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vendredi 23 décembre 2022

Mauritanie : Un parlementaire islamiste ose l’apologie de l’esclavage


مبادرة
إنبعاث الحركت الانعتاقيت

INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE (IRA)

RÉCÉPISSÉ N° FA 010000102912202100001

Mauritanie : Un parlementaire islamiste ose l’apologie de l’esclavage

Note d’alerte

Nouakchott, le 20 décembre 2022

Le 18 décembre 2022, à la faveur d’un audio en partage sur les réseaux sociaux, le député Elkotob ould Emmat, du parti islamiste Tawassoul, réplique à certains de ses camarades, en l’occurrence Mohamed Jemil ould Mansour et Mohameden ould Mohamed Ghoulam, tous deux partisans d’une lecture progressiste de la Charia. Il se livre, alors, à une glorification explicite de l’esclavage, selon le livre saint et la tradition (Sunna) ; ainsi, pousse-t-il la témérité, au point de rejeter, les militants de l’abolition, dans les ténèbres de la mécréance (Kofr) et les menace du châtiment divin, à l’heure de la résurrection. A mainte reprise, sollicitant des citations du Coran, des hadiths et de l’épopée des califes successeurs du Prophète (Psl), il justifie, arguments à l’appui, l’inégalité entre les humains, par la volonté de Dieu. Dans la bouche de l’honorable, le propos, dont nous reproduisons la teneur traduite, en annexe, ne manquera d’écoeurer la communauté des gens civilisés.

Or, malgré le caractère univoque de ses paroles, nettement audibles ici, Elkotob ould Emmat, se fend, le même jour, d'un communiqué de reddition oblique où il relativise la teneur de l’enregistrement : usant d’un sens consommé du dédoublement de soi, il prétend n’avoir rien proféré de scandaleux, sauf à exposer et commenter le débat sur les clauses du droit musulman, durant le siècle inaugural de la Umma. La feinte s’avère grossière et d’une hypocrise si manifeste qu’elle ne saurait emporter l’adhésion, à moins d’épuiser, à cette fin, des trésors d’indulgence.

Maintenant, voici, désormais établie, la preuve d’une atteinte à la dignité de milliers de Mauritaniens et de descendants d'esclaves, victimes de la traite transsaharienne, jusqu’aux comptoirs de Zanzibar et de Mombassa ; en conséquence, notre interpellation s’adresse, d’abord, au ministre de la Justice et à son collègue de l’Intérieur, sans omettre le bureau de l’Assemblée nationale : quelles poursuites pénales et sanctions disciplinaires mérite une telle incitation à la discorde ? En vertu de quelle acrobatie clientéliste, tant de mépris aux engagements internationaux de la Mauritanie bénéficierait-il, d’une énième tolérance? Continuera-t-on à excuser le défi provocateur, parce que l’auteur de l’insulte se prévaut de l’immunité de naissance ? Va-t-on, une fois de trop, laisser passer l’ignominie, suivant l’injonction de la supériorité de race ?

 L’apostrophe vise, également, la direction de Tawassoul, souvent prise en flagrant délit de connivence-mutité, avec les porte-voix de l’islamo-fascisme et leurs accès de misogynie…Nul n’oublie la rage sexiste, du bloc de la conservation, envers la survivante aux viols, Mariem mint Cheibani, soumise, de mère en fille, à la libido de ses maîtres. Pourtant, le seuil du supportable dépassé, elle se résolut à dénoncer les châtiments corporels, le cuissage et les travaux forcés. Aussitôt, le tortionnaire, Cheikhna ould Chehlawi, allié et soutien du député de Tawassoul dans la ville de Tintane, le fameux Mohamd Elmokhtar ould Taleb Navee, reçut les encouragements de son protecteur et cousin ; l’élu islamiste ne manqua, toute vergogne bue, de marquer de l’aversion aux normes d’incrimination de l’esclavage ; in fine, il parvint à soustraire, son parent, aux rigueurs de la loi. Aux motifs similaires, la condamnation à mort du blogueur Mohamed Cheikh ould Mkheïtir révélait, quelques années plus tôt, la densité et l’enracinement du fanatisme et de la pulsion de mort, parmi les sympathisants et personnalités de Tawassoul, la première force de l’opposition, en nombre de sièges.

Aujourd’hui, outrés, surpris et néanmoins mobilisés, nous attendons, des politiciens, de la société civile et des représentants du pouvoir, la réaction qui convient à la brutalité de l’infraction, avant d’en appeler au verdict non-violent de la rue. Nous voulons manifester, loin de la casse et de l’anathème, afin de signifier combien nous en avons marre de la banalisation du racisme, sur la terre bénie de nos ancêtres. Nous, Africains autochtones au sud du Sahara, progéniture des peuples encore subjugués, n’acceptons plus que la religion, son exégèse et ses avatars servent, toujours, à nous prescrire la sacralisation de notre infériorité. Souvenez-vous-en, dès 2012, nous dévoilions la mesure de notre vigueur et la fermeté de nos actes, quand Biram Dah Abeid prit la responsabilité d’incinérer, devant témoins, les écrits de jurisconsultes, animés, au fil des siècles, par l’obstination de nous amoindrir. En dépit des appels au meurtre, il a survécu et se dresse, debout, comme un avertissement à l’imprudence des orgueilleux.

Fils et petits-fils d’esclaves, à présent gorgés de la fureur de vivre à l’abri des chaînes mentales de l’oppression, enfants de castes nobiliaires, natifs de la liberté au berceau, justes, acquis à l’universalité des droits, levez-vous, nombreux, votre jour est arrivé ! Démontrez, à vos compatriotes distraits, malvoyants ou sourds, que votre colère légitime devrait être la leur, au nom de la promesse d’un avenir en commun, pour la paix qui dure, sous l’étendard de l’équité, solidaires certes mais, surtout, égaux, à jamais !

Annexe : traduction verbatim

« Je respecte Cheikh Jemil et Mohameden mais les deux grands cheikhs, se sont lourdement trompés et il faut le dire très haut. Ils ont attenté à l’image rayonnante de l’Islam, c’est cet Islam qui consiste à appliquer textuellement ce que Dieu a décidé et décrété, parce que Dieu a dit : « Nous avons partagé leur avoir pendant la vie sur terre et nous avons élevé des groupes au-dessous d’autres groupes jusqu’à en faire des strates pour que certains hommes exploitent d’autres et les fonts travailler mais la miséricorde de Dieu est bien meilleure que les biens qu’ils collectent. L’exploitation de l’homme par l’homme(l’esclavage), est une destinée que Dieu a décidée, donc c’est une relation, entre les hommes, que Dieu a décrétée et qui doit rester à jamais et ne pourrait pas être abolie parce que c’est loi musulmane. L’image de l’Islam a été rayonnante alors qu’il y a une caste d’esclaves dans la société. Et c’est contrairement à ces concepts intrus qui voudraient prétendre que l’Islam a indiqué de traiter l’esclave avec égards ou comme on traite l’homme libre ou de le considérer comme égal à ce dernier.

 

Cette assertion est fausse et je défie quiconque pouvant me donner un exemple du temps du prophète et de ses Khalifs. Ces érudits qui inventent que l’esclavage en Islam est issu d’un traitement réciproque que les musulmans appliquaient aux prisonniers de guerre non-musulmans en les réduisant en esclavage, n’ont aucunement raison ; car jamais les idolâtres n’ont réduit, en servitude, les prisonniers de guerre musulmans ; je défie quiconque d’apporter un seul exemple d’un musulman qui a été réduit en esclavage par les idolâtres. Donc où est cet esclavage que les idolâtres ont commis contre les musulmans pour que les musulmans inventent toute une jurisprudence de l’esclavage pour dominer, les idolâtres, en guise de réciprocité ? Ce qui est incontestable est que l’Islam a ses lois qui codifient l’esclavage et Dieu et son prophète ont dit que l’Islam est complet et ses lois complètes et sacrées. Si vous pensez que l’Islam n’est pas encore complet et vous voulez le compléter en décrétant l’abolition de l’esclavage, sachez que vous êtes tombés dans l’hérésie et vous êtes sortis de l’Islam.

Donc, étant donné que l’Islam est intact, vous ne pouvez plus faire des acrobaties et des discours de complaisance, l’esclavage fait partie de l’Islam et des lois Islamiques car après le prophète, son khalife Aboubakr à pratiqué l’esclavage ; Omar le successeur de Aboubakr a distribué les filles de Jirjira, qui sont des esclaves, il les a distribués en guise d’offrande aux compagnons du prophète. Donc cette question de la légitimité de l’esclavage doit être pour nous, musulmans (ici l’orateur prend à partie les responsables du parti Islamiste modéré mauritanien, Tawassoul), une question et un principe indiscutables car entérinés, de manière définitive, par le prophète et ses plus proches compagnons. Donc, il y a les grandes causes de l’Islam comme celle-là face auxquelles nous ne devons pas avoir de gêne et nous ne devons pas chercher à adoucir la charia, nous devons être sans état d’âmes dans son application. Il faut décliner la charia telle qu’elle est : la sagesse de l’Islam indique que l’esclave il faut le nourrir de ce dont tu te nourris et l’habiller de ce dont tu t’habille. Le compagnon du prophète du nom de Abou Dhar a reçu un hôte parmi les compagnons du prophète et ce dernier était étonné que l’esclave de Abou Dhar était mieux habillé que ce dernier; il a fait part de son étonnement à Abou Dhar parce que les compagnons du prophète n’étaient pas habitués à traiter si bien leurs esclaves et il s’est avéré, après la réponse de Abou Dhar à son hôte, que c’était une exception qui confirme la règle car Abou Dhar voulait expier un pêcher qu’il avait commis du temps du prophète lorsqu’il a insulté un disciple de ce dernier, d’origine négroïde, par la couleur de sa peau; chargé de remords, Abou Dhar ne cessait de consentir des bienfaits aux esclaves mais la loi islamique est tout à fait autre chose.

Et si Jemil Mansour et Mohameden Ould Mohamed Ghoulam s’offusquent des conditions des esclaves chez nous(en Mauritanie), ils sont donc carrément sortis de la foi islamique car cette situation d’esclavage est très légitimement et immuablement islamique et j’appelle tous ceux qui m’écoutent à considérer que les deux hommes sont totalement en dehors de l’Islam et de la foi Islamique s’ils pensent que l’esclavage n’est pas légal et légitime dans la loi islamique et il faut les condamner en tant qu’apostats. Il faut savoir dire la vérité de l’Islam, il ne faut pas chercher à complaire. Les filles et femmes juives ont été razziées par l’armée du prophète après la défaite des Béni Almoustalighe ; le prophète a distribué, séance tenante, les filles et femmes des vaincus à ses compagnons pour qu’ils en fassent des esclaves. C’est ça la loi de Dieu et nous adorons Dieu avec ces lois, donc comment pourrait-on les nier; c’est la volonté de Dieu qui a instauré l’inégalité et les relations de maîtres à esclaves entre les musulmans et ceci va rester immuable jusqu’à la fin du monde; donc il faut des gens dans la société dont le rôle, la vocation et la destinée, immuables, est d’être affectés aux corvées comme nettoyer, cuisiner, s’occuper du bétail…ect; et ceci n’est pas inventé par les Mauritaniens, parce que nous les Mauritaniens, ceux parmi nous qui sont Arabes, descendants des compagnons du prophète, ont emmené, en Mauritanie, la progéniture des esclaves juifs de Béni Almoustaligh que le prophète avait distribués, à nos ascendants; donc certains parmi nous n’ont pas libéré ces esclaves hérités et possédés depuis le temps du prophète; nous ne sommes pas obligés de les libérer car la loi de Dieu ne nous y oblige pas. Donc je vous mets en garde, vous qui vous aventurez à vouloir dévier de l’interprétation ou de la compréhension de la charia, ouvrez vos yeux, cessez de tenter de travestir notre charia, car elle est belle même avec son esclavage, elle est basée sur les intérêts et le les biens ; le Khalife Omar a appliqué une politique implacable d’esclavage et n’avait aucunement peur d’une révolution en conséquence, donc c’est l’exemple à suivre ».

 

Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M), le Bureau Exécutif

samedi 17 décembre 2022

Processus électoral en Mauritanie : déconstruction d’une duperie


Processus électoral en Mauritanie : déconstruction d’une duperie

Mémorandum de l’Initiative de résurgence abolitionniste (Ira) et du Parti pour la Refondation et une action globale (Rag), Nouakchott, le 15 décembre 2022 à l’endroit de la mission des Nations-Unies d’information sur le processus électoral en Mauritanie 

Depuis 1992, le processus électoral est géré de façon unilatérale, aux plans politique et administratif. A l’avantage du système de domination ethnique et de naissance, il ne favorise ni la justice ni l'équité et tend plutôt, à exclure, de la compétition, les candidats d’une majorité objective des Mauritaniens. 

A. Economie des arguments

A cause de leurs composition et modalités de désignation, la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) et le Conseil Constitutionnel (Cc) trahissent la réalité ethnique de la discrimination, contrevenant ainsi aux standards de l’impartialité.  

Aussi, l’exclusion des courants d’opinion les plus représentatifs de la base et l’interdiction des candidatures indépendantes, permettent-elle de verrouiller le vote, en amont. Seules les formations tolérées par le pouvoir se retrouvent en position de participer aux futurs scrutins. Il en résulte, de toute évidence, une entorse décisive au pluralisme, pourtant pilier de la Constitution. Les manquements précités se fondent, de prime abord, sur l’exercice solitaire et discriminatoire de la décision, en dehors de la moindre concertation avec les acteurs de l’alternance et ce, malgré les résultats de l’élection de 2019 où le candidat Biram Dah Abeid, obtenait la seconde place, derrière l’actuel Chef de l’Etat. Et encore, la vérité autour d’un second tour n'a pas été dite....

Aujourd’hui, les pratiques d’éviction, à la fois obliques et frontales, jalonnent, la totalité, de la dynamique en cours

B. L’Etat-civil

1. Lors de l’enrôlement, la délivrance des pièces d’état-civil se singularise par la sélectivité, au regard des entraves, pour les citoyens d’ascendance subsaharienne, à se faire recenser ; déjà, en 2018, un rapport de Human right Watch  exprimait le grief, en termes explicites : « L’un des instruments de la répression est la Loi relative aux associations promulguée en 1964, loi qui exige que les groupes obtiennent l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour exister légalement et qui fournit au ministère des motifs généraux pour refuser une telle autorisation ou la retirer aux groupes tombés en défaveur. Selon cette loi, les motifs d’un refus comprennent la « propagande antinationale » ou l’exercice d’une « influence fâcheuse sur l’esprit des populations (…) .En 2016, le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi qui remplacerait la Loi de 1964. En cas d’adoption, le projet interdirait la création de toute association dont les activités « portent atteinte à l’unité nationale ». Les autorités mauritaniennes ont déjà eu recours à ce motif pour justifier leur obstruction des activités d’individus et d’associations, invoquant l’article 1 de la Constitution qui entérine le principe de non-discrimination en matière d’origine et de race et interdit « toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique »

Or, en vertu d’une jurisprudence de fait, de telles restrictions ne s’appliquent aux notabilités maures, lesquelles peuvent fonder des partis et des organisations non-gouvernementales (Ong) sans consentir de concession à la diversité ethnolinguistique du pays. Cette ségrégation indirecte procède d’une citoyenneté à deux vitesses, au nom de quoi la réprobation du statuquo devient un motif d’incrimination pénale. Paradoxe permanent, les facteurs du racisme s’arrogent le rôle de défenseurs et de prescripteurs de l’égalité, qu’ils violent, néanmoins, depuis 1978. Eux seuls définissent les critères de la normalité politique, selon les termes de l’hégémonie qu’ils exercent. 

2. L’insuffisance des bureaux d’accueil de candidats à l’obtention de pièces d’état-civil retient l’attention ; s’y conjuguent leur mauvaise répartition sur le territoire, la difficulté de les atteindre et les innombrables tracasseries visant à compliquer l’établissement de la preuve. Ainsi, beaucoup de Mauritaniens mis en demeure d’apporter la justification -volontairement complexe - de leur nationalité, se découragent et finissent par renoncer.  

3. Le déficit de matériel technique et de personnels qualifiés participe de la logique d’obstruction ; la plupart des employés en charge du recensement s’avèrent dénués de formation, voire étrangers au domaine. Les raisons de leur choix renvoient, presque toujours, à des considérations de connivence tribale et clanique. 

C. Liste et découpage électoral

L’opération du découpage et la tenue des listes d’électeurs, qui devraient relever de la transparence en associant les acteurs politiques, esquive certaines forces de l’opposition et se déroule à l’avantage exclusif de la Majorité au pouvoir. Le défaut de neutralité des équipes affectées à établir l’espace et les mécanismes du jeu constitue un autre handicap à la participation inclusive.  

D. Le dépôts de listes de candidats.

A la complication d’arracher les pièces d’état-civil et les documents nécessaires à la composition du dossier de candidature, s’ajoutent les pressions exercées, sur les potentiels contradicteurs de l’autorité, par l’administration, les chefs tribaux et les leaders religieux ; la machine de la corruption relationnelle s’empresse de brider, autant que réalisable, la faculté, pour les opposants, de briguer les suffrages de la population. Il en découle, au bénéfice inégal du gouvernement et de ses partisans, le monopole d’user, à titre exclusif, des moyens de l’Etat, afin de couvrir, sans concurrence significative, l’étendue du territoire.

E. La campagne électorale 

Cette phase marque, d’une manière on ne peut plus univoque et avec l’indécence d’usage, la réalité de la mainmise économique et financière quand elle entérine la reconduction des privilèges de naissance. Là, également, les disparités héritées du passé vident, la démocratie, de sa substance et accentuent l’anachronisme d’un multipartisme d’apparat, sans cesse voué à reproduire la supériorité d’une ethnie et l’immuable préservation de ses intérêts, malgré le démenti de la démographie.  En dépit du nombre dont la rue reflète le potentiel de rupture, les entités susceptibles de renverser l’ordre social dans les urnes, piétinent à la périphérie de l’émulation, grâce, notamment, aux déséquilibres séculaires dans la répartition de la richesse. Chaque élection vient confirmer le hiatus scandaleux, entre rationalité de la statistique et détournement des leviers du pouvoir. 

F. Les bureaux de vote

Les bureaux de vote accusent une répartition biaisée et s’avèrent, à l’épreuve du choix, d’un accès ardu ; des milliers de votants s’égarent, en quête du lieu de leur inscription et beaucoup ne parviennent à accomplir le devoir civique, d’où des taux d’abstention qui contredisent la ferveur de la mobilisation avant le scrutin. 

G. Le dépouillement

Au-delà des tripatouillages que recèle l’opacité de l’informatique, la manipulation se déploie en vase clos, non dans un espace public, jamais devant les habitants de la circonscription. A défaut de sacrifier à un niveau minimal de probité, le bureau superviseur devrait, conformément aux dispositions en vigueur, doter chacun des représentants de liste, d'un procès-verbal dûment signé de ses membres. 

H. La Commission nationale électorale indépendante (Ceni)

L’institution, créée en vue d’éradiquer les tripotages, malversations et fraudes multiformes que perpétue le ministère de l’Intérieur, démontre la toute-puissance de la volonté du gouvernement. L’Exécutif la nomme, finance et organise, hors des canaux de collaboration et de collégialité avec les partis porteurs du projet alternatif.  Dans cette proximité incestueuse, elle perd sa crédibilité auprès de l’opinion et se condamne, plutôt, à servir d’alibi et de paravent à la proclamation d’un verdict préétabli, quoique, souvent, de facture artisanale. 

H. Le code de bonne conduite

Il y a si peu à dire sur le sujet ; l’outil prévu aux fins de cultiver et d’entretenir la confiance parmi les protagonistes de la dispute, reste lettre morte. Il figure, en objet de décoration diplomatique, à la devanture de l’édifice, comme une fresque de bon aloi, destinée à rassurer et distraire l’observateur de passage. 

I. Le code électoral

Depuis le début de l’expérience démocratique à l’ombre de l’armée, les partis de l'opposition n'ont cessé de réclamer des règles d’arbitrage consensuelle, afin de refréner les risques de contestation. La demande, jusqu’aujourd’hui, semble tributaire du bon vouloir des généraux et de leur clientèle conservatrice. 

J. Les superviseurs des bureaux de votes

Tous sont choisis, d’abord, au sein des cadres de l’administration publique, qui ne peuvent manquer d’allégeance au Prince, sous peine d’en subir les représailles. L’arrogance et l’animosité, qu’ils manifestées à l’égard de l’opposition, renferment les gages de leur promotion ultérieure. Ils n’hésitent à expulser l’électeur ou le représentant, issu des rangs de la dissidence et, ce sévissant, ne s’exposent à nulle reddition de comptes. 

K. Les représentants des listes.

Pas toujours très bien formés, de surcroît faibles en face des superviseurs des bureaux, ils sont vite renvoyés, dès qu’ils relèvent une anomalie au déroulement du vote ; certains succombent à l’achat des consciences et changent, alors, de camp. Le décompte des voix et l’intégrité des procès-verbaux s’en ressentent tellement que le ridicule se banalise au point de diffamer le scrupule. 

L. La diaspora

Dans certains pays d’accueil d’une forte concentration de Mauritaniens, les citoyens expatriés, pour se faire recenser ou voter, se trouvent contraints de traverser des frontières, à leurs frais quelquefois sur des centaines de kilomètres de distance. A cause de leur défiance structurelle vis-à-vis des régimes de militaires grimés en civils, l’Exécutif, son Conseil constitutionnel et sa Ceni s’obstinent, d’instinct, à les tenir, aussi loin que possible de l’éventualité d’un changement au sommet de l’Etat. 

Conclusion

Les observations ici portées à l’attention de la mission d’évaluation électorale des Nations unies ne prétendent à l’exhaustivité, tant le défis à l’effectivité de la démocratie s’accumulent, en Mauritanie. Au cours de la présente démonstration, il a été question, en priorité, de la vulnérabilité des fondements. La démocratie est attaquée, dans notre pays par ceux qui la prétendent élever.  Ils attachent, à sa limitation, la raison même de leur survie, en qualité de maîtres perpétuels, de dominateurs par vocation. Au lieu d’acheter la paix à un prix modique, ils soufflent sur les braises ardentes de la discorde, dans l’espoir, ô vanité, de suspendre le temps de l’émancipation, qui est la fatalité de l’histoire.

Nouakchott, 15 décembre 2022

-Le Parti RAG ( parti pour la Refondation et l’Action Globale)

-Initiative de Résurgence Abolitionniste(IRA)

mercredi 14 décembre 2022

Le Bureau Provisoire du parti RAG en France


Le  Bureau Provisoire du parti RAG en France

Le nouveau secrétaire général du RAG en France, M. Elhadj FALL appelle tous les mauritaniens à venir rejoindre ce parti pour un changement véritable en Mauritanie. Ci-dessous, la nouvelle composition du bureau provisoire en attendant la prochaine Assemblée Générale (AG).

1- Elhadj FALL: Secrétaire Général 

2- Diko HANOUNE: Chargé de Communication   

3- Aleyda TRAORÉ  et Moussa Mohamed: Trésorier

4- Diop Fatimata et Daya THIOYE: Chargées de la Condition Féminine

5- Koundou SOUMARÉ: chargé de communication numérique 

6- DIALLO Demba : Chargé des Finances

7- Brahim Ould Ali et Mohamed Hachim : Chargés de la Coordination

8- KONATÉ Sadio : Chargé de l'organisation événementielle

9- Doro TRAORÉ : Chargé des affaires Panafricaines

10- Diabé N'DIAYE Magassouba alias Thomas : Chargé de sensibilisation et de mobilisation

11-Moussa Souleymane DIA et Ali TRAORÉ : Chargés de la Jeunesse et des Sports

12-Abdoulaye TRAORÉ : Chargé de l'Éducation

13- Moumy TRAORÉ, chargée de communication 

Les conseillers Politique, en France, du président du parti RAG, Oumar YALI  et du candidat Biram Dah ABEID sont:

13- Mamadou SY

14- Ameth GAYE

15- Moulaye HACENE

16- Abdoulaye TRAORE

 

Paris le 10 décembre 2022

RAG-Section France

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=dluFX6wHFUc



samedi 10 décembre 2022

Hommage aux victimes oubliées de l’épuration ethnique en Mauritanie (1986-1991): Les pasteurs pulaarophones du Guidimakha


Célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme

10 décembre 2022, siège de l’IRA-M, Nouakchott, Mauritanie

Hommage aux victimes oubliées de l’épuration ethnique en Mauritanie (1986-1991): Les pasteurs pulaarophones du Guidimakha

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, Ira-M réitère son engagement contre l’oubli et l’impunité. Par-delà les rassemblements annuels d’hommage à la communauté des disparus, suppliciés et déportés, dans les localités martyres de Azlat, Jreïda, Inal, Sorimalé et Wothie, nous rouvrons, cette année, la page des massacres commis, au Guidimakha, contre des paysans et éleveurs, tous locuteurs du Pulaar. A mesure que le temps passe, de nouveaux témoignages affluent et confirment l'implication des forces de sécurité et des milices, sous l’égide d’une administration territoriale dont la chaîne de commandement reste à l’abri de la moindre poursuite en justice. Parce que la peur s’estompe, le désir d’équité ressurgit, reprend de sa vigueur ; le sel de la mémoire et la fatalité de la réparation constituent, en l’occurrence, le vecteur inépuisable de notre détermination à contrecarrer la « loi d’amnistie », du 14 juin 1993.  

A l’époque, sous l’autorité du Gouverneur, Dah Ould Abdeljelil, récemment recyclé à la présidence de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), selon le témoignage de monsieur Mokhtar Diallo ici présent aujourd’hui, de nombreux hameaux et campements de bouviers nomades endurent, durant 3 ans, la violence d’escadrons jusqu’ici au-dessus du droit ; la quasi-totalité des exactions et tueries, dessous rapportées, se déroulaient, en 1989 et 1990 ; elles engagent la responsabilité, exclusive, de Mauritaniens, anciens maîtres (Bidhane) et descendants d’esclaves (Hratine). L’identité ethnolinguistique des auteurs ne varie.

1. A Nebiya, commune de Ould Yengé, l’unique famille occupant les lieux, est décimée.  Le père, Adama Ndiaye, son épouse Souadou et leurs sept enfants furent battus et emmenés, par un groupe de miliciens et le bétail spolié, le même jour. Ils ne reviendront jamais ; d’ailleurs, la majorité des civils, victimes d’assassinats à visée raciste, n’a bénéficié d’une localisation funéraire.

2. A Mouta’alla, bourg du département de Ould Yengé, des militaires, un matin, rassemblent 27 personnes (hommes, femmes et enfants), pour les conduire, en convoi, vers une destination inconnue. Les survivants ne parviendront à retrouver la trace des captifs.

3. A Tektaake, orée de Ould Yengé, deux hommes, emmenés par des soldats en uniforme, n’ont plus donné signe de vie, abandonnant, progéniture, logis et biens. 

4. A Mudji, entre Selibaby et Gouraye, des éléments de l’armée procèdent à l’interpellation de 7 jeunes qui jouaient aux cartes, chez l’un d’eux. Ligotés et conduits, de force, hors du périmètre du village, aucun d’eux ne refait signe.

5. A Weyduyol, quartier de Sélibaby, chef-lieu du Guidimakha, 13 individus, de sexe masculin, succombent à la brutalité des hommes en uniforme ; trois périssent, dans la rue, à coups de pierres sur la tête et dix, à bout portant ou touchant, les tirs de fusil ayant visé la tête.

6. A Boruuji, municipalité de Gouraye, un détachement de la Garde nationale se saisit de 5 vendeurs de viande sur pied, raflés en rase campagne. Ils entrent, entravés, à la garnison, où leur arrivée provoque l’émoi des riverains ; un vieux notable soninké intervient, afin d’arracher la libération du plus jeune, au motif qu’il serait orphelin ; sa doléance obtient satisfaction mais les quatre autres n’en ressortiront plus sauf pour être enterrés, morts, dans un site entre Djaguili et Moullisimon.

7. A Kalinioro, département de Ould Yengé :

- Le directeur de l’école, Hadiya Ba, apprend que des miliciens arabophones entreprennent d’exproprier le patrimoine bovin de sa collectivité ; il se rend à l’endroit de l’incident et y trouve l’un de ses neveu, enchaîné au milieu des assaillants ; quand il tente de le détacher en discutant avec eux, il essuie une rafale, de leur arme d’assaut et succombe, aussitôt. Séance tenante, il fut enseveli dans un ravin naturellement creusé à la suite d’un écoulement des eaux de pluie ; après plusieurs réclamations du corps, le préfet de Ould Yengé supervise l’exhumation et remet, la dépouille, aux siens.

- Djibi Samba, éleveur de génisses, est abattu, sous les balles de la milice, tandis qu’il gardait ses veaux.  Il est inhumé aux alentours.

8. A Mbomé et Gurel Mamudu, espace administratif de Gouraye, des gardes en tenue, ramassent les hommes valides et les internent, dans leur base ; ensuite, dès la tombée de la nuit, ils repartent violer les filles et femmes, restées seules, en compagnie d’enfants et de quelques vieillards. Aucun homicide n’est enregistré, car la troupe répugnait, en général, à liquider, les femmes et les enfants, devant témoins.

9. A Dubalde, non loin de Ould Yengé, 9 pisteurs d’animaux volés par les miliciens s’évaporent, dans la nature.

10. A mi-chemin de Dangremu et Chagaar, à l’orée de Sélibaby, le dénommé Koundel disparaît.

11. Entre Kumba Ndaw et Guemou, circonscription de Ghabou, Mamadou Dioum, un bûcheron et son fils vont à la découpe, pour n’en jamais revenir….

12. A Sélibaby-ville :

- Yaya Tall, parti à la recherche de son troupeau, ne réapparaît plus ; son fils y réside encore.

- Bala Sow subit une exécution extrajudiciaire, en périphérie de l’agglomération, alors qu’il suivait les traces de son cheptel. La sépulture est identifiée.

13- Kagnogol, un périmètre de culture à l’orée de Mbayédiam, Hamadi kibbo, parti chercher son chameau est abattu par balle au moment où il liait son chameau ; après leur forfaiture sanglante, les miliciens en tenues militaires emportèrent le chameau.

Conclusion

Au terme de cet exercice de documentation non exhaustive, Ira-M ouvre le registre de la remémoration, à tout détenteur d’une bribe de détail qui extirperait, du néant abyssal, le passage sur terre, d’un parent, d’un ami, d’une connaissance, toutes victimes, trop tôt ôtées à la vie, par la convergence du sentiment de supériorité et du rejet violent de la différence ainsi que  l’assurance induite. L’appel s’adresse, d’abord, aux sections locales de notre association, en particulier dans la Vallée du fleuve. Un jour, proche, bien plus proche qu’il ne paraît, les coupables rendront compte - même en dépit d’un exil doré au Qatar. La publication de la vérité, enfin, libérera, le tortionnaire, de ses angoisses et le rescapé de son ressentiment. Alors, la Mauritanie pourrait se réinventer un avenir.

Le bureau Exécutif