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dimanche 15 avril 2012

Mauritanie : La responsabilité de certains nationalistes arabes dans les pogromes 89-90 (Omar Ould Béjà)



" Aqlame " et l’Initiative Mauritanienne pour l’Unité Nationale et la Paix Civile ont organisé, samedi dernier, une rencontre-débat sur les évènements de 1989. C’était la manière pour les deux institutions de commémorer le vingt-troisième anniversaire des tragiques tensions mauritano-sénégalases, devenues une véritable tragédie nationale dans les deux pays.
Les conférenciers ont rappelé que la Mauritanie était la principale victime de ces évènements qui ont causé un véritable drame humain devenu une psychose généralisée traumatisant encore la plupart de nos populations, aussi bien celles qui ont été maltraitées au Sénégal que celles opprimées et " génocidées ", déportées ou poussées à l’exil par leur propre gouvernement.
Les intervenants sont longuement revenus sur la genèse des évènements, leurs conséquences et la gestion de la tragédie. Là, une intervention du ministre Isselmou Ould Abdel Kader, Inspecteur au Ministère de l’Intérieur à l’époque, a suscité beaucoup de débats. Répétant ce que toute la Mauritanie sait depuis plus de vingt ans, Ould Abdel Kader s’est vu attirer la foudre de certains nationalistes arabes présents, notamment le " transversaliste " El Khalil Ould Teyib qui a nié l’implication du courant nassériste dans les évènements.
Voulant absoudre son mouvement chauvin et raciste dont les administrateurs, les officiers militaires, responsables de la police et autres magistrats s’étaient cruellement illustrés comme chantres de la dénégrification en 1989, Ould Teyib a juste indexé un seul parmi les nasséristes, son cousin, MLSOD, responsable des purges et déportations au Trarza et au Brakna. Il poussera le cynisme jusqu’à dire que les exactions commises sous les ordres de ce sinistre personnage étaient limitées et respectueuses des droits de l’homme. Qu’il demande aux populations noires, surtout peulhes du Trarza, de Rosso à R’Kiz ! Qu’il pose une seule question aux milliers de bergers peulhs et paysans du Brakna sur les " faits " de cet homme ! Qu’il se renseigne sur le camp de " concentration " d’Al Azlat et du mouroir de Bouhdida " vidés " par Isselmou Ould Abdel Kader quand il fût nommé au Brakna pour atténuer de la cruauté de MLSOD !
Ould Teyib dira que son cousin et par ailleurs son allié politique de tous les temps à Guerrou (jusqu’à la rupture de Ould Teyib avec Ould Taya en 1996) de n’avoir jamais été nassériste. Soit !Mais, que dira Ould Teyib devant les témoignages accablants et encore vivaces de l’histoire ? Que répondra-t-il à ceux qui ont vu des chefs nasséristes, à l’époque syndicalistes assez bien haut placés à la tête de l’UTM convoyant des camionnettes, réquisitionnant des milices de victimes de l’esclavage et armant des excités de la propagande ethnicidaire de gourdins et de barres pour sévir contre de paisibles citoyens ? Ose-t-il nier que le jour le plus sanglant de l’histoire de Nouakchott, deux camionnettes encadrées par des nasséristes suivaient les auteurs du pogrom dans les rues en les ravitaillant en eau, en pain et en cigarettes et tabac sous le regard bien veillant d’une unité de gendarmerie que dirigeait un officier supérieur aujourd’hui bien placé à la tête de la hiérarchie de ce corps ? Que dira Ould Teyib à tous ceux qui ont été les victimes encore vivantes de personnes qui se sont activées, de longues années durant, à l’ombre des leaders nasséristes connus pour être l’âme du diable qui a habité le corps du système ?
Et pourquoi Ould Teyib et les autres nationalistes arabes, alliés des forces tribales et autres racistes obscurantistes, sont piqués au vif dès que l’on évoque les responsabilités dans les exactions de 89 et les meurtres de masse dans les casernes en 90 et 91 ? S’ils n’ont rien à se reprocher, en tant qu’individus, groupuscules ou organisations, pourquoi n’accepteraient-ils pas que des commissions d’enquête soient formées et les portes ouvertes devant les victimes de porter plainte contre X et l’Etat pour exactions et violations de droits ?Il est bien bon de faire endosser à Ould Taya tous les péchés d’Israël, mais il faut que chacun sache assumer sa part de responsabilité dans la tragique page sanguinaire de l’histoire de la Mauritanie afin que tous ceux qui ont écrit le macabre à l’encre du sang et des larmes puissent répondre de cette forfaiture qui nous hante tant.
Tous les témoignages s’accordent à le dire : les nationalistes arabes, surtout les nassériens, épaulés par des éléments baathistes dans l’appareil, notamment le chef de la mission diplomatique mauritanienne à Dakar, endossent une grande responsabilité dans ce qui s’est passé à l’époque. Le reste n’est que supercherie et propagande. Et pour preuve, ils ont saboté l’insertion, la réintégration et l’indemnisation des Mouçafarines de 89 et torpillent, aujourd’hui encore, le processus de réintégration et de réinsertion des réfugiés rentrés au pays. Leur mainmise sur tous les leviers de commande dans l’administration, l’armée, la police, la justice, l’information et le système éducatif demeure intacte. Tant que telle sera la situation, la Mauritanie restera prisonnière de ses démons !

Amar Ould Béjà.lauthentic.info

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