5 ans de calvaire, 5 ans de peine, 5 ans de grâce… Tout ça à cause de rien, tout ça pour rien. A cause de rien car l’avocat de Seydou Kane dit vrai : son client est passé du jour au lendemain d’une vie aléatoire d‘un jeune de son âge un peu viveur, un peu frimeur, un peu flambeur à la case mandat d’arrêt international, prison à Dakar, prison à Nouakchott, acquittement, encore prison sans aucune raison sinon le fait qu’un jour un flic d’Interpol arrêté pour coups et blessures dans une sordide affaire d’extorsion de fonds a cité son nom dans les conditions obscures des prisons mauritaniennes avant de se rétracter devant le juge d’instruction.
Personne à part ce flic d’Interpol aux arrêts n’a cité le nom de Seydou Kane dans aucune affaire de drogue. Aucune drogue trouvée ni pistée. Pas même des traces, des instruments ou des témoignages, juste un nom cité dans le noir parmi tant d’autres et voilà Seydou Kane, au Maroc pendant l’arrestation du flic, tombé dans la machine judiciaire qui ne fait pas de quartier même si vous êtes innocent.
L’affaire Seydou Kane pour laquelle il finira le dernier en prison est une affaire de drogue sans drogue dont on a fait beaucoup de bruit pendant qu’on étouffait les affaires de drogue avec de la drogue ! Pendant ces 5 heures d’entretien, ne connaissant rien de ces affaires sinon ce qu’on a pu en lire dans la presse, j’ai appris que la justice mauritanienne n’ayant aucune drogue dans l’affaire de drogue pour laquelle un accusé a été délesté de 250.000 euros par un flic d’Interpol après avoir été molesté et presque tué par des complices si on en croit son affaire pour laquelle pas un gramme de drogue ne fut trouvé ; eh bien, la justice mauritanienne a collé à cette affaire de drogue sans drogue une vraie affaire de drogue avec drogue où les protagonistes des deux affaires n’ont rien à voir les uns avec les autres.
C’est ainsi que tout ce bon monde, coupables et innocents, dans deux affaires de drogue, l’une avec et l’autre sans, écopèrent de 15 ans de prison ! Seulement parmi la trentaine d’inculpés dans ces deux affaires, hormis les acquittés au tout début de l’affaire, tous in fine ont été atteints des mêmes lourdes peines autant dans l’affaire de drogue sans drogue que dans l’affaire de drogue avec drogue à savoir 850 kilos de cocaïne trouvés dans un bus : seul un sahraoui paye encore… tous ses complices ayant été libérés par miracle…
Que dire de l’affaire de l’avion plein de drogue de Nouadhibou ? Où sont passés les vrais trafiquants de drogue ? Où sont ceux qu’on a attrapés dans des affaires de drogue avec drogue ? De toutes ces affaires de drogue avec drogue que nous avons entendues, Seydou Kane n’a pas été accusé d’en être, il a été accusé sans preuve aucune par un flic jugé pour extorsion de fonds, et complicité de coups et blessures, qui a fini par se rétracter sans que cela n’arrête l’infernale machine judiciaire.
Pendant qu’on faisait tout un bruit avec cette affaire du flic d’Interpol pour laquelle Seydou Kane n’est accusé en rien, on n’entendait plus parler des vraies affaires de drogue avec drogue ! Un bus est trouvé avec 850 kilos de cocaïne, le chauffeur est libéré après trois mois de prison, les espagnols, un mexicain disparaissent et seul paye un Sahraoui qui est encore en prison à cette heure.
A part lui, personne ! Pourtant le juge qui a acquitté tout ce beau monde du bus, excepté le Sahraoui, ce juge n’a pas été radié ni inquiété ; c’est pourtant plus grave que l’autre affaire de drogue sans drogue de Seydou Kane pour laquelle un juge sera radié pour avoir estimé que le dossier est vide…
C’est le premier enseignement de cet entretien.
Pour le reste, on va verra comment un jeune va voir sa vie bouleversée, jeté en prison, humilié, torturé pour rien… 5 ans ! Le voilà libre, on s’étonne qu’il ait tenu le coup. Cette histoire lui a permis de rencontrer en prison, au gré des délires de la justice, des prisonniers en tous genres : politiques, terroristes et salafistes avec des moments terribles et d’autres pittoresques comme ces salafistes qui aident et défendent en prison un prisonnier chrétien arborant une croix alors qu’ils sont condamnés pour avoir tué un occidental ou le passage du fameux maître Jacques Vergès face à la justice mauritanienne.
On s’étonne qu’un citoyen présumé lambda comme le kowri français Walter, cité dans l’affaire de drogue sans drogue, ait pu s’offrir un avocat sulfureux comme maître Vergès, avocat des grands présumés coupables et des causes perdues… Il faut dire que le temps a passé et maître Vergès, depuis l’époque de la gloire, est désormais en solde malgré des restes admirables dont certains juges mauritaniens feront les frais sans parler de la justice mauritanienne civilement militarisée…
Quant à Seydou Kane, voici la trajectoire rocambolesque des 5 ans qui ont bouleversé sa vie au gré de rencontres insolites pour un jeune insouciant tel qu’il était ; c’est cela que nous allons tenter de vous raconter en quelques mots.
Nous avons rencontré Seydou Kane à plusieurs reprises pour cet entretien, rien de ce que nous dirons n’est autre chose que le fruit de cet entretien enregistré. Si vous connaissez cette histoire sur le bout des doigts vous n’aurez qu’à survoler le texte jusqu’aux anecdotes incroyables ; si comme moi, vous avez lu la presse ici et là depuis le début en ayant quasiment tout oublié sinon qu’il s’agirait d’une affaire de drogue avec drogue, vous saurez toute la vérité qui prouve le contraire.
Je vais essayer de faire court pour ne pas lasser le lecteur et dire l’essentiel en reprenant tout. Inutile de faire parler Seydou sinon on n’en sortira jamais car il a parlé pendant près de 5 heures et même si je devais n’écrire ici que les passages les plus terribles, il faudrait une cinquantaine de pages. Je retranscrirai mot à mot ce qu’il m’a dit afin qu’il n’ait pas besoin de raconter l’histoire une seconde fois mais cela prendra beaucoup de temps ; seulement je mets dès aujourd’hui à sa disposition les 5 heures d’entretien, libre à lui de les faire entendre aux curieux… Cela en vaut la peine car c’est très fluide et parfois on a beaucoup ri à cause des remarques de Vergès et des extravagances des Salafistes…
Dans l’entretien audio, Seydou livre toute l’insensée articulation juridique de l’affaire, les noms de tous ceux qui y sont mêlés ; nous avons simplifié l’articulation juridique car déjà rendue publique et nous avons filtré quelques noms car cette synthèse n’est ni à charge ni à décharge juste l’essentiel de la vérité de cette affaire vue de l’intérieur, agrémentée d’évènements importants qui n’ont jamais été dits…
Tout part de l’affaire de S.T, un flic d’Interpol mauritanien : les témoignages des policiers de l’aéroport et les vidéos de surveillance ne laissèrent aucune place à sa vaine tentative de nier son implication dans cette affaire. Sa victime M porte plainte contre lui pour les faits suivants : M devait prendre l’avion en ayant sur lui une forte somme, 250.000 euros. A l’aéroport, sur ordre de l’inspecteur S.T, des flics le sortent de là et le laissent à S.T accompagné d’un autre ex-flic aux portes d’un taxi.
Après un saut au bureau de l’inspecteur S.T, M est conduit dans une maison par S.T et son complice. Arrivés sur place, S.T et les 250.000 euros de M restent dans la voiture pendant que M est mené, par le complice de S.T, dans une maison où M sera malmené au risque de sa vie. De là, M réussit à prendre la fuite et porte plainte contre l’inspecteur S.T.
C’est là où tout commence.
L’inspecteur S.T nie les faits et accuse sa victime M d’être un trafiquant de drogue et S.T livre un certains nombre de noms, apparemment au hasard de l’interrogatoire, dont Seydou Kane. Finalement avec le témoignage des flics de l’aéroport et les preuves vidéo, S.T n’a d’autre choix que de reconnaître son implication dans l’extorsion de fonds avec complicité de coups et blessures pouvant causer la mort. Inutile de dire qu’à ce jour, M dans la nature et S.T gracié, personne ne sait où sont passés les 250.000 euros.
Nous sommes donc en 2007, du temps de Sidioca, S.T et son complice sont pris ainsi que tous les noms cités par S.T dans cette affaire de drogue sans drogue qui n’est en fait qu’une affaire d’extorsion de fonds pour laquelle S.T fut condamné puis gracié après quelques terribles années de prison.
Seydou Kane est alors au Maroc quand S.T livre son nom. Un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Ceux qui sont sur place sont pris et ceux contre lesquels un mandat d’arrêt est lancé sont pris aussi quand ils rentrent comme si de rien n’était. Le beau-frère de Seydou rentre tranquillement en Mauritanie en apprenant que la justice mauritanienne le cherche mandat d’arrêt international à l’appui. Il n’est pas arrêté à l’aéroport ni chez lui. Il prend pénard sa voiture et se rend tranquillement au palais de justice pour répondre.
Là, surprise, on lui retire sa montre et ses effets, direction la prison ! Suivra la torture… Il ne reverra plus jamais sa voiture vendue par la justice qui pensait, avant tout jugement, qu’il n’en réchapperait jamais ; même sort pour la voiture de monsieur M, victime de S.T, qui ne reverra plus la sienne même après son acquittement car S.T l’ayant dénoncé sans preuve, M et certains de ses employés sont allés au trou quelques temps.
Seydou Kane prend peur. Il va au Sénégal sachant que s’il rentre, il subira le même sort que son beau-frère accusé aussi sur dénonciation sans preuve, sa maison fouillée de fond en comble, matelas déchirés, pas de drogue, sa femme et même la mère de Seydou Kane finiront au poste pour rien car toujours aucune de preuve des allégations sans preuve de l’inspecteur S.T.
Seydou restera 1 an et demi au Sénégal bénéficiant du soutien de proches pour échapper à cette curieuse justice sans preuve qui l’accuse, comme les autres, de trafic de stupéfiant, terrorisme, financement d’organisation terroriste, blanchiment d’argent : la totale ! Même Chavi, pourtant ennemi numéro 1 d’Aziz aura droit à une accusation moins salée !
Entre-temps, Sidioca tombe, les affaires de drogue avec drogue défrayent la chronique, notamment cette affaire d’un bus pris rempli de 850 kilos de cocaïne : Aziz est au pouvoir, l’enquête avance mais tous seront relâchés par une main puissante que le pouvoir d’Aziz n’ose couper car qui pourrait faire libérer les espagnols, le mexicain, le chauffeur mêlés directement à ce bus sinon une main puissante car il s’agit de 850 kilos de cocaïne : une fortune ! Personne n’ira en prison sauf le chauffeur pour trois mois et un sahraoui qui y est encore pour 5 ans…
Après un an et demi libre au Sénégal, les gendarmes sénégalais mettent la main sur Seydou Kane qui ne se cachait pas et le voilà au trou pour 4mois et demi dans les geôles sénégalaises. Il ne connaît pas M la victime de S.T et se demande c’est quoi cette affaire. Les policiers mauritaniens viennent le prendre à l’aéroport de Dakar, lui bandent les yeux, le menottent et le mettent dans l’avion.
Le commandant de bord refuse d’avoir à son bord un homme menotté. De toute façon Seydou n’oppose aucune résistance et se laisse faire. Arrivé à Nouakchott, on lui bande les yeux jusqu’à ce qu’il arrive à la prison civile où il rencontrera l’ex gouverneur de la banque centrale, Sid’Elmoctar Ould Nagi, son compagnon de cellule pendant quelques temps.
Son calvaire en Mauritanie après 4 mois et demi de prison au Sénégal commence là. Des hommes cagoulés arrivent, lui bandent les yeux et l’emmènent quelque part qu’il finira par situer en regardant à travers la fenêtre. C’est la brigade Robocop avec les chiens. Un homme chauve avec une moustache l’attend, il finira par comprendre qu’il s’agit du célèbre Dedahi.
On imagine facilement les interrogatoires dans ces affaires : les policiers le regardent comme si l’affaire était pliée et que tous les complices avaient avoué et que les policiers n’attendaient que ses aveux. Seydou dit qu’il ne comprend rien et il demande à être confronté avec ceux qui l’accusent afin que les policiers puissent savoir un peu plus la vérité.
On lui refuse la confrontation et on lui demande de signer des aveux en arabe. Il refuse. On lui demande de signer sinon d’autres viendront moins sympa. Seydou refuse. On l’envoie dans une pièce pendant 48H sans dormir menotté dans le dos. Puis on le fait revenir devant Dedahi. Seydou n’a pas voulu s’étaler sur les divers traitements qu’on lui a fait subir pendant toute cette affaire. Il ne s’agissait pas de torture comme on l’imagine avec du courant et tout ce qui peut laisser des traces. Il ne s’agissait que de torture morale, humiliation ; il le saura plus tard son beau-frère, par exemple, a été laissé trois jours menotté dans un coin faisant ses besoins sur lui sans personne pour s’en occuper.
On ne parle pas de toutes les techniques pour ne pas laisser de traces : les voiles des mauritaniennes pour ne pas laisser de traces sur la peau. Les menottes aux mains et aux pieds avec entre les deux une corde qu’ils tirent dans votre dos pour que vos bras et pieds se rejoignent etc.
Seydou finit par dire qu’il signe tout ce qu’ils veulent. Dedahi essaie de lui faire avouer des noms de hauts gradés militaires sans proposer des noms. Dedahi montre des photos de militaires, Seydou dit n’en reconnaître aucun. Quand j’ai demandé à Seydou s’ils étaient en tenue, il m’a dit non alors je lui ai demandé comment savait-il qu’il s’agissait de militaires, Seydou m’a répondu que le contexte des questions prouvait cela.
Ce calvaire a duré 4 mois et demi pendant lesquels Seydou n’avait pas le droit de se promener ! 4 mois et demi dans une pièce relativement spacieuse pauvrement meublée. 4 mois et demi assis sur un seau, ne comprenant rien à rien. Comment a-t-il tenu ? Quand on lui pose la question, ses yeux se vident et il répond « on se laisse aller, c’est tout ». Ce n’est pas fini ! Pendant ces 4 mois et demi sans droit à la promenade, Seydou avait droit à deux visites par semaine de 10 minutes chacune pour voir sa famille. Pareil pour son avocat.
Ce n’est que bien après son arrivée en prison que son dernier avocat, maître Bouhoubény a pu obtenir l’autorisation de voir son client à tout moment ce qui évita à Seydou bien des séjours au mitard ( cellule d’isolement ). En parlant des conditions de détention, Seydou dira bien plus tard que les conditions finirent par s’améliorer au point de les qualifier de bonnes. La prison civile de Nouakchott, où il a été, est propre ; Amnesty, la croix rouge et les diverses ONG des droits de l’homme entrent et sortent à leur guise. Seydou n’a jamais mis les pieds à Dar Naïm.
En entendant que les conditions de détention s’améliorent, c’est encore là, dans cette pièce où Seydou Kane passa 4 mois et demi sans droit à la promenade qu’il fit la connaissance du terrible Omar Sahraoui que la justice fit venir après lui. Ce n’est que dans les films ou à la télé où on explique que c’est en prison qu’on peut risquer de faire des rencontres dangereuses, en voilà la preuve… Drôle de rencontre pour un jeune accusé sans preuve par un flic emprisonné lui pour une affaire avec preuve. Seydou Kane en prison ne rencontrera que du beau monde qu’il n’aurait certainement jamais rencontré ailleurs.
C’est ainsi qu’il aura côtoyé Omar Sahraoui, seuls près de deux mois dans la même pièce. Sid’Elmoctar Ould Nagi ex gouverneur de la banque centrale et ensuite Ould Dadde, ministre qui est toujours en prison, Ould Khattri grand patron de Procapec sorti depuis après près de 3 ans de prison, Birame Ould Dad ould Abeid président de l’IRA qu’on ne présente plus et combien d’autres personnalités de la haute scène politique et économique mauritanienne sans parler des salafistes, de l’aile light à l’aile dure, avec lesquels Seydou a sympathisé comme c’est apparemment l’usage dans les prisons.
Il faut dire que Seydou Kane est vraiment un garçon sympathique. Aujourd’hui malgré tous les affres de la détention arbitraire qu’il a vécus, il retourne en prison voir ceux qu’il a laissés là-bas notamment son ami Ould Dadde qu’il a connu au trou. Seydou Kane parle couramment le hassanya de souche, le poular, le wolof, le français et certainement d’autres langues. Il a une vraie facilité de contact qui vous met tout de suite en confiance sinon comment aurait-il pu sympathiser avec autant de personnages du plus important homme politique, au plus impressionnant terroriste, en passant par les salafistes jusqu’au citoyen lambda…
Dans cette prison, il verra des scènes incroyables comme les aventures du fameux Kowri Walter dont le nom fut aussi lâché par l’inspecteur S.T et le voilà aussi au trou mais pendant que les tous les autres étaient à la prison de Dar Naïm ce français Walter était à la prison civile en « centre-ville ». Là les autorités ont voulu, comme avec Seydou, le laisser seul dans une pièce fermée. Eh bien, figurez-vous que le kowri français, comme Seydou et moi le nommions, arborait une croix à son cou et il n’a dû son salut, face aux gardes de la prison, qu’aux salafistes !
Quand Walter fut mis seul au trou, les salafistes lui envoyaient des cigarettes et des morceaux de pomme de la cour à travers les barreaux de sa cellule car ils avaient droit à deux heures de promenade. Mieux ! Quand les salafistes furent déplacés d’un endroit à un autre de la prison, ils ont juré qu’ils ne bougeraient pas si on laisse Walter seul ! Un salafiste s’est même mis devant la porte de Walter avec une petite bonbonne de gaz et un briquet jurant que si un garde s’approche de Walter il l’allume. Les autorités ont été obligées de laisser Walter avec les salafistes qui étaient pris pour avoir tué un américain !
Incroyable non ? Djihad contre l’occident et on tue un toubab et de l’autre on sympathise et on défend un français chrétien arborant une croix au cou ! Walter est devenu le meilleur ami du salafiste qui a tiré sur l’américain et les salafistes voulaient le convertir. Ils lui ont donné un coran en français et lui répondait que ce n’est pas sa religion car il est chrétien ! Le commandant, autorité de la prison, venait à 3h du matin pour voir si Walter était vivant et n’en croyant pas ses yeux : les salafistes ne juraient que par leur amitié !
Après cet épisode, vint le moment où Seydou et Walter furent menés au tribunal pour être jugés, c’est là que Seydou voit pour la première fois tous les autres cités dans l’affaire de drogue sans drogue de l’inspecteur S.T et l’affaire de drogue avec drogue du bus contenant 850 kilos de cocaïne soit 46 millions d’euros.
Là continuent les délires de la justice mauritanienne. Tous les cités de l’affaire de drogue sans drogue ont écopé de 15 ans de prison, de même que ceux de l’affaire de drogue avec drogue mais seul le sahraoui est resté au trou à ce jour, les autres complices de l’affaire du bus donc de l’affaire de drogue avec drogue ont disparu dans la nature ! Plus d’espagnols, plus de mexicain, plus de chauffeur, aucun mauritanien ! Seul le Sahraoui encore au trou pour 5 ans !
Maître Vergès était l’avocat de Walter ; il a alors dit qu’il a déjà tout vu dans sa carrière mais une affaire de drogue sans drogue, une affaire de drogue sans témoin sans rien que la dénonciation d’un flic d’Interpol pris en flagrant délit d’extorsion de fonds, une affaire où aucune procédure n’est respectée, rien ! Une affaire sans instruction, Vergès dit qu’il n’a jamais vu cela et il ajoute au juge qu’il craint que la prochaine fois ce ne soit un commissaire qu’il trouve à la place du juge ! Tellement cette affaire est juridiquement délirante vu que les aveux des inculpés ont été faits sous la torture et les menaces et dans une langue que ces derniers ne comprennent pas !
Vergès lance au juge « En 50 ans de carrière, j’ai tout vu, toutes les républiques bananières mais là c’est Alice aux pays des merveilles ! J’ai tout vu : des procès sans avocat, des procès sans procureur mais c’est la première fois que je vois un procès sans juge ! On discute sur quoi ? Des procès- verbaux de la police ? C’est tout ! Qu’avez-vous contre mon client ? Ses empreintes ? Une preuve quelconque ? Une photo ? Rien ! » Et au sujet de l’appel « c’est comme si vous coupiez la langue à quelqu’un et que vous finissiez par lui dire qu’il faut crier ! »
Vergès demande alors si Walter, pris également au Sénégal, est descendu de l’avion du Sénégal avec de la drogue dans les poches. Le procureur répond que non ! Vergès demande pourquoi son client n’a pas eu droit à l’instruction en présence de son avocat, le procureur répond qu’il n’en avait pas besoin car cette affaire est du flagrant délit certainement parce que dans l’esprit du procureur la justice mauritanienne a mélangé l’affaire de drogue sans drogue et l’affaire de drogue avec drogue. Vergès lui demande comment cela peut être du flagrant délit alors que non seulement son client était au Sénégal pour une affaire qui commence à Nouakchott mais surtout que l’affaire est une affaire de drogue sans drogue ! Vergès dit au procureur que ce dernier est en train de perdre l’affaire et qu’il essaye de la rattraper par la queue !
Vergès stupéfait alla s’asseoir et comme il l’a toujours fait pendant sa carrière, il déplace le problème et déclare qu’il s’agit là non pas du procès de son client mais du procès de la justice mauritanienne car c’est du jamais vu ! Il montre alors au juge les différents codes et cite les articles en rappelant qu’il s’agit bien là de la loi mauritanienne que la justice piétine !
Rien n’y fait quasiment 15 ans pour tout le monde sauf pour l’inspecteur S.T car lui, qui accuse les gens de trafic sans preuve, est là pour une affaire qui n’a rien à voir avec la drogue car il s’agit d’extorsion de fonds et complicité de coups et blessures même si l’argent appartient au fameux M que S.T accuse de trafic de drogue ! Peu importe ! L’inspecteur S.T prend lui pour 7 ans alors qu’il est pris la main dans le sac que personne ne trouvera plus et les autres, qu’il accuse sans preuve, en prennent pour 15 ans qu’ils aient été mêlés à l’affaire de drogue sans drogue ou à l’affaire de drogue avec drogue.
Tout ce beau monde de l’affaire de drogue sans drogue retourne en prison sauf ceux de l’affaire de drogue avec drogue qui disparaîtront ensuite ne laissant en prison que le Sahraoui…
Puis bien après, tout le monde se retrouve en appel ! Là, le juge Diarra devant les Vergès, les Aïssata Sall et autres ne veut pas montrer un ignoble visage de la justice mauritanienne. Les faits parlent d’eux-mêmes : Dossier de l’affaire de drogue sans drogue : vide ! Le juge demande au substitut du procureur s’il y a des éléments à charge à apporter aux dossiers. Le substitut sort et revient avec 1 kilo de cocaïne pour montrer que l’affaire de drogue est une affaire de drogue avec drogue…
Hélas ! Le substitut, trop honnête, n’a pas retiré l’indication de saisie et le juge devant tout le monde ouvre le paquet et lit que les dates ne concordent pas ! Les prévenus étaient déjà en prison quand ce kilo fut saisi ! Où ? Est-ce dans la maison où M, délesté de son argent par l’inspecteur S.T, fut molesté sérieusement ? Plus tard des experts de la police viendront avec divers flacons en expliquant qui s’ils mettent ceci dans cela et que la couleur vire au violet alors il y a trace de drogue sur les lieux. Hélas, à la grande expertise de la police et devant tous les avocats, la couleur vira au jaune !
Toujours est-il que le juge Diarra n’a pas voulu aller dans le sens du premier jugement qui condamna pour rien toute la galerie dans l’affaire de drogue sans drogue. Ce juge a voulu faire acquitter tout le monde et n’envoyer en prison que ceux contre lesquels il avait des preuves à savoir l’inspecteur S.T qui accuse tout le monde et le sahraoui dans l’affaire de drogue avec drogue. Mais avant que son jugement n’aille en délibéré, il a été muté au placard du ministère de la justice et tous les accusés retournèrent au trou.
Entre-temps, il y a eu grâce présidentielle sur grâce présidentielle. Des deux affaires de drogue avec et sans drogue, seul L’inspecteur S.T fut entièrement gracié et libéré sur-le-champ, les autres, la grâce leur faisait grâce de 5 ans sur le jugement final. Comme le dira plus tard le dernier avocat de Seydou, le bâtonnier Bouhoubény, ubuesque grâce alors que le jugement n’est pas déterminé et les recours ne sont pas achevés.
Toujours est-il que Seydou Kane reste à la prison civile avec les salafistes et autres prisonniers politiques et criminels économiques présumés jusqu’à ce qu’un autre juge vienne remplacer le juge Diarra. Ce dernier juge ne fit pas mieux que ce que préconisait le Diarra dans cette affaire de drogue sans drogue et sans preuve, il cassa le premier jugement qui condamnaît tout ce monde sans preuve à 15 ans pour ne garder que ceux du bus dont il ne reste que le sahraoui.
Enfin libre Seydou Kane rentre chez lui et revit tranquille pendant 45 jours. Quand soudain, des juges se réunissent en cassation et cassent le dernier jugement en appel qui libéra tout ce beau monde. La suite on la connaît : un juge radié, celui a remplacé le juge Diarra. Tous ceux qui ont été libérés n’étaient plus en Mauritanie sauf Seydou Kane. Il fut le seul repris dans cette affaire de drogue sans drogue, sans preuve et sans témoin alors même que l’inspecteur condamné, qui l’avait dénoncé avant de se rétracter devant le juge d’instruction, venait d’être gracié…
Inutile de dire que le président Aziz dira ensuite qu’il ne voulait pas que le juge soit radié ni que le Diarra fût muté, c’est la raison pour laquelle 70 magistrats en disgrâce furent promus de nouveau parmi lesquels se mélangeaient le meilleur et le pire…
Pendant que les uns coupables, dans l’affaire de la victime M, furent graciés, les juges en disgrâce lavés, lui Seydou Kane, accusé sans preuve de rien, restait au trou ! C’est incroyable car si les juges salis puis lavés par Aziz ont bien fait leur boulot que fait encore Seydou Kane en prison ?
Seydou Kane verra partir de là un salafiste pur et dur gracié alors qu’il ne faisait pas partie des salafistes dialoguistes alors qu’il disait haut et fort sa haine d’Aziz, de son régime et de sa justice de mécréant ; ce salafiste sera gracié et il ira rejoindre de nouveau les rangs de l’AQMI pendant que les dialoguistes inoffensifs sont encore au trou et que d’autres ont été menés on ne sait où loin de leurs familles…
Seydou pouvait rester là seul au trou pour une affaire de drogue sans drogue alors que des coupables d’affaire de drogue avec drogue ont été exfiltrés… alors que des juges qui l’ont acquitté ont été lavés après avoir été radiés etc. etc. Jusqu’au jour où Seydou Kane fut enfin jugé sans la présence de ses avocats qui ont boycotté la séance pour mille raisons que chacun connaît et que l’avocat Bouhoubény a expliqué dans sa lettre publique à son client…
5 ans fut la peine délivrée à l’encontre de Seydou Kane pour une affaire de drogue sans drogue. 5 ans ! On vous passe l’affaire des avocats bidons commis d’office et tous les problèmes juridiques qui n’intéressent plus personne car chacun a compris que la justice mauritanienne n’en fait qu’à la tête du seigneur de guerre du moment.
Toujours est-il que c’est ce jugement-là inique qui permit de plaider la libération immédiate de Seydou Kane selon le calcul 5-5=0 !
En effet, dans la presse, on a pu lire l’argument de Seydou qui se souvient d’une grâce du président libérant l’inspecteur S.T sur-le-champ et retirant 5 ans à tous les accusés dans l’affaire de drogue sans drogue et l’affaire de drogue avec drogue ! Or Seydou venait d’être condamné pour 5 ans !
La justice mauritanienne pouvait-elle se permettre de ne pas même respecter les décrets du président suprême ? Quelques jours ont suffi à la justice pour réaliser qu’elle pouvait tout transgresser sauf la signature du guide suprême ; signature qui a tant gracié de vrais coupables ne pouvait de la sorte en public et en signant, laisser au trou un innocent signé libérable à l’instant !
C’est ainsi que le père de Seydou fut convoqué dans le bureau du ministre de la justice où on lui remit un mot qu’il n’avait qu’à présenter à la prison pour faire sortir son fils innocent de là ! Un fils qui aura passé 5 ans de calvaires psychologiques dans cette affaire dont deux ans et demi de prison ferme !
Comment Seydou a-t-il pu tenir ? Peut-être parce qu’au-delà de cet enfer, il est passé d’un monde de la jeunesse dorée à celui des affres de la politique implacable qui lui permit de rencontrer le meilleur ou le pire de la société : des hommes politiques jadis puissants, des salafistes dangereux ou inoffensifs, des Omar Sahraoui assis hier à ses côtés et aujourd’hui libre devant les yeux de Seydou, encore prisonnier, qui regarde son compagnon libre en lisant un journal au sujet de l’affaire des otages occidentaux.
En prison selon des canards du net, le pouvoir aurait voulu mêler Seydou à Moustapha Ould Liman Chavi que Seydou admire pour son talent politique internationalement reconnu. Quels sont les preuves des canards ? L’avocat de Seydou dit qu’un autre avocat, rencontré en prison, lui fit cette confidence ; Seydou dit qu’un officier est venu lui poser des questions à ce sujet mais personne n’a voulu clairement et sous ses yeux le mêler à cela. A-t-on voulu aussi atteindre Ely ? Dedahi aurait posé des questions orientées à Seydou en parlant du fils de Ely mais Seydou a toujours nié tout contact et tout rapport avec ces gens jusqu’au fils de Ely qui n’est pas même de sa génération. Dedahi lui a sorti des photos privées avec des jeunes de Tevrag-zeina en costume à Dakar, il s’agissait du mariage d’un ami que nous connaissons tous et ceux qui étaient là n’ont jamais fait partie d’aucune affaire.
Seydou a mûri lui qui, avant cet épisode, n’avait jamais connu de garde à vue de sa vie, pas même « ramasse » quand il était plus jeune sans voiture ; il est devenu plus simple, beaucoup plus humble, il a souffert assez, il a médité toujours maintenant il veut mettre à profit cette expérience en luttant pacifiquement de toutes ses forces contre l’injustice pour que la Mauritanie avance car avec la justice, comme il dit, quasiment plus de problème en Mauritanie ! On lui souhaite de mettre à profit tout cela sans se tromper ni d’ennemi ni de combat et éviter de s’agiter dans le vide en dispersant son énergie au rayon dindon de la farce…
Quant au reste, tout ce que j’ai dit est le fruit des mots de Seydou dûment enregistrés. L’inspecteur S.T, que tous les jeunes des anciens de Nouakchott reconnaissent comme sympathique, et Seydou sont des amis depuis la prison car avant d’être gracié l’inspecteur et les autres sont passés de la prison de Dar Naïm à celle de Seydou. Aussi, depuis Seydou libre, ils se revoient en bonne intelligence et en fraternelle amitié. Seydou n’a pas de rancune surtout que l’inspecteur aurait parlé sous le coup de la torture présumée même s’il est le seul à n’avoir pas été contraint de signer aucun procès-verbal… D’ailleurs il s’est rétracté très tôt devant un de ces fabuleux juges d’instruction des mille et une nuits blanches ou comme l’a dit Vergès d’Alice aux pays des merveilles…
source : http://chezvlane.blogspot.com/
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