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Guerre de leadership haratine : Qui prendra la relève?
Longtemps leader incontesté de la lutte pour l’émancipation des haratins, Messaoud Ould Boulkheir, redoutable combattant de cette cause, avait gravi tous les échelons politiques pour se hisser au perchoir de l’assemblée Nationale.Avec le temps et l’âge mais aussi le contexte socio -politique, son leadership est désavoué tant au sein de son parti (APP) qu’en dehors de cette formation politique.De jeunes haratins, « aux dents fourchues » le trouvent ramolli et trop compatissant à l’égard du pouvoir ou du système politique. Premier gouverneur puis ministre haratins, Messaoud Ould Boulkheir est de ceux qui ont les pionniers de la contestation politique pour la cause haratin et contre le pouvoir dictatorial d’Ould Taya. Une lutte acharnée menée tant au sein du mouvement El Hor qu’avec le FDUC à la veille de l’ouverture démocratique. Résolument engagé dans l’opposition, Ould Boulkheir constituait un espoir de changement pour la frange haratine de la population et même pour d’autres opprimés ou oubliés de la République (notamment des négro-africains). Tant à l’UFD, à AC qu’à l’APP, Ould Boulkheir a symbolisé la lutte contre l’oppression et l’injustice. Ses discours enflammés galvanisaient un public largement acquis à la cause défendue, et ses fréquents séjours carcéraux avaient fini par forger en lui l’image d’un grand leader au-delà même des frontières mauritaniennes. Toutefois, depuis son deal avec des nasséristes pour intégrer et diriger APP puis son soutien à Sidi Ould Cheikh Abdellahi pour occuper la Présidence de l’Assemblée nationale, lors de la présidentielle de 2007, les choses ont semblé se corser pour lui. C’est d’abord Ibrahima Sarr qui quittera APP pour sa ligne politique devenue ambiguë bien avant cette présidentielle puis après le départ de Sidi et l’arrivée de Ould Abdel Aziz, des cadres de son parti ont commencé à contester ses prises de positions. Il faut dire qu’entre temps ce leader politique, au franc parlé déconcertant et si proche des couches haratines les plus démunies, avait cédé la place au 3e personnage de l’Etat : mercedez de fonction, imposante villa, garde rapprochée, costumes taillés sur mesure, voyage en première classe etc. La toute nouvelle puissance et les privilèges aidant auraient coupé Messaoud de sa base selon certains. Mais c’est surtout son récent rapprochement avec le Président Aziz qui poussera à une fronde interne à l’APP. Samory Ould Beye et Mohamed Ould Borboss entre autres le désavouent sans ambages. Ils et ont crée un comité de crise au sein de son parti. Le vieux lion est dépeint par ses détracteurs comme un nouveau bourgeois éloigné de sa base et prêt à tout pour conserver ses privilèges. Ses fidèles continuent à l’aduler.
Il faut noter également qu’entre temps, une autre figure haratine a fait une entrée tonitruante dans l’arène politique : il s’agit de Biram Ould Abeid. Les discours tant engagés de Ould Boulkheir passeraient pour des poèmes lyriques d’un jeune amoureux à coté des sorties très enflammées de Biram . Plus de tabous, ce jeune qui se veut apolitique, attaque de plein front le pouvoir et surtout un « système esclavagiste en Mauritanie ». Son discours est résolument plus engagé ; mieux il n’hésite pas à défier le pouvoir, ce qui lui a même valu un séjour en prison. Aujourd’hui quand on parle d’esclavage et d’émancipation des haratines, c’est le nom du benjamin de Boubacar Ould Messaoud, Biram , qui est cité en premier. Les Somory Ould Bèye, Messaoud Ould Boulkheir paraissent déphasés. Cette soudaine notoriété ne va pas sans causer ces dommages. D’un coté le pouvoir cherche par tous les moyens à combattre et discréditer un Biram Ould Dah très encombrant mais même le comité de crise de l’APP l’accuse tantôt de rouler pour les Flam tantôt pour la classe conservatrice du système.
Au-delà de ces clivages politiques ou de luttes pour un leadership, les haratines montrent qu’ils sont désormais une force montante.
Seydi
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