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jeudi 2 février 2012

Analyse psychique d’un putschiste légalisé, sur le dépar

Comme nous le mentionnions dans un article précédent, nous avions consacré au général putschiste  tout au long de son accession au pouvoir une analyse psychique circonstanciée. Il en fut ainsi avant le putsch (voir l’article : « Le général limogé ou la solution à la crise » ) au moment du putsch ( Voir : « Analyse psychique d’un général (deux fois) putschiste, chef d’Etat ».) et au cours du putsch ( L’homme qui putsche plus vite que son ombre: Approche psychique d’un général emprisonnant  et  La politique d’Aziz : la terre brulée ).
Enfin, une analyse contextuelle,, lui fut consacrée (voir: Le manuel du parfait putschiste). Tout comme des analyses furent consacrées à ses collègues ( voir: Petit guide non illustré pour comprendre les militaires) et à leurs victimes en Mauritanie (voir l’article « Sur le Divan : Analyse psychique d’un peuple qui se démène »).
Aujourd’hui, Aziz a atteint le summum de son psyché, au sens de la  psychologie analytique. C’est-à-dire “l’intégralité des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité et de l'intellect humain”1. Ces manifestations apparaissent aujourd’hui chez le général Aziz comme un ensemble de comportements qui tous expriment, une prise de conscience du personnage de la nécessité… de disparaitre. “Disparaitre”, c’est bien l’état de la personnalité vers lequel tend actuellement le général. Et comme en psychologie analytique, il y a des tendances qui ne trompent pas. Ces tendances se matérialisent actuellement dans des  comportements du personnage que l’on retrouve chez les gouvernants qui cherchent  une porte de sortie. La mobilité excessive, la peur, le scandale, le pillage organisé .
Le syndrome des voyages…en classe affaires.
Aziz voyage de plus en plus. Cela nous rappelle, un précédent qui montre que lorsqu’un chef d’Etat  (ayant de surcroit usurpé le pouvoir) dans un pays sous-développé se met à multiplier les voyages, c’est qu’il a envie de…partir, ou que la pression est telle qu’il ne peut rester en place. Le précédent, c’est Taya, envolé définitivement au Qatar,mais celui qui se mit à voyager avec assiduité pour échapper à la pression (qu’Aziz justement lui faisait subir ) fut sans aucun doute Sidi Ould Cheikh Abdallahi (voir, en son temps, l’article  ici). Aziz voyage et ce n’est que le début d’un aller simple… en classe d’affaires. Des affaires qu’il a commencées depuis qu’il a pris le pouvoir et qui l’enrichissent en enrichissant son entourage. Probablement qu’il aura moins de chance cette fois de tout emporter. En effet, tout un chacun sait maintenant à quoi a servi le pouvoir sous Aziz. Un potentat, au milieu d’un cercle d’individus qu’il enrichit et qui lui retournent la monnaie de sa pièce.Ces individus sont une pléiade  de commerçants et d’hommes d’affaires qui ont négocié l’aéroport de Nouakchott, les espaces s’étendant au Nord jusque Nouadhibou, et au Sud Jusque Rosso, les blocs rouges, la “Fanfare” et jusque les blocs Manivelle. Aziz distribue à tour de bras et enrichit en même temps son BASEP qui lui sert d’anesthésiant de toute l’Armée nationale,  d’engraisser quelques un de ses généraux et autres officiers pour les maintenir dans l’allégeance.
Aziz a fait des ressources nationales son patrimoine. Il attribue les marchés publics au gré-à-gré, dilapide les fonds reçus de l’aide et de la coopération internationale (les fameux 40 millions saoudiens en sont une petite illustration), les ressources des fonds publics (qui peut dire, à titre d’exemple, où sont les millions du Fond des hydrocarbures pour les générations futures?) et ne fait plus qu’octroyer à tout azimut les permis d’exploration. Ici l’Or empoisonne, là le Fer surexploité sans aucun programme public de développement,suivant une gestion sauvage des ressources naturelles. Mais tout cela est en train de retomber sur la tête du putschiste. Aziz va quitter le pouvoir plus vite qu’on le pense. En effet, la mécanique est en train d’échapper au  mécano. Le moteur-Etat est en train de s’emballer,  victime de trop de pression et l’explosion est imminente. Le voyage aussi. Ce qui est certain, c’est que le Qatar ne sera pas la destination finale.
Le spectre de la peur…aux trousses
Aziz est entrain de subir de plein fouet , ce qui depuis son coup d’Etat, il fait planer sur le peuple mauritanien par la menace de ses armes: le spectre de la peur. Il est aujourd’hui dans une situation dont il n’a ni la maitrise ni les capacités d’en saisir les conséquences à court terme. La valse des généraux à la tête de la Sureté nationale, le mandat d’arrêt international contre Ould Chafii n’en sont que l’expression fébrile. Le général se sent plus que jamais à découvert. En effet, sa protection française qui l’a impliquée dans le piège de poursuite d’ Al Qaida hors de nos frontières (avec les désastres que l’on sait sur la sécurité du pays),ne tient plus qu’aux prochaines élections; ses voisins le Maroc et l’Algérie ne supportent plus ses volte-faces et risquent de l’abandonner dans les sables de sa médiocre diplomatie et de ses sympathies iraniennes qui ne disent pas leur nom. Aziz sait qu’il est seul, qu’il a peur.Alors l’expression, de cette peur n’est autre que l’agressivité dont il fait montre jusque dans ces relations avec ses collaborateurs. Si les ministres de Aziz insultent tout le monde, jusque les représentants du peuple (qui certes sont devenus relatifs depuis leur non renouvèlement )  au sein des Assemblées, c’est qu’ils tirent de leur maitre le même caractère. Ils perpétuent une chaine de la frustration au bout de laquelle ils se balancent. Aziz avait déjà montré ses “capacités”de dédain et de frustration dans lequel il plaçait tant ses collaborateurs que ses interlocuteurs. sa phraséologie de l’époque du putsch (voir l’article : De la phraséologie du général) présageait déjà de l’attitude du personnage.Aujourd’hui, le général, a davantage développé cette “capacité” sous le poids d’un stress que lui cause aujourd’hui l’ébullition de toute la sous-région (des révolutions aux Touaregs en passant par Al-Qaïda et le Sénégal en poudrière.). Aziz connait aussi beaucoup de choses sur ce que le pays est devenu, en servant de plaque tournante de la drogue en Afrique de l’Ouest. Il est fort probable, que la loi de l’Omerta qui existe en haut-lieu sur le grandes fortunes mauritaniennes issues du trafic de drogue et sur les couvertures qui leurs sont assurées, risque d’être bientôt levée et cela inquiète beaucoup de soutiens actuels d’Aziz, qui, sans ce dernier sont exposés au pire. Ils pourront mettre le pays à feu et à sang. Aziz, subit cette pression qu’il gère en faisant prévaloir l’impunité. Les médiocres  résultats obtenus dans la répression des acteurs de la drogue, la fuite des principaux responsables (pourtant souvent appréhendés), le laxisme de la justice en sont les signes les plus évidents . Le général ne pourra pas cacher longtemps l’hystérie qui ne tardera pas à lui faire commettre l’irréparable. Wait and see, comme disent actuellement les Qataris.
Le père, le fils…et le saint esprit
Il est certain que l’enfant du général n’est pas celui de Victor Hugo. Personne n’a applaudit quand il parut et il y eût même des victimes dans le cercle de famille. Le père sévissant sur l’Etat, l’enfant  dans la société. Détention d’arme à feu, tir à bout portant, témoins oculaires, libéré sous banale caution, libre par la volonté du père et  une justice du Saint Esprit. La trinité de l’illégalité.
Le comportement du fils, perpétuant celui du père.Les enfants ne sont-ils pas souvent à l’image de leurs parents. Une jeune fille innocente en a lourdement souffert, sa famille aussi et Aziz n’en a cure.c’est exactement la même image  que perpétue le père. Une société mauritanienne menacée à bout portant par un général , le fils a tiré, le père tire tous les jours sur les espoirs du pays. Le fait divers du fils du putschiste qui tire sur une innocente, avait un certaine logique car le putschiste ayant lui-même pris les armes contre la République, lequel est le plus condamnable? Attenter  à la vie d’une personne, et attenter au devenir de toute une nation, n’est-ce pas deux crimes, qui se retrouvent dans le code pénal et dans le code martial?
Seulement le putschiste a été légalisé dans le même esprit de ceux qui ont acquitté, sans procès, son fils. La Mauritanie n’en a pas fini d’abriter des fayots de la République et des sous-fifres de coups d’Etat. Comme quoi la justice est au service du détenteur du pouvoir. Psychologiquement Aziz le sait depuis qu’il vivait à l’ombre du pouvoir du temps de Taya. Il a vu comment pouvaient se manipuler les courtisans et comment les utiliser tout en restant dans l’ombre.  Aziz, à défaut d’être intelligent (peut-on être intelligent et putschiste?) est un manipulateur aguerri. Il a cependant un point  faible, il a besoin de la soumission de ceux qu’il manipule  pour arriver à ses fins, c’est autant dire que si la victime lui résiste, il est perdu. Et dans ce cas, son seul geste est de la mettre à l’ombre ( voir l’article L’homme qui putsche plus vite que son ombre: Approche psychique d’un général emprisonnant”). Et Aziz n’aimant pas qu’on lui résiste peu très vite sombrer dans le désespoir à telle point que cela transparait dans son langage ( voir l’article : De la phraséologie du général )
Mais s’il est certain que la démesure du père explique celle du fils.Tel père, tel fils. Il y a des adages qui sont très particulier en général.
Le bâton et le bâtonnier : le Guantanamo azizien
Un Bâtonnier qui écrit à un  Président de la République pour le recevoir, quoi de plus normal. Une demande d’audience dirait-on, suivant les voies administratives quoi de plus normal.  Mais un bâtonnier qui demande une audience au Président de la République…par voie de presse, cela s’est rarement vu. Mais les choses se comprennent mieux si l’on sait que si le bâtonnier est bien le bâtonnier d’un ordre (des avocats en l’occurrence), celui auquel il demande audience est  un général putschiste légalisé. La curiosité est désormais levée. Mais que demande le bâtonnier au général? De le recevoir! Mais laissons au bâtonnier sa doléance et demandons-nous pourquoi il ne veut pas recevoir. Parce que pour Aziz, bâtonnier et chiffonnier,c’est du pareil au même.Inconsciemment, il reprocherait même au bâtonnier son titre puisque c’est lui qui a le bâton…et la carotte. Mais que veux ce bâtonnier d’Aziz? A lire la lettre du bâtonnier, Aziz a tout simplement appliqué aux avocats sa “politique de la terre brulée”. Une politique à laquelle nous avions déjà consacré d’amples développements( voir l’article :La politique d’Aziz : la terre brûlée) et qui dénotait déjà de la volonté du personnage d’appliquer une vieille stratégie militaire: étouffer l’ennemi en lui coupant ses vivres; le priver de ses arrières, sa logistique  ou  son intendance. Il a interdit aux avocats les conventions d’assistance avec les entreprises du secteur public et la rupture “abusive” des conventions d’assistance en cours. Mieux encore, le bâtonnier dénonce ni plus ni moins  “la marginalisation constante de l'ordre des avocats” 2. Et quant à la “Justice” d’Aziz, elle est exposée dans son visage le plus vrai,  par le bâtonnier lui- même: - L'inexécution des décisions de justice et particulièrement les décisions contre l'Etat, l'instrumentalisation de la justice et sa soumission au pouvoir exécutif. Et pour mieux illustrer “l’état de droit” , version Aziz: “graves cas de torture et traitements cruels, inhumains et dégradants” ainsi que les lieux de détentions tenus secrets. Un Guantanamo azizien.
Ce que révèle , la lettre du bâtonnier au-delà de son caractère réquisitoire, c’est bien les dénonciations qu’elle expose au grand jour en révélant comment Aziz manipule tous les rouages de l’Etat. Si un ordre aussi indépendant que celui des avocats n’y a pas échappé, c’est que tout l’appareil d’Etat subit cette dictature du bâton et de la carotte. Dans son approche psychologique du travail,  Douglas Murray McGregor, classerait certainement Aziz chez les adeptes de la “Théorie X” (les individus sont naturellement irresponsables, il faut les contraindre). Aziz est psychologiquement dans une situation perpétuelle de recherche d’assujettissement des autres en leur imposant sa volonté . La réaction du bâtonnier est, en elle-même, une forme de révolte, mais qui ne va pas jusqu’au bout de sa logique. En effet, comment, sachant ce que ce général putschiste légalisé fait comme tort à la nation, à son droit, à sa justice, à ses citoyens, le bâtonnier termine-t-il sa lettre par: “Veuillez recevoir, Monsieur le président, l’expression de notre haute considération” ?  La loi de Murphy –appliquée depuis le putsch par Aziz- entraine-t-elle des effets placebo ?
Les islamistes aux aguets, la misère à l’affût.
Aziz, voit monter vers lui une sourde contestation de son régime et de son pouvoir qui est en train de s’exprimer tout azimut. Les islamistes d’abord qui voyant la montée et l’accession au pouvoir des courants islamistes au Maghreb (Maroc, Tunisie, Libye, Egypte) suite aux révolutions et aux pressions qu’ils ont exercés sur les régimes, n’aspirent désormais plus qu’à faire de même en Mauritanie.La montée au créneau des partis d’obédience islamique et à leur tête Tawassoul, pour vilipender le pouvoir et appeler à l’action,ne sont que les signes avant-coureur qui sont en train de miner  le moral du général. Il a tout fait pour exorciser cette situation dans son esprit, en voyageant en Tunisie (terre de révolte) , en requérant l’intermédiation de Ould deddew qui la refusa. Le laissant en rade face à cette menace.De l’autre côté gronde, ensuite, les revendications politiques de l’opposition qu’Aziz a voulu castrer en la divisant en s’assujettissant Ould Boulkheir (APP) et Boidiel (Wiiem), mais qui appelle elle-aussi à la révolte. Les “marginaux”, mais non point virulents activistes de l’IRA-Mauritanie donnent du fil à retordre à l’image du général et à sa politique ségrégationniste. Mais pire que tout cela la colère la plus profonde est celle qui gronde actuellement dans le ventre de chaque mauritanien terrassé par les conditions de vie misérables et le désespoir quant à son avenir et celui d’un pays que l’on pille sous ses yeux et que l’on piétine tous les jours. Pourtant dans son insouciance de la misère du peuple, Aziz fait augmenter les prix du carburant, faisant exploser les prix des denrées alimentaires et  frappe des billets de 2000 UM pour…résorber l’inflation dans la valeur du papier. Un refuge qui ne couvrirait pas longtemps les affres de la situation socio-économique en Mauritanie.
A force de puiser (dans les ressources), on n’épuise (ses ressources)
Il ne fait pas de doute que face à tant de pressions,  Aziz est sujet psychiquement au “burnout”, c’est-à-dire au syndrome d’épuisement professionnel.
Au sujet de ce syndrome, Herbert J. Freudenberger  écrivit: “En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. »3
En effet, Aziz , ne tiendra pas longtemps face à la pression qu’il subit. Ses réactions seront certes encore des soubresauts  comme tous ceux qu’il a eu jusque-là . Diviser, acquérir, manipuler pour empêcher toute force qui le déstabiliserait de se constituer.”Le dialogue sans tabou” auquel il appelle actuellement en est l’exemple. Mais le jeu est depuis longtemps compris et face à la complexité (interne, régionale et internationale) Aziz ne saura pas gouverner. En renversant l’ex- président, Aziz est sorti de l’ombre. Il a toujours manœuvré dans l’ombre. Il ne pouvait s’imaginer que la lumière pouvait être si brutale. Burnout.
Pr ELY Mustapha
Source:Blog haut et fort 

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