Translate

mercredi 29 février 2012

Encore Ould Boilil


Par: Bâ sileye
Par: Bâ sileye
C’est désormais une réalité irréfutable. L’actuel gouvernement mauritanien encourage les dangereuses maladresses de ses ministres. En effet, si tel n’était pas le cas, pourquoi au lieu de s’assurer de la satisfaction des citoyens, on préfère de s’acharner contre eux ? Pourquoi, l’Etat vise toujours certaines communautés de ce pays ? Ne faudrait-il pas lancer des programmes et des initiatives renforçant notre unité nationale à la place de la blesser et de la troubler davantage ? Pourquoi les notaires des « grandes familles », « les hommes rapprochés du Président de la République» et les Oulémas de ce beau pays ne se lèvent-ils pas pour remettre nos dirigeants sur les rails ? N’est-ce pas un devoir religieux de dénoncer l’injustice et de préserver la paix et la sécurité entre les peuples ? Pourquoi cet étourdissant silence complice ? Faut-il rappeler que les hommes justes ne font pas de préférence raciale lorsqu’il s’agit de défendre des causes justes. Les autorités peuvent certes choisir les victimes, mais ces dernières risquent de se révolter et occasionner des dégâts à des personnes innocentes. Le grand écrivain Patrick Chamoiseau disait qu’ « on peut se découvrir soldat dans n’importe quelle blessure de la planète ». Quant à nous notre passé est assez douloureux pour être ressuscité. Car les plaies nationales sont encore béantes.

Mais les agissements et élucubrations constatés ça et là venant de certains de nos dirigeants prouvent encore que l’Etat refuse d’enterrer la hache de guerre. Pire encore, on dirait que l’Etat mauritanien veut reprendre l’arme ensanglantée contre ses propres fils. Les faits parlent d’eux-mêmes…


On a tué Lamine Mangane (19 ans) et son bourreau a été transféré dans une nouvelle brigade de gendarmerie pour s’assurer de sa sécurité. Donc, il n’est en aucun cas inquiété par la justice, car il a rendu justice à l’Etat : celui d’avoir tiré à bout portant sur un citoyen noir. On a sauvagement tabassé Bokary Bathilly, le militant et secrétaire général du Syndicat national des étudiants mauritaniens (Snem). Les auteurs de sa brutale répression continuent à servir à Keadi sans pourtant qu’ils soient traduits en justice. Aujourd’hui, Bathilly reste privé de tous ses droits et même d’étudier à l’université de Nouakchott. On a déchiqueté la main de l’artiste Abou Fall le jour de notre fête nationale et l’on ordonna àson médecin traitant de l’abandonner et ainsi terroriser les autres « négros » susceptibles de descendre dans la rue. On a humilié des étudiantes et leurs familles sur la place publique. On a torturé des étudiants dans des commissariats en les privant de faire appel au secours de Dieu en leur interdisant de prier. On les traita de « bandes de criminels » et même « de petits sauvageons ». Et tout cela se passe sous l’ordre de ministre de l’intérieur Ould Bolil. S’il a traité des jeunes étudiants de criminels, il oublie qu’il est un récidiviste impuni. Car il a mainte fois porté atteinte à notre intégrité nationale. Y a –t-il un crime plus odieux que celui-là ? On l’accuse devant l’histoire et les responsables de la justice dans notre pays demeurent sous le contrôle exécutif et n’ont pas d’indépendance pour rendre véritablement justice pour chaque citoyen.


Il y a un an, le ministre de l’intérieur affirmait, sans aucune vergogne, qu’il n’eut aucun réfugié mauritanien au Mali. L’ironie de la situation. Il y a quelques semaines, il s’était rendu dans les nouveaux camps des réfugiés maliens fuyants massivement les attaques des rebelles. Le ministre devrait se mettre à la place de cette population en pensant à leurs peines et souffrances. On ne quitte pas son pays-natal de son propre gré. La crainte de la mort charrie l’exilé vers des frontières lointaines.


Les mauritaniens, victimes des exactions extrajudiciaires des années 90 ans, avaient subi le même sort. Ils ont fuit la torture, le viol, et la mort pour s’exiler au Sénégal et au Mali par centaines de milliers. Les chiffres sont pléthoriques. Les organismes internationaux ont relevé plus 15000 mauritaniens réfugiés dans ces deux pays.


Le ministre Mohamed Ould Bolil a osé tout démentir et tout nier. Les souffrances de ces franges sont encore palpables. Avec son recensement abject et infâme, il a tâché encore de nier la citoyenneté de certains noirs mauritaniens. A-t-il oublié que l’histoire des Soninké, des Peuls, des Wolofs et des Bambaras avait inauguré les pages de notre grande histoire nationale. Alors, n’est pas seulement mauritanien un citoyen au teint basané.


En réalité, Mohamed Ould Boilil est un négationniste. Avec sa toute dernière intervention à propos des étudiants, on peut le dénommer le Joseph Goebbels de la Mauritanie de part son cynisme. Ses discours sabotent tous les efforts consentis pour gagner les consciences et rétablir l’unité nationale.


Bâ sileye

mardi 28 février 2012

Les étudiants libérés: "On nous a empêchés de prier et de dormir" (+Vidéo)

Alakhbar (Nouakchott) – Les étudiants du SNEM libérés ce lundi ont dénoncé des tortures physiques dont ils ont été victime dans les cellules des commissariats de police où, ils étaient détenus. "Nous étions déshabillés dans nos cellules, par les policiers qui nous empêchaient de prier et de dormir", a notamment témoigné Souleymane Kébé dans une conférence de presse devant le palais de justice.

« Malgré les souffrances et les tortures que la police nous a fait subir, nous ne baisserons pas les bras. Nous poursuivrons le combat jusqu’à la satisfaction de nos doléances » a affirmé Kébé en présence de ses cinq amis qui ont vécu avec lui le même calvaire.


Les étudiants libérés ont tout de suite rappelé leurs revendications concernant la réintégration des expulsés et la réorganisation des examens au niveau de l’université de Nouakchott.

La libération des étudiants ce lundi "marque la proche de la victoire" a rappelé un dirigeant du SNEM en marge de la conférence.

Kébé Souleymane, Diallo, Boubakar, Thiam Boubakar, Abderrahmne Camara alias Papis, Moustapha Ali Thiam et Sow Aliou Idrissa, tous étudiants à l'université de Nouakchott, arrêtés il y a plusieurs semaines, ont enfin été libérés, ce lundi.


Le régisseur des prisons leurs a demandé de signer des demandes de liberté provisoire mais ils ont décliné. Ils ont été finalement relâchés sans comparaitre devant la Cour Criminelle.


COMMUNIQUE DE L’ORGANISATION CONTRE LES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS EN MAURITANIE(ocvidh)


l'OCVIDH condamne


C'est avec indignation et révolte que L’organisation Contre les Violations des droits Humains en Mauritanie(ocvidh), a appris les déclarations du Ministre de l'Intérieur  et de la décentralisation de la République Islamique de Mauritanie, Monsieur Mohamed Ould Boilil, à propos des étudiants arrêtés qu'il a qualifiés de " Bandes de criminels qui méritent d'être exécutés", des Propos tenus dans l'Hémicycle de notre pays lors de son discours incendiaire à l'adresse des élus.


Ces propos crapuleux et répugnants sont indignes d'un responsable en charge de veiller à la sécurité de tous les citoyens.


L'homme  est certes connu pour son dévouement aveugle au service très commandé du Général Putschiste, Mohamed Ould Abdel Aziz, mais arriver à une telle extrémité et de manque de moralité est une autre preuve que Mohamed Ould Boilil est prêt à tout pour plaire et servir son Général mécanicien.


L'Organistaion Contre les Violations des Droits Humains en Mauritanie, condamne avec la dernière énergie ces propos abominables de Monsieur Ould Boilil  et demande à la classe politique mauritanienne, aux ONG, et à la société civile, de condamner ces propos honteux et indignes de notre pays et d'exiger la démission du Ministre de l'Intérieur.



www.ocvidh.org

ocvidh001@wanadoo.fr

28 février 2012

Lutte contre l'esclavage:"le gâteau masque la cerise" (Vidéo)

ALAKHBAR(Nouakchott)Le Ministère de l'intérieur et de la décentralisation mauritanien vient d'accorder un récépissé pour une nouvelle ONG dénommée"Organisation pour l'éveil , l'unité nationale et la lutte contre l'esclavage", a appris Alakhbar de sources fiables, proches des sphères du gouvernement.

Et nos sources d'affirmer que cette ONG est présidée par Saleck Ould Inallah, expulsé récemment par IRA-Mauritanie que préside Birame Dah Ould Abeidi, suite à un faisceau d'indices qui prouvent son appartenance aux services de renseignement du gouvernement et des forces de sécurité.


Nos informations révèlent que "l'État mauritanien prend en charge tous les frais de la tenue du premier congrès de cette ONG qui aura lieu ce mardi après-midi, à l'hôtel Khatter, de Nouakchott".


"L'ensemble des ministres descendants d'anciens esclaves assisteront à cette rencontre et que cette décision émane des hautes autorités du pays" ont déclaré nos sources.


A rappeler que lors d’une autre conférence de presse tenue en août 2011, IRA-Mauritanie avait déclaré que "L'ira a bien déposé une demande de reconnaissance". C’était en réponse au président mauritanien, qui avait estimé, lors de son deuxième débat télévisé, que IRA-Mauritanie n’avait pas déposé une demande de reconnaissance (Voir Vidéo)

Saleck Ould Nalla lancé contre l’IRA

Saleck Ould Nalla, transfuge de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie) dont il fut exclu le 19 février dernier pour intelligence avec le Pouvoir, est désormais à la tête de l’Organisation pour l’Eveil et la Cause de Combattre l’Esclavage et Préserver l’Unité. Cette nouvelle organisation, lancée pour chasser sur les terres de l’IRA et contrer ses militants, aurait été créée par l’instigation du Président Ould Abdel Aziz. Elle a été légalisée en procédure d’urgence hier, le 27 février, et donne sa première conférence de presse cet après-midi.
Les ministres ont reçu des paquets de cartes d’invitation imprimés par la Présidence avec, pour consigne, d’enjoindre à leurs employés, H’ratine en particulier, d’assister à la conférence d’Ould Nalla.
L’IRA s’est illustrée par son combat non violent mais sans concession contre l’esclavage et commence à faire bouger les lignes y compris au niveau des mentalités et de l’opinion publique.
Taqadoumy.com

Interview express : Biram Ould Dah, président de l’IRA


«Nous demandons à AQMI un autre délai nous permettant de nous affranchir de la dictature, de stopper cette guerre par procuration et de sauver la vie de notre compatriote Ely Ould Moctar». 


Nouakchott: Votre initiative est en perte de vitesse si l’on en croit les dernières secousses avec la défection d’un groupe dirigé par votre secrétaire général ?

Biram Ould Dah: Au contraire notre organisation est en très bonne forme et l’une des preuves les plus éloquentes à cela c’est l’intérêt même du Chef de l’Etat de faire une mise en scène autour d’une prétendue défection alors que nous avons, depuis le 12 février, radié des effectifs de l’IRA, le nommé El Houssein Dieng, membre adhérent de notre initiative dont il fut le secrétaire général d’avril 2010 à août 2010. Il a été démis de ce poste pour mauvaise moralité. L’engouement des services de renseignements et du pouvoir politique en Mauritanie pour trouver une faille au sein de la citadelle IRA est un signe édifiant sur l’état de psychose que créée notre organisation pour le pouvoir qui a cherché par tous les moyens à nous discréditer. Cette énième tentative n’est qu’un échec de plus, car ceux que le pouvoir croient qu’ils sont des dissidents ne sont en fait qu’un élément radié en plus des éléments de sa famille propre et des thuriféraires haratines connus pour leurs sorties multiples, malheureuses et dégradantes contre l’IRA.

N.I.: Au moment où la COD mène des périples à l’intérieur, les étudiants de l’ISERI continuent de s’élever contre la décision de création d’une université des sciences islamiques, comment l’IRA voit-elle ce climat de tension ?

Biram Ould Dah: L’IRA estime que le pouvoir s’attaque aux forces de la jeunesse organisées au sein du mouvement estudiantin à l’IRA et à l’université, aux mouvements sociaux telles IRA, TPN pour empêcher le développement de ces mouvements et leur jonction avec les forces démocratiques réunies au sein de la COD. Je pense d’ailleurs que la COD doit comprendre l’impératif du moment qui est le renforcement du front des revendications sociales, seul capable de consentir des sacrifices humains populaires pour un changement radical en Mauritanie. Les tournées politiques carnavalesques à l’intérieur du pays alors que les jeunes sont en face des forces de répression du régime n’est pas adéquat. La COD doit rejoindre les mouvements sociaux sur le terrain des protestations dans la capitale et accepter de consentir non seulement un prix politique mais aussi physique dans la défiance du système. Les leaders de la COD doivent descendre dans la rue, affronter torses nus les forces de sécurités comme le font les jeunes s’ils veulent provoquer le changement véritable.

N.I.: On parle de moins en moins du gendarme mauritanien enlevé par AQMI, est-ce à cause de la situation de rébellion armée que vit le Mali avec ses touaregs obligeant la Mauritanie à faire profil bas, sinon comment expliquez-vous cela ?

Biram Ould Dah: Ce silence est, de mon point de vue, très coupable. Il recoupe le secret qui a enveloppé des dizaines de morts parmi les soldats et les recrues des services de renseignements mauritaniens dans cette guerre contre Al-Qaida. C’est malheureusement la politique du général Mohamed Ould Abdel Aziz et c’est une stratégie de l’échec. Je considère par ailleurs que nous, forces des droits de l’homme mauritanien, nous devons nous adressez à AQMI par tous les canaux possibles pour essayer de sauver la vie d’Ely Ould Moctar. D’ailleyrs, je saisis l’occasion pour lancer un appel à AQMI afin de nous donner, nous autres mauritaniens, un délai pour nous défaire de la dictature du général Aziz, au lieu de donner un ultimatum à ce dernier alors qu’il ne soucie pas des vies humaines de ses compatriotes. Le délai que nous demandons à AQMI nous permettra de nous affranchir de la dictature, de stopper cette guerre par procuration et de sauver la vie de notre compatriote Ely Ould Moctar.
Concernant la guerre au Mali, c’est une guerre injuste imposée aux maliens par les calculs politiques du général Aziz qui finance et arme une rébellion qui n’apportera que des malheurs aux maliens et aux mauritaniens, toutes couches confondues.

Propos recueillis, à Nouakchott Info, par Mohamed Ould Khattatt

lundi 27 février 2012

ADAG- Aide au développement et l'Aménagement de la commune de Gouraye

 
Dans le cadre de ses projets humanitaires, ADAG-France en collaboration avec ADAG-RIM organise la Caravane Médicale 2012 le 01 au 10 Mars 2012 dans la région du Guidimakha (commune rurale de Gouraye): une région isolée de toute couverture sanitaire.

Ce projet vise à venir en aide à une population enclavée: En effet, le seule centre hospitalier régionnal dans la région étant loin de 42 Km des......localités de la vallée du fleuve, ces compatriotes souffrent de maladies et d'affection à des degrés de gravité très élevés, des cas de diarrhé chronique sans traitement adéquat, des cas de tension artérienne, de l'asthme et une importante prévalence de maladies cardiovasculaires et rhumatismales sans aucun suivi ni traitement dans la majorité des cas. Toutes ces conditions accentuées par un niveau d'analphabétisme accru et une conscience collective très critique vis-à-vis des problèmes de l'hygiène.

C'est pour ces raisons (et plus) que nous, équipe projet santé, sous la direction de docteur SOUMARE Gaye et docteur DIABIRA Diagouraga tenons à nous adresser à toutes vos âmes charitables pour solliciter votre soutien moral et matériel à cette Caravane Médicale qui vise à prodiguer des soins médicaux, des délivrances de médicaments, des conseils thérapeutiques et des sensibilisations. Et ce en alimentant la collecte d'argent que nous organisons pour, au moins, répondre à un seul besoin, parmi d'autres, que nous tous méritons et que ces compatriotes n'ont pas eu la chance de le satisfaire malgré son importance primordiale. Celui d'une digne vie pour tous, celui d'une Santé pour Tous...

Le moindre don de votre part pourrait redonner espoir à ceux qui l'ont tant mérité, et votre moindre pas envers nous serait un grand saut envers ces gens qui attendent notre soutien.


Cordialement,
ADAG-FRANCE .

Contacts:

- DIABIRA Diagouraga
Médecin Responsable en france du projet Caravane Médicale 2012.
Tél. : (+33) (0)6 99 33 90 20
  : ddiagouraga2003yahoo.fr

-SOUMARE Gaye
Médecin responsable local du projet Caravane Médicale 2012.
Tél. : (+222) 47 92 43 94
@ : gayedemba@live.fr

-DIABIRA Mamadou Kissima
Responsable de la collecte des dons en nature et numéraire
Tél. : (+222) 46 72 75 55
@ : kissimax2000@yahoo.fr

-DIABIRA Hamadi et SAKHO Mamadou
Responsable Logistique du projet Caravane Médicale 2012
Tél. : (+33) (0)6 21 94 21 14 ; (+33) (0)6 42 48 86 66
@ : hdiabira@gmail.com ; sakhomamad@yahoo.fr

Après la rencontre du chef de l’Etat avec des anciens de l’IRA

Après la rencontre du chef de l’Etat avec des anciens de l’IRA image manquante Le Calame: Birame minimise et charge le pouvoir Le leader du mouvement abolitionniste, Birame Ould Dah Ould Abeidi, minimisé les récentes défections au sein de son organisation, qualifiées de non-évènement et de «sans importance». Devant des militants surchauffés accourus de tous les départements de la capitale, surtout des quartiers populaires, Birame a réfuté, lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 26 février, à Nouakchott, les allégations des exclus. Balla Touré, chargé des relations extérieures a révélé que ceux-ci, Housseynou Dieng en tête, avaient porté tort, par leurs activités personnelles, à l’organisation, sans même guère insister sur leur « inefficacité et leur inutilité ».
«Leur revendication d’appartenance à l’IRA relève d’une véritable escroquerie», fait remarquer Balla Touré, avant d’expliciter son argumentaire: «ces nègres de service ont vendu du vent à Ould Abdel Aziz qui s’est empressé de l’acheter». Revenant à la charge, Birame Ould Dah Ould Abeïd tire, avec un brin d’ironie, à bout portant: «Ould Abdel Aziz ne dort plus de la psyschose qui l’habite. Il s’est rabattu sur des vendeurs d’illusions comme somnifères. Ils ne vont pas le tranquiliser ». Il a dénoncé la propension du régime à corrompre, sur les deniers publics, le premier venu, avant de préciser que «l’IRA restera toujours le plus fort [...] C’est une force populaire incontournable, une force grandissante. Rien ne peut freiner sa fulgurante ascension».
Birame a demandé, à l’AQMI, d’épargner la vie du gendarme Ely Ould Mokhtar. Ould Abdel Aziz n’a cure de leur ultimatum et ne dispose d’aucune vertu humaniste. Et de déplorer «la mort de plusieurs dizaines d’autres mauritaniens, taupes envoyées auprès du mouvement terroriste et assassinées par celui-ci, dans l’indifférence des autorités». Le pouvoir s’évertuerait, selon Birame, à cacher leur sort. Très en verve, le leader haratine a demandé à l’AQMI de donner un délai supplémentaire aux forces populaires, afin de leur permettre de se débarasser du général Ould Aziz et du pouvoir militaire qui dévaste et endeuille la Mauritanie. Il reste convaincu que les forces démocratiques arriveront à mettre fin à l’épopée malheureuse des militaires en Mauritanie.
Quant à l’opinion nationale, Birame la prie de soutenir les étudiants emprisonnés, torturés dans les geôles du régime ; ceux de l’ISERI maltraités et passés à tabac par les forces de police, ainsi que tous les mauritaniens qui pâtissent des excès de ce régime. Dans la foulée, il a invité la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) «à joindre l’acte à la parole, en descendant dans la rue, afin de concrétiser leur vœu de voir émerger leur volonté de changement, et à défier le régime, en squattant les terrains publics. S’il y a un prix à payer, c’est celui du sang», a tonné Birame, vivement ovationné par les sympathisants de l’IRA.
Relativement au futur Conseil National de la Transition, Birame a révélé que les préparatifs, au niveau national et international, pour sa mise en place, vont bon train, jugeant imminente une annonce à cet égard. Le futur CNT mauritanien répondra aux aspirations de tous les Mauritaniens à la liberté, à la justice travestie, aujourd’hui, par Ould Abdel Aziz, et mènera le combat en leur nom. L’IRA reste, selon son président, «solidaires de toutes les injustices». C’est dans cette optique qu’elle épaule le père de Lamine Mangane, présent à la conférence de presse, dans sa soif de justice pour son fils, froidement abattu à Maghama, lors des manifestations de protestation du mouvement négro-africain «Touche pas à ma nationalité », contre l’enrôlement, jugé discriminatoire à l’encontre des populations noires de Mauritanie.. «Nous allons l’accompagner jusqu’à que les auteurs de cet assassinat soient traduits en justice. » A n’en point douter, Birame se sent investi d’une « mission libératrice » visant à sortir les Mauritaniens du «joug» du régime.

THIAM 

Le calame

Birame au FONADH : Aqmi aurait dû nous donner un ultimatum à nous pour nous débarrasser d’Aziz !

Dans la cour du FOrum National  des Associations de Défense des Droits de l’Homme (FONADH), en ce dimanche 26 février, on a du mal à se frayer un passage. Invités à assister à une conférence de presse animée par leur président, les militants et militantes de l’organisation abolitionniste Ira ont décidé de répondre en masse. Certains sont assis à même le sol, sous le soleil, dans la cour du Fonadh. D’autres sont debout dehors, pour deviser. Tous attendent l’arrivée de Birame Ould Dah Abeïd. A midi, le militant anti-esclavagiste fait enfin son apparition et sans plus tarder prend la parole.
«La présence massive des militants et militantes aujourd’hui dans le siège du Fonadh signifie que ’Ira est une force grandissante, et va continuer à s’agrandir. Les menées mesquines d’Ould Abdel Aziz ne peuvent pas casser son élan », lance-t-il, en faisant allusion aux menées du pouvoir qui tente d’affaiblir l’Ira. Birame Ould Dah Abeïd tient Housseïnou Dieng prétendu leader d’une Ira bis  pour une brebis galeuse d’une moralité douteuse qui avait été écartée de l’organisation abolitionniste  peu avant l’annonce de sa fausse entrée en dissidence. Pour le militant anti-esclavagiste le pouvoir et ses affidés perdent leur temps en essayant de créer des scissions dans les rangs de l’initiative qu’il dirige. «Le général ne dort plus à cause de l’Ira, il a voulu utiliser Dieng comme somnifère. Mais cela ne sert rien, l’Ira va continuer son combat «malgré le pouvoir, ses nègres de service ainsi que ses généraux et ses imams», dit le militant des droits humains.
Par ailleurs Birame Ould Dah Abeïd  a dit sa solidarité avec Ely Ould Mokhtar, le gendarme kidnappé par les Salafistes dont la vie est aujourd’hui en danger. Il a appelé Aqmi «à fixer un ultimatum non pas à Ould Abdel Aziz qui est inhumain, mais à l’Ira et aux Mauritaniens pour qu’ils se débarrassent du Général, et mettent fin à l’épopée malheureuse des Militaires». Il a souligné sa solidarité avec les étudiants du SNEM et de l’Iseri et appelé tous les Mauritaniens à se mobiliser pour faire libérer les étudiants détenus en prison.
Où en sont les préparatifs du Conseil national de transition né il y a quelques semaines de cela? «Ils sont en cours», précise Ould Dah Abeïd. Le conseil est soutenu par des forces politiques et  même par des Etats, à en croire le président de l’Ira. Birame a enfin réitéré l’engagement de son organisation à aller de l’avant pour mettre fin à l’injustice, l’exclusion et l’esclavage. « Nous n’allons pas utiliser des armes, nous ne tuerons personne, nous ne frapperons personne, nous le ferons par notre détermination à faire triompher la justice », dit-il en substance sous un tonnerre d’applaudissement, pour clore son intervention dans une conférence de presse qui tenait du meeting.
Taqadoumy

Les étudiants recouvrent la liberté

Diallo Boubacar, Kebé Souleymane, Thiam Souleymane, Moustapha Alioune Thiam et Sow Aliou ont été relâchés, ce lundi 27 février.  Ils avaient dans un premier refusé de souscrire à une remise en liberté provisoire. En effet tôt ce lundi matin, le régisseur est allé les voir pour leur demander de signer une demande de remise en liberté provisoire. Mais en l’absence de leurs avocats, les détenus ont refusé de s’exécuter. Le juge a finalement décidé de les libérer. Diallo Boubacar, Kebé Souleymane, Thiam Souleymane, Moustapha Alioune Thiam et Sow Aliou avaient été accusés de flagrant délits, et par la suite de crimes. Tout au long de leur incarcération leurs camarades étudiants s’étaient mobilisés pour qu’ils soient relâchés. 
Taqadoumy.com

La FIDH, l’OMCT, l’AEDH, l’UIDH, AI, AFCF, SOS esclaves, ainsi que l’AMDH accueillent avec soulagement l’ajournement du procès et la libération, ce jour, de six étudiants et représentants syndicaux estudiantins mauritaniens. Nos organisations demeurent toutefois vivement préoccupées par leur sort, puisque certains risquent encore la peine de mort, et exhortent les autorités mauritaniennes à abandonner des poursuites arbitraires et excessives à leur encontre et le cas échéant à leur garantir un procès juste et équitable.

Mauritanie : libération de six étudiants qui risquent toujours la peine de mort et les travaux forcés
Le 27 février 2012, six étudiants et représentants syndicaux estudiantins arrêtés à la suite des récentes manifestations estudiantines dans la capitale devaient passer en jugement devant la Cour criminelle de Nouakchott dans le cadre de la procédure accélérée de flagrant délit. MM. Souleymane Kebé, membre du bureau exécutif du Syndicat national des étudiants mauritaniens (SNEM), Boubacar Diallo, Aly Idrissa Sow, Moustapha Aly Thiam, Abdarrahmane Kamara,et Boubou Thiam ont finalement été relâchés et leur procès ajourné sine die.

« 
Nous avons évité un procès expéditif pour les six étudiants » a déclaré Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH et vice-présidente de la FIDH. « Mais l’épée de Damoclès reste toujours suspendue sur leur tête tant que les charges totalement abusives n’auront pas été abandonnées » a-t-elle ajoutée.

Les six étudiants demeurent en effet inculpés depuis le 23 février dernier par le parquet de Nouakchott pour « crimes visant à déstabiliser l’État par le massacre ou la dévastation » (art. 90 et 91 du Code Pénal) ainsi que « attroupements illégaux » (art. 104 et 105 du Code Pénal). Ils encourent des peines allant de 10 ans de travaux forcés à la peine de mort. L’audience prévue initialement à partir de 1er mars, a ensuite été avancée le 27 février ce qui, selon les avocats des détenus, ne pouvait pas permettre de garantir la tenue d’un procès équitable et empêchait les observateurs étrangers d’assister au procès. L’audience qui s’est ouverte le 27 février au matin a finalement été reportée sine die et les étudiants incarcérés ont été relâchés. Les étudiants détenus n’avaient pas eu accès à leurs avocats et ont été torturés durant leur garde à vue. Par ailleurs, cinq étudiants sont toujours recherchés dans le cadre de la même procédure : MM. Bakary Bathily, secrétaire général du SNEM qui avait été gravement torturé le 24 septembre 2011 [
1], Mamadou Ly, Babou Mohamed Salem, Alpha Oumar Bal, et « Illa ».

Les 11 étudiants sont poursuivis pour avoir participé depuis le 2 février 2012 à des sit-in et des manifestations estudiantines à l’université de Nouakchott réclamant le report des examens, le paiement des bourses d’études et la réintégration des étudiants renvoyés à la suite du sit-in du 2 février [
2]. Nos organisations demeurent préoccupées par leur situation alors que le 26 février 2012, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, M. Mohamed Ould Boilil tenait devant le parlement un discours incendiaire dans lequel il a qualifié les étudiants poursuivis de « bande de criminels qui méritent d’être exécutés ».

Nos organisations dénoncent de tels propos qui font échos au caractère disproportionné des inculpations et des peines encourues, et demandent instamment aux autorités mauritaniennes d’abandonner toutes charges criminelles et manifestement abusives contre les étudiants et le cas échéant, leur garantir un procès juste et équitable conformément aux dispositions des instruments régionaux et internationaux des droits de l’Homme auxquels la Mauritanie est partie tel que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaines des droits de l’Homme et des Peuples.


Ces faits interviennent dans un contexte de restriction et de répression accrues en Mauritanie contre les défenseurs des droits de l’Homme et contre toute personne souhaitant manifester pacifiquement son opposition aux décisions des autorités. Ainsi depuis plusieurs mois, les manifestations et toute expression contestataire contre par exemple le caractère discriminatoire du recensement des populations, la persistance de la pratique de l’esclavage ou encore des mesures économiques sont systématiquement et durement réprimées.


Face à cette situation, nos organisations demandent à la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples, toujours réunie en 11ème session extra-ordinaire à Banjul (Gambie) d’appeler les autorités mauritaniennes à cesser les atteintes aux libertés garanties par la Charte africaine notamment les actes de tortures, à garantir effectivement les libertés d’opinion et de manifestation et le cas échéant à demander à la Mauritanie la non-exécution des peines prononcées au regard du caractère manifestement disproportionné des accusations et des peines encourues par les étudiants. 
source: http://www.fidh.org/Mauritanie-liberation-de-six

Aziz sous le feu de Biram


 

C’est aux alentours de 13 heures en cette chaude journée du 26 février que le président Biram Ould Dah a fait son entrée au siège du Fonadh, littéralement envahi par les militants et sympathisants de l’Initiative pour la résurgence de mouvement abolitionniste (IRA).

En l’absence totale de toute présence des forces de l’ordre et face à la considérable affluence, les gosses en chemise blanche du «Comité de la Paix» ont transféré le lieu de la conférence de presse de la salle du Fonadh, vers un hangar de la cour, plus spacieux.
 «IRA» ! «IRA» ! «Vive le président Biram» ! criait la foule que le service d’ordre ne parvenait plus à contrôler à l’arrivée de Biram accompagné de Balla Touré ,Cheibany ould Bilal et Mangane le père du jeune homme abattu lors d’une manifestation en septembre dernier, à Maghama. La foule se rapproche, met le service d’ordre sous pression. Jibril Diallo qui vient de convoler en juste noces avec «une fille IRA » précise-t-il est partagé entre la satisfaction de l’importance de l’affluence et l’exigence d’une bonne organisation de la conférence de presse.
 Il aura fallu que Biram commence à parler pour que la foule se calme. Elle voulait des messages forts apparemment.
Et Biram sait en donner. Lui, le tribun hors pair, et avec qui il faut compter, dans une nouvelle Mauritanie Nouvelle. Ou dans une Mauritanie Poubelle.
«Votre présence jeunes, femmes, vieux, de toutes races, constitue un démenti à la propagande du dictateur Mohamed Ould Abdel Aziz. Elle traduit la défaite du régime devant IRA, qui sera à l’avant garde de la lutte des mauritaniens libres qui feront chuter le régime Aziz et la junte militaire qui asphyxie le pays» lance-t-il.
Et d’enchainer : «Moi Biram Ould Dah, je dis que nous allons délivrer la Mauritanie de la gouvernance militaire, esclavagiste et raciste ». 
«Je lance un appel à Al Qaida au Maghreb islamique pour accorder un délai pour le gendarme Ely Ould Mokhtar, à nous, et pas à Mohamed Ould Abdel Aziz qui ne se préoccupe pas de la vie des mauritaniens qu’il engage dans une guerre par procuration livrée au nom de pays étrangers, afin de blanchir son coup d’état continu » poursuit-il.
«Ce délai nous permettra de nous débarrasser de Ould Abdel Aziz et de retirer nos troupes engagées à l’extérieur».
Et Biram d’exprimer , sous les applaudissements, sa solidarité avec les victimes de la répression : « Je demande à tous les mauritaniens de se lever comme un seul homme pour libérer les étudiants du SNEM détenus ainsi que les victimes de l’emprisonnement arbitraire. Nous sommes également solidaires des étudiants de l’ISERI maltraités et réprimés»
Et Biram d’appeler à la révolution : « Nous demandons aux forces de l’opposition de traduire les paroles en actes et de descendre dans la rue pour que nous puissions être comme les pays qui ont mené des révolutions populaires et démocratiques. Devant le pillage, le mensonge, la manipulation et la falsification, nous devrons accepter de payer le prix. Nous devons abandonner nos foyers et investir la rue »
Le Président de l’IRA donne ensuite des précisions sur le CNT en gestation : «La mise en place d’un conseil national transitoire (CNT) est imminente. Ses préparatifs vont bon train à l’intérieur et à l’extérieur. Il est soutenu par de masses, des mouvements et des pays progressistes »
A l’adresse du père du jeune Lamine Mangane tué à Maghama, il lance : «Il faut que les auteurs de ce meurtre soient traduits en justice tout comme ceux de Ould Bezeid ( qui s’est immolé récemment, ndlr) et dont les parents ont saisi IRA ».
Biram se prête par la suite aux questions des journalistes venus nombreux .
A une question sur un éventuel contact avec Aqmi pour faire libérer le gendarme otage et à la personnalisation de sa gestion d’IRA soulevée par le dissident El Houssein Dieng reçu il y a quelques jours par le président Aziz, Biram réagit : «Nous menons des tentatives pour libérer ce fils de la Mauritanie mais c’est une tache difficile avec ce genre d’organisations. Je ne veux pas m’exprimer sur le deuxième aspect de votre question, car c’est un détail. IRA n’a jamais eu de secrétaire général ».
Balla Touré prend la parole : «Si vous voulez parler du pseudo-secrétaire général, referez vous à mon interview donnée à L’Authentique. Aziz mesykine ne comprend rien. Des nègres de service lui ont vendu du vent !»
Sous la pression des journalistes, Biram accepte de revenir sur la question et reprend la parole : « Dés que El Houssein Dieng a commencé à fréquenter le bureau de Aziz, nous l’avons su et exclu. Je ne suis pas contre le fait que ce gosse profite. Il a eu 2 millions d’ouguiyas».
Et d’ajouter. « Aziz ne dort plus, à cause d IRA, il s’est rabattu sur El Houssein Dieng comme somnifère, mais il n’aura pas le sommeil »
A une nouvelle question sur le délai de 3 mois accordé à Aziz pour entamer des reformes, Biram indique que le pouvoir n’a aucune volonté de dialogue et a sombré dans la manipulation comme celle distillée à travers des sénateurs comme quoi Aziz pourrait ne pas se représenter.
«Le CNT est en voie d’asséner les coups qu’il faut à Aziz qui a entamé une répression ciblée de certaines communautés, en excluant l’IRA de celle-ci, et ce, pour terroriser des catégories mauritaniens avant la manifestation du CNT ».
A une autre question sur les résultats du dialogue et sur le plan d’urgence «Emel 2012», Biram répond : « C’est de la poudre au yeux ! A quoi bon, tous ces articles sur l’esclavage si les esclavagistes restent protégés et si les communautés nationales restent marginalisées. Le plan d’urgence est destiné à engraisser des chats déjà gras.»
A propos des refugiés maliens, Biram annonce sa solidarité avec ceux, parmi eux, qui sont non armés, car ils sont victimes, a-t-il dit, d’une «guerre imposée par Mohamed Ould Abdel Aziz qui a accueilli et fourni des armes à des maliens pour une stratégie personnelle qui va mettre la sous région à feu et à sang, s’il n’est pas neutralisé à temps»
Après les journalistes, Biram se déplacé à l’extérieur du Fonadh pour tenir un mini-meeting en pleine rue dans lequel, il a remercié les militants pour leur patience et leur a demandé de se préparer car Ould Abdel Aziz opprime tous les mauritaniens. « Même les hommes d’affaires sont exilés à l’étranger parce qu’ils ne peuvent plus travailler en Mauritanie et les éleveurs souffrent car il a abandonné leur cheptel le laissant mourir entre leurs mains. Tout cela, pour les appauvrir en vue de les dominer» dit-il. Le mini-meeting comme la conférence de presse prennent fin.
Le cortège du président de l’IRA s’ébranle en direction du centre ville sous les cris enthousiastes des gosses à chemises blanches : «Le Basep de Biram», dit un confrère, en plaisantant
IOM
Source: Tahalil Hebdo

La caravane des esclaves


Mohamed Vall Ould Sidi Moyle
Mohamed Vall Ould Sidi Moyle
For-Mauritania, Taqadoumy et Kassataya ont traduit pour vous l’article de l’écrivain arabophone, journaliste et abolitionniste, Mohamed Vall Ould Sidi Moyle. Accompagnant un groupe d’esclaves mauritaniens partis témoigner à une conférence de presse organisée par l’IRA à Dakar, Ould Moyle promène un  regard d’érudit et de militant attentif aux choses, aux lieux  et aux personnes. Nous espérons avoir réussi à communiquer une partie de la beauté de la version originale de ce texte …
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La caravane des esclaves
Si Messaoud a pu se libérer, ce n’est pas le cas de Jabha Allah, toujours enchaînée dans  les liens de la servilité. Si la doléance du « changement » avait un sens, ce devrait être celui de rompre les chaînes de Jabha Allah…C’est ce que pense l’écrivain Abeid Ould Imijine et c’est ainsi que doivent être les choses… Rien ni personne ne devrait  s’opposer à ce que les anciens esclaves et avec eux les anciens maîtres repentis  ou leurs descendants cherchent, par tous les moyens, à libérer Jabha Allah et avec elle l’ensemble de ses congénères.
Quand la vie devient impossible pour les esclaves, quand le visage hideux de la féodalité ne s’embarrasse même plus de garder son masque, alors le voyage devient une obligation, une soupape de sécurité, une planche de salut avec l’espoir de s’éloigner le plus possible des « rivages pestiférés ».
Que s’ébranle alors la caravane des esclaves en direction du Sud, vers « l’Abyssinie», pourvu que « le Négus» entende, comme à son habitude, la complainte des « déshérités » [allusion à la première émigration des premiers Musulmans depuis la Mecque vers l’Ethiopie où le Négus, de confession chrétienne, leur offrit gîte, couvert et protection, ndlr].
La caravane des esclaves se scinda en trois groupes qui se dirigèrent tous les trois, depuis Nouakchott, vers le fleuve Sénégal. Deux groupes, présidés par Yacoub Ould Saleck et Hamady Ould Lehbouss avec le jeune Didi comme guide, se dirigèrent vers Dagana à l’est de Rosso où les points de passage sont plus sûrs et plus nombreux. Le troisième, présidé par Dah Ould Mabrouk accompagné du jeune Yekber Ould Lemeileh et de l’auteur de ces lignes, s’assigna le barrage de Diama comme destination.
Le président de  notre groupe, Dah Ould Mabrouk El barati (par référence au village de Barate), se vantait d’être le « solutionneur » des problèmes de la région, grand connaisseur de ses méandres, spécialiste de ses oueds et recordman des franchissements de ses points de passage à  la frontière dans un sens et dans l’autre. Il aimait à répéter qu’il était le roi de la région « hors la  ville de Keur Messein ». Moi je l’écoutais. Je l’écoutais comme j’aurais écouté une diseuse de bonnes aventures quand elle fait parler sa collection de petits coquillages (cauris ). Sans doute, ni vrai ni faux, comme on dit dans ces cas.
Quand nous dépassâmes Keur Messein, Dah fut pris d’une visible excitation. Il humait l’odeur de l’herbe et respirait l’air comme pour concentrer dans son odorat  des bribes de souvenirs olfactifs à chaque passage près d’un lieu connu ou d’un repère significatif. Dah tenait à ce que nous sachions qu’il était le fils de cette « Chemama », contemporain de son âge d’or quand abondaient l’eau, les vaches, les plantations et les célèbres et redoutables moustiques…La Chemama depuis Bibtour jusqu’à Mankweiny en passant par Sattara puis Jkeinatte puis Sikam puis Tembass puis Elleyatte et enfin  Khamlech. Autant de stations de souvenirs mais aussi de lieux connus par les pratiques de l’esclavage. L’esclavage dans ses deux manifestations habituelles, à savoir le servage et la traite. Les victimes du servage (les serfs) vivent et travaillent sur des terres qui appartiennent à leurs maîtres. Ils triment à longueur d’année, s’égosillent à chasser les oiseaux mange-mil, s’échinent à chasser les essaims de sauterelles et, arrivée la moisson, se voient obligés de verser le cinquième de la récolte aux maîtres. Pratique très rependue dans la Chamama. Malgré un léger recul, le servage continue à se pratiquer dans bien de poches de la Chemama, défiant ce qu’il est convenu d’appeler la « réforme agraire ».
Quant à la traite (vente d’esclaves), la Chemama en fut l’un des plus grands réservoirs et la source intarissable.  Pour nos grands parents, l’orge, le mil, le petit mil, les haricots et les esclaves étaient des biens qui nous reviennent et que recèle la Chemama. Nous devons nous y servir sans jamais faire de cette zone malsaine et infestée de moustiques le lieu géographique de notre résidence. Peut être que Yacoub Ould Salek,  président de l’un des deux autres groupes, était le plus sensible, parmi nous, à l’évocation de cette pratique. Sa sœur, Oumou Eliid, fut vendue, dans les années quarante. Aujourd’hui, elle est enregistrée au Sahara occidental sous le nom d’Aidda. Plus Yacoub avance dans l’âge et plus grandit chez lui le désir de la voir et de serrer contre sa poitrine ses neveux et nièces…
Dans notre groupe, les esclaves étaient au nombre de huit ; trois femmes et cinq mineurs. Les militants de l’Initiative abolitionnistes, qui les avaient libérés il y a une année, leur étaient aux petits soins. Mais le grand problème de ce groupe était l’absence du moindre document d’identité ou d’Etat civil en possession des esclaves. Leur sortie d’un Etat et leur entrée dans un autre Etat semble de l’ordre de la pure gageure. Mais Dah est toujours déterminé à les faire sortir de la Mauritanie et entrer au Sénégal, quel qu’en sera le prix.
La voiture  arriva à la frontière, au bord du fleuve. Nous fûmes  arrêtés par la Gendarmerie. Le chauffeur était un peu nerveux et pas assez diplomate pour nous faire éviter un contrôle approfondi. Mais Dah arriva à calmer les nerfs des uns et des autres. On le vit accompagner le gendarme dans sa guérite et entamer avec lui une « discussion » approfondie. Puis nous le vîmes revenir avec un large sourire attestant de la réussite de la première mission confiée au « roi El barati ». A la demande des deux jeunes, Dah et Yekber, nous descendîmes de la voiture parce qu’ils devaient récupérer à Barate des affaires en rapport avec notre mission..
C’est la première fois que  je me sentis vraiment seul.  Tout seul avec mes protégés et à la merci de la moindre curiosité du gendarme. Je ne souhaitais qu’une chose, voir réapparaitre le « roi de Barate ». Trois femmes à la peau couleur d’ébène accompagnées de cinq enfants  aussi noirs que la meilleure terre des oueds de la Chemama veillés par un homme obtenant là la première occasion d’afficher la couleur «blanche » de sa peau. La situation était à l’évidence suspecte.  Apparemment, mes tourments que je croyais intérieurs se lisaient sur mon visage parce que je vis le gendarme s’avancer vers moi en demandant :
-          Où est ce que vous allez ?
Je décidai, rapidement, de jouer sur deux registres distincts ; ma connaissance de la géographie de la région et la sociologie de sa population.
-          Nous allons à Hallar. Nous devons assister au mariage d’un ami et parent, le dénommé Yacoub Ould Saleck, répondis-je ;
-          Et où se trouve Hallar ?
-          A sept kilomètres après le barrage de Diama.
-          Je n’ai jamais entendu parler de Hallar, rétorqua-t-il avec une pointe de défi, comme s’il cherchait à me mettre à l’épreuve. Quels sont les villages les plus connus autour de Hallar ?
-          Le plus connu est « N’Kheila », situé à trois kilomètres. Ceci dit, je ne croyais pas, affirmai-je avec une petite pointe de cuistrerie, qu’on avait besoin de situer ou de présenter Hallar, tellement les poètes locaux l’avaient immortalisé. Et pour appuyer ma démonstration, je déclamai une série de vers où un poète régional évoquait ses souvenirs à Hallar, l’attachement qu’il vouait à ses cours d’eau...
منْ هلارْ المَـشــْـرَعْ نبْـغيهْ= يَعْرَفْ عنــِّي واتجدْ اعليهْ
والمشرعْ يَـعرف لمغلــِّـيهْ= اعليَّ؛ فايْــدُ من لخبارْ
الِّ يعرفْ بيهْ اتفُ بيهْ= عنُّ غالِ مشرعْ هلارْ
Visiblement convaincu par ma démonstration, le gendarme se détendit. Profitant de ce léger avantage, je voulus reprendre l’initiative en choisissant le terrain de la conversation. Je pensai soudain au « syndrome de Stockholm » appliqué au H’ratine. Je repris alors la conversation :
-          Vous savez, ce sont de pauvres gens. Malgré leurs revendications et leurs contestations, ils demeurent très dépendants et très attachés à nous. Quand ils veulent se marier, c’est à nous qu’ils font appel. Quand la mort les frappe c’est à nous qu’ils recourent pour dire la prière et accompagner la dépouille vers la porte de l’au-delà.
Je vis alors le gendarme me proposer un verre de thé en guise de calumet de la paix et pourmarquer la fin de « l’interrogatoire ».  Je sentis que nous venons de franchir un obstacle considérable en l’absence du « roi biratois ».
Je regardai autour de moi et repassai  en moi-même les images qu’évoquai le poète engagé, Ahmedou Ould abdel Kader, dans son célèbre texte « une nuit chez les gendarmes », écrit du temps des Kadihine. Sauf qu’il n’y avait ni braises ni  gégène et que les gendarmes ne nous entouraient pas tels des fauves affamés…
Je reçus un appel téléphonique de la part du Président Biram pendant que je devisais avec le gendarme. J’ai essayé, autant que faire se pouvait, de résumer la situation sans trahir l’identité de mon interlocuteur ni éveiller les soupçons de mon vis-à-vis.
De retour en compagnie de ses deux acolytes, le chauffeur et Yekber, Dah affichait toujours cette assurance et cet optimisme, presque naïfs, dans sa capacité à surmonter tous les obstacles. Rien ne devrait résister au « fils et roi de la région ». Il faut reconnaitre que la « discussion » qui avait eu lieu entre les gendarmes et le « roi de Djawlin », lors de notre arrivée, avait préparé le terrain à la résolution des premières difficultés. En effet, ni les esclaves de Ehel Veijih n’avaient été interrogés sur la possession des papiers d’identité ni  nous n’avons subi d’interrogatoire sur notre destination  réelle.
Ce fut le « Roi de Birate » lui-même qui leva la barrière de gendarmerie pour ordonner à notre chauffeur de passer. Au second poste mauritanien, il ne fallut pas plus de deux minutes pour le « roi de Diawlin » pour discuter avec les soldats et se diriger vers la nouvelle barrière qu’il souleva d’une impulsion en faisant signe au conducteur de traverser. Nous passâmes le pont-barrage pour nous retrouver devant le premier point de contrôle sénégalais. La joie était perceptible sur tous les visages. Mais subsiste toujours le problème des pièces d’identité des esclaves d’Ehel Veijih. Percevant le début d’inquiétude sur les visages, Dah tenait à rassurer tout un chacun :
-          Laissez-moi faire. C’est chez moi, ici. Ce sont mes parents. C’est là que je suis né et c’est là que j’ai grandi.
Joignant le geste à la parole, il s’extrait  de la voiture et courut vers la guérite des gendarmes sénégalais. Une minute après, nous le voyons courir vers la barrière en brandissant  un trousseau de clés. C’est Dah lui-même qui manœuvra le gros cadenas et leva la barrière pour laisser passer notre équipage. Nous n’avons eu affaire au moindre gendarme sénégalais. Mais Dah nous expliqua que pour éviter au taxi immatriculé en Mauritanie d’être soumis à la fouille habituelle, il dut laisser les papiers de la voiture entre les mains des gendarmes en leur assurant que nous allions seulement au village de Diama, situé à quatre kilomètre du Barrage.
Voici donc la caravane des esclaves au village de Diama. Serait-il le fruit du hasard que le mot « Diam » signifie « esclave » dans la langue locale, le wolof ? Interrogation sans importance… Par contre, ce qui, dorénavant, revêt une importance capitale pour nous  fut la présence, parmi nous, du jeune Yekber Ould Lemeileh.  Yekber maîtrisait le wolof plus que tout autre membre du groupe. Il discutait avec les transporteurs, répondait aux interrogations des personnes que notre présence pouvaient intriguer, posait les questions utiles à  la progression de notre expédition. Il nous fallait une nouvelle voiture de location capable de transporter tout le groupe : trois hommes, militants de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie), trois dames et cinq enfants appartenant tous les huit à « l’Import du Soudan » (مجلوب السودان). Ce fut ainsi, pendant des siècles, qu’on désignait, parmi les classes de lettrés, le « cheptel d’esclaves ». Au marché des esclaves, on parle « d’arrivage » pour désigner les personnes exposées pour la vente. On parlait ainsi malgré la fetwa du jurisconsulte  Ahmed Baba Etoumboukti, pendant qu’il était prisonnier du roi du Maroc, Ahmed Mansour Edhehbi, de la dynastie des Saadiyine. Dans cette fetwa, le célèbre jurisconsulte interdisait la mise en esclavage du Musulman. Il déclarait aussi l’illégalité absolue de la vente d’un esclave venant d’un pays musulman.
Abdel kader Essebsebi ira encore plus loin en interdisant jusqu’à la mise en esclavage du Mécréant. Allah, affirme-t-il, n’a jamais autorisé l’esclavage pour la simple raison que cette condition était incompatible avec les principes d’humanité, qui est la condition originelle attribuée par Allah à Ses créatures. Allah a suggéré aux Musulmans, en cas de victoire sur les ennemis et capture de ces derniers, la clémence et le pardon.
 Le jeune Yekber finit par convaincre l’un des « Taximen ». Nous nous installâmes dans la voiture ; six adultes plus le conducteur et cinq enfants que nous répartîmes sur nos genoux, nos ventres et parfois nos épaules.
Nous arrivâmes à Saint-Louis. Ancienne capitale politique de la Mauritanie du temps la Colonisation et qui s’appelait N’Dar. S’il devait y avoir un palmarès de citations des villes dans la poésie hassanya, N’Dar en occuperait la pole position. Ce fut à N’Dar que vécut le négro-africain Doudou Seck (Mohameden Ould Ebnou Elmoghdad) qui surpassait les géants de la poésie bidhane dans l’art de la versification. C’est dans cette ville aussi que fut maintenu en captivité l’Emir Sid’Ahmed Ould Ahmed Ayda. Un jour, l’Emir se rendit compte qu’il était forcé à prendre son repas tout seul, contrairement à son habitude. Il composa alors son célèbre quatrain où il déclara que la preuve, à ses yeux, qu’il était en captivité était qu’il était obligé de manger tout seul… tel un pestiféré :
مارتْ عـَـنـْـدِ= عنِّ مكبوظ
نوكلْ وَحْدِ= كيفْ أمَـكروظ
Ce fut là aussi  qu’une mémorable joute en poésie avait opposé les deux hommes, l’Emir et Doudou Seck. L’Emir avait entamé la déclamation d’un poème où il parlait de N’Dar comme étant un oued. Le reprenant de façon polie mais ferme, Doudou Seck lui fit remarquer que N’Dar n’était pas un oued mais une baie. L’Emir rectifia son poème tout en gardant la métrique dans ce qui est considéré par les spécialistes comme étant une prouesse peu égalée.
اتشاييرْ انخـَـلْ هاذ الوادْ،
وللَّ زادْ الدخلَ لعَاد
ماهُ وادْ، إزيدْ التفكادْ...
N’Dar où se trouve le pont « Moissa Fedrou » (Monsieur Faidherbe) et le pont « Mohamed Lehbib ». Ce fut aussi là où la fanfare française joua, en l’honneur des Emirs du Trarza, d’inoubliables morceaux repris dans la musique savante traditionnelle sous le titre « Zouezyate Ehel Amar Ould Ely ». N’Dar où l’Histoire retiendra de merveilleuses pièces de poésie de l’Emir Abderrahmane Ould Sweid’Ahmed, des poètes Ould Heddar, Ould Ebnou, Ould Hmeiden, Ebbe Fall, Cheikh Ould Meketin… N’Dar où naquit le plus célèbre des champions africains de boxe, le Hartani M’Bareck Fall qui remporta le titre en France, en Belgique et aux Etats Unis avant de tomber sous les balles d’extrémistes armés par la droite raciste.
Nous descendîmes chez un détaillant de Mechoui près de la gare routière. Nous lui commandâmes des grillades qu’il nous servit accompagnées de thé. Le thé est lui aussi, de ce côté du fleuve, « méchoui »  (allusion à la couleur très foncée du thé préparé au Sénégal).
Je remarquai que les enfants esclaves étaient particulièrement calmes et disciplinés. Ils ne pleurent presque jamais et ne font pas de caprices. Quelle était la signification sociologique de ce trait de caractère ? Je n’en sais rien.
A ce moment de l’expédition, nous ne savions rien des deux autres groupes de la « caravane des esclaves » si ce n’était que Yacoub Ould Saleck les appelait, brièvement, de temps à autre. Yacoub criait des ordres, vociférait presque mais n’expliquait que rarement. Il n’est pas certain que la stratégie suivie par lui soit la meilleure car nous nous apprêtions à partir en direction de Dakar alors qu’ils auraient dû, lui et Hamady, se joindre à nous à Saint-Louis.
A Dakar, nous atterrîmes dans une vieille maison appartenant à Feu Alhadji Fall, grand père du « roi de Jawling ». Nous y trouvâmes une dame et ses trois chats. Le mari était en voyage pour assister à la « journée de sublimation » à Touba. Pour nous saluer, elle nous donnait du « Nangadef » [formule de salutation usuelle en wolof, ndlr]. Si ce ne fut la Melehfa [habit traditionnel porté par les femmes arabo-berbères en Mauritanie, ndlr] qu’elle portait elle aurait été entièrement assimilée, dissoute dans la société négro-africaine. Et comme il est à la fois « facile » et « difficile » pour ces gens de se dissoudre dans la société négro-africaine ! Certains parmi eux étaient des Négro-africains kidnappés par des Bidhane, d’autres étaient des Négro-africains achetés par des Bidhane, d’autres des Négro-africains vendus par d’autres Négro-africains sans que l’on ne puisse récuser   pour certains la « théorie d’une origine spécifiquement Hartani ».
Le militant Ahmedou Ould Hamedy m’entretenait régulièrement des nouveautés en provenance de « Aïne Varba » et notamment de ce qui concernait les détenus de l’IRA (Ely Ould Ravee, L’Mehdi Ould Lemrabott, Lehbouss Ould Amar et Abdellahi Ould Abouja). En dépit de la volonté des militants de poursuivre la grève de la faim, nous sommes arrivés, avec l’aide de Biram et de Yacoub, à les persuader de boire. S’abstenir de boire serait une épreuve inutile et pas justifiée par les conditions actuelles.
C’est l’abolitionniste Malick Fall qui nous transporta de la maison de Alhadji Fall, située dans le quartier « Sicap Baobab »,  vers M’Bour à cinquante kilomètres de Dakar avant de bifurquer, quatre kilomètres plus loin, pour nous faire entrer dans le verger de Cheikh Ali N’Daw. Dans ce verger, des rangées de manguiers dessinaient un tableau végétal d’une rare beauté. Des soufis de toutes nationalités y travaillaient. Ils y cultivaient la terre, cuisinaient, faisaient la lessive, balayaient des allées…. Il y avait aussi des chevaux, des mules, des meutes de chiens. Des voitures y circulaient. On y voyait aussi des groupes de prière. On y entendait des incantations. Apparemment, Malick Fall (membre dirigeant de l’IRA), était un disciple du chef spirituel des Mourides, Ali N’Daw le philosophe et professeur de sociologie qui avait décidé de se retirer dans sa plantation pour vivre une retraite religieuse et s’adonner à la prière et à l’adoration d’Allah… Je découvris, pour la première fois, que Malick Fall était un soufi et qu’il avait adopté la voie de Cheikh Ahmedou Bamba.
J’ai rencontré le Cheikh dans ses habits en haillons… Il était particulièrement humble. Je ne savais si j’avais conversé avec le Cheikh ou reçu une leçon de lui. Il me disait, dans son français hésitant,  que son Cheikh à lui, Cheikh Ahmedou Bamba « avait cultivé la terre et fourni tant d’efforts pour préserver sa liberté de créer » et que pour lui « derrière chaque esprit saint se trouve une dimension économique ». C’est pour cela que  ses disciples et lui n’ont eu de cesse de cultiver la terre et de pratiquer l’élevage jour et nuit pour mettre en pratique la théorie qu’il avait élaborée depuis plusieurs années et qu’il résumait par le slogan : « l’économie au service de la paix ». Pour Cheikh N’Daw, « le meurtrier est tout aussi bien victime que sa propre victime, le cambrioleur et sa proie sont victimes tous les deux ». Ainsi, ajoute-t-il, « quand les maîtres d’esclaves seront jugés et condamnés, et quand ils auront purgé leurs peines, les esclaves ne devront pas crier victoire ; il s’agit d’une victoire aussi bien pour les esclaves que pour leurs anciens maîtres… Les maîtres d’esclaves sont victimes de l’accumulation culturelle désastreuse secrétée par un système social qui ne leur avait pas demandé leur avis et les esclaves sont victimes du même système ». Le Cheikh plaidait pour un « combat non violent » à l’instar du Mahatma Gandhi et de Cheikh Ahmedou Bamba. Dans son entendement, « le combat doit avoir comme objectif de libérer l’opprimé et l’oppresseur, de la même façon, car tous les deux sont d’authentiques victimes ».  « L’économie et le combat non violent » constituent, à ses yeux, les seuls moyens de construire une solution pacifique, pérenne et convenable.
Les deux autres groupes sont finalement arrivés. Il s’agit des esclaves d’Ehel Hassin et ceux d’Ehel Abdallah Ould El Mokhtar (Said, Yrag, Bilal et Hobay) et Hannah, M’Barka et d’autres (femmes, hommes et enfants) en plus du « jeune marié », Yacoub Ould Saleck et Hamady Ould Hbouss de l’IRA. Pour Said, dont le rêve le plus fou n’allait pas au-delà de la poursuite d’une chamelle dans les environs d’Anwakour, visiter l’une des plus grandes capitales africaines tenait tout simplement du miracle.
Je fis part à mes deux « camarades » de ma découverte de Cheikh N’Daw, et leur expliquai comment il m’avait subjugué par la forme et le contenu de son être et de son discours. Ils furent profondément touchés par mes propos et me dirent qu’ils m’enviaient d’avoir pu rencontrer le grand Soufi auteur de plusieurs livres dont « Début de la route vers la paix » et « Vision pour une société de paix ». Pour éviter toute frustration, nous sollicitâmes une nouvelle audience auprès du Cheikh. Nous l’obtenions sans difficulté malgré les multiples occupations de l’Erudit, toujours occupé à répandre son « message universel ».
Le Cheikh nous exposa ses théories, leurs applications de par le monde. Il nous expliqua ce qu’est le soufisme en ces termes : « certaines personnes s’en tiennent à la lettre de la religion, ses aspects superficiels et d’autres perçoivent son esprit, son message, ce qu’elle apporte de profond ; les soufis appartiennent à cette seconde catégorie». Il nous entretint aussi de « l’Ecole Internationale du Soufisme » qu’il avait créée. Il nous révéla que son inspirateur principal était Sidi Mohamed Ould Esmehou Eddeymani dont il visite la tombe régulièrement à « Entemarkay », dans le sud de la Mauritanie et qui fut aussi le maître à penser de Cheikh Ahmedou Bamba dans l’élaboration de son combat pacifique contre la colonisation. Cheikh N’Daw nous apprit que Cheikh Ahmedou Bamba avait proposé à  Sidi Mohamed Ould Esmehou Eddeymani de faire de Saint-Louis son lieu de résidence pour répandre plus facilement son message de paix dans une société « gangrenée par l’antagonisme entre colons et colonisés ».
Dans la soirée, nous assistâmes à une cérémonie soufie qui s’ouvrit sur des interventions générales pour se poursuivre avec de mélodieux chants incantatoires…De jeunes indiennes chantaient des poèmes de Cheikh Ahmedou Bamba dont elles ne comprenaient pas le contenu mais en rendaient merveilleusement la mélodie et la spiritualité.
Le « Roi de Jawlin » se balançait de gauche à droite et de droite à gauche. Se laissant emporter dans un début de transe, il accompagnait les chanteuses indiennes mais ne remarqua pas quand ces dernières s’arrêtèrent de chanter ; nous eûmes alors droit à sa voix peu mélodieuse pendant quelques minutes qui semblèrent interminables…
Très tôt, le lendemain, nous nous dirigeâmes vers Dakar pour assister à la conférence de presse que donnait le président de l’IRA, Biram Ould Abeid, dans les locaux de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO).  Les jeunes de l’IRA-Sénégal avaient tout organisé, depuis le service du café jusqu’à la disposition des chaises. C’est à ce moment que nous rencontrâmes, pour la première fois depuis notre départ, le Président Biram et les deux militants écrivains Abeid Ould Imigine et Djibril Diallo.
Les esclaves firent leur entrée dans la salle de la conférence dans un silence absolu. La même discipline, le même calme et la même docilité à suivre les instructions. Même celles qui n’ont pas été clairement formulées. Chez eux, la servilité est devenue une seconde nature.
Avec une certaine malice, le « jeune marié » [Yacoub Ould Saleck, ndlr], jetait, de temps en temps, un regard à Said et marmonnait dans sa barbe: « mon Dieu, que le cheptel d’Ehel Hassin a dû s’éparpiller ou prendre la tangente! ».
Avant l’arrivée de la presse, j’abordai Moustapha Touré, l’éternel opposant et coordinateur des Associations des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali. Il me dit ne pas comprendre le sens des récentes déclarations du Ministre de l’Intérieur, Ould Boilil, quand il affirmait ne pas être au courant de la présence de réfugiés mauritaniens au Mali. « L’Etat mauritanien, du temps de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait envoyé une délégation ministérielle pour recenser les réfugiés mauritaniens au Mali et s’enquérir de leur situation ». Touré affirme qu’il existe dix mille réfugiés mauritaniens recensés par le Haut Commissariat des Nation Unies au Réfugiés.  L’aide internationale à la résolution de la question des réfugiés était inscrite dans le cadre d’un processus politique. L’intervention du Coup d’Etat avait stoppé ce processus et avec lui la résolution de cette douloureuse question. Pour Touré, les conditions du retour de ce qui reste des réfugiés se résument en trois points : le recensement, l’indemnisation des déportés et la résolution des questions foncières et du passif humanitaire.
La conférence de presse a démarré par l’intervention de Biram Ould Abeid : « si l’île de Gorée se trouve historiquement et géographiquement au Sénégal, je puis vous assurer qu’elle est une réalité de tous les jours en Mauritanie », annonce-t-il.  Puis Biram demanda à l’auditoire « l’africanisation » de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, exactement comme avait été africanisé avec succès le combat contre l’Apartheid en Afrique du Sud. Il informa la presse que le slogan de l’IRA pour l’année 2012 sera « l’éradication de l’esclavage ».
La parole fut, par la suite, donnée aux esclaves. A tour de rôle chacun prit la parole pour relater son expérience personnelle. De l’humiliation au quotidien en passant par les travaux pénibles, le viol, la torture… tout y passa. L’intervention de Said fut la moins réussie, timidité oblige.
Après la conférence de presse, nous nous rendîmes dans une maison située dans le quartier « Khourou Nar » (l’oued des Bidhane à Pikine). Nous y attendîmes le soir. Quand « Wal fadjri » et « Africa7 » diffusèrent les reportages sur la Conférence de Presse, une immense joie envahit tout le groupe ; mission accomplie et de la plus belle manière.
Il fut convenu que la caravane des esclaves retraverse le Fleuve au niveau de Rosso, en plein jour, au vu et au su du monde entier. Nous empaquetâmes nos affaires et nous dirigeâmes vers Rosso. En même temps que nous nous dirigions vers Rosso, de nombreuses délégations de H’Ratine commençaient à affluer vers cette destination, Rosso-Sénégal de ce côté et Rosso-Mauritanie de l’autre.
Nous prîmes le thé  à « Derbagah » puis nous nous installâmes sur le bac en direction de la Mauritanie. Pour nous, les accompagnateurs, les formalités furent vite expédiées. Par contre pour les « esclaves », la police fut plus tatillonne. Mais un début de protestation de Biram avec menace d’ameuter la presse finit par avoir raison des dernières tracasseries policières. Mais, en sortant de l’enceinte de l’embarcadère, nous apprîmes que la « caravane » a été arrêtée par la gendarmerie pour absence de papiers d’identité. Nous y retournâmes alors et commençâmes à élever la voix. C’est Biram qui prit la parole pour dire, en direction des Autorités : « C’est la faute aux maîtres d’esclaves si ces derniers ne possedaient pas de papiers d’identité ou d’état civil ». Quelques minutes plus tard un ordre parvint aux gendarmes de laisser passer la « caravane des esclaves ».
Nous devions alors informer la presse de ce qui s’était passé à l’embarcadère. Je n’étais pas d’accord avec Djibril Diallo sur la qualification à donner à l’incident. Lui proposa qu’on parlât d’ « arrestation » et moi de « tracasserie ». Il contacta la presse avant moi et donna sa version. Je la contactai après lui et donnai ma version.
Je me rappelai alors de ce qu’écrivait l’écrivain Brahim Ould Bilal quand il affirmait que « nous ne voulons pas inverser ni mettre l’histoire (ni la réalité) sens dessus dessous. Nous voulons la juger et la dépasser pour construire un Etat où sera bannie la subordination ». La réalité est que, comme le disait Biram dans son discours de réception du Prix Weimar, « nous n’avons pas choisi le combat mais il nous a été imposé ».
Mohamed Vall Ould Sidi Moyle
Lundi 23 janvier 2012
 (Source: l’article, dans sa version arabe est au lien: http://www.aqlame.com/article7023.html)