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Les autorités mauritaniennes et la question raciale en Mauritanie 2008 - 2013
La
Mauritanie et les textes
La
République Islamique de Mauritanie est un pays de l’Afrique de
l’Ouest et du Maghreb Arabe (
le Maghreb n’est pas seulement arabe, comme la Mauritanie, il est
aussi berbère et nègro-africain),
d’une population d’un peu plus de trois millions, majoritairement
noire, multiethnique donc pluriculturelle. Dans ce pays vivent les
communautés Hratin, Beïdane, Peulh, Soninke, Wolof et Bambara. La
Constitution qui est sa loi fondamentale dispose que « La
République assure à tous les citoyens sans distinction d’origine,
de race, de sexe ou de condition sociale l’égalité devant la loi.
La
liberté de circuler et de s’établir dans toutes les parties du
territoire de la République ».
La
Mauritanie est signataire des principaux traités et conventions
relatifs aux Droits humains, notamment la Déclaration universelle
des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, la Convention des
Nations Unies contre toute forme de racisme et d’exclusion, la
Convention africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Mais
dans le pays de l’esclavage, le principe selon lequel, «tous les
hommes naissent libres et égaux» n’a pas de champs d’application,
dans la gestion du quotidien du citoyen mauritanien.
Nous
ne réfutons pas l’engagement de l’Etat mauritanien, à travers
les textes juridiques nationaux et ceux le liant à la communauté
internationale - cet engagement est formulé de façon claire et sans
quiproquo - mais dans la pratique la Mauritanie est toute autre.
Non seulement ça, il y a une législation et une jurisprudence
prétendument islamique, et qui est un référentiel juridique et
spirituel sacré pour les groupes dominants arabo-berbère, ce sont
des codes d’esclavage et de traite des Noirs, une codification du
racisme et de la discrimination contre la femme ; ces codes sont
la base de formation des magistrats, des officiers de police
judiciaire, des imams et des érudits, ces codes sont la principale
source de loi en Mauritanie selon la constitution de ce pays ;
donc il y a une cohabitation entre des lois modernes égalitaires et
des lois anciennes foncièrement discriminatoires et oppressives, et,
les lois anciennes, à cause du caractère sacré que les groupes
dominants leurs prêtent et à cause de leur position dans la
constitution, sont supérieures aux lois modernes et les suppriment
aux yeux des juges en cas de contradictions, d’où la
constitutionnalisation des inégalités en Mauritanie.
Les
dimensions de la question raciale ou du racisme
La
question raciale ou tout simplement le racisme qui est en cours comme
système politique des tenants du pouvoir en Mauritanie est
sociologique, culturelle mais aussi historique. En Mauritanie, ce
sont des communautés qui partagent ensemble une même religion avec
des différences comportementales qui impliquent une perception
négative de part et d’autres. Ainsi, les maures pensent que leurs
us et coutumes sont meilleurs que ceux des autres, et vice-versa.
Il
s’est construit un certain nombre de préjugés et de jugements de
valeur chez les uns et les autres. Ainsi, chez la communauté
négro-africaine, un enfant nu est mal vu et surtout qualifié de
fils de maure. Chez le maure, le noir est perçu comme un monstre.
Pour faire peur à son enfant on lui dit « tu es foutu le noir
arrive » (le noir affublé d’un vague sobriquet :
« Gougouh »). Une manifestation d’un mépris à la
racine qui ne peut favoriser une cohésion sociale ou un respect
mutuel dans un même pays.
Avant
d’aborder certaines questions spécifiques de notre propos, je dois
vous dire qu’à la découverte de vos thèmes, j’ai compris que
nous devrons nous situer dans l’histoire récente de notre pays
durant nos discussions. C'est-à-dire le déroulé de l’époque
Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Aziz l’actuel Président par rapport
à la question raciale. A mon sens, c’est parce que ces périodes
ou cette période avait constitué un espoir pour les victimes de la
bêtise raciale mais aussi pour tout un peuple qui avait pensé au
virage du pays vers l’élan de la justice et de la réconciliation.
Alors, nous le savons tous, si Sidi et Aziz dans la vie de la nation
mauritanienne, n’avaient pas existé on allait les inventer.
Car
ces hommes ou cette période nous a permis de découvrir ce qui peut
se faire, comment et quand, relativement à la question raciale que
d’aucuns appellent la cohabitation…
Nous
avons tous vécu dans notre chair un espoir déçu par une Mauritanie
caricaturale héritière du système issu de l’école de Maouya
Ould Sidi Ahmed Taya.
L’époque
Sidi Ould Cheikh Abdallahi
Nous
nous souvenons encore tous de ce débat télévisé entre les deux
candidats arrivés au second tour de la présidentielle de 2007 :
Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah. Le candidat Sidi
avait manifesté sa ferme volonté de finir avec les blessures de
l’histoire récente du pays et qu’il veillera sur l’égalité
des citoyens sur tous les domaines. Arrivée au pouvoir, on a aussi
en mémoire le discours du 29 juin 2008 du désormais Président élu.
Il a reconnu d’une manière claire les atrocités dont a été
victime la communauté noire du pays. En reconnaissant l’esclavage,
une loi fut adoptée pour la criminalisation de ce phénomène. Il
dit être le Président de l’égalité. Sidi a dit et a travaillé
pour que les déportés retrouvent leur pays et leurs droits de
citoyens. On sentait une nouvelle page s’ouvrir pour la Mauritanie
et son peuple. Mais Sidi n’était pas le véritable détenteur du
pouvoir. Résultat : ceux qui l’avaient aidé à s’asseoir
sur le fauteuil présidentiel, sentant qu’il leur échappait,
avaient fait de le renverser.
Aziz
au pouvoir
Il
serait superflu de revenir sur le comment ou le pourquoi de l’arrivée
de l’actuel Président au pouvoir. Nous allons juste retenir que
l’arrivée de Mohamed Abdel Aziz à la tête de l’Etat, apparaît
juste comme la récupération d’un bien par son propriétaire.
Mais on ne peut ne pas insister sur le fait que l’homme (le
Président Aziz), qui se fait appeler le « Président des
pauvres », a floué ce peuple durant sa campagne car, une fois
installé, il nie l’esclavage et continue à régler, à minima,
les autres dossiers, notamment le passif humanitaire, les déportés,
etc. La quasi exclusion du Noir des sphères décisionnelles de
l’Etat à travers les nominations est sans équivoque. Le document
du mouvement FLERE et le Manifeste des Haratine sont plus
qu’explicites quant à cette exclusion.
La
gestion de la question raciale avec l’actuel régime n’est rien
de plus que le retour à la politique démagogique de l’époque
Taya, alors même qu’on ne peut construire un pays sur des plaies
béantes comme le passif humanitaire, les déportés et l’esclavage.
Voici des dossiers sur lesquels le peuple a été trahi mais
savamment utilisé pendant le temps de la campagne.
Et
voilà comment toute la Mauritanie continue de payer le prix des
turpitudes de quelques individus. A cause d’un manque de volonté
politique, les coupables ne seront pas de sitôt indexés pour qu’à
jamais finisse l’amalgame qui entoure cette sombre histoire de
notre pays. Que tout le monde, ici présent, sache que la bêtise
raciale qui atrophie l’Unité nationale dans ce pays aujourd’hui
n’est pas le fait d’une communauté, ni d’une tribu mais des
hommes sous l’emprise d’une idéologie raciste dévastatrice des
valeurs et des principes fondateurs d’un Etat de droit qui garantit
l’égalité des chances des citoyens, égalité foulée au pied par
une coterie d’individus que, malheureusement, Abdel Aziz continue
de promouvoir et de soutenir.
Dans
le système Aziz, le citoyen est identifié, qualifié et promu selon
sa région, sa couleur, son ethnie ou sa tribu. C’est cette gestion
hideuse des affaires du pays qui a fait et continue de faire de la
Mauritanie le mauvais dernier dans tous les domaines. Voilà pourquoi
la population
mauritanienne s’est atomisée dans l’amalgame, accentuant le
désamour du Mauritanien vis-à-vis de l’autre Mauritanien.
Un
petit aperçu de la situation raciale de nomination dans les postes
de responsabilité
Pour
les nominations au gouvernement, je vous renvoie une fois encore au
Manifeste des Haratin et au document du FLERE. Ces nominations
restent l’apanage de quelques tribus du segment blanc de la
Mauritanie, tandis que les autres, tous les autres, se contentent des
miettes.
A
la Banque Centrale : aucun poste de responsabilité pour les
noirs ( ???????????????)
A
la sécurité intérieure : des treize directeurs régionaux de
la sûreté aucun noir et des 63 commissaires, seuls 6 sont noirs.
L’Armée,
la Garde, la Gendarmerie et la Police sont constituées à 90 % de
Noirs, presque tous de l’échelon inférieur dans le grade. Et le
comble, c’est que quand vous parlez de ça, on vous qualifie de
raciste.
La
diplomatie ne peut être « noire », surtout concernant
certains pays.
Toutes
les banques primaires appartiennent à des groupes issus de la
communauté beïdane.
Un
électeur du département de Bir-Moghrein vaut plus de dix (10) fois
un électeur de Sélibaby qui envoie en général un élément noir
au sénat ; le collège électoral pour l’unique sénateur de
cette dernière ville est de 215 conseillers municipaux alors que
pour élire le sénateur d’Akjout, 31 conseillers suffisent. Le
sénateur de Bir-Moghrein, lui, peut se faire élire avec 10
conseillers seulement. Ce sont là certaines des villes qui envoient
en général des blancs au Sénat.
Contribution du journaliste Seydi Moussa Camara à la conférence du 30 Mars à Massy
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