code qui décrète que le synonyme d’esclave est le noir : l’homme noir est synonyme d’esclave et ces livres autorisent les esclavagistes en Mauritanie à castrer les esclaves, à violer leurs esclaves, à vendre les esclaves

2STV Sénégal : ça existe jusqu’à présent en Mauritanie ?

Biram Dah Abeid : ce sont les livres qui sont étudiés, qui sont enseignés dans les écoles de formation des magistrats, les écoles de formation des officiers de police, les écoles de formation des imams, les écoles de formation des érudits et ce sont des codes qui sont inclus dans le Code Pénal mauritanien. Ces codes noirs que j’ai incinérés sont la principale source de loi en Mauritanie. Ils sont considérés par la Constitution mauritanienne comme la seule source valable de loi en République Islamique de Mauritanie. Ces codes sont considérés en Mauritanie comme la seule interprétation valable de la religion musulmane et c’est ce code qui endeuille la majorité, qui a endeuillé de manière multiséculaire la majorité de la population mauritanienne, plus de la moitié de la population mauritanienne qui sont les Haratine, ceux que vous appelez ici les Maures noirs qui sont des esclaves, qui ont pour origine la ponction que les conquérants arabo-berbères faisaient au sein des ethnies noires autochtones mauritaniennes. Et ils réduisaient, conformément à leur mode de vie, ces noirs en esclavage : un esclavage domestique, un esclavage agricole, un esclavage sexuel qui perdurent jusqu’à nos jours

2STV Sénégal : autrement dit, en Mauritanie jusqu’à présent on peut trouver des esclaves ?

Biram Dah Abeid : jusqu’à maintenant, 20% de la population mauritanienne sont des esclaves sur lesquels s’exercent tous les droits de propriété de la part de leur maître qui exerce un droit de vie et de mort : ils travaillent sans repos, sans salaire, ils n’ont pas la liberté de se marier, ils n’ont pas la liberté de voyager, ils ne détiennent pas de papier d’état civil

2STV Sénégal : en Mauritanie ?

Biram Dah Abeid : en Mauritanie ! et ils sont sujets à des châtiments, à des mutilations et en Mauritanie il y a l’impunité totale pour les criminels d’esclavage, les lignages esclavagistes, les familles esclavagistes, les féodaux qui continuent à pratiquer l’esclavage, ils bénéficient de l’impunité totale parce qu’ils constituent la seule source de légitimation du pouvoir des militaires et de Mohamed Ould Abdel Aziz, un pouvoir qui, bien qu’illégitime du point de vue démocratique, trouve sa légitimation à travers le soutien que lui donnent ces féodaux, ces grands électeurs chefs tribaux, érudits, érudits entre guillemets, érudits religieux qui pratiquent encore l’esclavage

2STV Sénégal : ce n’était donc pas le Coran ? c’était pas le Coran ?

Biram Dah Abeid : ce que j’ai brulé, ce n’est pas le Coran, j’ai brulé ces livres pour dégager aux yeux des Mauritaniens et des non-Mauritaniens une réalité qui met le Coran, qui enlève au Coran son caractère humaniste. Ces livres enlèvent au Coran son caractère humaniste, son caractère égalitaire, son caractère sacré, son caractère divin qui ordonne et qui commande la dignité humaine, le respect de la vie humaine, le respect de la personne humaine, qui commande la justice, qui commande l’égalité, qui commande la liberté, qui commande d’adorer un seul Dieu, qui commande la fraternité entre tous les hommes, abstraction faite de la race, de l’ethnie, de la couleur de la peau. Et moi, j’ai incinéré ces livres pour défendre ma religion l’Islam, pour défendre mon livre saint le Coran, car les livres que j’ai incinérés ne sont pas des livres saints : ce sont des codes noirs, des codes esclavagistes confectionnés par des hommes pour des desseins diaboliques

2STV Sénégal : mais le chef d’inculpation qui était retenu contre vous menait tout droit à la guillotine, je veux dire à la peine de mort. Concrètement, ce que l’on a remarqué, par rapport à ça, on a vu que, quelque part, dans ce dossier qui était bizarre, rapidement, il y a eu un revirement spectaculaire avec votre libération

Biram Dah Abeid : oui, lorsque j’ai incinéré les livres esclavagistes, le Code noir, le Code d’esclavage mauritanien, le Chef de l’Etat mauritanien a enclenché une machine de propagande, d’appel au meurtre contre moi, qui a eu pour vecteur les imams, les érudits, les officiers de renseignements, les différents administrateurs du commandement qui ont enclenché des manifestations suscitées par l’Etat et des slogans suscités par l’Etat, suscités par les services de renseignements, suscités par le Chef de l’Etat lui-même qui a dirigé le premier de ces meetings, appelant à mon meurtre, mais la réaction de la communauté des justes en Mauritanie, de la communauté des esclaves et des anciens esclaves en Mauritanie, les Haratine et des différentes communautés noires mais aussi de tous les éclairés parmi la communauté arabo-berbère, leur réaction a été rapide et conséquente : il y a eu des manifestations dans les rues, une opposition à ma pendaison, une opposition

2STV Sénégal : c’était la peine de mort !

Biram Dah Abeid : oui, une opposition à l’appel à la peine de mort que le gouvernement mauritanien a décrété dans un Conseil des Ministres, le 4 mai 2012 et décrété aussi par les propos du Chef de l’Etat le 28 avril 2012

2STV Sénégal : le Président de la République lui-même ?

Biram Dah Abeid : le Président de la République, devant une foule de ses clients esclavagistes et une foule de personnes manipulées par ses services de renseignements, a déclaré que Biram doit aller à la guillotine, que Biram doit aller à la pendaison, mais la réaction de la population mauritanienne a été très claire, très nette et elle a aussi été suivie de la réaction de la communauté internationale des droits de l’homme et le gouvernement mauritanien a été obligé de reculer

2STV Sénégal : Nous allons revenir sur ça. Je rappelle que nous recevons Biram Dah Abeid, qui est de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie, IRA, et que c’est un célèbre militant anti-esclavagiste, un célèbre défenseur des droits de l’homme qui a fait 19 mois de détention par rapport à ses revendications. C’est qu’en ce moment, vous bénéficiez d’un soutien assez extraordinaire, parce que les Etats-Unis, j’ai lu même un article du journal Le Monde qui se souciaient de votre détention. Vous avez eu beaucoup d’appuis sur le plan international : qu’est-ce qui l’explique ?

Biram Dah Abeid : ce qui explique l’appui que je peux avoir sur le plan international, c’est que, depuis la naissance de IRA, contrairement à mes prédécesseurs, aux mouvements qui nous ont précédés, IRA-Mauritanie a opté pour une nouvelle démarche militante, très pacifiste, non-violente, mais axée sur le refus de tout tabou, donc la subversion des tabous

2STV Sénégal : ce qui est extraordinaire dans ce que vous me dites, 20% d’esclaves ?

Biram Dah Abeid : 20% d’esclaves domestiques sont toujours soumis à un esclavage domestique inhumain en Mauritanie

2STV Sénégal : et les différents problèmes que rencontrent souvent les étrangers ?

Biram Dah Abeid : oui, en Mauritanie, je suis très choqué que le pouvoir en Mauritanie, par lâcheté, le pouvoir qui domine en Mauritanie, a pris la communauté maure pour bouclier, ce qui est très désastreux à long terme, d’un point de vue politique, quand toute une communauté est prise pour bouclier. Pour une poignée de dirigeants qui, au fond, ne se soucient pas de l’intérêt de cette communauté, ils l’ont prise pour bouclier et ils veulent lui dire : « il y a ici le péril de Biram, il y a ici le péril de IRA, il y a le péril des Haratine, il y a le péril des noirs. » C’est pourquoi tous les noirs en Mauritanie, même les étrangers, les Ouest-Africains, les Sénégalais, les Gambiens, les Maliens, les Ivoiriens, les Ghanéens sont considérés comme un péril en Mauritanie. C’est pourquoi il y a le contrôle de faciès en Mauritanie qui ne vise que les noirs et qui englobe les noirs de Mauritanie qui sont les habitants autochtones de la Mauritanie. Il y a une oppression, il y a un harcèlement continu et être noir en Mauritanie, ça relève maintenant d’un parcours de combattant, ça relève de la galère parce que les contrôles que subissent même les noirs ouest-africains, c’est, disent-ils, pour essayer de préserver notre pays, notre priorité arabe de l’invasion des noirs qui nous entourent

2STV Sénégal : vous, vous n’êtes pas accepté par le monde arabe ?

Biram Dah Abeid : bien sûr que même la minorité arabo-berbère, que le pouvoir militaire voudrait privilégier dans son traitement pour essayer de continuer à la dresser ethniquement contre les autres ethnies, autres ethnies avec lesquelles les Maures ont vécu depuis la nuit des temps dans la symbiose, dans l’entente, que ce soit les Peuls, les Soninkés, les Wolofs, les Bambaras ou que ce soit même les Haratine qui ont toujours cohabité même sur une seule concession familiale, avec les Maures, les Arabo-Berbères. Maintenant le pouvoir veut insuffler aux Maures, et il a réussi à insuffler aux Maures que les Haratine représentent un danger, un péril et que les Toucouleurs représentent un danger, un péril, que les Wolofs, les Bambaras, les Soninkés représentent une invasion, un péril et que, au-delà de tout ça, les noirs de la sous-région, que soit les Gambiens, les Sénégalais, les Maliens représentent un péril. Et c’est ça, l’état d’esprit dans lequel la communauté maure est conditionnée : la peur de Biram Dah Abeid, la peur de IRA-Mauritanie, mon organisation, la peur de tous les noirs mauritaniens, la peur aussi des noirs de la sous-région, des états de la sous-région

2STV Sénégal : mais il y a d’autres responsables qu’on a connus, qui sont noirs, les Ould Boulkheir Messaoud, d’autres

Biram Dah Abeid : oui

2STV Sénégal : … qui sont dans le champ politique mais qui soutiennent Aziz

Biram Dah Abeid : oui, il y a toujours des faire-valoir dans chaque communauté de victimes, il y a des faire-valoir même parmi les Maures, il y a des faire-valoir parmi les Haratine que les militaires détiennent pour les faire-valoir parmi les Maures, parmi les Haratine, parmi les Pulaars, parmi les Soninkés, parmi les Wolofs, mais ça ne veut pas dire que les Maures, les Arabo-Berbères sont bien traités, donc il y a des faire-valoir parmi eux au pouvoir et s’il y a des faire-valoir parmi les Haratine qui sont avec le pouvoir, qui collaborent avec le pouvoir, ça ne veut pas dire que les Haratine sont bien traités et la même chose est valable pour les Pulars, pour les Soninkés, tous les autres, pour les Wolofs, les Bambaras

2STV Sénégal : mais Biram, ce qui est extraordinaire, c’est que vous bénéficiez de soutiens de puissances étrangères, apparemment, on n’a pas vu en Afrique des personnes étrangères vous apporter leur soutien par rapport à votre combat

Biram Dah Abeid : oui, c’est ce que j’ai toujours dénoncé, ce qui m’a toujours sidéré, c’est le silence des Africains. Quand nous sommes harcelés, nous, en tant que mouvement non-violent, un mouvement adossé sur le droit, sur la légalité nationale et la légalité internationale, sur le droit mauritanien et sur le droit international, nous sommes un mouvement panafricaniste, nous sommes un mouvement de droits de l’homme, nous sommes un mouvement qui défend une cause juste et quand nous sommes inquiétés, nous sommes harcelés, nous sommes emprisonnés, nous sommes interdits, le Congrès américain apporte son soutien, le gouvernement américain apporte son soutien

2STV Sénégal : l’Union Européenne

Biram Dah Abeid : l’Union Européenne apporte son soutien, tous les pays occidentaux, la France, l’Allemagne

2STV Sénégal : vous avez beaucoup de soutiens dans ce combat

Biram Dah Abeid : oui, nous sommes l’organisation la plus primée de la sous-région ouest-africaine, la plus primée de la région maghrébine, deux régions sur lesquelles la Mauritanie est à cheval, et je suis la personne la plus primée de ces deux sous-régions par les distinctions internationales et toutes les organisations non-gouvernementales internationales nous ont soutenus dans tous nos combats, dans toutes les péripéties des luttes, d’emprisonnements que nous avons eus en Mauritanie, mais aucun état africain ne nous soutient. Je dénonce ici, je dénonce cette solidarité continentale, cette solidarité religieuse, cette solidarité confessionnelle, cette solidarité tiers-mondiste. Avec un gouvernement arabe, avec un gouvernement africain qui implante l’apartheid en Afrique de l’Ouest comme le gouvernement mauritanien qui bénéficie de l’omerta de la part de la communauté africaine, des états africains, des organisations africaines, des personnalités africaines. Mais nous sommes des êtres humains, nous, en Mauritanie, nous souffrons comme souffraient les Africains du Sud sous l’apartheid afrikaner, sous l’apartheid blanc. Je me demande pourquoi notre souffrance n’est pas prise en compte, prise en considération parce que nos bourreaux sont musulmans, sont africains, sont arabes, sont du tiers-monde. Je dénonce ce « deux poids, deux mesures ». Il y a une diaspora noire dans le monde arabe qui souffre, qui est invisible. Il faut que les africanistes, il faut que les africains épris de la liberté, de la dignité, des personnes d’ascendance africaine puissent s’associer, des noirs au Maroc, des noirs en Algérie, des noirs en Tunisie, des noirs en Irak, des noirs aux Emirats, des noirs en Syrie. Ce sont des populations nombreuses, invisibles, chosifiées qui n’ont pas de soutien

2STV Sénégal : est-ce qu’en prison, vous n’avez pas été approché par le pouvoir ?

Biram Dah Abeid : bien sûr que le pouvoir a enclenché ses procédures habituelles par lesquelles il a pu recycler tous les opposants qui se sont déclarés avant moi, qui a pu recycler tous les mouvements qui se sont opposés au racisme, à l’esclavage avant moi, avant IRA. Mais notre mouvement est un mouvement d’une véritable résistance, est un mouvement qui a pris en compte les erreurs du militantisme passé des Mauritaniens, des mouvements militants qui nous ont précédés, des militants qui nous ont précédés. Donc pour nous il n’y a pas de compromis, pas de compromission avec le régime esclavagiste, raciste, gabégiste, anti-démocratique mauritanien, tant qu’il n’a pas accepté l’idée de se saborder, l’idée de se déconstruire

2STV Sénégal : qu’est-ce qui vous a poussé à être candidat à une élection présidentielle, la dernière d’ailleurs ? vous êtes arrivé deuxième, c’était la grosse surprise

Biram Dah Abeid : à la dernière élection présidentielle de 2014, je sortais de prison

2STV Sénégal : encore ?

Biram Dah Abeid : oui, je sortais de prison suite à l’incinération des livres esclavagistes et j’étais pris en tenaille par le pouvoir et l’opposition au pouvoir qui se sont tous retrouvés dans un même camp, le camp des livres, le camp de l’esclavage, le camp du racisme, le camp du silence sur les forfaits de l’esclavage, le camp du silence sur les forfaits du racisme et j’ai été obligé d’assumer mon rôle de pourfendeur des deux têtes du système esclavagiste, qu’il soit l’opposition ou le pouvoir, les deux têtes du serpent. J’ai assumé ce rôle et je n’avais aucun engagement avec l’opposition qui demandait la peine de mort contre moi à cette époque et qui incriminait le pouvoir pour dire que le pouvoir n’est pas allé jusqu’au bout pour me mettre à mort. Je sais bien, je ne remercie aucunement le pouvoir, je ne dois rien au pouvoir : le pouvoir a reculé devant ma mise à mort, devant la pression populaire et la pression internationale. Donc, je devais jouer le jeu des populations, le jeu de IRA, le jeu de Biram : les populations qui sont indépendantes des deux têtes du système en Mauritanie, la compétition entre cette opposition et le pouvoir, c’est une compétition au sein du même système, ce n’est pas une opposition, c’est une opposition au sein du système, pas une opposition en dehors du système et contre le système. C’est pourquoi je me suis porté candidat pour plusieurs raisons dont les deux plus simples sont que le gouvernement et les différents compartiments de l’opposition m’ont taxé d’apostat, d’ennemi de l’Islam et la constitution mauritanienne stipule que toute personne qui n’est pas musulmane n’est pas habilitée à diriger la République Islamique de Mauritanie, constitutionnellement parlant. C’était un défi : j’ai présenté ma candidature parce que je m’adressais aux populations et le Conseil Constitutionnel qui est l’instance la plus haute, la plus haute juridiction de Mauritanie, a accepté ma candidature et a décrété, a décidé

2STV Sénégal : mais avec le boycott de l’opposition, c’était facile !

Biram Dah Abeid : oui

2STV Sénégal : Aziz avait besoin d’un challenger ?

Biram Dah Abeid : je reviens à ça. Le Conseil Constitutionnel a déclaré que Biram Dah Abeid a tous les éléments constitutifs qui font de lui le président de la République Islamique de Mauritanie. Donc, l’accusation d’apostat est tombée à l’eau et c’était pour moi une preuve à montrer aux populations, à la communauté internationale, que ce gouvernement est incohérent, que ce pouvoir est incohérent, et aussi, c’était pour moi une occasion de parler directement dans les médias mauritaniens qui m’ont toujours été interdits et qui me sont interdits maintenant depuis la fin de la campagne présidentielle de 2014. J’ai pu parler pendant 15 jours aux populations mauritaniennes pour déconstruire les idées reçues dont le gouvernement a fait, à travers ses médias, la propagande, que les autorités, le camp féodal, le camp esclavagiste, le camp des racistes ont fait. C’était pour moi une occasion de déconstruire et de proposer aux populations mauritaniennes le vrai Biram, le vrai visage de Biram, le vrai visage de IRA, le vrai discours de Biram et le vrai discours de IRA

2STV Sénégal : d’autre part, vous dites que, quelque part, on peut vous suspecter d’avoir fait le jeu de Aziz, parce que l’opposition avait boycotté

Biram Dah Abeid : oui, ce n’est pas facile de convaincre les gens qu’une personne dont l’organisation est interdite depuis toujours, depuis sa naissance, dont le parti politique est interdit depuis sa naissance, quelqu’un qui séjourne chaque année ou chaque deux ans en prison pendant plusieurs mois

2STV Sénégal : peut battre un président

Biram Dah Abeid : on ne peut pas le suspecter de réussir à convaincre les gens, que cette personne est suspecte de collaboration ; je pense que ça, c’est l’arme des impuissants, l’arme des faibles, l’arme de ceux qui n’ont pas pu porter le défi aux militaires, au pouvoir, à la dictature que nous, que moi et IRA, nous avons porté. C’est facile de nous accuser, mais je pense que la suite des choses a pu édifier plus d’un sur le fait que ces accusations sont des accusations de personnes impuissantes qui n’ont pas de poids

2STV Sénégal : au-delà de l’aspect de la gestion des ethnies, est-ce qu’on ne peut pas, à la limite, avec votre discours très engagé, avec les mots dont vous parlez, éprouver une certaine crainte que, une fois que vous êtes candidat, que vous êtes arrivé au pouvoir, il y aurait une sorte de revanche ?

Biram Dah Abeid : les Maures, les Arabo-Berbères n’éprouvent pas une crainte dans mon discours, ils éprouvent une crainte à cause de la propagande que leur insuffle le pouvoir qui désinforme, qui détient tous les moyens d’information, tous les médias, les mosquées et utilise les médias publics et privés qui sont sous la coupe du gouvernement, les mosquées, toutes les réunions publiques pour diaboliser Biram Dah Abeid, pour diaboliser son discours, pour diaboliser IRA. Je vous ai dit au début que le gouvernement, par l’entretien de la peur de Biram, de la part de IRA, de la peur des noirs, du péril noir que le gouvernement entretient chez les Maures, chez les élites maures et, de ce fait, il les prend en otages, il les prend en bouclier pour les défendre. Mais au fond, Mohamed Ould Abdel Aziz ne défend pas les Maures, parce que les Maures ne sont pas en danger et lui n’est pas la meilleure personne indiquée pour les défendre, ni ses compagnons et prédécesseurs parmi les militaires gabégistes et racistes qui n’ont que trop détruit le tissu social en Mauritanie, l’unité nationale en Mauritanie, l’entente et la cohabitation en Mauritanie. Donc, nous nous opposons à chaque fois que nous en avons l’occasion à ce discours qui entretient la peur chez les Maures par notre vrai discours. Nous sommes là et Biram est là, IRA est là pour tirer la sonnette d’alarme, pour empêcher la déflagration, la confrontation ethnique dont les militaires entretiennent tous les condiments, toutes les causes, toutes les sources. Nous sommes là pour désamorcer la bombe, nous sommes là pour ramener les Arabo-Berbères dans leur ancienne cohabitation, historique et multiséculaire avec toutes les ethnies noires, dans le cadre des échanges du savoir islamique, dans le cadre des échanges commerciaux, dans le cadre des relations politiques, culturelles, matrimoniales, des relations économiques. Nous sommes là pour corriger les torts historiques, corriger les anachronismes historiques que sont l’esclavage qui a lieu depuis la nuit des temps et qui perdure par la faute de l’Etat mauritanien dirigé par des gens qui n’ont pas la conscience nécessaire, la volonté nécessaire, le souci de régler les problèmes historiques de la Mauritanie

2STV Sénégal : est-ce que vous pensez que Aziz ne va pas faire un tripatouillage au niveau de la constitution pour solliciter un troisième mandat ?

Biram Dah Abeid : bien sûr qu’il s’achemine vers ce dangereux exercice

2STV Sénégal : je rappelle que la constitution est bloquée à deux mandats

Biram Dah Abeid : la constitution bloque Aziz à deux mandats, donc il est obligé de se retirer au bout de son deuxième mandat qui se termine en 2019, mais lui est en train de faire des manœuvres pour rempiler pour un troisième mandat en tripatouillant la constitution. C’est pourquoi je lance un appel à tous les hommes politiques mauritaniens, à toutes les Mauritaniennes et tous les Mauritaniens épris de justice, tous les partis politiques mauritaniens, toutes les ONG en Mauritanie, tous les hommes politiques mauritaniens, quelles que soient leur ethnie, leur race, leur origine, leur orientation politique. Je leur tends la main, moi, Biram Dah Abeid au nom de mon organisation, IRA-Mauritanie et au nom de mon parti, le parti radical pour une action globale, le PRAG, je leur lance un appel pour une union sacrée de tous les mauritaniens pour barrer la route, de manière déterminée et déterminante et de manière pacifique, à Mohamed Ould Abdel Aziz et à sa clientèle pour qu’ils ne réitèrent pas en Mauritanie le scénario burundais qui a endeuillé le Burundi et qui a enflammé les tensions au Burundi et qui a fait perdre des centaines de vies humaines, des centaines de départs de personnes déplacées

2STV Sénégal : Biram, votre mouvement n’est pas reconnu, votre parti politique n’est pas reconnu, comment allez-vous poursuivre votre combat ?

Biram Dah Abeid : On poursuit notre combat par le soutien indéfectible et large, que vous avez vu dans votre reportage, des populations mauritaniennes. Nous sommes l’organisation la plus puissante en Mauritanie, l’organisation politique et des droits de l’homme la plus puissante. Nous avons la plus puissante capacité à mobiliser, nous sommes l’organisation qui a le plus essaimé à l’intérieur du pays qui détient toutes ces cellules, ces sections sur l’étendue du territoire mauritanien, qui détient des sections dans beaucoup de pays, comme le Sénégal, la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis et beaucoup d’autres pays pour ne citer que ceux-là. C’est une organisation qui est aussi bien intégrée dans le système diplomatique international parce que les responsables onusiens, les responsables des organisations sous régionales ou des organisations internationales ou les diplomates des puissances démocratiques quand ils viennent en Mauritanie, ils rendent visite au Chef de l’Etat mauritanien, celui qui représente l’Etat, mais aussi, rendent visite à Biram Dah Abeid, président de IRA. Donc nous sommes, diplomatiquement une organisation

2STV Sénégal : très reconnue

Biram Dah Abeid : oui, très bien organisée en réseaux, très puissante et nous sommes à l’intérieur une organisation populaire très bien soutenue et qui peut lever des populations dans le cadre de ses activités

2STV Sénégal : Très bien ! Alors, quel serait votre dernier message ?

Biram Dah Abeid : mon dernier message doit être adressé en deux temps, aux Mauritaniens et aux Africains. Je lance un appel à tous les Mauritaniens et leur dis que je leur tends la main, à tous les partis politiques mauritaniens, à tous les partis d’opposition, surtout l’opposition radicale, qui n’acceptent pas le tripatouillage de la constitution, qui n’acceptent pas de s’assujettir au diktat de Mohamed Ould Abdel Aziz. Je tends la main aussi à toutes les personnes qui sont au sein du pouvoir, dans les arcanes, dans les rouages du pouvoir, même dans les hauts rouages du pouvoir, mais qui reconnaissent la légitimité de ma lutte, de la lutte de mon organisation et je leur dis qu’un jour, on va collaborer et que je suis prêt à collaborer avec eux pour faire la transition en Mauritanie, pacifique, mais sûre vers une vraie démocratie, vers une alternance pacifique, vers un vrai état de droit où toutes les Mauritaniennes et tous les Mauritaniens, quelle que soit leur ethnie ou leur origine, trouvent leur compte, trouvent leur dignité, trouvent leur nationalité pleine et entière, contrairement à maintenant où beaucoup de noirs mauritaniens souffrent du fait qu’on leur a retiré leur nationalité ou sur le point de leur retirer leur nationalité. Je lance un appel aussi à la communauté africaine pour lui dire de s’impliquer dans la lutte contre le racisme, l’esclavage et les violations des droits de l’homme en Mauritanie, comme elle s’est impliquée dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, car toutes les apartheids se valent, toutes les oppressions se valent, toutes les injustices se valent. Je vous remercie

2STV Sénégal : Merci beaucoup Biram d’être venu sur notre plateau pour nous ouvrir votre cœur par rapport à ce qui se passe en Mauritanie. Comme je vous l’avais dit, dans votre émission « ça me dit mag », on essaie de faire bouger les choses véritablement dans le bon sens, pour le respect des droits de l’homme, pour la démocratie, pour la justice. C’est pour cela que nous avons eu l’immense plaisir d’avoir accueilli sur ce plateau Biram Dah Abeid.