Treize militants de l’IRA-Mauritanie sont toujours détenus par la Police, a annoncé dimanche, à l’après-midi, Birame Ould Dah Ould Abeid, trois jours après son agression. « Ils sont dans des conditions d’arrestation très difficiles. Ils sont torturés parce que la police veut les extraire de faux témoignages contre moi et contre l’IRA-Mauritanie », a révélé le président de l’IRA-Mauritanie, lors d’une conférence de presse.
Pour rappel, ces militants avaient pacifiquement occupé la Brigade Spéciale chargée des mineurs en conflit avec la loi à la suite de la libération sous contrôle judiciaire de la présumée esclavagiste Aicha Mint Saibott. Celle-ci a été inculpée par le juge d’instruction pour « tentatives de pratiques esclavagistes » sur une fillette de 10 ans, Oueichita Mint Hamadi.
« C’est indécent et incohérent car Aicha Mint Saibott continue à nier l’existence de cette fillette. C’est une présumée criminelle de très mauvaise foi qu’on ne peut pas mettre en liberté. La vie d’Oueichita Mint Hamadi est en danger parce qu’Aicha Mint Saibott peut l’éliminer », déclare Birame Ould Dah Ould Abeid.
Suffisant pour lui d’assurer que dorénavant, pour blanchir chaque esclavagiste, il faudra compter avec les militants de l’IRA-Mauritanie qui vont donner leur âme et leur corps pour refuser l’impunité.
« Nous sommes prêts au sacrifice. Nous sommes prêts à retourner dans les hôpitaux, à aller en prison et même à mourir », a-t-il lancé.
Ould Abdel Aziz « m’a tout proposé »
Durant cette conférence de presse, Birame Ould Dah Ould Abeid n’a pas du tout été avare en révélations et confidences. L’heure semblait venue pour lui de faire tomber le masque et de dire tout. Dans la foulée, il affirmera que Mohamed Ould Abdel Aziz aurait tenté, à plusieurs reprises, de le coopter, de le corrompre et de l’attirer.
« Lui, il sait qu’il ne peut pas me tromper. C’est pourquoi, il a utilisé les gros moyens pour m’éliminer et notre mouvement. Il m’a proposé des postes ministériels. Il m’a tout proposé. Mais, il n’a pas pu. La mobilisation de plus en plus forte de l’IRA-Mauritanie et l’engouement que nous suscitons auprès du peuple mauritanien, des organisations internationales et des grandes démocraties inquiètent Mohamed Ould Abdel Aziz », a déclaré le président de l’IRA-Mauritanie.
« Mohamed Ould Abdel Aziz a peur de l’IRA qui est un mouvement irréductible qui vise la refonte de la société mauritanienne. Il sait que notre mouvement n’acceptera aucune concession », a-t-il ajouté.
Levée de boucliers
Birame Ould Dah Ould Abeid est revenu sur les propos de Mohamed Ould Abdel Aziz sur l’esclavage qui semblent l’avoir irrité jusqu’à la moelle des os. Mais, ce qui a davantage fait sursauter Birame Ould Dah Ould Abeid, c’est lorsque le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz affirme que son organisation serait mal placée pour porter la lutte contre l’esclavage puisqu’elle n’a jamais déposé une demande de reconnaissance.
Pour balayer d’un revers de la main les propos de Mohamed Ould Abdel Aziz et convaincre l’opinion publique, Balla Touré montera au créneau pour expliquer que l’IRA a tenu son assemblée générale constitutive le 21 mai 2010.
Il ajoute : « Le 24 mai 2010, une lettre a été adressée au Ministère de l’Intérieur par le biais du Hakem d’El Mina. Celui-ci a diligenté une enquête de moralité auprès du commissariat d’El Mina 1. A l’issue de cette enquête de moralité par laquelle tous les membres du Bureau sont passés, le Hakem d’El Mina a adressé une lettre au Ministère de l’Intérieur le 27 mai 2010 et la lettre portait le numéro 32. Le Hakem d’El Mina a transmis notre dossier par le biais de la Wilaya de Nouakchott. Le 15 juin 2010, notre dossier a été enregistré au Secrétariat Central du Ministère de l’Intérieur sous le numéro 2325. Le 17 juin 2010, la lettre est arrivée à la direction des affaires politiques et des libertés publiques. Le dossier a été enregistré sous le numéro 2740″.
Depuis vendredi, un comité de soutien aux détenus de l’IRA-Mauritanie a été mis en place. Déjà, des personnalités de la société civile à l’image d’Aminétou Mint El Moktar s’élèvent pour condamner l’agression contre Birame Ould Dah. La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) a exprimé sa crainte de voir la Mauritanie s’orienter vers l’application du camouflage des cas d’esclavage.
« Cela s’est manifesté dans le discours de Mohamed Ould Abdel Aziz qui a publiquement nié l’existence de l’esclavage en Mauritanie. Cela ne fait que renforcer ce que fait l’administration policière et judiciaire », a-t-elle déclaré en marge de la conférence de presse de l’IRA-Mauritanie.
Babacar Baye Ndiaye
« Il n’y a pas d’esclaves en Mauritanie »
Le fait de parler de l’esclavage pour en faire une monnaie d’échanges ne marche plus, a déclaré vendredi soir le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz.
« Il y’a des dossiers qui ne sont plus payants. Si, cela a marché de par le passé, cela ne marche plus. Peut-être que cela peut marcher à l’extérieur où les gens ne connaissent pas ce qui se passe en Mauritanie », s’est exprimé Mohamed Ould Abdel Aziz, lors d’un face-à-face avec le peuple mauritanien transmis en direct sur la Télévision de Mauritanie (TVM).
Le Président de la République s’est refusé de condamner l’agression jeudi soir contre Birame Ould Dah Ould Abeid et des militants de l’IRA-Mauritanie qui occupaient la Brigade Spéciale chargée des mineurs en conflit avec la loi. Ils protestaient contre la libération d’Aicha Mint Saibott qu’ils accusaient de « pratiques esclavagistes » sur une fillette de 10 ans, Oueichita Mint Hamadi. Selon Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est le Président de l’IRA-Mauritanie et ses militants qui auraient déclaré la guerre à la Police et la famille d’Aicha Mint Saibott.
« L’Etat est là pour protéger tous les citoyens et même les criminels, nous les protégeons », a-t-il affirmé.
« Il n’y a pas d’esclaves en Mauritanie. Nous sommes tous égaux devant la loi. Ce problème d’esclavage n’existe plus. On ne peut pas quand même continuer à jouer sur le passé, la misère. Je sais qu’il y’a parfois des gens qui vivent dans la misère ou qui sont dans le besoin. Mais, ce n’est pas une raison d’être leur porte-parole », a-t-il poursuivi.
« Cherchez à aller à l’extérieur pour s’apitoyer, ce n’est pas sérieux cela, s’est indigné le Président de la République. Les choses se passent en Mauritanie. Les problèmes, on les règle ici. S’il y’a des esclaves, en tout cas moi, je ne les vois pas. Je suis sûr que cela n’existe que dans l’esprit de celui qui veut les créer pour des raisons qui lui sont très personnelles. »
Babacar Baye Ndiay
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