"Monsieur
le Président, n'oubliez pas que l'impunité contribue beaucoup à alimenter la
violence" !
Je
me permets, Monsieur le Président, de vous écrire cette lettre pour rappeler cette triste réalité : la criminalité est
en forte augmentation dans le pays. Nouakchott et Nouadhibou concentrent toutes
les formes d’actes criminels. Et le summum de l'horreur a été atteint avec le
meurtre de Penda Soghé, une fille de 23 ans, martyrisée par trois jeunes
hommes. Sans oublier le crime perpétré sur des enfants à Atar. Un crime
s'ajoutant à d'autres actes qui endeuillent presque chaque jour nos grandes villes.
Monsieur le Président, sachez que ces crimes répétitifs plongent la Mauritanie dans
la peur : rues, marchés, taxis, écoles, administrations, entreprises, routes
entre les villes, plage, désert, etc. C'est la psychose ! C'est la
méfiance ! C'est la peur de rencontrer des kidnappeurs, des assoiffés
sexuels, des voleurs, des tueurs de sang froid ! Il ne passe pas un jour sans que l'on annonce des
actes d'agression et dégradants à l'encontre des femmes : gifles, coups de
pied, insultes, vol à l’arrachée,… ! Pire : elles sont kidnappées, elles
sont violées, elles sont tuées !
Monsieur le
Président,
Je vous fais
part de ma grande indignation face à cette explosion de la criminalité. Je suis
un citoyen et soucieux du devenir de mon pays. Je ne représentante aucun parti
politique ou un organisme. De ce fait, il est de mon devoir de dire la vérité,
car dire la vérité est un devoir de chaque citoyen ! Monsieur le Président, sachez
que les criminels utilisent une arme de destructive massive : le viol. À cela
s'ajoutent une parole violente, des coups de poings, des harcèlements sexuels
dans les bureaux, à l'école, aux marchés, dans la rue,... Évidemment, tout cela crée des
traumatismes à vie chez la victime. Et
puis, il y a un énorme manque de communication dans notre société, malgré
l'étroitesse des liens familiaux, amicaux, sociaux.
Sachez, Monsieur le
Président, que l’État (garant de la sécurité des personnes et des biens) brille
par des lenteurs agaçantes ! Aujourd’hui, la famille mauritanienne est
caractérisée par le relâchement en matière d’éducation et de transmission de savoir-vivre !
L'école n'est plus le "laboratoire" du civisme! Les leaders d'opinion
(marabouts, oulémas, sociologues, …) s'illustrent par un silence qui frise la
complicité ! Bref, la Mauritanie est une société où chacun se renvoie la
responsabilité.
Monsieur le
Président,
Le Mauritanien ne se reconnaît plus (ou il ne s'est
jamais reconnu) tant ses repères sociaux et moraux se brouillent comme peau de
chagrin. Une situation qui laisse place à un sentiment d'abandon et d'aliénation
se traduisant par le repli sur soi, la peur de l’indifférence, les passions
communautaires,… Donc la violence ! Qui dit violence, dit inhumanité.
La criminalité en est la forme physique. Il est temps de que l'État mette en
place des lois pour criminaliser ces actes odieux. Et vous devez les appliquer afin que les
auteurs de ces actes soient tenus responsables. N'oubliez pas que l'impunité
contribue beaucoup à alimenter la violence. Je vous demande, Monsieur le Président, de
reconnaître que cette décadence est la conséquence de la misère affective, de
la précarité, de la fracture sociale, de la perte des repères moraux, de la
marginalisation, etc. Force est de constater que les femmes sont les premières
à souffrir d'une société malade. Une société où les jeunes sont déboussolés, des
jeunes qui n’ont pas d’arguments que la violence, des jeunes qui se sentent laisser
sur le bord de la route. Bref des jeunes exclus par une société où l’égoïsme,
le mépris, le laisser-aller montent en flèche! Alors, Monsieur le Président, n'oubliez
pas que les femmes mauritaniennes (et partout en Afrique) se sacrifient au
quotidien pour défendre leurs droits.
Monsieur
le Président,
Sachez que vous
êtes le premier citoyen de ce pays. Et le devoir vous incombe de prendre
position pour mettre fin à ce cycle de violences faites aux femmes. Comme l'a
si bien dit Hillary Clinton : "Il est temps pour nous tous d'assumer notre
responsabilité d'aller au-delà de la condamnation de ces comportements et de
prendre des mesures concrètes pour y mettre fin, de les rendre inacceptables,
de reconnaître qu'ils ne sont pas culturels mais criminels". Cela dit, la femme
mauritanienne a le droit de dire "NON" au mépris, à la
marginalisation, à l'exploitation sexuelle, etc. Ainsi, elle offre un regard complémentaire,
une expérience que l'homme n’a pas. Elle est mère, elle est conjointe, elle est
fille, elle est sœur, elle est nièce… ! Et nous n'avons pas le droit de la
salir, de l'humilier, de la harceler, de la piétiner. En un mot, de la
tuer !!!
Monsieur le
Président,
La société mauritanienne cherche un équilibre ; une
société qui passe d’un extrême à un autre. D'où la nécessité de créer une
synergie des forces pour construire un équilibre qui porte la pérennité du
respect de la femme, de nos mères, de nos sœurs, de nos filles. C’est aussi aux
femmes et aux hommes de refuser avec courage et dignité que leurs enfants
reçoivent une éducation de violence. Respectons les femmes pour que nos enfants
reçoivent une éducation porteuse d'équilibre, de bien-être, de vie et d'avenir.
Je vous demande, Monsieur le Président, de prendre en
compte que les femmes mauritaniennes ne trouvent pas suffisamment d'ouverture à
l'écoute de leurs souffrances, autour d'elles, au sein de la société qui manque
de moyens pédagogiques, et de formation adaptée. Il est temps de donner des
images saines et positives de la femme mauritanienne en politique et à travers
les médias. Sachez, Monsieur le Président, qu'être féministe aujourd’hui est un
acte conscient de citoyenneté. Si nous laissons faire, la femme ne sera plus
libre en Mauritanie et nous aurons perdu beaucoup d'énergie pour défendre
les droits des femmes.
Hussein Thiam,
Nouadhibou
Très bien. Honorable et nécessaire combat. Féminisme bien placé de l'homme mauritanien.
RépondreSupprimerracistes fou
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