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dimanche 30 mars 2014

Candidat des oubliés, Biram Dah Abeid défie le président mauritanien Aziz



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Politique - Par Louise Dimitrakis - Publié le 30 Mar, 2014
Leader charismatique du mouvement « Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste » (Ira), Biram Dah Abeid est une figure incontournable du combat contre l’esclavage en Mauritanie. Le militant présente aujourd’hui sa candidature aux présidentielles de juillet 2014. Dans un entretien à Mondafrique, Diko Hanoune, activiste mauritanien proche de B. Dah Abeid, revient sur le lancement de sa campagne électorale et sur l’histoire des luttes abolitionnistes en Mauritanie 

Mondafrique : Biram Dah Abeid a fondé l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), un mouvement anti esclavagiste né en 2008. Comment situez-vous ce mouvement dans l’histoire du combat abolitionniste en Mauritanie ?

Diko Hanoune : L’Ira a bien sûr hérité des luttes traditionnelles mauritaniennes contre l’esclavage. Mais elle a surtout révolutionné l’ensemble du mouvement abolitionniste. La contestation de l’esclavage dans le pays a commencé a s’organiser en 1978 lorsque certains cadres de la communauté « Haratine » -- des descendants d’esclaves qui ont été arabisés par les Maures pour les assimiler à leur communauté avant d’être marginalisés -- ont crée le tout premier mouvement anti-esclavagiste du pays : « El-Hor », qui signifie « l’homme libre ». Ce mouvement a été durement réprimé par les autorités Maures et a pratiquement disparu un an seulement après sa création. Il a fallu attendre 1995 pour qu’une autre organisation, « SOS Esclaves », dirigée par le militant Boubacar Messaoud,  prenne la relève. « SOS Esclaves » luttait surtout pour changer la loi mauritanienne. Ses militants menaient la bataille à coup de conférences de presse, de rapports et de communiqués transmis aux organisations internationales, aux Ongs. Avec un aboutissement de taille : l’adoption de la loi de 2007 qui abolit l’esclavage en Mauritanie.

Mondafrique : Qu’est-ce que l’Ira apporte de nouveau ?

D.H. : Jusqu’en 2008, Biram Dah Abeid était lui-même chargé de mission à « SOS Esclaves ». Mais rapidement, il a voulu mener une lutte de terrain plus active et dépasser la méthode « soft ». Avec plusieurs autres activistes, il fonde sa propre cellule d’action, l’Ira, le 23 octobre 2008. Elle propose une philosophie nouvelle, fondée sur la dissidence politique, sociale et religieuse avec des méthodes d’actions coups de poing. Les militants n’attendent plus que les esclaves s’enfuient de chez leur maitres. Ils vont directement les chercher pour négocier leur libération, les inciter à porter plainte, les informer de leurs droits. Ils campent devant les commissariats, organisent des grèves de la faim, des sit-ins, des manifestations pour forcer les autorités à enregistrer les plaintes des esclaves. Les représailles du pouvoir, parfois très violentes, ne se sont pas faites attendre. Les plus impressionnantes ont eu lieu début octobre 2013 à Boutilimit, une ville située à 165km au sud-est de la capitale Nouakchott. Des militants de l’Ira s’étaient réunis lors d’un sit-in devant le commissariat pour défendre une jeune esclave de 19 ans, Noura Mint Aheimed, qui a fuit la maison de ses maîtres et osé porter plainte contre eux. Plusieurs fois, les autorités de la ville ont tenté de la dissuader d’avoir recours à la justice. Les pressions ont été d’autant plus fortes que le chef de famille des maîtres de Noura, Amar Ould Sidi Ould Ely est un membre influent de l’Union Pour la République (UPR), le parti du président Mohamed Ould Abdel Aziz. A l’époque, il souhaitait se présenter aux élections municipales et législatives de 2013 et cette affaire risquait de plomber son image. Les forces de l’ordre ont réprimé le sit-in dans le sang. De nombreuses personnes ont été blessées, d’autres ont été arrêtées et mises en détention. C’est cet activisme de terrain de l’Ira qui a révolutionné la lutte abolitionniste et qui est perçu comme une agression par les autorités.

Mondafrique : Plus que les autres organisations abolitionnistes, l’Ira s’en prend au domaine du religieux. Pourquoi ? 

D.H. : Dès la création de l’Ira, les leaders ont estimé qu’il était nécessaire de dénoncer l’idée erronée selon laquelle l’esclavage serait une sorte de sixième pilier de l’islam. Ils ont donc donc cherché à délégitimer les imams mauritaniens -- grand leaders d’opinion dans le pays – qui justifient l’esclavage par les écrits du Coran. C’est une nouveauté dans la lutte abolitionniste. Il s’agissait de dénoncer les forfaits commis par les autorités arabo-berbères au nom de l’islam, alors même que l’esclavage est contraire à l’esprit et la lettre de cette religion. Magistrats, policiers, imams, administrateurs… Tous donnent la priorité à l’application de textes de droit musulman au détriment des lois anti esclavagistes qui ont été adoptées dans le pays. Or, l’interprétation qu’ils font de ces textes est totalement fausse et ne sert qu’à préserver leurs intérêts. En signe de protestation, Biram a brûlé publiquement un texte religieux en 2012, ce qui lui a valu d’être mis en détention pendant quatre mois.

Mondafrique : Comment le mouvement se situe-t-il par rapport aux partis politiques d’opposition au pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, y compris les formations « négro-africaines » ?

D.H. : Biram dit souvent qu’en Mauritanie, le pouvoir et l’opposition sont comme les deux têtes du serpent : elles se partagent le gâteau ensemble. Les dirigeants actuels de l’opposition, ont, pour la plupart d’entre eux, soutenu l’ancien dictateur Maaouiya Ould Taya ou le coup d’Etat d’Aziz ! Y compris les leaders négro-mauritaniens. Par ailleurs, l’opposition traditionnelle n’a jamais vraiment fait de la lutte contre l’esclavage une priorité. Même les mouvements des descendants d’esclaves représentés au Parlement comme l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/ Mouvement pour la Rénovation (Ajd/Mr), ne font de l’esclavage qu’une question secondaire. Leur principal cheval de bataille, c’est plutôt « la cohabitation » entre communautés. Ils dénoncent les inégalités sociales entre ethnies, les discriminations, l’accaparement du pouvoir par les Maures, les massacres de 1989 contre les communautés noires… Mais ils ne parlent que très peu de l’esclavage.

Mondafrique : Pourtant, l’Ira a tenté une alliance avec les partis d’opposition.

D.H. : Effectivement, lorsque l’Ira a commencé à devenir populaire, elle a finalement fait alliance contre le président Aziz avec les partis unis au sein de la Coordination de l’opposition démocratique (COD). L’union est scellée le 11 mars 2012 à la suite d’un pacte posant la dénonciation de l’esclavage comme condition sine qua non. Mais l’alliance a volé en éclat lorsque Biram a  brulé les textes religieux. La COD, composée principalement d’hommes politiques arabo-berbères, s’est rangé du côté des oulémas et a dénoncé cette action comme un acte d’apostasie. L’Ira, qui était une organisation de défense des droits de l’homme au départ, a donc rapidement ouvert sa propre cellule politique : le Parti radical pour une action globale (RAG) en octobre 2012. Un mois après cette annonce, les autorités ont pris le soin d’interdire les candidatures indépendantes pour éviter qu’un membre de l’Ira ne se présente à des élections municipales et législatives. Puis, le parti a finalement été totalement interdit.

Mondafrique : Malgré les forts soupçons de fraudes qui pèsent sur les élections présidentielles de 2014, Biram Dah Abeid se porte candidat. Il a entamé sa tournée dans les régions du sud de la Mauritanie. Il se rendra ensuite dans le nord, puis l’est. Pourquoi avoir choisi de commencer par le sud ?

D.H. : La région sud, dans la vallée du fleuve Sénégal est une région symbolique de la lutte contre le racisme anti noirs. C’est une zone pauvre, délaissée, et peuplée en majorité par des négro-mauritaniens. Lorsqu’en 1989, le dictateur Maaouiyaa Ould Taya a lancé un massacre contre les noirs, les populations de cette région ont beaucoup souffert et nombre d’entre eux ont du fuir vers les Etats voisins : le Sénégal et le Mali. C’est une région abandonnée du pouvoir, dont l’histoire est marquée par les discriminations. La plupart des fonctionnaires locaux passent le plus clair de leur temps à Nouakchott et ne reviennent qu’en période d’élection pour acheter les votes en distribuant de l’argent ou des postes. Les régions qui bordent la vallée du fleuve Sénégal sont aussi les plus touchées par les expropriations qui se sont généralisées ces dernières années. Le système de recensement officiel des titres de propriété foncière n’est pas respecté et les autorités n’hésitent pas à s’accaparer des terres pour les attribuer à des sociétés du Golfe. Celles-ci font ensuite venir leurs propres travailleurs, pour la plupart asiatiques. Plusieurs dizaines de milliers d’hectares ont été déjà été vendus dans les régions de Rosso et Bogué. Le fait que Biram vienne faire campagne ici, c’est donc un geste très symbolique pour les populations. Il est devenu une sorte de thérapie.

Mondafrique : Comment a-t-il été accueilli sur place ?

D.H. : La foule venue l'écouter a été bien plus nombreuse que prévue ! Au tout début en 2008, l’Ira ne rassemblait que quelques centaines de personnes lors de ses meetings. Aujourd’hui Biram est une célébrité. Des milliers de personnes se sont précipités pour le voir lors de sa tournée dans le sud. Il a commencé par Rosso, la grande ville du sud sur la route vers le Sénégal, avant de longer la frontière vers l’est, en passant par Bogué, Kaédi dans la région du Gorgol, jusqu’à Sélibaby près du Mali. A Kaédi, il y a eu tellement de monde que les autorités locales, proches du pouvoir, ont coupé l’électricité pour dissuader les gens d’assister au meeting qui devait commencer à la tombée de la nuit. Mais le public n’a pas bougé et les autorités ont du remettre la lumière. En fait, Kaédi et ses alentours sont en ébullition sur les thématiques liées au racisme. En 2011, dans la ville de Maghana proche de Kaédi, Lamine Mangane, un jeune de 18 ans, a été tué par balles au cours d’une manifestation contre le recensement de la population initié à l’époque par le gouvernement. A l’époque, de nombreuses associations des droits de l’homme dénonçaient le caractère raciste et discriminatoire de ce recensement. On exigeait des négro-mauritaniens un nombre de papiers exagéré pour prouver leur nationalité. On avait vraiment l’impression que les autorités tentaient d'inverser les rapports démographiques des communautés du pays à l'avantage des Maures. Bref, le jeune Lamine Mangane qui manifestait en tête de marche ce jour-là a été abattu. Aucune sanction n’a été prise. Que ce soit contre le gendarme qui a tiré, le préfet ou le ministre de tutelle qui ont peut-être autorisé les forces de l’ordre à tirer sur la foule. Le gendarme a juste été muté près de Bassikounou dans le sud-est du pays. Depuis, les parents du jeune homme et les organisations des droits de l’homme demandent l’ouverture d’un procès. Et la région est devenue une vraie base arrière militante.

Mondafrique : La candidature de Biram Dah Abeid n’a pas encore été acceptée par le conseil constitutionnel. Pensez-vous qu’il l’obtiendra et quel succès peut-il espérer de ses élections qu’on présente comme jouées d’avance ?

D.H. : Tout est encore incertain. Pour se présenter aux élections, il faut obtenir le parrainage de 50 élus municipaux. Or, ni le pouvoir, ni l’opposition ne soutiennent Biram. Les signatures sont publiées au journal officiel. Les élus qui sont d’accord avec lui n’osent donc pas lui accorder leur soutien. En plus, pas plus d’un élu sur cinq ne doit faire partie des circonscriptions d’une même « wilaya » (région). Autre obstacle, de nombreux citoyens mauritaniens ne sont pas inscrits sur le registre électoral national. Pour demander sa carte d’électeur, c’est souvent la croix et la bannière. Comme pour le recensement, on demande aux citoyens négro-mauritaniens de fournir des documents injustifiés. Des certificats médicaux, des attestations de décès des parents s’ils sont morts, des témoignages écrits certifiant que vous êtes bien mauritanien. Si vous avez un nom à connotation sénégalaise ou malienne on vous soupçonne d’être un étranger. La charge administrative est donc souvent abusive et discriminatoire. En plus, les élections vont être fraudées. Mais quoi qu’il en soit, ce début de campagne révèle au moins une chose : les autorités ont de plus en plus de mal à empêcher Biram Dah Abeid de mener ses actions. Il a pu organiser sa tournée dans le sud sans encombre. Les autorités ne peuvent se permettre de réprimer un homme qui a reçu le prix des droits de l’homme de l’Onu. C’est très mauvais pour l’image d’un pays qui se prétend démocratique. D’autant que le président Aziz se présente comme un allié des puissances occidentales pour la lutte contre le terrorisme au Sahel. Il lui faut donc montrer patte blanche.

Bulletin d’information n°4 : Après le Sud, la vague « Oui Biram » remonte vers le nord du pays [PhotoReportage]

Bulletin d’information n°4 : Après le Sud, la vague « Oui Biram » remonte vers le nord du pays [PhotoReportage]
IRA Mauritanie - Telle une gigantesque « ola » dont le stade serait aux dimensions de la Mauritanie, la vague soulevée par la candidature de Biram Ould Dah Ould Abeid continue à parcourir le pays.

Après les villes du Sud, le candidat à la présidence de la République, président de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) et Prix de l’ONU des Droits de l’homme 2013, a enflammé, ce vendredi 28 mars 2014, la ville de Zouérate (nord de la Mauritanie). La ville minière de Zouérate est associée, dans la mémoire collective des Mauritaniens, aux luttes ouvrières de la fin des années 60.

Hier, à l’occasion de la venue du leader anti-esclavagiste, les mineurs d’aujourd’hui, très souvent passés de la férule des maîtres esclavagistes au joug des contremaîtres, ont voulu faire honneur à ce passé militant. De mémoire de Zouératois, la ville n’avait jamais connu mobilisation plus intense.

A tout seigneur, tout honneur, c’est le fils du pays, dynamique homme d’affaires engagé dans les rangs d’IRA, Dr Saad Ould Louleid, qui prit la parole en premier. Après les mots de bienvenue, Dr Ould Loileid énuméra les problèmes de la ville de Zouérate, les relations compliquées de la population avec la SNIM (Société Nationale des Industries Minières), les soucis que causent les esclavagistes modernes que sont les tâcherons, le calvaire des journaliers.

Pour conclure, Saad indiqua à la population la seule issue, jamais jusque-là essayée, qui consiste à élire le candidat de l’espoir, celui qui inspire confiance et pour qui les foules se sont déplacées aujourd’hui, à savoir Biram Ould Abeid. Nous devons, conclura-t-il, porter cette candidature, moralement et matériellement.

Ce fut, ensuite, le tour de Brahim Ould Abeid, vice président d’IRA, d’énumérer les avancées à l’actif de l’organisation anti-esclavagiste. « En 3 ans », précise-t-il, « nous avons réalisé, sur le chemin de la lutte contre l’esclavage, ce que d’autres n’ont pu réaliser en 30 ans de combat.

Nous avons voulu libérer les Hratine mais nous rendons compte que tous les Mauritaniens sont esclaves. Les ministres sont esclaves de Aziz, les dockers, les journaliers, les pêcheurs, les mineurs tous sont des esclaves. C'est pourquoi nous cherchons à accéder au pouvoir, pour libérer les Mauritaniens et nous sommes venus vous demander de lutter avec nous pour votre liberté
. »

Puis la parole fut donnée à Mohamed Vall Ould Med, le jurisconsulte (faghih) d’IRA qui reviendra sur l'incinération symbolique des exemplaires du code négrier. Après lui, Biram prit la parole pour ré-enflammer la foule en évoquant les derniers cas d’esclavage débusqués par IRA. L’applaudimètre explosera quand le candidat invoquera la situation des journaliers, ces esclaves des temps modernes.

Il enverra, de nouveau, dos-à-dos les deux têtes du système au pouvoir, Opposition et Majorité. « Pourquoi », s’interroge Biram, « l’affaire de la profanation du Saint Coran n’avait-elle pas fait long feu ? C’est bien la preuve que certains Mauritaniens sacralisent plus les manuels du code noir que le Saint Coran ! Comment, autrement, expliquer le tollé que l’autodafé de ces derniers, par IRA, avait soulevé et le calme qu’a suivi cette profanation ? »

« Contrairement à Aziz, RFD et autres Tawassoul, nous » ,affirme Ould Dah, « nous voulons accéder au pouvoir par vos suffrages, consciemment et sincèrement octroyés. Sans putsch, sans achat de consciences, sans menaces sur votre paix dans l’au-delà, sans carotte ni bâton, juste en vous convaincant que nous sommes embarqués avec vous dans la même galère et que nous avons besoin de votre aide pour arriver à bon port avec vous. »

La Commission de Communication
Zouérate le 29 mars 2014















IRA Mauritanie

vendredi 28 mars 2014

Boghé : à Boghé- Escale la naissance du mouvement y’en a marre - [PhotoReportage]


Boghé : à Boghé- Escale la naissance du mouvement y’en a marre - [PhotoReportage] Hebdomadaire Mauritanoix - Ce jeudi 27 Mars 2014 a été placé-ici à Boghé- Escale, plus précisément dans le quartier Sinthiane sur les fonds baptismaux un mouvement de protestation dénommé "y'en a marre ". Ce mouvement regroupe des jeunes de Boghé Escale qui entendent opérer une rupture avec leurs responsables originaires de ce quartier appelés «cadres".

Sur leurs banderoles brandies en plein air lors de leur sit-in, on pouvait lire : « Transition générationnelle, des promesses jamais tenues par nos cadres ». Dans leurs différentes interventions, les jeunes ont à tour de rôle déclaré que:

« L’heure n’est plus aux lamentations, nous sommes des jeunes responsables, ignorés et réclamons nos droits. Nous ne sommes pas un parti politique qui pond des communiqués à longueur de journée, nous travaillons dans le cadre du nouveau type de citoyen qui doit être utile à la communauté.
Nous sommes une génération qui refuse d’être un fardeau mais un moyen, une énergie transformatrice. A partir, de cet instant, merci aux promesses et nous travaillons pour faire de notre jeunesse une locomotive du développement. Chaque chose à son temps, notre temps c’est de construire, nous suivons notre rythme sans chercher à plaire à certains politiciens qui veulent qu’on porte leur combat selon les circonstances.

« Nous sommes aujourd’hui un mouvement qui regroupe tous les jeunes de Boghé Escale qui sont membres de y’en a marre dans toute sa diversité. Nous décidons de rompre avec les cadres et la coordination de Boghé Escale.

Nous rappelons que ce mouvement signifie : « ras le bol » et que nous ne sommes plus des suivistes mais les vrais acteurs de notre développement.

Nous sommes des citoyens, des jeunes qui voulons un avenir assuré, avec le poids démographique des jeunes, le taux de chômage très élevé, le manque de formation et de l’emploi, nous ne sommes plus des marionnettes politiques.

Nous comptons élargir ce mouvement à tous les jeunes des villages de la commune, il n’y a pas un président, ni un secrétaire général, tous les jeunes sont membres pour le développement de nos localités.

Nous avons créé ce mouvement à partir d’un engagement sincère et d’une ferme détermination à porter le combat de notre génération ou du moins à remplir notre part de cette mission.

Nous essayerons de rester unis, de persévérer dans notre démarche et rester cohérent par rapport à nos idéaux.
»

Rappelant, que ce mouvement voulait faire une marche en prenant la grande route bitumée de Boghé, jusqu’au carrefour mais n'ayant pas obtenu l'autorisation requise, il a décidé d'y renoncer provisoirement en attendant d'avoir l'onction des représentants de l'autorité centrale.
Diop Mohamedou Abou dit Hbodiel
(Hebdomadaire- Mauritanoix)
















- Birame s’engage à se mobiliser pour un recensement équitable- [PhotoReportage]

Birame s’engage à se mobiliser pour un recensement équitable- [PhotoReportage]
Biram Dah Abeid a déclaré, au cours d’un meeting qu’il a animé le mercredi 26 mars à Dar Naim qu’il ne va participer à la présidentielle que si les 2/3 de Mauritaniens venaient à recouvrer leur droit au recensement.

Le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA)- qui a qualifié le recensement en cours de «dangereux, raciste», destiné à renforcer l’hégémonie des Arabo-Berbères - a en outre affirmé que son organisation va se mobiliser à l’échelle nationale pour que les franges importantes de la population mauritanienne jusque-là laissées en rade puissent se faire recenser en tant que citoyens et recouvrer ainsi tous leurs droits civiques y compris le droit au vote.

Il a invité ses sympathisants à se faire recenser sur les listes électorales dans la perspective de la présidentielle à venir.

Biram est par ailleurs revenu sur le chapitre de la profanation du Livre Saint du Coran en dénonçant l’hypocrisie et la duplicité du «pouvoir ; des oulémas ; des partis sataniques» qui ont crié au scandale «lorsque IRA-Mauritanie a passé au feu des livres prétendument religieux mais qui ont fait profil bas lorsque des exemplaires du Coran ont été profanés».

Le président de l’IRA a réaffirmé son engagement à lutter contre l’injustice, la discrimination , l’esclavage et le racisme quitte à laisser sa vie sur le carreau avant de proclamer que l’année 2014 a été placée par son organisation sous le sceau de la libération. Comment va-t-il s’y prendre pour réussir son pari ? Wait and see.

CS












Source: cridem.org

jeudi 27 mars 2014

Biladi : interview avec Biram Ould Dah Ould Abeïd



 

Biram Ould Dah Ould Abeïd  (BDA) n’est plus à présenter, aujourd’hui,  en Mauritanie. Ni ailleurs. Président de l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie), distingué par plus d’un prix pour la cause des droits de l’Homme, BDA se lance désormais dans l’arène politique mauritanienne, le premier à déclarer publiquement  son intention de briguer le suffrage universel des Mauritaniens. BDA s’attaque à ceux qui, selon lui,  perpétuent l’ordre ancien esclavagiste, ceux qui instrumentalisent la Religion musulmane, le pouvoir, l’opposition, et même la presse, y compris le journal qu’il a honoré par l’interview ci-après :

Biladi :   Vous venez de rentrer d’une tournée dans la vallée du fleuve. Quel accueil vous a été réservé ? Et quelle appréciation faites-vous de la situation socio-économique dans ces régions ?

BDA : La tournée dans les régions Mauritaniennes de la vallée du Fleuve Sénégal que nous avons entreprise du 13 au 20 mars, de Rosso à Sélibaby a attesté, une fois de plus, l’échec de la politique et de la stratégie de diabolisation et de marginalisation que l’Etat et les groupes dominants mauritaniens ont adopté depuis toujours contre Ira-Mauritanie, ses idées et son Président. Les accueils massifs volontaires et chaleureux réservés, par les populations des villes et des villages des régions traversées, à moi-même et à ma délégation, constituent une victoire sans appel de notre vision et surtout de nos constats. Les populations ont rompu, de ce fait avec les clivages traditionnels clientélistes, si réfractaires au devoir de solidarité avec les humbles ; à présent, ils épousent la ligne de la rupture d’avec les forces de l’oppression, le credo du sacrifice pour un véritable changement, la parole de la vérité.
Concernant la situation socio économiques de ces région, elle est caractérisée par le désespoir, les frustrations matérielles, le marasme et le sentiment d’écrasement car l’Etat et ses différents services, au lieu de représenter une lueur d’espoir ou de soulagement représentent un fardeau, une instance d’oppression, dans le quotidien de populations paisibles ; ces mauritaniens, en majorité noirs, hratin, peuls , soninké, wolofs ou Bambaras subissent un régime de sujétion qui spolie les terres héritées des ancêtres et impose des brimades à la manière du système colonial ; ces multitudes anonymes ne bénéficient de l’éducation, de la santé, ni de l’eau potable et se retrouvent, aussi, à la merci d’intermédiaires délateurs et de politiciens véreux qui incarnent le relai de l’administration et du pouvoir dans chaque localité. Donc l’appauvrissement et le sentiment de non appartenance à la communauté de destin a atteint son comble ici ; c’est pourquoi, notre discours, notre organisation et ma candidature à la magistrature suprême renferment pour les foules des régions visitées, la promesse d’un avenir différent,  une bouffée d’oxygène, comme une bouée de sauvetage, sur le chemin d’une restauration durable de la dignité et de la citoyenneté.

Biladi : Le président de la République vient de rencontrer quatre cents jeunes. Il prépare un second mandat tourné vers la jeunesse, dit-on, après ce premier finissant focalisé sur les pauvres. Les médias publics parlent d’une rencontre réussie. Qu’en dites-vous, candidat à la future présidentielle ?
BDA : Ces mises en scène médiatiques orchestrées par le chef de l’Etat et son entourage  ne peuvent masquer l’échec total de la Présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz ni dissiper le trouble autour de sa personne. La gouvernance qu’il n’a cessé de se reproduire par la manipulation des média et des mosquées, au point d’accentuer la haine intercommunautaire, l’exacerbation du racisme domestique  contre les hratins et les noirs en général ; ainsi, pour se maintenir comme garant de l’ordre ancien, Ould Abdel Aziz, qui est l’unique détenteur du pouvoir réel, œuvre-t-il  davantage à aggraver le sentiment de l’insupportable chez la majorité opprimée. Il a besoin de créer de la division, de la suspicion et d’entretenir le climat de précarité, afin d’exercer le monopole de la violence légitime ; en vérité, il sert le système, parce qu’il en défend le fondement premier : la préséance de naissance qui justifie l’allocation inégale des ressources, au profit des élites tribales maures. Evidemment, lui-même et son groupe népotiste se servent, au détriment du groupe ethnique dont ils prétendent préserver l’hégémonie ;  il s’agit d’une querelle prévisible dans le processus de délitement de tout édifice construit sur la base de l’iniquité. Avec Ould Abdel Aziz, la faillite du modèle de l’Etat des tribus et des clans s’accélère à mesure que s’intensifie, entre eux, la compétition pour le contrôle du bien public, source de privatisation par constitution et cumul de prébendes. Avec l’actuel Président, le bloc hégémonique apparaît inapte à l’idéologie. Il n’a pas de projet, même réactionnaire et ne croit en rien. Sa seule finalité consiste à piller, épargner, thésauriser, aux fins d’épargner, à ses membres et à leur progéniture, l’épreuve de l’effort et l’insupportable méritocratie. Dans la Mauritanie de Ould Abdel Aziz, un jeune ne rêve ni de diplômes, ni de gloire, ni ne changer le monde ; il se voit commerçant et n’imagine la perfection autrement.
A cause de cette mentalité déjà en vogue sous Ould Taya, la gabegie, la corruption, le népotisme, ont pu générer bien des carrières et des fortunes dont les titulaires sont des membres en vue de l’entourage politique du chef de l’Etat. Sous le mandat de Ould Abdel Aziz, l’instrumentalisation de la religion a atteint son comble, pour régler des compte sociaux et historiques avec les groupes des cadets, tels les hratins, les forgerons et sans doute d’autres à venir. Sous ce règne aussi, l’ignominie et la face hideuse du racisme et du mépris de la dignité humaine se sont montrées et exprimées au plus haut sommet de l’Etat et de la hiérarchie dite religieuse ; pour la première fois depuis Charr Bebba, le pouvoir temporel et spirituel se sont confondus ; ils s’illustrent, à présent, par la prise de position ethnique, sectaire, et ce  contre l’esprit et les principes de l’Islam, de l’humanisme et des droits national et international. Donc, je réitère ici, qu’une mandature tournée seulement vers les pauvres ne pourrait être équitable car tournant le dos à un autre poids important de la société qui sont les riches et comme une mandature tournée exclusivement vers les jeunes ne pourrait justifier son équité, ni son efficacité car les moins jeunes et les vieilles personnes ont aussi leur droit à l’attention de ceux qui les dirigent ; bref, ces démarches ne révèlent que facilité démagogique, défaut d’audace, déficit de novation et limite de l’esprit borné, car au final, les pauvres et les jeunes, deux catégories objets du montage azizien, se restreindront à l’entourage de Ould Abdel Aziz,  c’est à dire ses compagnons et  laudateurs.

Biladi :     Récemment, le pouvoir, à travers le ministre de la communication, n’a cessé, plus d’une fois, de critiquer l’instrumentalisation du religieux, suite à une profanation ‘’présumée ou réelle’’ du Saint Coran. On se souvient, qu’il a été, jusqu’ici, lors de votre autodafé des quelques ouvrages du rite malékite, et à l’occasion de l’article, dit blasphématoire d’Ould Mkhaïtir, un défenseur de la religion musulmane. La Mauritanie n’est pas un pays laïc, disait Mohamed Ould Abdel Aziz aux foules venues demandant une lourde peine contre vous ! La protestation que vous faites aujourd’hui est le minimum que vous pouvez entreprendre, disait-il encore en réaction ‘’ au blasphème’’ ? Comment jugez-vous ce revirement ?

BDA : Tout d’abord je tiens à apporter un démenti catégorique aux affirmations du journal Biladi et de toute la presse bidhane esclavagiste qui n’ont cessé d’affirmer que j’ai incinéré  des livres malékites ou islamique ; ces allégations, partiales et diffamatoires  abondent dans le sens de la position de l’Etat et des groupes dominant arabo berbères esclavagistes mauritaniens qui n’ont cessé d’élever au niveau du sacré, les codes d’esclavage de traite des humains et de fornication que j’ai incinéré le 27 avril 2012 ; ces ouvrages dont la teneur raciste n’est plus à démontrer, ne sont malékites ou islamiques que dans l’imagination de ceux qui instrumentalisent le nom de l’imam Malik ibn Eness pour légitimer et justifier leurs pratiques ignominieuses.
D’autre part, je n’accepte pas votre présentation escamotée de cette affaire ; les manifestations monocolores n’ont pu mobiliser, parmi les musulmans Mauritaniens, que la frange esclavagiste arabo berbère ; les foules haineuses d’alors avaient réclamé, avec précision, que me soit appliquée la peine de mort. Cette requête, claire et explicite, a été d’abord formulée par des érudits maures, des partis politiques de l’opposition et de la majorité et aussi du gouvernement, du chef de l’Etat et de son ministère public.
L’opposition Mauritanienne  - à travers ses dirigeants - n’a cessé de mentir en disant que Ould Abdel Aziz a été laxiste avec ceux qui ont incinéré les livres ; je leur réponds ici que la destruction de ces livres esclavagistes par le feu est un acte de bienfaisance contre le crime et l’opprobre, leur  institutionnalisation et leur sacralisation. J’espère que le message est bien reçu et entendu.
Ould Abdel Aziz et ses successeurs ne peuvent rien faire contre nous, en terme de droit positif ou de charia, car notre acte d’incinération - que nous revendiquons toujours - ne viole aucune loi, ni règle religieuse ; bien au contraire, l’acte s’avère en conformité au droit à la dignité et bel et bien au service de la foi islamique. La seule sanction que Ould Abdel Aziz pourrait appliquer, dans ce cas de figure, c’est d’user de l’arbitraire ; il en a usé et abusé en attaquant nos maisons, en nous arrêtant, en nous torturant, en nous détenant, en nous transférant devant une cour criminelle et en réclamant, par la voix de son procureur général , la peine capitale contre nous, pour des chefs d’inculpation sans rapport avec nos actes.
Le tribunal l’a débouté par notre acquittement ; pourtant, et Ould Abdel Aziz s’est permis de nous détenir deux mois supplémentaires, en violation de la norme. La légitimité du droit n’est pas avec lui, le tribunal qui nous a acquitté l’a prouvé ; la légitimité religieuse n’est pas avec lui, notre position mettant le Coran et la sounna au dessus des écrits esclavagistes le prouve assez ; les soutiens dont nous avons bénéficié de la part de la Umma Islamique le démontrent ; la légitimité populaire nationale n’est pas de son côté ; les manifestations et marches de soutiens à nous, qui ont rassemblé des milliers de personnes, en témoignent ;la légitimité internationale n’est pas de son côté, le soutien des organisations internationales et des organismes internationaux est bien édifiant à cet égard .
Quand le ministre de l’information Sidi Mohamed Ould Maham prétend avoir confié à la justice le dossier de la destruction des livres esclavagistes,  il ment ; en effet, s’il s’agissait  d’un problème de justice, rien dans la loi moderne ou islamique ne criminalise l’incinération de textes aussi nuisibles pour les humains et la religion.
D’autre part, la justice nous avait bel et bien acquittés, mais le pouvoir raciste et esclavagiste de Ould Abdel Aziz nous maintenait, en prison.
Concernant la dernière affaire dite  profanation du livre saint à Teyaret, j’y entrevois un acte de provocation, orchestré par les délinquants assoiffés de pouvoir et de sang qui sont au sommet des partis comme Tawassoul, le Rfd ou d’autres dirigeants de « partillons » qui gravitent autour d’eux. Il fallait fabriquer une situation de chaos qui pourrait, pensent-ils, les amener au pouvoir ; or, puisque cette vraie atteinte au sacré est orchestrée par l’élite bidhane, le pouvoir de Ould Abdel Aziz, comme tout pouvoir discriminatoire, a cédé à la solidarité communautaire pour éviter tout déballage et toute enquête sérieuse car cela pourrait mettre à nu les vrais profanateurs du sacré et les vrais ennemis de la religion : les descendants de maîtres trop longtemps habitués à couvrir leurs forfaitures séculaires, sous le bouclier du Coran et de la Sunna.

Biladi :  Le président de l’Alliance Populaire Progressiste, ex président de la chambre basse, vient de publier un long article. Il y fait état d’une incompréhension au sujet de sa personne. Quelle lecture faites-vous de cette tribune ? Et quelle appréciation faites-vous de l’action politique du sempiternel défenseur de la cause hratine, celui-là qui est  en charge aujourd’hui du Conseil Economique et Social ?

BDA : Si le Président Messoud Ould Boulkheir, après plus cinquante ans de présence politique et de militantisme , après avoir occupé de grandes fonctions de l’Etat - du jeune cadre de l’administration territoriale, membre du Conseil national du PPM, gouverneur de région, ministre, Président de parti, parlementaire, leader de la chambre basse, après des milliers de discours, de manifestations, de communiqués, de prises de position, après tout cela, si Messoud reste toujours incompris, ce n’est pas une tribune dans un journal qui lèverait le malentendu ; d’autre part, je ne suis pas en mesure, encore moins en droit, d’évaluer l’action ou les acquis de Messoud dans sa lutte. Tout ce que je sais, c’est qu’en ce moment, la Mauritanie va très très mal, notre pays, notre société sont en crise et particulièrement les populations hratin ; elles se trouvent dans une situation d’écrasement, de servitude et de marginalisation qui mérite l’engagement de tous les Mauritaniens et des étrangers épris de liberté et de justice, pas seulement les cadres et personnalités hratins.
Par ailleurs, je voudrais signaler  que  le système politique et social esclavagiste que Messaoud Boulkheir a commencé à combattre à partir de la fin des années 90, lorsque Maawiya ould Taya l‘a limogé du gouvernement et mis à la retraite, est le même système qu‘impose au Hratin et aux autres mauritaniens l‘actuel chef de l‘Etat,  Mohamed ould Abdel Aziz.

Biladi : Si les partis de la coordination de l’opposition démocratique, pour des raisons d’absence de transparence, allaient boycotter la prochaine présidentielle, iriez-vous dans la bataille contre Mohamed Ould Abdel Aziz ?

BDA : Rien ne me lie aux partis de la COD depuis l’incinération des livres esclavagiste qui m’a fait découvrir la face hideuse de l’enracinement de l’idéologie esclavagiste dans les esprits des élites d’extraction féodale et esclavagiste et qui essayent d’exhiber un vernis moderniste ; ils sont l’autre tête du serpent, l’autre facette du système ; j’aurais, moi-même, ma propre appréciation du degré de transparence et de faisabilité des élections présidentielles prochaines ; c’est ce qui déterminera ma position car, suite à ma tournée à l’intérieur du pays, j’ai constaté la large exclusion des ethnies noires, hratins notamment, des recensements  en cours et de la révision des listes électorales ; cette exclusion, orchestrée par les autorités Mauritanienne, est très inquiétantes ; le risque est grand si ces mesures iniques et discriminatoires ne sont pas levées et corrigés au plus tôt, de voir la moitié des populations noires apatrides et incapables de voter. En plus des noirs de la diaspora, ceux de l’intérieur du pays courent derrière leur droit à la citoyenneté toujours en vain. Ce dangereux syndrome de l’ivoirité, s’il n’est pas traité à temps et de manière conséquente,  pourrait nous amener à reconsidérer une participation au scrutin qui laisserait, derrière moi, plus de la moitié de mon peuple. Je pourrais bien renoncer, par solidarité avec ces exclus, jusqu’à ce que justice soit faite

Biladi : Jusque-là, l’image que les Mauritaniens retiennent de vous est celle d’un iconoclaste, un anti-ordre établi. Comment comptez-vous faire pour négocier une telle transition (prière de reformuler la question) ? Peut-on parler, en somme, d’une nouvelle image ? Une autre celle de Biram, le candidat au suffrage universel des Mauritaniens ?

BDA : Je suis et je reste un pourfendeur de l’ordre établi quant il produit de d’injustice, de la violence et des violations des droits humains. Je ne me conformerai pas au mensonge de tabous qui assoient le pouvoir et la prédominance d’humains sur leurs semblables ; je ne m’accommoderai jamais au silence coupable, à la lâcheté ; j’userai toujours de mon droit à l’insurrection morale, à la rébellion idéologique et à la dissidence politique.  Mon but n’a jamais été que je me fasse accepter ou intégrer dans le système ; c’est tout à fait le contraire : tout ce que j’ai entrepris, du début jusqu’à maintenant et qui parait réussir jusqu’à preuve du contraire - la respectabilité et la notoriété dont je bénéficie sur le plan international, le changement des mentalités et le glissement visible des rapports de force, sur lequel a débouché notre discours et nos actions - tout ceci ressortit d’un mécanisme de subversion idéologique, social et politique qui vise la déconstruction du système des valeurs et la refondation de règles, de principes et de valeurs nouvelles, au service d’une Mauritanie de la joie et du vivre ensemble mais seulement dans l’égalité, oui l’égalité des droits et des devoirs.
A l’inverse des politiciens reconnus par le système et de ce fait même domestiqués, nous avons foi en l’universalité des droits et en l’unité de l’espèce humaine. Nous récusons le relativisme culturel qui justifie, ici-et-là, des îlots de barbarie au nom de la non-ingérence ou de la souveraineté des Etats. La déclaration Universelle des droits de l’homme et les instruments de droit international protecteurs de l’individu et de ses libertés, nous guident dans notre quête d’accomplissement collectif sur terre.


Propos recueillis par Abdelvetah Ould Mohamed