Qui l’eut cru, au moment où le déni officiel de l’esclavage fait obstacle à la lutte contre ce phénomène, des responsables mauritaniens s’adonnent à ce crime contre l’humanité avec une totale impunité. Ainsi dans le cadre d’une visite effectuée en France, Birame Dah Abeid Président de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA) a mis la main sur un gros poisson. Un diplomate mauritanien est soupçonné d’être responsable d’une exploitation de nature esclavagiste sur une fille dont il aurait falsifié l’identité et ce à Paris même.
« L’esclavage mauritanien est transposé en France terre des droits de l’homme. L’esclavage traditionnel, c’est-à-dire par ascendance par des responsables mauritaniens », martèle Biram dans un entretien qu’il nous a accordé. Et il regrette « la persistance de l’esclavage en Mauritanie comme mode de vie ».
A cet effet, une personnalité religieuse saoudienne a émis une fatwa pour demander à tous ceux qui auraient commis des péchés d’acheter des esclaves en Mauritanie et de les affranchir. « Cette déclaration en dit long sur la pratique esclavagiste et le trafic des esclaves entre la Mauritanie et les pays du Golfe », « l’imam a même, dans sa prédication, indiqué le prix de l’esclave, ce qui prouve qu’ils sont habitués à ce genre de transaction en complicité avec les autorités religieuses mauritaniennes », ajoute t-il. En effet, la lutte contre l’esclavage fait face à de nombreux défis.
D’abord ceux qui sont sensés appliquer la législation trouvent un malin plaisir à s’adonner à cette pratique, ensuite l’arsenal juridique est très obsolète en plus de l’impunité ou même de l’immunité devrais-je dire des esclavagistes entre autre. Il faut noter que ce prêche qui fait l’apologie de l’esclavage comme l’affirme Birame Dah « met à nu l’hypocrisie et le mensonge des autorités mauritaniennes car la Fatwa dudit imam a été retransmise à la Radio Nationale ». Force est de constater que les dirigeants mauritaniens ne sont pas encore prêts à combattre l’esclavage.
La lutte contre l’esclavage se heurte aux rouages traditionnels du pouvoir central et l’influence des autorités religieuses. Ainsi tantôt, il est question de combattre l’esclavage, tantôt ses séquelles, une ambigüité qui montre la mauvaise foi des autorités mauritaniennes. Au moment où la lutte pour la liberté et l’égalité se fait de plus en plus pressante, une grande partie de la population mauritanienne n’est même pas encore sujet de droit, car réduite en qualité de propriété. C’est pourquoi la pratique esclavagiste fait des ravages et face au manque de volonté ou même de la complicité du régime, il importe de prendre le problème à bras le corps.
Face au nouveau cas d’esclavage soumis à l’IRA, ces derniers ne lésinent pas sur les moyens par rapport au rassemblement des preuves pour pouvoir ester en justice. D’ailleurs c’est dans cette optique que le présumé esclavagiste aurait eu vent des informations des actions que compte mener IRA en France pour le faire inculper qu’il aurait pris la fuite amenant avec lui la fille. Loin de se décourager, Birame Dah Abeid, affirme qu’ils mèneront en Mauritanie « toutes les investigations nécessaires pour faire la lumière sur cette affaire qui ternit l’image de la Mauritanie plus qu’elle ne l’a été jusque là, afin de fournir des éléments de preuve aux autorités judiciaires françaises et mauritaniennes ».
Birame finit par lancer un vibrant appel aux partenaires mauritaniens pour qu’ils mettent tout en œuvre afin d’envisager des sanctions contre l’Etat mauritanien pour « déconstruire la gouvernance esclavagiste en Mauritanie ».
Synthèse de BA Youssouf et BA Tidjane
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire