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mercredi 9 mai 2012

Politique : Entre les délires du Président Aziz et les rêves de l’opposition



La situation politique en Mauritanie n’a jamais été apaisée mais force est de constater que les choses vont de mal en pie. Entre un Président qui n’arrive toujours pas à définir une politique et un projet de société claires pour le pays et une opposition dont la seule obsession est d’arriver au pouvoir, les mauritaniens ne savent plus à quel sain se vouer. En effet, la classe politique mauritanienne est prise d’une nouvelle frénésie dont il est difficile de prévoir l’issue
 
Un Président en manque de crédibilité


Du côté du pouvoir, il faut noter que l’heure n’est plus à la sérénité. Aziz semble toujours chercher une crédibilité pour asseoir son pouvoir au moment où la situation du pays se dégrade de jour en jour. Ainsi, lorsque Biram Dah Abeid a brulé des livres de rite malékite faisant l’apologie de l’esclavage, le Président et ses sbires y ont vu la chance de leur vie pour distraire la population et tourner l’opposition vers un problème qui n’en était pas un d’ailleurs. Raison pour laquelle, la machine à propagande gouvernementale s’est aussitôt mise en marche pour en faire une affaire d’Etat derrière laquelle toute la population serait rangée. Un leurre qui a failli porter avant que des voix discordantes ne se fassent entendre.
Les mauritaniens sont confrontés à de graves problèmes aujourd’hui qui ne sont que le résultat de la gestion chaotique que le pays a toujours connu, une gestion que  Aziz est entrain de perpétuer. Ainsi, en plus d’une crise identitaire qui est toujours pendante, la pauvreté, le chômage et la famine dans les zones rurales continuent leurs ascensions vertigineuses.
Cela ne semble guère préoccuper le Président qui continue à tirer à boulets rouges sur l’opposition afin de lui faire perdre sa « crédibilité ». Sa principale préoccupation est de répondre aux attaques des uns et des autres pour se justifier à défaut de snober tout le monde en disant ou faisant du « n’importe quoi » et le réitérer ensuite.
Malgré les promesses de lutte contre la gabegie, la restauration de l’Etat de droit, la corruption et la discrimination sont les maux qui gangrènent la société mauritanienne. En guise d’exemple les rapatriés du Sénégal, à qui on avait promis monts et merveilles, voient peu à peu leurs espoirs s’envoler sans pour autant qu’on veuille améliorer leurs conditions de vie. Absence, des services sociaux de base, refus des autorités de leurs restituer leurs terres, aucune possibilité ne leur est offerte pour leur réinsertion. Aziz continue de faire la sourde oreille face aux revendications de la population mauritanienne qui n’en finit pas de souffrir. Pire encore, à chaque sortie, on constate une maladresse ou une mauvaise foi sans précédent. Il décrit une situation qui est loin de la réalité en prétendant que tout est au mieux dans le meilleur des pays possibles. Une situation qui pèse lourdement sur le quotidien des populations qui assistent impuissantes au diktat d’un Président déconnecté de la réalité et qui ignore tout mais qui pense tout savoir.
Une majorité présidentielle désorientée
En plus, détourné de son propre parti depuis la création d’un mouvement de soutien à son intention, appelé « Parti des Jeunes », dépourvu de projet, de programme et d’idées novatrices, Aziz ne cherche qu’à distraire la population pour asseoir son pouvoir en mal de reconnaissance. En plus, un «Parti des Jeunes» qui avait crié haut et fort, sans être démenti, d’être l’émanation du Président même si c’est une formation politique qui reste pour le moins énigmatique. Cette démarche qui n’a pas encore fait ses preuves visait selon certains analystes à se débarrasser des faucons qui l’entouraient pour la plupart issus de la vieille garde connue pour ces méthodes peu orthodoxes : Trafics d’influence, achat de conseillers, menaces, intimidation, débauchages…Autant de pratiques qui, par le passé, ont non seulement fait leur preuve mais aussi démontré leur capacité de nuisance. Au sein de la majorité le doute commence à s’installer. Aujourd’hui même les plus zélés, les plus patients et les plus téméraires, commencent se poser ouvertement des questions sur l’intérêt de se «sacrifier pour un parti qui n’est pas considéré par le Président de la République». Une situation qui prouve que le Président n’en fait qu’à sa tête.
L’opposition est ainsi montée au créneau une fois de plus la semaine dernière pour, non pas demander un nouveau dialogue, mais pour exiger le départ pur et simple du Président.La réponse de ce dernier fut des plus brutales par l’envoi des éléments des forces de l’ordre pour déloger les responsables qui voulaient transformer les alentours de la mosquée Ibn Abbas en place Tahrir à la mauritanienne. Ce mercredi, l’opposition a, une fois de plus, marché avec comme seul slogan « Aziz dégage ». Il importe, cependant, de préciser que les revendications que ladite opposition porte sont loin de correspondre aux attentes de la population.
La COD, c’était quoi déjà ?

Du côté de l’opposition, la situation n’est pas plus reluisante et on ne peut, non plus, compter sur elle. Après avoir alterné radicalisme et modération, après avoir tenté de mettre la pression sur le pouvoir avant de tenter de le séduire, après avoir essayé d’exploiter l’embryon de contestation sociale dans le sillage de ce qui se passe dans le monde Arabe et les affrontements estudiantins des dernières semaines, ce qui reste de la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) ressemble de plus en plus à un cadavre en décomposition avancée. Déjà affaiblie par le départ de certaines formations, les positions conciliantes de Messaoud envers le Président Aziz et  les atermoiements de Ahmed Ould Daddah, qui dit une chose aujourd’hui et son contraire le lendemain, la COD semble être aujourd’hui en grande difficultés.

Après l’échec du dialogue qui avait été initié par la majorité présidentielle, il semble que la voie de la radicalisation et celle suivie par cette « opposition » qui, malgré toutes les reproches faites au Président, ne propose rien de concret et rien qui semble satisfaire les nombreuses attentes de la population. Elle tente aujourd’hui d’envahir la rue pour inciter la population à se soulever contre le système en place. Mais elle semble oublier que la plupart des responsables de la COD sont issus de ce système aujourd’hui combattu. Et puis, chasser Aziz pour mettre qui après ? En effet, les leaders de cette coalition ne bénéficient plus d’aucun crédit au niveau de la base. L’arrivée de Ely dans leur rang ne changera rien, car l’opportunité lui avait offerte de régler les problèmes de fond dont souffrait la Mauritanie.
Il avait manqué de courage en laissant la lourde tâche au Président Sidi qui s’est emmêlé les pinceaux avec les caciques de l’ancien régime qui ont fini par avoir le dessus. Que peut-on attendre alors de ces derniers qui se sont enrichis et continuent de s’enrichir sur le dos de pauvres citoyens. Comme si les dirigeants des partis qui composent la COD avaient fait une trouvaille extraordinaire, ils nous parlent du « malaise social », qui sévit dans le pays, de « l’instabilité politique », instabilité, il faut le rappeler, à l’instauration de laquelle ils ont participé. Le pouvoir à tout prix, voilà leur principal objectif et cela ne doit être un secret pour personne.
Loin de se soucier de la misère de la population, ces dirigeants cherchent un raccourci pour arriver au pouvoir. Un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser face à l’intransigeance de Aziz. Face à un pouvoir absent et une opposition déboussolée, La Mauritanie est un pays à refaire.
BA Youssouf
Rédacteur en chef du site www.flere.fr
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