Le dimanche 31 juillet 2011, des activistes de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) ont, conformément à la loi, introduit une plainte, pour pratiques esclavagistes, contre la nommée Aicha Mint Saibot.
Celle-ci, informée de l’enregistrement de la procédure, au profit de la victime mineure Oueïchetou Mint Hamadi (10 ans), parvient à cacher l’enfant et nie même son existence ; les militants de l’IRA ont bel et bien vu et interrogé la fille dont l’accoutrement misérable et les aveux étayèrent les propos des voisins sur la maltraitance et les privations subies, par elle, du fait de sa maîtresse et de la famille de celle-ci.
A ce jour, aucune enquête digne de ce nom n’a été menée pour ramener la fillette cachée par Mint Saïbott ce qui confirme l’absence de volonté, de la part des autorités policières, à poursuivre un cas flagrant d’esclavage.
Devant tant de négligence complice, les militants de IRA ont organisé un sit-in pacifique à proximité de la Brigade des mineurs, pour dénoncer l’impunité récurrente dans ce domaine.
Il est regrettable que les autorités aient utilisé des moyens disproportionnés pour disperser les militants pacifistes, avec un acharnement qui confinait, parfois, à la fureur homicide ; l’expédition des forces de l’ordre a occasionné l’arrestation de 13 membres de l’Ira et 11 blessées parmi les autres, dont trois admis, aux soins d’urgence, dans une clinique de la place.
Les 4 associations signataires de la présente note s’inquiètent de la tournure des évènements, suite à l’expédition punitive, que des membres de la tribu de la présumée esclavagiste, ont effectuée contre des agents de la Brigade des mineurs et des militants abolitionnistes.
Il s’agit d’une privatisation inquiétante de la violence, par un groupe de manifestants arabo-berbères, venus envahir le commissariat de police, aux cris de «libérez notre femme !», «libérez notre fille !», « vous étés tous des chiens !» ; ensuite, ils se sont attaqués aux membres de l’Ira, tout, scandant, au passage, des injures à caractère raciste, en présence de la police.
La situation s’avère d’autant plus préoccupante que le 6 août, à la faveur de son entretien télévisé avec la presse, le Président de la République, niait l’actualité de l’esclavage en Mauritanie et rejetait le tort sur les dénonciateurs de ce crime. Mohamed Ould Abdel Aziz envoie ainsi un signal d’encouragement aux segments conservateurs de la société et leur confirme la promesse de ne rien entreprendre contre les auteurs de telles pratiques, pourtant réprouvées, sans ambiguïté, par la loi de 2007.
Il existe, entre l’affaire Mint Saibott-Ira et les propos du Chef de l’Etat, un lien de corrélation intime en vertu duquel, l’égalité des droits reste une vaine promesse dans la Mauritanie de 2011 : Le Maure arabo-berbère gouverne et se place au dessus de la loi. Les autres, citoyens de seconde zone, par naissance, courbent l’échine, endurent et se taisent.
Cela ne saurait durer.
Nouakchott, le 9 aout 2011 Ont signé pour
SOS-Esclaves, Boubacar Messaoud, Président
AMDH Me Fatimata M’Baye, Présidente
AFCF Aminetou Mint Ely, Présidente
CR El Arby Ould Saleck, Porte parole
FONADH Mamadou Sarr, Secrétaire Exécutif
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