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lundi 21 mai 2012

Le courage de Biram


Très peu de personnes ou aucune personne, en Mauritanie, n’a, en si peu de temps, bouleversé les mentalités. On a vu de prétendus intellectuels ou éclairés du pays des sables critiquer  l’acte de Biram qui a consisté à brûler des écrits d’auteurs de rite malékite qui légitiment l’esclavage. Certains de ces donneurs de leçons sont à Paris depuis des années et n’ont jamais affronté au terrain. La force de Biram est d’être sur place, d’oser défier le pouvoir, de former et soutenir les masses, de bousculer les  mentalités, d’accepter d’aller en  prison pour ses idées. Certains parmi ceux qui l’ont vilipendé sont  des personnes peureuses et calculatrices qui n’ont jamais osé dénoncer les tares de la société mauritanienne. Ils sont partisans et s’accrochent à des appartenances sans défendre la justice. Ils ne sont pas aussi au quotidien des démocrates. Ils veulent  arriver au  pouvoir sans être au quotidien attachés à la justice. Ils disent vouloir la démocratie sans être des démocrates. Certains, parmi eux, sont des féodaux haalpulaar, soninké, maures, harratine qui veulent se faire leur place ou être reconnus sans mérite. D’autres ne militent que pour leur nombril et ne pratiquent aucune justice autour d’eux

 Je crois, pour ma part, en tant que militant pour les droits humains, que même si  et l’IRA avaient fait une erreur, et tout le monde fait des erreurs, mon premier reflexe serait de les soutenir face à l’obscurantisme et un pouvoir manipulateur,  et à leur sortie de prison, je leur  parlerais. Je connais des personnes qui ont cette attitude. En plus, personne ne peut démontrer que le leader de l’IRA et ses amis ont tort.
En Mauritanie, le problème n’est pas seulement le président Oud Abdel Aziz, il n’est pas aussi seulement les maures détenteurs d’esclaves, il est un problème d’une mentalité moyenâgeuse qui sévit. En plus, les lettrés mauritaniens, pour la plupart d’entre eux, traînent cette mentalité rétrograde. Ce qui a pour conséquence une lenteur dans les mutations sociales. De nombreux harratine, négro-mauritaniens, arabo-berbères ayant été à l’école sont englués dans cet univers immobiliste.


Ce qui m’a le plus surpris est que la direction de l’IRA, elle-même,  dise qu’elle regrette cet acte et parle d'une erreur de parcours. Biram, du fond de sa cellule, dit ne rien regretter. Je crois que ce que n’a pas compris la direction de L’IRA est que les masses qui manifestent sont des victimes de  l’obscurantisme et de manipulations du pouvoir ou défendent leurs intérêts. Ce que, à [la]  limite, pourrait faire la direction de l’IRA est de s’excuser d’avoir choqué des personnes qui n’ont pas compris la portée de leur geste mais  d’assumer complètement leur acte. Je rappelle que Biram n’a pas brûlé le Coran mais des écrits d’êtres humains. Or Le Coran dit : « Ne suivez aucun maître en dehors de Dieu. Vous réfléchissez peu ! Coran VII/3) ».
Certains avancent que cet acte est condamnable car dans ces textes  il y a des versets du Coran. Mais ! Messieurs, le diable peut utiliser des versets du Coran. Alors Dieu peut-il être l’ami du diable ? Il n’y a qu’un texte de référence pour les musulmans, il s’agit du Coran. Les hadiths sont une source d’inspiration. L’interprétation humaine est d’une valeur secondaire.
 D’autre part,  Dieu n’est guère malikite,  hanbalite, chiite, etc. Dieu doit être celui de l’amour et de la justice. En dehors de ce Dieu, il  y’en a aucun. Celui qui justifie l’esclavage n’est pas de Dieu. On me dira que l’on trouve dans le Coran des versets qui  légalisent l’esclavage. Oui ! Mais il l’accepte sans l’accepter. Pour me résumer, je dirais que Mohamed ne pouvant affronter toute la société, montre, par l’exemple, que la pratique de l’esclavage n’est pas une bonne chose et il affirme : "Je serai l’adversaire de trois catégories de personnes le Jour du Jugement. Et parmi ces trois catégories, il cita celui qui asservit un homme libre, puis le vend et récolte cet argent. » Je me suis déjà largement expliqué sur la question dans un article intitulé : « Quand Biram brûle des livres. »
Les textes sacrés n’ont de sens que dans la mesure où ils  libèrent l’Homme. Jésus dit :"Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera."… "En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave. Or l'esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais. Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres."
(Jean 8, 31-36) Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Galates 3/28.
Dieu est au-delà de nos médiocrités. Tendre vers Dieu, c’est tendre vers  la justice et l’amour infini. Le Coran ou tout autre texte sacré ne peut avoir de sens que par rapport à cette idée. Comment des êtres humains peuvent-ils croire à un  Dieu d’injustice ? Il s’agit là d’une aberration.
  Un jour viendra où les mentalités  auront évolué. On se rappellera de Biram et pas de ces prétendus lettrés mauritaniens opportunistes. On prendra conscience de la dimension de son acte plus tard.
Aujourd’hui, il y a une jeunesse mauritanienne qui s’ouvre de plus en plus au monde. Celle-là comprend que tous les  hommes sont égaux. Aucune interprétation du Coran ou  d’un autre texte ne pourra s’y opposer. Cela prendra du temps, car il y a une lâcheté  partagée des lettrés mauritaniens mais l'histoire n’est entre les mains d’aucun être humain. Le feu de la vérité est brûlant.
En Mauritanie, le désert des sables se joint à un désert intellectuel. Dans un pays où les aveugles sont majoritaires, les borgnes sont évidement rois. Il ne faut pas se leurrer, l’illusion est encore grande dans ce pays.
            Le combat pour la justice est long. Comme dit  Biram «  les militants de son organisation ne doivent pas se laisser distraire par cette affaire et de continuer le combat qui  n’est rien d’autre que la lutte contre l’esclavage, en planchant sur les dossiers des cas d’esclavage qui atterrissent sur les bureaux de l’Organisation. Biram a enfin indiqué que le mouvement pour le triomphe des droits civiques engagé depuis quelques mois doit continuer prédisant une victoire proche après tant d’efforts.
A propos de l’autodafé symbolique de quelques livres relevant du Fiqh (jurisprudence) et non de la Chari’a, Biram a demandé aux militants de mener une campagne intense d’explication privilégiant le porte- à- porte pour expliquer la part de machination et la propagande menées par le pouvoir en place. Il affirme que, malgré la dépense de sommes colossales, le système en place n’a pu trouver des informations compromettantes pour IRA, car déclare-t-il, cette dernière n’a rien à cacher ou à se reprocher. Etant un mouvement pacifique, ses activités sont connues de tous et elle n’a aucun contact préjudiciable au pays, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. « (Source:  http://www.mushahid.info/2010-12-05-08-55-11/4888-2012-05-19-11-36-14.html
Oumar Diagne
Ecrivain

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