«Nous demandons à AQMI un autre délai nous permettant de nous affranchir de la dictature, de stopper cette guerre par procuration et de sauver la vie de notre compatriote Ely Ould Moctar».
Nouakchott: Votre initiative est en perte de vitesse si l’on en croit les dernières secousses avec la défection d’un groupe dirigé par votre secrétaire général ?
Biram Ould Dah: Au contraire notre organisation est en très bonne forme et l’une des preuves les plus éloquentes à cela c’est l’intérêt même du Chef de l’Etat de faire une mise en scène autour d’une prétendue défection alors que nous avons, depuis le 12 février, radié des effectifs de l’IRA, le nommé El Houssein Dieng, membre adhérent de notre initiative dont il fut le secrétaire général d’avril 2010 à août 2010. Il a été démis de ce poste pour mauvaise moralité. L’engouement des services de renseignements et du pouvoir politique en Mauritanie pour trouver une faille au sein de la citadelle IRA est un signe édifiant sur l’état de psychose que créée notre organisation pour le pouvoir qui a cherché par tous les moyens à nous discréditer. Cette énième tentative n’est qu’un échec de plus, car ceux que le pouvoir croient qu’ils sont des dissidents ne sont en fait qu’un élément radié en plus des éléments de sa famille propre et des thuriféraires haratines connus pour leurs sorties multiples, malheureuses et dégradantes contre l’IRA.
N.I.: Au moment où la COD mène des périples à l’intérieur, les étudiants de l’ISERI continuent de s’élever contre la décision de création d’une université des sciences islamiques, comment l’IRA voit-elle ce climat de tension ?
Biram Ould Dah: L’IRA estime que le pouvoir s’attaque aux forces de la jeunesse organisées au sein du mouvement estudiantin à l’IRA et à l’université, aux mouvements sociaux telles IRA, TPN pour empêcher le développement de ces mouvements et leur jonction avec les forces démocratiques réunies au sein de la COD. Je pense d’ailleurs que la COD doit comprendre l’impératif du moment qui est le renforcement du front des revendications sociales, seul capable de consentir des sacrifices humains populaires pour un changement radical en Mauritanie. Les tournées politiques carnavalesques à l’intérieur du pays alors que les jeunes sont en face des forces de répression du régime n’est pas adéquat. La COD doit rejoindre les mouvements sociaux sur le terrain des protestations dans la capitale et accepter de consentir non seulement un prix politique mais aussi physique dans la défiance du système. Les leaders de la COD doivent descendre dans la rue, affronter torses nus les forces de sécurités comme le font les jeunes s’ils veulent provoquer le changement véritable.
N.I.: On parle de moins en moins du gendarme mauritanien enlevé par AQMI, est-ce à cause de la situation de rébellion armée que vit le Mali avec ses touaregs obligeant la Mauritanie à faire profil bas, sinon comment expliquez-vous cela ?
Biram Ould Dah: Ce silence est, de mon point de vue, très coupable. Il recoupe le secret qui a enveloppé des dizaines de morts parmi les soldats et les recrues des services de renseignements mauritaniens dans cette guerre contre Al-Qaida. C’est malheureusement la politique du général Mohamed Ould Abdel Aziz et c’est une stratégie de l’échec. Je considère par ailleurs que nous, forces des droits de l’homme mauritanien, nous devons nous adressez à AQMI par tous les canaux possibles pour essayer de sauver la vie d’Ely Ould Moctar. D’ailleyrs, je saisis l’occasion pour lancer un appel à AQMI afin de nous donner, nous autres mauritaniens, un délai pour nous défaire de la dictature du général Aziz, au lieu de donner un ultimatum à ce dernier alors qu’il ne soucie pas des vies humaines de ses compatriotes. Le délai que nous demandons à AQMI nous permettra de nous affranchir de la dictature, de stopper cette guerre par procuration et de sauver la vie de notre compatriote Ely Ould Moctar.
Concernant la guerre au Mali, c’est une guerre injuste imposée aux maliens par les calculs politiques du général Aziz qui finance et arme une rébellion qui n’apportera que des malheurs aux maliens et aux mauritaniens, toutes couches confondues.
Propos recueillis, à Nouakchott Info, par Mohamed Ould Khattatt
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