Le point de vue qui sera développé dans ces quelques lignes ne manquera
pas de heurter la sensibilité de certaines personnes. Mais en lisant mon
argumentation avec l’intellect et non le cœur, on parviendra certainement à me
comprendre. Je ne suis animé d’aucune rancœur. Je ne suis motivé par aucun
agenda allant à l’encontre de l’unité de toutes les composantes de la
Mauritanie. Il est juste vrai que pour vivre ensemble, il est nécessaire de
régler les questions les plus essentielles s’il ne fallait pas dire
existentielles. Ce texte s’adresse à intelligentsia mauritanienne. Certainement
qu’elle n’aura aucune difficulté à s’élever. Je ne m’attends pas à des jets de
fleurs, j’ai très tôt compris que les fleurs fanaient. Je m’attends à une
vive critique de la part d’hommes de bonne foi, mais surtout de gens d’une
mauvaise foi à peine voilée. Ils sont les pires, car ils savent et décident souvent
de façon volontaire à fermer les yeux parce que la situation les arrange. Mais
je n’ai pas décidé de me prononcer pour plaire. S’il y a à plaire à quelqu’un,
c’est bien d’Allah (Swt) qu’il s’agirait.
La communauté Haratine doit demander auprès l’Etat
Mauritanien une reconnaissance de son ethnie en tant que composante différente
de celle des Maures blancs. Bien que l’on partage une même culture/langue avec
ces derniers, il est plus qu’évident que nous ne sommes pas de la même race.
C’est justement cette question de la race qui est à l’origine des
discriminations dans mon beau pays. Ce système de discrimination hérité de
l’histoire, doit disparaître. Mais pour qu’il disparaisse, encore faudrait-il
bien identifier les problèmes et apporter des solutions efficaces. Le système
officiel en Mauritanie fait des Haratines une composante du groupe arabe, à
côté de celui des autres négro-africains non arabes. Loin de vouloir discuter
de l’arabité des Haratines, tout le monde constate que les arabes blancs sont
traités de façon différente à l’aune des arabes noirs. La nation mauritanienne
regroupe des ethnies différentes (Arabo-berbères, Peulhs, Soninkés, Wolofs).
Les Haratines ne font en aucun cas partie de la communauté des arabo-berbères,
quoi que l’on partage les mêmes réalités culturelles. On s’identifie dans un
même groupe, mais au fond il existe des velléités de supériorité des
arabo-berbères sur leurs « supposés frères » Haratines. Ce système
moyenâgeux doit être relégué aux calendes grecques. Les deux communautés
essaient de vivre ensemble, sans esprit de fraternité. Revendiquer la
reconnaissance de sa hartanité, permettra à cette communauté de vivre de façon
plus digne et plus libre. Il n’y a rien de plus
dangereux que l’esclavage mental. Justement, les pires ennemis des Haratines
utilisent leur appartenance à la communauté arabe pour les maintenir dans
l’état d’aliénation dans lequel ils se trouvent. C’est bien là un moyen de
perpétuer leur domination. Le danger le plus prégnant concerne ces Haratines
qui utilisent le politiquement correct pour bénéficier de privilèges. Ces gens
doivent être combattus de façon virulente car ils ont une part énorme de
responsabilité dans notre état de dénuement. La distinction est clairement
établie entre les deux communautés. Preuve en est que le vocabulaire ambiant
dans la société mauritanienne a créé deux termes en guise de ligne de partage.
Sans estime de soi, il ne peut y avoir de fierté de soi. L’absence de fierté de
soi est la chose la plus dangereuse pour l’humain. Le combat pour l’identité
est même plus féroce que celui qui a conduit à la disparition de certaines
espèces.
Beaucoup de ceux qui récusaient le terme
Hartani sont en train de le revendiquer. Ils ont bien fini par comprendre les
énormes enjeux qu’il y avait derrière la dilution de toute cette communauté
dans l’appellation arabe. Ce n’est pas dans notre intérêt d’accepter une telle
chose. L’intérêt des arabo-berbères est de nous réunir pour former le peuple
majoritaire de la Mauritanie soit disant « arabe ». Cela leur
permettra, sous couvert d’une mascarade de démocratie, de continuer à octroyer
les postes de responsabilité aux Maures blancs. La communauté internationale
sera ainsi amenée à croire que les choses fonctionnent normalement parce que ce
seront les « arabes » majoritaires qui contrôleront l’essentiel des postes.
Ceci est inadmissible. On ne peut pas comprendre qu’une minorité puisse
présider aux destinées d’une majorité silencieuse. La démocratie c’est le
gouvernement du plus grand nombre sur la base de règles justes et équitables.
Il est inique que presque la quasi-totalité des postes soient entre les mains
des seuls Maures blancs, exit les Maures noirs et autres négro-africains.
L’ethnie joue un rôle très important en
Mauritanie, comme un élément essentiel du choix politique. Ce qui cause des
problèmes imprévisibles dans une société. L’ethnie est une preuve tangible pour
la manifestation de la liberté humaine. Sans la
reconnaissance de l’ethnie haratine, on ne peut jamais affirmer notre liberté
en Mauritanie. En tant qu’être humain, nous cherchons à avancer dans notre
vie. L’acceptation de notre hartanité définira notre identité. Tout ce qui
permet d’identifier une ethnie, on le trouve chez nous :
-
Identité d’un peuple qui est lié à son ethnie : la mentalité
-
Identité de l’individu
L’ethnie est une réponse pour une communauté,
s’ils veulent leur existence. Le plus important doit être l’enracinement dans
notre culture qui concrétise notre statut social et notre personnalité.
Chaque mauritanien pense que son ethnie ou sa
tribu est meilleure. Ce qui complique notre unité nationale:
-
L’ethnocentrisme : le fait de croire que son ethnie, sa
langue et sa culture sont meilleures que celles des autres. Cette idée donne
naissance au tribalisme
-
Le tribalisme : grâce à mon tribut, mon ethnie est à la tête
de toutes autres. C’est un grand problème en Mauritanie. Au sein de notre
gouvernement, on parle de dosage tribal…
On doit pouvoir dépasser ces clivages à
l’orée du 21ème siècle. Mais
ce dépassement doit se faire sur des bases claires par la reconnaissance de
l’identité de chacun et la disparition de toute tentative de maintenir un
groupe dans un état d’asservissement. La situation au Soudan est bien là pour
nous servir d’exemple sur les dangers de la dilution d’une communauté dans une
autre à laquelle elle n’appartient pas au fond.
Sous nos yeux, le choix des administrateurs de
l’Etat se fait dans un favoritisme évident pour les membres de son ethnie ou de
sa tribu alors que la méritocratie devait primer. On agit comme si les Haratines
sont des incapables, comme s’ils n’ont pas fait d’études dignes de ce nom. Les
nominations se font sur la base d’une parenté commune. Le système arabo-berbère
est de privilégier l’appartenance, au détriment de toute compétence et de
l’efficacité dans l’action. Le sentiment d’appartenance ethnique ou tribale
continue même dans le choix d’un leader
politique. Chaque citoyen pense qu’une personne de sa tribu est mieux placée
pour gouverner. Pendant les élections en Mauritanie, le projet d’un candidat
n’a pas importance; ce qui compte c’est l’ethnie et les tribus. D’où
l’importance de la reconnaissance de notre ethnicité.
A travers ce texte, j’invite les Présidents
des partis politiques et associations-Messoud
ould Boulkheir, Mohamed Yahya Ould Ciré, Boubacar Ould Messoud, Samory Ould Beye, Bilal Ould Werzeg, Birama
Ould Dah Ould Abeid et « Boidiel
Ould Houmeid » à s’asseoir autour d’une table ronde et à discuter de
la reconnaissance de l’ethnie haratine. Cette reconnaissance est la seule
solution pour aider la génération future de notre communauté et de celle de la
nation mauritanienne toute entière unie.
Cheibetta Ould Moctar Ould Abdy
Je ne suis pas d'accord. L'ethnicité ne mène qu'à la désagrégation. Il s'agit de construire une nation, et pour cela - le respect mutuel, dont l'abolition des pratiques esclavagistes - il faut réinventer la démocratie mauritanienne. La force de la Mauritanie, c'est le métissage, la mixité, la complémentarité. Il n'y a pas d'ethnie, il y a un esprit. Il n'y a de noblesse que d'âme, il n'y a de savoir religieux que la foi nourrie dans la prière. Les Harratin peuvent montrer l'exemple de ce résultat culturel, socilogique, ethnique par double héritage des chacune des composantes mauritaniennes. Le tout ne peut être une énième partie. - Je dis cela apparemment de l'extérieur, mais je sais que la Mauritanie n'est pas des pourcentages, des nuances de couleur de peau ou même telle telle langue nationale, officielle ou étrangère. Elle est tout.
RépondreSupprimerL'opinion de Cheibetta est cependant intéressante car elle fait réfléchir sur une tentation. Qu'il vaut mieux expliciter pour la chasser tranquillement, par un meilleur choix.