Interview: Mamadou Abdoul SOH, le secrétaire national des relations extérieures des Forces de Libérations Africaines (FLAM)...
...et coordinateur du collectif des Forces patriotiques et démocratiques mauritaniennes en France.
Pouvez- vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Mamadou Abdoul SOH: Je m’appelle Mamadou Abdoul SOH alias Hamadi SOH, militant des FLAM (Forces de Libération Africaines de Mauritanie). Je participe activement à la vie politique de la section Europe de l’ouest entant que militant de base au sein des comités de base SY-BA-SARR et Abdoul Ghoudouss BA ; mais aussi comme responsable au sein du bureau exécutif local de 2002 à 2011 successivement comme secrétaire à la jeunesse et à la culture, secrétaire à l’organisation, secrétaire aux affaires sociales et humanitaires. C’est à ce titre que j’ai été mandaté par notre section d’entrer en contact avec des associations, partis politiques et diverses organisations mauritaniennes pour bâtir ensemble avec un cadre d’unité d’action. Dans la foulé des réunions préparatoires de la cérémonie de célébration des pendaisons de novembre dernier, j’ai eu l’honneur d’être choisi comme coordinateur du collectif renaissant. Depuis juillet dernier, je suis membre du bureau nation exécutif des Forces de libération Africaines de Mauritanie comme le secrétaire national des relations extérieures.
Depuis le démarrage du recensement le 05 mai 2011 en Mauritanie, le collectif des associations manifeste presque régulièrement. Pouvez-vous dire pourquoi vous manifestez contre le recensement ?
Mamadou Abdoul SOH: Le recensement à vocation d’état civil présenté comme un instrument permettant de doter notre pays d’un fichier moderne et fiable se révèle être un instrument épuratoire identitaire contre la communautaire des Noirs de Mauritanie notamment les Bambara, Boulbe, Haratin, Soninko et wolof. Selon plusieurs témoignages, beaucoup de nos compatriotes Négro- mauritaniens et Haratine n’ont pas pu se faire recenser à cause de la fausse présomption d’étrangers qui pèse sur eux aux yeux des agents de l’état raciste. Nous dénonçons ces discriminations avérées, tout comme nous protestons vigoureusement contre la composition arbitraire et injustifiée de la commission nationale de recensement. Elle est composée de dix-neuf membres dont dix- huit sont des Beydane et un seul est noir. L’opération de ce recensement, telle qu’elle se déroule, laisse en rade plusieurs franges de la population noire sans aucun recours ne soit possible.
Il y a une forte mobilisation contre le recensement, est –elle une mobilisation qui vous satisfait ?
Mamadou Abdoul SOH: Certes, il est encourageant et motivant si nos appels à manifester connaissent de succès d’un point de vue démographique (nombre de manifestants), car il est incontestable que nos concitoyens viennent de plus en plus massivement à ces rassemblements. Le plus important pour notre collectif n’est pas seulement le nombre de personnes que nous drainons à chaque manifestation, mais aussi et surtout, c’est la prise de conscience des manifestants que leur avenir et celui de leurs enfants est menacés. Le mérite revient à notre collectif composé à la base de 7 partenaires et aujourd’hui nous comptons 15 signataires de la déclaration et le dernier appel à manifester pour le 27/08/2011. Nous avons su mettre de côté nos petites divergences souvent personnelles pour nous consacrer à l’essentiel donc l’unité d’action. Raison pour laquelle, notre coordination s’est agrandie et elle a gagné la confiance de nos compatriotes. Nous travaillons dans de bonnes conditions, à part égale, dans le respect mutuel. J’avoue que l’état d’esprit de tous les partenaires est saint et exemplaire; ceci n’est pas naturellement étranger à la cohésion du collectif et aux déroulements des différentes actions que nous avons eu à organiser. De plus en plus nous mobilisons de monde qui vient de partout en France, car beaucoup de nos compatriotes ont sérieusement bien compris le danger qui les guette à travers ce recensement.
A chaque manifestation, nous enregistrons davantage de manifestants très mécontents et décidés à en découdre avec le régime en place à Nouakchott. Nous avons été aidés aussi par la sortie télévisée de chef de l’Etat le général Mohamed Ould Abdel Aziz sur le plateau sa télévision propagandiste qui en dit long sur le mépris qu’il éprouve en général à l’égard de la communauté noire mauritanienne qui subit des interrogatoires humiliants et irrespectueux et en particulier pour la diaspora mauritanienne qu’il considère comme des Français et surtout non mauritanienne. Beaucoup d’entre nous qui ont suivi cette émission étaient sidérés et déçus par ces propos racistes et infondés de la part du chef de l’Etat
Ce recensement voulu par les autorités Mauritaniennes n’est t-il pas une continuité de la feuille de la route de Maouya Ould Sidi Mohamed Taya pour les même objectifs?
Mamadou Abdoul SOH: Le moins que l’on puisse dire est que ce recensement constitue une nouvelle forme d’épuration ethnique qui vise de nouveau les noirs mauritaniens est mise en branle par le système raciste et chauvin dirigé par le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Nul doute, ce compagnon d’Ould Taya, et complice de la souffrance infligée par son mentor aux Négro-mauritaniens pendant les années de braise, continue à sa façon la dénitrification de la Mauritanie. Certes, les hommes changent, mais le système ignoble et de domination reste bien en place au sommet de l’état. C’est pourquoi, si nous voulons lutter efficacement contre toutes ces atteintes à notre dignité et notre citoyenneté, nous devons consacrer tous nos efforts contre les racines du mal, donc le « système ». La preuve si besoin est, Ould de TAYA est parti, Ely Ould Mohamed VALL est parti, Ould Abdel Aziz est arrivé, qu’est-ce qu’à changer concrètement pour les noirs de Mauritanie ? Les ténors du système changent au sommet de l’Etat, et le malheur de notre communauté s’accentue sous d’autres formes : humiliations et le déni de citoyenneté pour nous rendre des apatrides, donc des sans-droits à défaut de nous déporter de nouveau.
Vous êtes le coordinateur des associations, dans ce cadre avez- vous rencontré les autorités consulaires, si oui qu’est-ce que vous vous êtes dit au juste ?
Mamadou Abdoul SOH : Non, nous n’avons pas rencontré les autoritaires consulaires en tant que collectif. Mais certains de nos partenaires en tant que partis politiques constitués légalement au pays, dans une démarche toute légitime et normale ont rencontré les autorités consulaires pour leur donner leur point de vue, c’est-à-dire exiger l’arrêt pur et simple de cet enrôlement pour des raisons évoquées ci-dessus.
Le Président Mohamed Ould Adel Aziz disait dans sa sortie télévisée que les mauritaniens qui ont la double nationalité perdent leur nationalité mauritanienne ; pensez-vous que cette mesure concerne tous les mauritaniens dans son ensemble ou simplement à la communauté noire de Mauritanie ?
Mamadou Abdoul SOH: Avant cette sortie télévisée, d’aucuns pensaient que cette loi vise tous les mauritaniens sans distinction de race. Mais, les propos qu’il a tenus dans le contexte lève le doute chez ceux qui étaient encore dubitatifs. Il a dit clairement avec toute l’autorité qu’il incarne et le seau de l’Etat au nom duquel il donne l’esprit de ce recensement que ceux qui manifestaient en France, la diaspora mauritanienne, sont des français. Il affirme cela sans hésitation. Ainsi donc, il ne tient pas en compte toutes les irrégularités humiliantes et irrespectueuses dont les noirs en sont les véritables victimes. Le général président reste sourd et inflexible et droit dans ses bottes dans cette entreprise qui vise à nous rendre des étrangers dans notre propre pays.
Beaucoup d’organisations de défense des droits de l’homme mauritaniennes et internationales notamment la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), dénoncent les propos du chef de l’Etat lors de son entretien télévisé qui continue de nier l’existence de l’esclavage en Mauritanie.
Que pouvez- vous dire sur la question de l’esclave en Mauritanie ?
Mamadou Abdoul SOH: L’esclavage est un fléau, un crime contre l’humanité qui continue à nos jours de faire de ravage en Mauritanie avec la complicité avérée de l’Etat et son administration. Selon les estimations récentes, entre six cent mille et huit cent mille mauritaniens et mauritaniennes vivent en état d’esclaves. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, en niant ostensiblement et publiquement l’existence de l’esclavage en Mauritanie, s’est montré indifférent à la souffrance de ces milliers esclaves qui vivent sous le déni total de leur humanité. Pour toutes les personnes éprises de justice, de liberté et d’égalité des races et des hommes et surtout des militants des droits de l’homme l’intervention du chef de l’état est un déni d’extrême gravité inacceptable. La question de l’esclavage est intrinsèquement liée au racisme, là où il y a l’esclavage, le racisme y prospère et inversement. Certains formations politiques et organisations de défense des droits de l’homme membres du collectif prennent au sérieux la question et la combattent et dénoncent dans toutes ses formes. IRA et son président, monsieur BIRAM ABEID OULD DAH sont aujourd’hui à la pointe de l’attaque pour la dénonciation de l’esclavage. Nous saluions, soutenons et encourageons au passage leur courage et détermination dont ils font preuve à Nouakchott. Le combat qu’ IRA mène tous les jours à Nouakchott et les procès qui en découlent témoignent au grand jour que l’esclavage existe en Mauritanie contraire aux propos malveillants et mensongers du chef de l’état.
Quel appel lancez-vous aux autorités Mauritaniennes ?
Mamadou Abdoul SOH: Les objectifs et les visées de ces opérations, avec leur lot d’humiliations en direction des Négros mauritaniens et les harratines dans les centres d’accueil par les agents « dénégrificateurs » de l’état, ont été démasqués. Forts de cela, nous demandons aux autorités mauritaniennes d’arrêter purement et simplement ce honteux projet qui n’a pas sa raison d’être. Notre communauté a trop souffert de racisme d’état, d’exécutions extrajudiciaires, d’assassinats politiques, de déportation, d’exclusion, d’esclavage, expropriation des terres sans parler de l’injustice sociale pour qu’on en rajoute !
Votre dernier mot ?
Mamadou Abdoul SOH: Notre grand frère et camarde Cheickh Ouamr BA aime dire en Pulaar : « aucun malaika ne viendrait mener ce combat à notre place, mais c’est à nous de prendre nos responsabilités individuelles et collectives pour le mener ». Ainsi, nous invitons nos compatriotes qui vivent en Mauritanie et à l’étranger de se mobiliser et rester alertes jusqu’à l’arrêt définitif de cette opération d’enrôlement. C’est à nous de mener ce combat avant de compter sur les soutiens éventuels extérieurs. Au vu de ce qui se manifeste dans nos actions, en Europe, au Canada, aux USA et surtout à l’intérieur de la Mauritanie, la prise de conscience est en marche, donc l’espoir est permis. Nous sommes par ailleurs très gênés en tant que mauritaniens opprimés de constater que nos compatriotes Beydane en Europe ne viennent pas nous soutenir dans cette difficile épreuve qui frappe de nouveau notre communauté. Nous continuons de penser que le seul et principal responsable de cette politique raciste et esclavagiste est l’Etat mauritanien et son régime. En Afrique du sud, à l’apogée de l’apartheid, beaucoup de citoyens sud-africains blancs et afrikaners se sont levés publiquement pour marquer leur opposition contre l’apartheid imposé par l’Etat. Ils ont soutenu physiquement, financièrement, politiquement l’ANC et les Noirs dans leur combat contre le fléau d’apartheid et ce malgré leur position de privilégiés. Certains d’entre eux par leur conscience morale pour ne pas dire devoir moral ont perdu la vie, d’autres ont séjourné en prison en aidant les activistes de l’ANC dans leur combat difficile contre le régime sud-africain, d’aucuns ont élevé et éduqué des enfants orphelins noirs qui sont devenus le symbole de la réconciliation nationale. Nous aimerions sentir le soutien de nos compatriotes Beydanes qui ne se reconnaissent pas à travers ce projet odieux, raciste dont le seul objectif non avoué est de rendre les Noirs apatrides dans leur propre patrie. Devant cette injustice aux conséquences néfastes vis à vis des Noirs de Mauritanie, nous appelons à la conscience citoyenne beydane libre à nous épauler et venir partager nos angoisses et nos inquiétudes nés de ce fameux recensement.
Merci de nous avoir fait un grand honneur de nous exprimer sur votre site !
Propos recueillis par Abou SARR
Source: boolumbal.org
Mamadou Abdoul SOH: Je m’appelle Mamadou Abdoul SOH alias Hamadi SOH, militant des FLAM (Forces de Libération Africaines de Mauritanie). Je participe activement à la vie politique de la section Europe de l’ouest entant que militant de base au sein des comités de base SY-BA-SARR et Abdoul Ghoudouss BA ; mais aussi comme responsable au sein du bureau exécutif local de 2002 à 2011 successivement comme secrétaire à la jeunesse et à la culture, secrétaire à l’organisation, secrétaire aux affaires sociales et humanitaires. C’est à ce titre que j’ai été mandaté par notre section d’entrer en contact avec des associations, partis politiques et diverses organisations mauritaniennes pour bâtir ensemble avec un cadre d’unité d’action. Dans la foulé des réunions préparatoires de la cérémonie de célébration des pendaisons de novembre dernier, j’ai eu l’honneur d’être choisi comme coordinateur du collectif renaissant. Depuis juillet dernier, je suis membre du bureau nation exécutif des Forces de libération Africaines de Mauritanie comme le secrétaire national des relations extérieures.
Depuis le démarrage du recensement le 05 mai 2011 en Mauritanie, le collectif des associations manifeste presque régulièrement. Pouvez-vous dire pourquoi vous manifestez contre le recensement ?
Mamadou Abdoul SOH: Le recensement à vocation d’état civil présenté comme un instrument permettant de doter notre pays d’un fichier moderne et fiable se révèle être un instrument épuratoire identitaire contre la communautaire des Noirs de Mauritanie notamment les Bambara, Boulbe, Haratin, Soninko et wolof. Selon plusieurs témoignages, beaucoup de nos compatriotes Négro- mauritaniens et Haratine n’ont pas pu se faire recenser à cause de la fausse présomption d’étrangers qui pèse sur eux aux yeux des agents de l’état raciste. Nous dénonçons ces discriminations avérées, tout comme nous protestons vigoureusement contre la composition arbitraire et injustifiée de la commission nationale de recensement. Elle est composée de dix-neuf membres dont dix- huit sont des Beydane et un seul est noir. L’opération de ce recensement, telle qu’elle se déroule, laisse en rade plusieurs franges de la population noire sans aucun recours ne soit possible.
Il y a une forte mobilisation contre le recensement, est –elle une mobilisation qui vous satisfait ?
Mamadou Abdoul SOH: Certes, il est encourageant et motivant si nos appels à manifester connaissent de succès d’un point de vue démographique (nombre de manifestants), car il est incontestable que nos concitoyens viennent de plus en plus massivement à ces rassemblements. Le plus important pour notre collectif n’est pas seulement le nombre de personnes que nous drainons à chaque manifestation, mais aussi et surtout, c’est la prise de conscience des manifestants que leur avenir et celui de leurs enfants est menacés. Le mérite revient à notre collectif composé à la base de 7 partenaires et aujourd’hui nous comptons 15 signataires de la déclaration et le dernier appel à manifester pour le 27/08/2011. Nous avons su mettre de côté nos petites divergences souvent personnelles pour nous consacrer à l’essentiel donc l’unité d’action. Raison pour laquelle, notre coordination s’est agrandie et elle a gagné la confiance de nos compatriotes. Nous travaillons dans de bonnes conditions, à part égale, dans le respect mutuel. J’avoue que l’état d’esprit de tous les partenaires est saint et exemplaire; ceci n’est pas naturellement étranger à la cohésion du collectif et aux déroulements des différentes actions que nous avons eu à organiser. De plus en plus nous mobilisons de monde qui vient de partout en France, car beaucoup de nos compatriotes ont sérieusement bien compris le danger qui les guette à travers ce recensement.
A chaque manifestation, nous enregistrons davantage de manifestants très mécontents et décidés à en découdre avec le régime en place à Nouakchott. Nous avons été aidés aussi par la sortie télévisée de chef de l’Etat le général Mohamed Ould Abdel Aziz sur le plateau sa télévision propagandiste qui en dit long sur le mépris qu’il éprouve en général à l’égard de la communauté noire mauritanienne qui subit des interrogatoires humiliants et irrespectueux et en particulier pour la diaspora mauritanienne qu’il considère comme des Français et surtout non mauritanienne. Beaucoup d’entre nous qui ont suivi cette émission étaient sidérés et déçus par ces propos racistes et infondés de la part du chef de l’Etat
Ce recensement voulu par les autorités Mauritaniennes n’est t-il pas une continuité de la feuille de la route de Maouya Ould Sidi Mohamed Taya pour les même objectifs?
Mamadou Abdoul SOH: Le moins que l’on puisse dire est que ce recensement constitue une nouvelle forme d’épuration ethnique qui vise de nouveau les noirs mauritaniens est mise en branle par le système raciste et chauvin dirigé par le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Nul doute, ce compagnon d’Ould Taya, et complice de la souffrance infligée par son mentor aux Négro-mauritaniens pendant les années de braise, continue à sa façon la dénitrification de la Mauritanie. Certes, les hommes changent, mais le système ignoble et de domination reste bien en place au sommet de l’état. C’est pourquoi, si nous voulons lutter efficacement contre toutes ces atteintes à notre dignité et notre citoyenneté, nous devons consacrer tous nos efforts contre les racines du mal, donc le « système ». La preuve si besoin est, Ould de TAYA est parti, Ely Ould Mohamed VALL est parti, Ould Abdel Aziz est arrivé, qu’est-ce qu’à changer concrètement pour les noirs de Mauritanie ? Les ténors du système changent au sommet de l’Etat, et le malheur de notre communauté s’accentue sous d’autres formes : humiliations et le déni de citoyenneté pour nous rendre des apatrides, donc des sans-droits à défaut de nous déporter de nouveau.
Vous êtes le coordinateur des associations, dans ce cadre avez- vous rencontré les autorités consulaires, si oui qu’est-ce que vous vous êtes dit au juste ?
Mamadou Abdoul SOH : Non, nous n’avons pas rencontré les autoritaires consulaires en tant que collectif. Mais certains de nos partenaires en tant que partis politiques constitués légalement au pays, dans une démarche toute légitime et normale ont rencontré les autorités consulaires pour leur donner leur point de vue, c’est-à-dire exiger l’arrêt pur et simple de cet enrôlement pour des raisons évoquées ci-dessus.
Le Président Mohamed Ould Adel Aziz disait dans sa sortie télévisée que les mauritaniens qui ont la double nationalité perdent leur nationalité mauritanienne ; pensez-vous que cette mesure concerne tous les mauritaniens dans son ensemble ou simplement à la communauté noire de Mauritanie ?
Mamadou Abdoul SOH: Avant cette sortie télévisée, d’aucuns pensaient que cette loi vise tous les mauritaniens sans distinction de race. Mais, les propos qu’il a tenus dans le contexte lève le doute chez ceux qui étaient encore dubitatifs. Il a dit clairement avec toute l’autorité qu’il incarne et le seau de l’Etat au nom duquel il donne l’esprit de ce recensement que ceux qui manifestaient en France, la diaspora mauritanienne, sont des français. Il affirme cela sans hésitation. Ainsi donc, il ne tient pas en compte toutes les irrégularités humiliantes et irrespectueuses dont les noirs en sont les véritables victimes. Le général président reste sourd et inflexible et droit dans ses bottes dans cette entreprise qui vise à nous rendre des étrangers dans notre propre pays.
Beaucoup d’organisations de défense des droits de l’homme mauritaniennes et internationales notamment la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), dénoncent les propos du chef de l’Etat lors de son entretien télévisé qui continue de nier l’existence de l’esclavage en Mauritanie.
Que pouvez- vous dire sur la question de l’esclave en Mauritanie ?
Mamadou Abdoul SOH: L’esclavage est un fléau, un crime contre l’humanité qui continue à nos jours de faire de ravage en Mauritanie avec la complicité avérée de l’Etat et son administration. Selon les estimations récentes, entre six cent mille et huit cent mille mauritaniens et mauritaniennes vivent en état d’esclaves. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, en niant ostensiblement et publiquement l’existence de l’esclavage en Mauritanie, s’est montré indifférent à la souffrance de ces milliers esclaves qui vivent sous le déni total de leur humanité. Pour toutes les personnes éprises de justice, de liberté et d’égalité des races et des hommes et surtout des militants des droits de l’homme l’intervention du chef de l’état est un déni d’extrême gravité inacceptable. La question de l’esclavage est intrinsèquement liée au racisme, là où il y a l’esclavage, le racisme y prospère et inversement. Certains formations politiques et organisations de défense des droits de l’homme membres du collectif prennent au sérieux la question et la combattent et dénoncent dans toutes ses formes. IRA et son président, monsieur BIRAM ABEID OULD DAH sont aujourd’hui à la pointe de l’attaque pour la dénonciation de l’esclavage. Nous saluions, soutenons et encourageons au passage leur courage et détermination dont ils font preuve à Nouakchott. Le combat qu’ IRA mène tous les jours à Nouakchott et les procès qui en découlent témoignent au grand jour que l’esclavage existe en Mauritanie contraire aux propos malveillants et mensongers du chef de l’état.
Quel appel lancez-vous aux autorités Mauritaniennes ?
Mamadou Abdoul SOH: Les objectifs et les visées de ces opérations, avec leur lot d’humiliations en direction des Négros mauritaniens et les harratines dans les centres d’accueil par les agents « dénégrificateurs » de l’état, ont été démasqués. Forts de cela, nous demandons aux autorités mauritaniennes d’arrêter purement et simplement ce honteux projet qui n’a pas sa raison d’être. Notre communauté a trop souffert de racisme d’état, d’exécutions extrajudiciaires, d’assassinats politiques, de déportation, d’exclusion, d’esclavage, expropriation des terres sans parler de l’injustice sociale pour qu’on en rajoute !
Votre dernier mot ?
Mamadou Abdoul SOH: Notre grand frère et camarde Cheickh Ouamr BA aime dire en Pulaar : « aucun malaika ne viendrait mener ce combat à notre place, mais c’est à nous de prendre nos responsabilités individuelles et collectives pour le mener ». Ainsi, nous invitons nos compatriotes qui vivent en Mauritanie et à l’étranger de se mobiliser et rester alertes jusqu’à l’arrêt définitif de cette opération d’enrôlement. C’est à nous de mener ce combat avant de compter sur les soutiens éventuels extérieurs. Au vu de ce qui se manifeste dans nos actions, en Europe, au Canada, aux USA et surtout à l’intérieur de la Mauritanie, la prise de conscience est en marche, donc l’espoir est permis. Nous sommes par ailleurs très gênés en tant que mauritaniens opprimés de constater que nos compatriotes Beydane en Europe ne viennent pas nous soutenir dans cette difficile épreuve qui frappe de nouveau notre communauté. Nous continuons de penser que le seul et principal responsable de cette politique raciste et esclavagiste est l’Etat mauritanien et son régime. En Afrique du sud, à l’apogée de l’apartheid, beaucoup de citoyens sud-africains blancs et afrikaners se sont levés publiquement pour marquer leur opposition contre l’apartheid imposé par l’Etat. Ils ont soutenu physiquement, financièrement, politiquement l’ANC et les Noirs dans leur combat contre le fléau d’apartheid et ce malgré leur position de privilégiés. Certains d’entre eux par leur conscience morale pour ne pas dire devoir moral ont perdu la vie, d’autres ont séjourné en prison en aidant les activistes de l’ANC dans leur combat difficile contre le régime sud-africain, d’aucuns ont élevé et éduqué des enfants orphelins noirs qui sont devenus le symbole de la réconciliation nationale. Nous aimerions sentir le soutien de nos compatriotes Beydanes qui ne se reconnaissent pas à travers ce projet odieux, raciste dont le seul objectif non avoué est de rendre les Noirs apatrides dans leur propre patrie. Devant cette injustice aux conséquences néfastes vis à vis des Noirs de Mauritanie, nous appelons à la conscience citoyenne beydane libre à nous épauler et venir partager nos angoisses et nos inquiétudes nés de ce fameux recensement.
Merci de nous avoir fait un grand honneur de nous exprimer sur votre site !
Propos recueillis par Abou SARR
Source: boolumbal.org
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