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mardi 8 mai 2012

Religion et obscurantisme en Mauritanie Quand L’IRA en subit les conséquences.




Selon Karl Marx, la religion est l’opium du peuple: "La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."[Karl Marx et Friedrich Engels] Selon lui, la religion est un instrument de domination des forts sur les faibles. Selon lui la religion abrutit le peuple. Il s’agit d’un stupéfiant. Dans son livre sur Ludwig Börne, de 1840, Heine se réfère au rôle narcotique de la religion plutôt de façon positive - avec un brin d’ironie : « Bénie soit une religion, qui verse dans l’amer calice de l’humanité souffrante quelques douces et soporifiques goûtes d’opium spirituel, quelques goûtes d’amour, foi et espérance ». Moses Hess, dans ses essais publiés en Suisse en 1843, adopte une position plus critique - mais non dépourvue d’ambiguïté : « La religion peut rendre supportable... la conscience malheureuse de la servitude... de la même façon que l’opium est d’une grande aide dans les maladies douloureuses ». [1]
Pour ses ces différents auteurs, la religion a pour fonction de permettre de supporter la misère humaine. Dans le poème Enivrez-vous de Charles Baudelaire, l’auteur dit ceci : « Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. »
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! »
Charles Baudelaire aurait pu rajouter de religion. L’homme a toujours eu peur du temps, de l’avenir et de l’incertitude liée à elle. Ce qui pousse certains penseurs à dire que l’homme a inventé la religion pour oublier sa condition ou pour se protéger de ce qui l’intrigue (la mort, les puissances naturelles, l’avenir, etc.) Ainsi, face à des phénomènes naturels qui le dépassaient, l’homme primitif a imaginé que les phénomènes naturels, tel que le tonnerre par exemple, étaient des êtres vivants dotés de puissances surnaturelles. Ainsi apparait le surnaturel mère des croyances.
Pour revenir à la Mauritanie, je dirais que pour de nombreuses personnes, la religion est une question de culture et,  est fondée sur la peur : peur de l’existence, peur de la sanction sociale, peur de la mort, etc. Cette manière de pratiquer la religion peut effectivement être interprétée comme la prise d’un sédatif. Et dans ce type de pratiques religieuses, Karl Marx a peut-être raison..
«Pour Marx, les idéologies sont des théories produites par les hommes, de façon consciente. Mais ce sont en même temps des mystifications, des illusions collectives, que les hommes se font d'eux-mêmes, car elles sont déterminées par les rapports que l'homme a avec le monde, elles sont déterminées par le contexte social dans lequel vit l'homme.
Pourquoi les hommes construisent-ils des idéologies, selon Marx ? Essentiellement pour se justifier, et se donner bonne conscience. Marx critique fortement le rôle de la religion. Il critique les aspects philosophiques et sociaux de la religion.
Marx s'intéresse surtout à la religion à cause du rôle qu'elle exerce sur la société. Pour Marx, la religion est une structure créée par la société de classes, et qui évolue selon ses besoins. La religion et les hommes qui la font (prêtres, évêques, etc.) sont des alliés objectifs de la classe dominante (et, pour ce qui est du haut clergé, en est directement membre ».2
Dans de nombreux pays,  la religion sert non seulement à endormir les masses mais elle sert aussi, comme dans de nombreuses situations, les classes dominantes. En Mauritanie, la religion sert les classes dominantes. Chez les négro-mauritaniens, c’est grâce à elle que les Toroobé ont monopolisé le pouvoir temporel. Chez les Maures, la religion est utilisée par les classes dominantes pour assoir leur domination. Elle est utilisé pour légitimer l’esclavage.
Il y a un aspect important de la croyance que je voudrais souligner. Lorsque la foi est fondée sur la peur et l’ignorance, elle est dangereuse car aveugle. Elle est source de passions. C’est pourquoi Biram est aujourd’hui victime d'incompréhensions et le pouvoir manipule les masses incultes pour l’écraser.
             Dans le cas où la croyance ne repose pas sur la clairvoyance, elle conduit aux passions et les passions relèvent de la part animal de l’humain, elle conduit à la violence.
Il y a à mon humble avis une autre manière de croire en Dieu. L’apôtre Paul dit la foi : « …la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11: 1) (Segond). Aussi chez les musulmans, la croyance repose sur la connaissance. Dieu les exhorte à connaître sa parole. Mohamed a dit : " Lisez le Coran ! Le jour de la résurrection il viendra intercéder en faveur de celui qui le récite." [Rapporté par Moslim] " Les cœurs se rouillent comme le fer ", dit le Prophète. "Comment leur rendre leur éclat ? ", Demandèrent ses compagnons. "Par la récitation du Coran et l’évocation de la mort."La recherche de la connaissance du musulman va au-delà du Coran. Ainsi le Coran. « Dit : sont ils équivalents ceux qui savent et ceux qui ne savent pas », [Sourate Az-Zoumar / 9].
On retrouve aussi ces paroles de Mohamed allant dans ce sens : « Ô AbOU Dhar si tu te déplaces et tu apprends une 'Ayah du Qour'An tu seras plus récompensé que si tu priais cent rakah (des prières surérogatoires) et si tu te déplaces et tu apprends un chapitre de la religion tu seras plus récompensé que si tu priais mille rakah (des prières surérogatoires) », HadIth Haçan, rapporté par Ibnou MAjah. . « Celui pour qui Allah veut le bien, Il lui facilite l'apprentissage de la religion certes la science de la religion s'acquiert par transmission orale », [rapporté par Al-BoukhAriyy]
En dehors de la connaissance du Coran, les musulmans sont exhortés à la recherche du savoir. Il faut retenir que les premiers musulmans étaient de grands érudits, des scientifiques : cartographes, psychologues, sociologues. Ils étaient aussi philosophes. « La science est plus méritoire que la prière », disait Mohamed. Ses autres propos sont assez parlants « Quiconque quitte sa patrie, à la recherche de la connaissance, est censé agir dans le sens agréé de Dieu ». « La recherche de la connaissance est une obligation pour tout musulman et musulmane. »
Le problème avec la foi de nombreux mauritaniens est qu’elle repose simplement sur la peur, l’ignorance, et la culture. Même ceux qui enseignent le Coran sont souvent des incultes. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir un débat serein. Aussi, les lettrés mauritaniens, dans leur ruse ou peur, refusent de parler de religion, de sa place au sein de l’Etat, de son interprétation. Certains ont même osé critiquer le geste de Biram. En brûlant des ouvrages d’auteurs Malékites qui justifient l’esclavage, le leader du mouvement antiesclavagiste IRA, Biram Ould Abeïd, a bousculé les mentalités. En dehors, des positions des uns et des autres, ce geste restera dans l’histoire.
Celui qui aime quelqu’un lui dit la vérité. La position de nombreux lettrés mauritaniens est de dire que les Mauritaniens ne sont pas encore prêts. Comment peuvent-ils  être prêts si on ne leur  parle pas, on ne leur explique pas ? Ces lettrés-là prennent les Mauritaniens pour des êtres  incapables de comprendre les choses même si on les leur expliquait. En réalité, ce que cherche la plupart d’entre eux est de se soustraire de l’incompréhension de la société ou d’arriver au pouvoir.
Je reste convaincu que le vrai problème de la Mauritanie est celui de l’éducation. Le combat de tous les Mauritaniens, en dehors de leur appartenance idéologique, devrait être celui de l’éducation. Toutes les études montrent qu’il ya une corrélation entre éducation et démocratie.
Oumar Diagne
Ecrivain



1Cité par Michael Löwy, Opium du peuple ? Ctrique et religion, in la revue Contretemps, n° 12, février 2005. ,
3 Lire aussi Elmanaoui Rachid, L’islam et la science in http://quran-m.com

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