Lorsqu’a lieu en Mauritanie,
en 2009, un coup d’État soutenu par la cellule élyséenne animée par Claude
Guéant, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, promu à la tête de l’État, se veut
« le président des pauvres ». Louable projet, mais qui, apparemment, s’est
perdu dans les sables. En effet, le président et ses proches sont en train de
faire main basse sur les richesses du pays, à l’image de ce qu’a pu faire le
clan de Leila Trabelsi, l’épouse de l’ancien président tunisien Ben Ali. « Le
président Aziz pense que diriger son pays, explique un diplomate mauritanien,
consiste à piller son pays ».
Des amis du régime bien servis
Chaque jour, en Mauritanie,
des sites internet étonnamment libres dans un pays policier, où les concurrents
économiques du clan présidentiel sont emprisonnés et les journalistes étrangers
suivis à la trace, dénoncent les derniers forfaits du pouvoir : la pêche, deuxième
ressource du pays, bradée à d’obscures entreprises chinoises, par
l’intermédiaire d’un colonel, ami de la présidence ; des terrains abandonnés à
un ami du régime, en vue de la construction hypothétique d’un aéroport
surdimensionné ; des cousins éloignés d’Aziz soudain promus à la tête de
potentats industriels ; de nouvelles banques confiées à des proches dans un
petit pays de quatre millions d’habitants qui en compte déjà vingt. Même
l’ambassadeur de Mauritanie, à Paris, et beau-frère du Président, Mohamed
Mahmoud Brahim Khlil, qui n’a pas souhaité nous répondre, est, lui aussi, mis
en cause. Son nom apparaît en effet dans d’étranges enregistrements datant de
2006, où le président Aziz, alors simple chef de la garde présidentielle,
semble bien organiser une curieuse négociation commerciale avec un homme
d’affaires irakien portant apparemment sur des transferts de faux dollars.
Aziz s’en prend même à son
ex-allié
Dernier avatar de cette
gabegie généralisée, Aziz s’en est pris récemment à l’un de ses cousins,
Mohamed Bouamatou, le principal homme d’affaires mauritanien qui l’avait
pourtant aidé à prendre le pouvoir, voici cinq ans, grâce aux réseaux qu’il
possède en France, au Mali et au Sénégal. L’empire industriel que cet homme
talentueux avait constitué dans le ciment, la banque, l’aviation, la téléphonie
ou encore l’humanitaire est dépecé méthodiquement par un pouvoir boulimique. Du
coup, des milliers de Mauritaniens sont privés d’emplois. « Autant de mauvais
procès qui nuisent à l’image de la Mauritanie à l’international », constate un
conseiller économique d’une des principales représentations diplomatiques
occidentales à Nouakchott.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire