Mais les agissements et élucubrations constatés ça et là venant de certains de nos dirigeants prouvent encore que l’Etat refuse d’enterrer la hache de guerre. Pire encore, on dirait que l’Etat mauritanien veut reprendre l’arme ensanglantée contre ses propres fils. Les faits parlent d’eux-mêmes…
On a tué Lamine Mangane (19 ans) et son bourreau a été transféré dans une nouvelle brigade de gendarmerie pour s’assurer de sa sécurité. Donc, il n’est en aucun cas inquiété par la justice, car il a rendu justice à l’Etat : celui d’avoir tiré à bout portant sur un citoyen noir. On a sauvagement tabassé Bokary Bathilly, le militant et secrétaire général du Syndicat national des étudiants mauritaniens (Snem). Les auteurs de sa brutale répression continuent à servir à Keadi sans pourtant qu’ils soient traduits en justice. Aujourd’hui, Bathilly reste privé de tous ses droits et même d’étudier à l’université de Nouakchott. On a déchiqueté la main de l’artiste Abou Fall le jour de notre fête nationale et l’on ordonna àson médecin traitant de l’abandonner et ainsi terroriser les autres « négros » susceptibles de descendre dans la rue. On a humilié des étudiantes et leurs familles sur la place publique. On a torturé des étudiants dans des commissariats en les privant de faire appel au secours de Dieu en leur interdisant de prier. On les traita de « bandes de criminels » et même « de petits sauvageons ». Et tout cela se passe sous l’ordre de ministre de l’intérieur Ould Bolil. S’il a traité des jeunes étudiants de criminels, il oublie qu’il est un récidiviste impuni. Car il a mainte fois porté atteinte à notre intégrité nationale. Y a –t-il un crime plus odieux que celui-là ? On l’accuse devant l’histoire et les responsables de la justice dans notre pays demeurent sous le contrôle exécutif et n’ont pas d’indépendance pour rendre véritablement justice pour chaque citoyen.
Il y a un an, le ministre de l’intérieur affirmait, sans aucune vergogne, qu’il n’eut aucun réfugié mauritanien au Mali. L’ironie de la situation. Il y a quelques semaines, il s’était rendu dans les nouveaux camps des réfugiés maliens fuyants massivement les attaques des rebelles. Le ministre devrait se mettre à la place de cette population en pensant à leurs peines et souffrances. On ne quitte pas son pays-natal de son propre gré. La crainte de la mort charrie l’exilé vers des frontières lointaines.
Les mauritaniens, victimes des exactions extrajudiciaires des années 90 ans, avaient subi le même sort. Ils ont fuit la torture, le viol, et la mort pour s’exiler au Sénégal et au Mali par centaines de milliers. Les chiffres sont pléthoriques. Les organismes internationaux ont relevé plus 15000 mauritaniens réfugiés dans ces deux pays.
Le ministre Mohamed Ould Bolil a osé tout démentir et tout nier. Les souffrances de ces franges sont encore palpables. Avec son recensement abject et infâme, il a tâché encore de nier la citoyenneté de certains noirs mauritaniens. A-t-il oublié que l’histoire des Soninké, des Peuls, des Wolofs et des Bambaras avait inauguré les pages de notre grande histoire nationale. Alors, n’est pas seulement mauritanien un citoyen au teint basané.
En réalité, Mohamed Ould Boilil est un négationniste. Avec sa toute dernière intervention à propos des étudiants, on peut le dénommer le Joseph Goebbels de la Mauritanie de part son cynisme. Ses discours sabotent tous les efforts consentis pour gagner les consciences et rétablir l’unité nationale.
Bâ sileye
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