Il avait
tous les atouts en main pour réussir. Une Armée mise au pas dont la
majorité (surtout les officiers ne le connaissant pas),le craignait
et le craint encore. Une classe politique dont la domesticité, hormis quelques
rares incorruptibles, à l'égard de l'exécutif, soit-il exécrable, ne
fait aucun doute .Une administration ou ce qui en reste, servile, prête à
se mettre aux ordres du dernier grenadier voltigeur. Enfin un peuple humble, peu
éduqué mais frugal. Un sous-sol riche, des potentialités halieutiques sans
égales, une position géographique convoitée avec ses 800 km de cote, ouvrant
sur l'océan atlantique, versant dans la mer Méditerranée, berceau de
plusieurs civilisations millénaires. Et le tout pour nourrir une
population d'à peine 4 millions d'habitants. Ceci pour ce
qu'on appelle en jargon militaire « la préparation matérielle ». Notre démarche
ou MRG (méthode de raisonnement générale) pour aborder tout sujet
militaire ne peut se réaliser sans préparation ....intellectuelle. Là où, le matériau
aidant, il faut mobiliser, organiser toutes ses forces intellectuelles. C'est cette
démarche intellectuelle qui fait défaut au puzzle Azizien depuis le
coup de force du 6 Aout 2008. Car c’est elle qui, aux plans
tactique et technique, érige le degré de compétence émanant
des différents Etats-majors, en faisant ressortir la stratégie à
adopter des officiers initiateurs de concepts de défense, ou de marche à
l'ennemi. Dans le cas spécifique de la Mauritanie, où les
généraux veulent ajouter une corde à leur arc, en s'adonnant
à la pratique politicienne, ce qui n'est point leur domaine de prédilection, la
doctrine aura besoin sans doute de charge-relais pour mieux la
propulser. Le concepteur de toute cette « stratégie », c'est le
général AZIZ aux commandes depuis 2008. Même si notre général disposait du matériau
dès sa prise du pouvoir, voire même du canevas, il lui manquera l'organe
essentiel; la « cause efficiente » ou
motrice dont la délivrance nécessite une culture et une adéquation ad hoc.
Car il ne suffit pas de se décréter général pour l'être ex nihilo, ni président
pour en avoir l'étoffe académique. Le litige est là. En effet l'intelligence
innée ou acquise du général- président est bien en deçà des
aspirations qu'il veut ou semble vouloir atteindre, malgré la témérité,
et l'impériosité que l'homme dégage. Aziz s'accrochera à son fauteuil, se défendra
bec et ongles .Débonnaire, AZIZ ne lâchera rien. Advienne que pourra. Alors le rêve
est-il permis? Si, la balle « amie » n'est -elle pas un signe prémonitoire
qui stipule que tout peut arriver en dehors d'une hypothétique
alternance pacifique? Hormis un incident de parcours probable, genre coup
d'Etat ou assassinat, qui pourrait succéder au général, afin d’inciter
à l'avènement d'une « troisième » république? Légitimement
nous ne pourrons puiser notre éventuel protagoniste qu'à partir du lot
immuable et impassible dérivant de notre traditionnelle opposition démocratique.
Jetons les dés et commençons par le président du RFD.
Ahmed Ould Daddah, opposant historique.
Demi-frère
du fondateur de la 1ère république (1960-1978) Ahmed Ould Daddah demeure, qu’on
le veuille ou non, le maillon fort du microcosme politique mauritanien. Chef
de file de l’opposition, Ahmed occupe une place prépondérante sur l'échiquier
politique Nouakchottois. L'homme qui a résisté aux sirènes rocambolesques
de Maawiya, combattu l’« intrusion manifeste » de Sidi Ould
Cheikh Abdallahi, cependant roulé dans la farine par Aziz, peut-il encore
aspirer à la magistrature suprême de son pays? Rien de politiquement correct ne peut se faire
sans Ahmed Daddah .Sa posture rappelle celle de la Syrie d'avant-guerre
dans le dispositif moyen-oriental face à Israël. Pas de paix au Moyen-Orient
sans la Syrie, ni guerre Israélo-Arabe sans l'Egypte. Ceux qui le critiquent ne
savent pas que si Ahmed « avait soif de pouvoir », il aurait mis la
Mauritanie à feux et à sang depuis la 1ère présidentielle de 1992. Modéré, sage,
musulman dans son comportement quotidien, mais baissant la garde à
certains moments, Ahmed, malgré son âge avancé peut parfaire une réelle
transition: mettre le pays sur les rails, moraliser la chose publique, injecter
le pudique, la probité, la décence une seconde fois dans le cœur des
mauritaniens. Cependant, il ne doit dépasser un seul mandat ou une transition
de plus 3 ans. Car l'appétit venant en mangeant pour ceux qui ont
longtemps « couru » derrière le pouvoir, il faut éviter pour
la Mauritanie le syndrome « Wade » du Sénégal qui voulait changer la
constitution afin de briguer un troisième mandat à l'âge de....86 ans. A noter
aussi le cas d'Alpha Condé de Guinée dont le pays est dans l'impasse au plan
politique. Enfin si Ahmed Ould Daddah pour des raisons quelconques ne serait
pas en mesure d'honorer son pays, il y a au sein du RFD de jeunes politiciens
capables de relever le defi: Yacoub Ould Moine, Ould Lematt, le président de la
CUN, Ahmed Ould Hamzé sans oublier la « dame de fer » version
Sibé, Nané Mint Cheikhné.
Mohamed Ould Maouloud de l'UFP
Personne ne peut nier la fidélité du président de l'UFP aux principes
qui découlent d'ailleurs de la morale universelle. Si l’honnêteté, la stature académique
en politique à elles seules suffisaient à se hisser au sommet Ould
Maouloud aurait gagné le lot. On accuse justement l'UFP « laboratoire
de cadres » d’être un parti .....d'intellectuels. Un excédent qui
manque à la ligne de crête de L'UPR. Au sein de L'UFP la courroie de
transmission entre la base et le sommet serait-elle défaillante? Pourquoi ce
parti pourtant à cheval sur la morale et la probité en politique ne
draine-t-il pas les foules, surtout laborieuses?
L'UFP doit communier avec les dockers, les charretiers, les ouvriers, les chômeurs
de longue date pour mieux parfaire son assise au plan social.
Messaoud Ould Belkheir
De
part son aura, son attitude consensuelle, le président de l'APP était le
politicien le plus en vue depuis l'avènement de la « démocratie »
en 1991 jusqu'à l'élection présidentielle de 2009. L'un des fondateurs du
mouvement abolitionniste « El Hor », l'homme jusque là incontournable
a corrompu son auguste image par la proximité d'avec un régime qui
tire sa « légitimité » de la baïonnette et du canon. Messaoud doit le
savoir, lui qui a milité dès son jeune âge dans des structures de défense des
droits de l'homme. Messaoud n'avait pas besoin de cette « pluie de l'expérience »
Azizienne « qui jamais n'instruit ». N'était-il pas gouverneur de région
au Gorgol, lorsque le sous-lieutenant Aziz, passait sous le belvédère du
gouvernorat de Kaédi dans une caisse de land-rover ? Un peu de décence et
de hauteur voire de dignité car la caractériologie du général-président
consiste justement à humilier, à « doubler » tous ceux à qui le
destin a donné une courte avance sur lui, civils ou militaires.
Messaoud doit comprendre qu'il n'est qu'un tremplin pour le pouvoir actuel qui
fait semblant par son entregent de vouloir le dialogue. Or AZIZ a
déjà tout scellé. D'ici la fin de l'année 2013,il proposera même la primature à
l'opposition, voire les ministères de souveraineté car Aziz maitrise le
fichier électoral comme le précédent en 2009.A l'issue de l'élection présidentielle
de 2014 la pression de ses amis fera le
reste quant à la proclamation des résultats avec la
complicité manifeste du ministère de l'intérieur, de la « Ceni » et
du conseil constitutionnel dont les membres ont moult raisons de valider le
scrutin. L'opposition et la quasi-totalité du peuple mauritanien n'auront
alors que leurs yeux pour pleurer .A moins que le déroulement du film ne
prenne une autre tangente avec le soulèvement cette fois du peuple
meurtri, la prise du palais ocre, la fuite du président par la voie des airs
comme un certain Bozizé de Centrafrique. L'ingénuité du président que désormais
le citoyen lambda connait sous son vrai jour, la déliquescence du tissu social
mauritanien, la persistance de l'esclavage, du racisme, le tout
coiffé d'une conjoncture économique oppressante, sont autant d'éléments
qui présagent de lendemains douloureux pour notre patrie.
Capitaine Ely Ould Krombelé
A suivre
Cette analyse est prophétique, parce qu'elle est un bilan serein et du personnage au pouvoir et des différentes valeurs humaines et historiques restant, elles aussi, sur le devant de la scène. La conclusion s'impose. Les Mauritaniens ont toutes les cartes en main, si...
RépondreSupprimerla relève de générations n'est pas une gestion de l'immédiat mais une méditation nationale et consensuelle de cinquante ans d'expérience, celle d'une fondation, celle du désastre social et politique à l'initiative sans cesse renouvelée des régimes militaires... une méditation aboutissant à l'imagination d'une démocratie mauritanienne, d'un socialisme mauritanien, d'une morale mauritanienne. Faut-il le faire connaître, cette imagination c'est la mémoire actualisée de Moktar Ould Daddah.
J'espère - incidemment - que le si talentueux Ely (Ould Krombelé) donnera aussi les portraits de Jemil Ould Mansour, d'Ahmed Ould Sidi Baba et du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Mais déjà merci à lui. C'est un homme libre, et donc il pense juste (il écrit bien, aussi)