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dimanche 28 août 2011

SOS Abbere vous propose ci-dessous une interview exclusive de Mr Diko Hanoune, secrétaire général de l’AHME

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Mardi, 09 Février 2010 02:49
SOS Abbere vous propose ci-dessous une interview exclusive de Mr Diko Hanoune, le secrétaire général de l’AHME, l’association des Haratines de Mauritanie en Europe. Après l’interview de Kaaw Touré, nous avons jugé intéressant de s’entretenir avec Diko Hanoune. Nous espérons que ses réponses peuvent, à bien des égards, apporter un éclairage nouveau sur certains problèmes récurrents en Mauritanie.


SOS Abbere : L’AHME existe depuis 2001, quel a été l’élément déclencheur de la création de l’AHME et quelles sont les personnes qui sont à l’origine de votre association ?


Diko Hanoune : «  D’abord, je vous remercie infiniment de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer dans vos colonnes.
L’élément déclencheur de la création de l’association des haratines de Mauritanie en Europe est lié aux faits que les haratines vivent dans des conditions lamentables qui ne préoccupent guère nos différents gouvernements.
Mohamed Yahya Ould Ciré et moi-même nous nous sommes réunis pour mettre en place cette association  non seulement pour dénoncer l’esclavage mais aussi la complicité de l’état Mauritanien au plus haut niveau.
Un constat s’impose avant la création d’A.H.M.E, il n’existait pas  une réelle structure proprement dite qui représentait les haratines à l’extérieur, or, toutes les autres composantes du pays en possédaient.
Nous ne pouvons  rester les bras croisé face au mépris qui frappe le hartani ou la hartania  au quotidien dans l’indifférence totale. Je pense que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Nous sommes victimes de l’esclavage et du racisme du fait de notre descendance haratine, personne n’est  mieux placé que nous pour expliquer au monde cette réalité cachée à l’opinion internationale en Mauritanie et l’horreur de  réduire une personne à l’état d’animal.
Nous savons tous que la presse Mauritanienne fait très peu d’échos sur cette question d’esclavage pour ne pas dire tout simplement qu’elle l’occulte, donc il était impératif de créer cette association pour parler de l’esclavage en Mauritanie sans tabou. »

SOS Abbere : Pouvez-vous nous en dire plus sur les objectifs, les actions et les finalités de l’AHME, avec des exemples précis de votre choix ?

Diko Hanoune :
« - Abolition de l'esclavage en Mauritanie.
- Éradication du phénomène dans toutes ses manifestations.
- Dénoncer les esclavagistes et la complicité de l'Etat Mauritanien.
- Sensibiliser l'opinion européenne, africaine et internationale sur cette question.

Les finalités :
-Émancipation et libération des Haratine (esclaves) de Mauritanie.
-Bâtir un état de droit fondé sur l'égalité, la justice et le respect mutuel entre les trois communautés que sont : les Maures, les Negro-mauritaniens et les Haratine. »
SOS Abbere : L’esclavage moderne des Haratines en Mauritanie est un sujet tabou qui a fait couler beaucoup d’encre, quels sont les différents obstacles rencontrés sur votre route ?
Diko Hanoune : « Nous ne  considérerons pas l’esclavage, subit par les haratines en Mauritanie comme étant moderne. D’ailleurs il n’existe pas une bonne expression pour adoucir la souffrance des milliers de victimes de cette barbarie inhumaine qui perdure au 21ème siècle.
L’esclavage est pratiqué sous sa forme antique, brute et cruelle en Mauritanie. Les maitres disposent de leurs esclaves comme ils veulent sans jamais être inquiétés par les autorités qui sont complices.
Les obstacles majeurs qui empêchent l’évolution vers une réelle abolition de l’esclavage viennent tous de l’état Mauritanien. L’administration et les autorités judiciaires refusent systématiquement de poursuivre les esclavagistes. Nous remarquons qu’il est extrêmement difficile pour une victime de déposer plainte. Les plaintes des victimes sont souvent sorties du contexte de l’esclavage. »

SOS Abbere : Votre journal « le cri du Hartani » a pour but de produire une actualité sur les formes d’esclavagisme et de discrimination subies par les populations Haratines, sur quelles sources vous basez vous ?


Diko Hanoune : « Le cri du hartani est basé sur des témoignages et des informations recueillies sur le terrain. Il répond à un besoin fondamental, celui d'évoquer les multiples problèmes que vivent les Haratines en Mauritanie.
Nous disposons des nouvelles technologies pour nous informer comme tout le monde. Il est important de souligner que c’est le premier journal dédié uniquement à la cause des victimes de l’esclavage en Mauritanie.
Désormais les victimes peuvent s’exprimer librement sans être censurées ni voir leurs propos déformés. Il n’est pas aisé pour un militant abolitionniste d’obtenir la publication d’un article sur l’esclavage pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur cette question dans les colonnes d’un journal Mauritanien.
Nous avons mis aussi le site :www.haratine.com en ligne pour renforcer le cri du hartani. »

SOS Abbere : Un bilan de l’esclavage est difficile à établir en Mauritanie, que pensez-vous  de l’état actuel de la lutte contre l’esclavage au niveau  national ?

Diko Hanoune : « Le bilan est plutôt négatif, la lutte contre l’esclavage n’a jamais été une priorité pour nos différents chefs d’état et gouvernements. Nous ne parlons même pas de nos élus qui sont plus préoccupés par leurs poches qu’autre chose.
Il n’y a qu’en Mauritanie où les élus votent des lois qui ne seront jamais appliquées. Nous pouvons déduire du fait que les élus qui ont voté la dernière loi contre l’esclavage n’étaient pas déterminés à mettre fin à l’esclavage. Ils l’ont fait juste pour la consommation de l’extérieur c’est tout. Nous avons entendu certains députés niés l’existence de l’esclavage juste après le vote de la loi. »


SOS Abbere : La situation des Haratines fait l’objet de beaucoup d’études, que pensez-vous de la place que prend cette lutte dans les enjeux politiques du pays ?


Diko Hanoune : « On parle des haratines que pendant les élections. Les haratine ne pèsent pas lourd sur les enjeux politiques, faute de  prise de conscience de la masse populaire.
Nous constatons que les haratines sont discriminés dans tous les domaines. En Mauritanie, vu l’ampleur du trafic d’influence, la corruption et le marchandage autour des élections, seul ceux qui ont les poches pleines peuvent gagner une élection. Je rêve et j’ai hâte de voir la prise de conscience de la communauté haratine afin qu’ils puissent élire des gens qui s’occuperont sérieusement d’eux comme ce fut le cas des sud-africains. »

SOS Abbere : Au regard des derniers événements politiques, notamment le discours sur « le passif humanitaire » du Général Ould Abdel Aziz, pensez-vous qu’il y’a une chance que l’esclavage disparaisse complètement de la Mauritanie ? 

Diko Hanoune : « Sans aucune chance de me tromper, Ould Abdel Aziz ne fera aucun effort pour combattre l’esclavage et le racisme en Mauritanie. Il n’a même pas parlé de ce problème depuis qu’il s’est hissé par la force au sommet de l’état. S’il parle du passif humanitaire aujourd’hui, c’est pour tromper les veuves et les orphelins. Nous sommes habitués aux discours fleuves sans suite ni effets. »


SOS Abbere : L’AHME bénéficie-t-elle de partenariats spécifiques avec d’autres associations œuvrant dans le même combat ? Et quel type de rapports entretenez-vous avec les FLAM ?

Dick Hanoune : « Nous sommes sollicités  par ceux qui s’intéressent à  l’esclavage en Mauritanie et nous apportons notre contribution afin de pousser l’état Mauritanien à respecter les accords et conventions ratifiés.
Personnellement j’ai beaucoup du respect pour les FLAM qui luttent sans relâche depuis des années contre le racisme d’état malgré que cela se soit passé dans la douleur et le sang.
Les rapports que nous avons avec les FlAM sont faciles à deviner. Nous combattons tous ensemble le racisme dont nous sommes victimes, les FlAM sont un mouvement politique et A.H.M.E est une association qui combat le racisme et l’esclavage. »


SOS Abbere : Nous pouvons observer une divergence de points de vue dans les différentes associations d’Haratines, dont certaines qui adoptent un discours plus modéré, à quel niveau se place l’AHME, et que pensez-vous de ceux qui ont travaillé avec les régimes en place à Nouakchott ?


Diko Hanoune : « Les objectifs énumérés ci-dessus sont à atteindre sans concession.
Vous savez dans chaque lutte de libération nous sommes confrontés à une collaboration active d’un petit groupe d’individus restreint qui pour des intérêts mercantiles s’associent avec l’adversaire. Je tiens à vous rassurer de ce côté-là nous avons la conscience tranquille et nous assumons pleinement notre responsabilité.
Ceux qui ont collaboré avec les différents régimes qui se sont succédés à Nouakchott  n’ont rien fait pour la communauté haratine qu’ils disent représenter. Beaucoup des gens ont utilisé la cause des haratine pour se tailler une place au choix dans les différents gouvernements corrompus que nous connaissons. »


SOS Abbere : Pensez-vous l’Etat mauritanien capable, d’adopter une politique d’intégration sociale juste et égalitaire concernant ce groupe social ?


Diko Hanoune : « Quand on veut, on peut, il suffit d’être armé par une réelle volonté pour pouvoir combattre les inégalités dans un état de droit. Malheureusement cela manque cruellement chez nous. »


SOS Abbere : En ce qui concerne la conférence qui se tiendra le 6 mai prochain en France, serez vous présent, et pensez-vous que de telles initiatives peuvent changer la donne par rapport à cette situation en Mauritanie ?


Diko Hanoune : « J’aimerai bien être présent à cette conférence mais malheureusement je ne parviendrai pas à me libérer pour des raisons professionnelles mais je suis en contact avec les organisateurs en permanence. Bien évidement se sont ces genres d’actions qui pousseront l’état Mauritanien à revoir sa position qui est basée sur l’hypocrisie. »


SOS Abbere : L’esclavage sévit dans d’autres pays que la Mauritanie, pouvez vous nous en dire plus, quel est votre rôle à ce niveau ?


Dicko Hanoune : « Nous sommes solidaires avec toutes les victimes de l’esclavage où qu’elles se trouvent. Nous soutenons tous ceux qui luttent pour la libération des esclaves dans le monde quelque soit leur race, religion ou couleur de la peau. »


SOS Abbere : Pensez-vous  obtenir des résultats satisfaisants en restant en Europe loin du terrain de bataille ?


Diko Hanoune : « Nous sommes conscients des résultats obtenus malgré nos faibles moyens face à un  état qui refuse d’assumer sa responsabilité. Nous sommes loin du terrain physiquement, mais nos efforts sont visibles par tous sur le champ de la bataille. Nous savons que les autorités Mauritaniennes ne nous donneront pas la moindre liberté si  l’occasion se présente à eux. »

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