Les livres qui ont été brûlés, vendredi dernier, comportent beaucoup de paragraphes de ce que nous pouvons appeler la jurisprudence du faux, ce fiqh qui fonde l’esclavage et les pratiques similaires qui sont à l’antipode de la vraie religion et qui sont à l’origine même de cette relation verticale qui gère la société mauritanienne et qui se prononcent sur des fléaux qui la gangrènent, tels que l’adultère (zina), l’ignorance et la nudité.
Venons-en au fait, en parcourant rapidement des extraits de ces livres qui ont été, symboliquement, brûlés (Moukhtassar Khalil), et qui se trouvent dans toutes les bibliothèques traditionnelles du pays et que des mauritaniens récitent tous par cœur, prenons quelques exemples de cet exégèse confondu, à tort, par certains, à la religion, malgré qu’il entretient une propédeutique éloignée de la vraie foi.
Dans ce livre que l’on voudrait « référence » à tout, on lit à la page 32 : « la femme esclave ne doit pas cacher son corps, contrairement à la femme libre, mais si son maître la possède et trouve un enfant avec elle, même sans mariage, elle doit se comporter comme les femmes de « bonne extraction » (se couvrir).
Ainsi, l’on permet au maître, à travers cette « législation » de disposer de son esclave comme il veut, car c’est son bien, « sa chose ». Le summum de cette aberration se trouve être l’autorisation faite au maître de coucher son esclave, même quand elle est mariée ; et ce, même devant son époux de même condition qu’elle !
A la page 118 de cette propédeutique clairement avilissante, il est dit que le maître peut, à tout moment, prononcer la nullité du mariage de son esclave (homme ou femme), s’il veut le ou la vendre par exemple. Dans Khalil, le maître peut castrer son esclave pour qu’il s’assure qu’il n’aura pas de rapports avec sa maîtresse. Les mêmes craintes d’être cocu par son propre esclave poussent les maîtres à n’acheter, comme esclaves de tente, que des « hommes » laids !
A la page 321 , il est dit que le maitre peut affranchir une partie de son esclave (le quart, la moitié, quelques jours) . Pour ce qui est des affranchis (Elmewali), ils restent dans la lignée du maître pour grossir le nombre de la tribu. Dans Khalil, il est dit que le djihad (guerre sainte) est l’une des sources de l’esclavage, ce qui est une contradiction flagrante avec le Coran (imma mnnoun we imma vidaa).
L’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA - Mauritanie) se rend compte de la contradiction qui se trouve entre ces exégèses et le Coran, la Sunna du Prophète (PSL), dont « El mouwataa », qui est le seul livre écrit par Malik Ibnou Eness, trouve en l’incinération de ces copies l’expression de son indignation et de son amertume, surtout quand un pseudo savant Saoudien propose à ses compatriotes de venir acheter des esclaves en Mauritanie, et que cela ne provoque aucune réaction chez ceux qui marchent aujourd’hui dans les rues de Nouakchott, comme si une personne, soit-elle esclave, est moins importante que du papier !
Ceci dit, nous avons été interpellés sur la gravité de l’erreur commise par cet acte d’incinération, et cela à travers des amis et militants de bonne foi. Le fait aussi que l’intention recherchée n’était point de blesser l’amour-propre des musulmans,
Pour toutes ces raisons, le Bureau exécutif déclare :
- Regretter le mal commis par l’acte d’incinération que nous assumons du reste. Il s’agit d’une erreur de parcours, conséquence du reste de plusieurs années de déception de voir que toute une société, basée sur l’injustice et l’inégalité, se refuse à changer, en allant dans le bon sens de l’égalité entre tous ses membres.
- Exprime notre disponibilité à soutenir un débat sur cette question et sur ces livres que nous pensons être porteurs de préjudice à la religion musulmane même.
Le Bureau Exécutif
Nouakchott , le 29 avril 2012
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