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mardi 9 avril 2013

Birame Ould Dah Ould Abeid « Il est évident que Ould Abdel AZIZ et l’Opposition mauritanienne sont par ailleurs solidaires contres la majorité du peuple mauritanien... »
























L’Initiative pour la résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie qui avait présenté des cas d’esclavage devant les autorités mauritaniennes compte porter plainte contre l’Etat mauritanien. Son président Birame Ould Dah Ould Abeid explique les raison de ce projet et réagit sur d’ »autres questions d’actualité : la création de l’ANLSERLP (agence nationale de lute contre les séquelles de l’esclavage, pour la réinsertion et lutte contre la pauvreté), les enregistrements concernant le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, etc. 
Vous envisagez de porter plainte pour un cas d’esclavage que vous avez présenté la semaine dernière et à propos duquel votre organisation IRA a eu quelques échauffourées avec les autorités. Alors, où en êtes-vous ?
Birame  Dah Ould Abeid : Mais c’est faux ! On n’a jamais eu d’échauffourées avec la police. Ce sont les media esclavagistes qui distillent des informations fausses et diffamatoires qui visent à porter préjudice à l’image de notre organisation qui est pacifique et non violente dans sa contestation. Le 28 mars passé les militants d’IRA ont été purement et simplement attaqués par des unités de police armées jusqu’aux dents et qui les ont tabassés et inondés de bombes lacrymogènes et assourdissantes. Il ya eu 5 arrestation et 11 blessés parmi nos militants.  Nos militants arrêtés, ont été libérés au bout de 72 heures après avoir subi tortures et humiliation de la part des commissaires de police et tortionnaires attitrés que sont le commissaire  Damess Ould Lekbed et l’inspecteur Amadou Mbodj. 
 
Et votre plainte alors ? 
BDA : Notre plainte ne concerne pas seulement cette affaire d’esclavage qui n’est que le côté visible de l’iceberg.  La plainte est en cours et nous la portons contre l’Etat mauritanien qui continue à bafouer  les lois nationales et constitutionnelles de la Mauritanie, lois qu’il avait édictées lui-même contre l’esclavage.  Le gouvernement mauritanien, que dirige le président Mohamed Ould Abdel Aziz, continue à enfreindre avec un mépris extrême, les conventions et normes internationales ratifiées par la Mauritanie. Ainsi de nombreuses familles issues des groupes arabo-berbères dominants continuent-elles à pratiquer le crime abominable de l’esclavage par ascendance (être esclave parce que fils d'esclave), sur  des Hratin(communauté servile, plus de cinquante pour cent de la population totale). De nombreux auteurs de ces crimes (travaux forcés et sans rémunération, viols, châtiments et mutilations corporels,  exploitation des mineurs et mise en péril de scolarité..ect) furent arrêtés grâce à l'intervention des militants d'IRA. Mais, à chaque fois et malgré les preuves irréfutables étayant leur culpabilité, ils furent  tous, purement et simplement libérés par le ministère public. Jamais ils ne furent traduits  devant les juridictions compétentes pour subir les sanctions prévues. Quant aux victimes, elles ont à chaque fois été  abandonnées à leur sort dans un dénuement total après avoir trimé toute leur vie sans  aucune contrepartie et contre leur gré pour leurs bourreaux. 
Vous dites d’abord le Président en parlant de Mohamed Ould Abdel Aziz, ce qui ressemble à une reconnaissance de son autorité. Ensuite, vous lui faites porter la responsabilité de l’impunité des présumés coupables d’esclavagisme. Ne pensez-vous pas plutôt que c’est à la justice de faire son travail et non le président qui est le chef de l’exécutif ?
BDA : non, non ! Les cas d’esclavage ne sont jamais arrivés devant les juges assis. La majeure partie de ces graves affaires ont été classées sans suite par le parquet acquis quasi automatiquement aux esclavagistes et les rares affaires dans lesquelles le ministère publique décide d’inculper les contrevenants, grâce à la mobilisation et au bruit que fait IRA, les coupables sont libérés pour de bon au bout de quelques jours de détention.  C’est au niveau du parquet que tout se décide ; c’est devant le procureur de la République que toutes ces affaires ont été éteintes. C’est faux cet alibi qui selon les proches du président Ould Abdel Aziz, c’est une justice indépendante qui a libéré les présumés esclavagistes ; ils cherchent  à se disculper en nous faisant croire à l’indépendance de la justice. Et puis l’indépendance de la justice l’Etat ne songe à l’invoquer que dans le domaine  de l’esclavage, mais en sous main, ils donnent l’ordre au juger de libérer les criminels.  Après ils diront publiquement que c’est la justice qui a fait son travail alors que tout ce qui se fait dans les affaires d’esclavage viole ouvertement la loi pour éviter de l’appliquer. Il s’agit là d’un formatage, d’un complot.

Mais au delà de ça, n’êtes vous pas en train de changer de discours par rapport à Ould Abdel Aziz lorsque vous indexez son entourage ou ses proches en disant clairement que des groupes aussi bien dans l’opposition que dans son entourage l’ont fait reculer lorsqu’il a essayé de gérer cette question d’esclavage ? 
BDA : Je n’ai pas dit qu’il a  géré ces questions ! J’ai dit qu’il a tenté. Et on a vu que le pouvoir a tenté à travers l’interpellation et la mise en examen de criminels d’esclavage. Mais très vite le gouvernement s’st racheté auprès des esclavagistes. Le pouvoir s’est racheté auprès de ces esclavagistes en s’empressant de donner l’ordre de libérer les coupables et partant en sévissant contre les abolitionnistes. Ceci est en réponse à la pression des groupes dominants arabo berbères qui continuent à investir le pouvoir et à le dominer.  Et je pense toutefois  que le président Ould Abdel Aziz est au courant de toutes ces affaires.  Avec son entourage, ils ont pris des options électoralistes, ethniques et racistes pour le traitement de ces problèmes de la manière qui arrange le plus, les segments dominants, les grands électeurs et bien sûr ceci ne peut être obtenu qu’au détriment du droit et des victimes. L'impunité des crimes d’esclavage et la protection que l’Etat offre aux esclavagistes est une option politique du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz et de tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie jusqu’à nos jours. Cette impunité  a bénéficié à toutes les catégories ethniques et sociales des esclavagistes. Pourtant, la plupart des bénéficiaires de cette impunité sont au service d'un Etat censé avoir signé la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. A titre d'exemple, je peux citer:   Rahma mint Legreyve, cadre au ministère mauritanien de l’Education Nationale, Mohamed Salem ould Mohamedou ould Aguigah, homme d’affaires, Moulaye ould Bohdel, cadre au Ministère des Finances et son épouse Khadijetou mint Bohdel dite Yemhelha, cadre au Ministère de la Justice.

Devant quelles juridictions devra atterrir votre plainte ?
BDA : Nos plaintes atterriront auprès des instances internationales  parce que la Mauritanie a signé et ratifié des lois et conventions internationales comme celle contre la torture et la traite des personnes. Les mécanismes en la matière nous permettent  d’accrocher l’Etat partie qui minimise la portée des conventions ou enfreint ses engagements; la récidive et l'arrogance constituent ici des circonstances aggravantes.  
Qui sont  les avocats qui vous soutiennent ?
BDA : Ils sont nombreux au  barreau de Nouakchott et parmi les  associations d’avocats de par le monde. Ce sont-là des  partenaires  qui s’engageront avec force et disponibilité à nos cotés. Il y a nos avocats également dont Maitre Ould Deyhi, membre du Bureau Exécutif  de l’IRA et avocat à la Cour, Maitre El Ide Ould Mohamedn et Me Bah Ould Mbareck, tous deux avocats au barreau de Nouakchott.  Il y a également l’ISLP qui est une institution internationale d’avocats volontaires. Cette organisation internationale d’avocat est basée à Paris et New York et compte parmi nos partenaires. Elle va aussi entrer en action. 
Bien tout ceci coïncide avec la création d’une agence qui selon par l’Etat mauritanien est destinée à la lutte entre autres des séquelles de l’esclavage.  Certains considèrent que la création de cette agence sur les centres d’une autre, l’ANAIR, destinée elle à la prise en charge des déportés revenus au pays, risque de créer des problèmes entre communautés harratines notamment et négro-africaines.  Quelle est votre lecture au niveau de l’IRA de la création de l’Agence pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage et pour la réinsertion ?
BDA : Cette institution, bien que figurant sur la liste des mesures que le mouvement abolitionniste a toujours réclamées  au près des pouvoirs publics et des partenaires internationaux, reste néanmoins une mesure secondaire et fatalement infructueuse si d’autres orientations urgentes et indispensables n'étaient pas simultanément prises et engagées.  Il s’agit premièrement de la reconnaissance claire et non-équivoque par le gouvernement mauritanien de l’ampleur des pratiques esclavagistes au sein la société, deuxièmement de  l’application effective et résolue par les pouvoirs publics et les tribunaux des lois et normes punissant l’esclavage, troisièmement de l’abolition du code de l'esclavage véhiculé dans les référentiels constitutionnels et de droit en Mauritanie que représentent des manuels écrits au moyen-âge musulman et qui continuent à être à la base de la formation des juges, des officiers de police judiciaire, des imams et des érudits dans ce pays et quatrièmement de  l'engagement d'une enquête nationale indépendante dont l'objectif est de quantifier l’esclavage sous toutes ses formes en Mauritanie.
Et par rapport au fait que cette agence se crée juste au moment où est dissoute l’ANAIR ?
BDA : Il est regrettable que cette agence soit instituée sur les décombres de l’agence pour la réinsertion des Mauritanien qui ont été expropriés, radiés et déportés pendant la tentative de génocide qui a endeuillé les noirs entre 1986 et 1992 ; il est aussi à déplorer que la création de cette institution soit une occasion pour le pouvoir de mettre en avant, dans les médias publics, les pelotons de laudateurs, des spécialistes du mensonge et du faux témoignage, qui rivalisent de zèle, insultent les abolitionnistes et nient les pratiques esclavagistes ; par ce procédé fait de fanfaronnades et de diabolisation, le gouvernement mauritanien fait perdre ici une occasion importante pour un dialogue constructif entre organisations anti-esclavagistes et pouvoir en place dans le pays ;  nous considérons que c’est le comble de la malhonnêteté et de la mauvaise foi que les autorités mauritaniennes se servent de la création de cette agence comme couverture et diversion pour perpétrer une série de mesures d’élargissement illicite de prévenus esclavagistes ainsi que des actes d’agression, d’arrestation et de torture contre des militants anti-esclavagistes.
Cette agence est dirigée par l’ancien ministre de la Communication. Et certains groupes harratines ont contesté cette nomination.  Où vous situez-vous par rapport à ce fait ?
BDA : A mon avis,  la tare congénitale de cette agence demeure la nomination à sa tête de Hamdi ould Mahjoub. En effet, le désormais ancien ministre de la communication de Mohamed ould Abdel Aziz, est un homme qui détient de loin le palmarès le plus exécrable parmi tous les activistes pro-esclavagistes en Mauritanie  et Dieu sait qu’ils sont légion.  Cet homme a été le premier des ministre de la communication de Mauritanie à avoir  publiquement orchestré une mise en scène mensongère et indigne sur les écrans de la télévision officielle le 13 décembre 2010, pour justifier ma propre arrestation et ma soumission à la torture en compagnie de mes camarades d’IRA pour avoir dénoncé les pratiques criminelles d’esclavage que la belle sœur de Hamdi ould Mahjoub, une femme cadre à la Banque Centrale de Mauritanie, Mouloumnine mint Bakar Vall, imposait à deux fillettes hratin, Nana et Salma. Le comble de l’ignominie et de la manipulation a été atteint lorsque le ministre de la communication faisait passer en boucle sur le petit écran des images d’atrocités qui avaient eu lieu en Somali et au Rwanda  pour dire que ce sont là des massacres que les abolitionnistes auraient commis à l'encontre la police mauritanienne ; il envoya aussi une équipe de la télévision officielle qui filma Mint Bakar Vall et ses victimes, tout en prenant le soins de faire dire aux victimes mineures des témoignages archi-faux disculpant leurs bourreaux, ce qui correspond à  une tentative  de couvrir le crime de la part du ministre car sa belle sœur et protégée avait fini par être inculpée même si l’influence et la détermination du ministre l'avaient finalement tirée de prison après avoir passé seulement neuf jours de détention au lieu des six mois fermes auxquels  le tribunal l’avait condamnée. Hamdi ould Mahjoub, en tant que ministre de la communication, a été aussi le grand artisan de la campagne orchestrée par les médias mauritaniens à partir du 27 avril 2012, juste après l’incinération symbolique des codes d’esclavage en vigueur en Mauritanie. Notre ministre, parachuté à la tête de l'Agence censée lutter contre les séquelles de l'esclavage, avait orchestré, fomenter ter et fabriquer, tel un Gobbels moyen, la diffamation, la diabolisation, l’étiquetage et les appels au meurtre contre les membres et dirigeants de l’organisation anti-esclavagiste IRA-Mauritanie. il est l’artisan des faux témoignages qu’avait utilisés le ministère public contre les membres d’IRA pour les inculper d’apostasie et justifier la demande de leur pendaison. Comment le chef de l’Etat peut- il choisir cet homme en espérant qu’il fasse du bon en matière d’esclavage? Il s'agit-là d'une farce de très mauvais goût!
Question : Pour parler de tout-autre chose. Vous êtes sans doute au courant des enregistrements qui, selon certains medias, impliqueraient Ould Abdel AZIZ dans des affaires de blanchiment d’argent… 
BDA : Pour tout vous dire, je ne les ai pas écoutés. Je n'ai pas de temps  à perdre à les écouter car je pense que AZIZ ou n'importe qui d’autre, fort de sa position de chef d’Etat ou de membre influent de la hiérarchie militaire, n’a absolument pas besoin, pour s’enrichir, de recourir au blanchiment d’argent. Je pense surtout que l’Opposition mauritanienne, incapable d’attaquer Aziz sur les vrais problèmes, comme l’esclavage, le racisme, les expropriations des terres et autres injustices dont souffrent les Harratines et les Noirs, cette Opposition, en évitant les problèmes de fonds, est condamnée à se rabattre sur des faux problèmes comme la balle qui avait blessé Aziz en octobre dernier, les présumés enregistrements téléphoniques ou le limogeage de l’ex-président de la cour suprême. Voyez-vous,  les vrais problèmes sont ailleurs.  Il est évident que Ould Abdel AZIZ et l’Opposition mauritanienne sont  par ailleurs solidaires contres la majorité du peuple mauritanien  qui pâtit de ses problèmes. Cette majorité est faite de  Noirs et de Hratin. L’Opposition perd son âme en détournant l'attention des populations. Elle n’ose s'attaquer aux  vrais problèmes des populations mauritaniennes, des petites gens. C'est cette attitude qui nourrit l'amalgame  entre Pouvoir et Opposition.
Question : Vous ne soutenez donc pas l’opposition qui demande le départ d’Ould Abdel Aziz ?
BDA : Comment et pourquoi pourrais-je soutenir une COD qui avait demandé en chœur  avec le président  Aziz de nous excommunier, mes camarades et moi et de nous  condamner pour apostasie pour avoir donné aux flammes des codes de l'esclavage qui ne méritent que feu pour avoir mis au feu des générations de notre communauté au fil des siècles ? Pourquoi soutiendrai-je des formations politiques qui réduisent une religion aussi égalitaire et tolérante que l’Islam en un Code noir et en un dogme négrier inhumain, intolérable et sauvage ? Comment pourrais-je soutenir des formations politiques qui soutiennent, au moins par leur silence, les segments et familles dominantes qui continuent à pratiquer le forfait de l’esclavage dans toutes les villes et tous les villages de Mauritanie ? Pourquoi ces partis d’Opposition n'étaient-ils pas allés à Inal, à Sorimallé ? Pourquoi ne soutiennent-ils pas les Veuves, les Orphelins ? Pourquoi… ? Il ya des "pourquoi" à n’en pas finir, mais tous ces questionnement légitimes sont des critiques adressées autant aux partis qui se disent de l’Opposition qu’aux autres formations qui se disent de la Majorité, en somme  aux deux têtes du système qui nous opprime, aux deux facettes de la même monnaie. D'aucuns nous opposent la thèse selon laquelle, le problème de l'esclavage se résoudrait tout seul à l'occasion de l'avènement de l'Etat de droit. Ils oublient seulement que l'Etat de droit ne tombe pas du ciel. Il se conquiert. Il s'arrache à coups de sit-in, de protestations, de sacrifices, de séjours en prison et très souvent d'impopularité. Le combat antiesclavagiste est la matrice au sein de laquelle naîtra l'Etat de droit. C'est l'école où nous apprendrons aux Mauritaniens l'Etat de droit. Évidemment, on n’apprendra pas une telle thèse dans les manuels des jurisconsultes esclavagistes qu'IRA avait laissé dévorer par les flammes...
Propos recueillis par Kissima Diagana et Aboubecrine Ould Sidi
                                                                  source: www.kissimadiagana.blogspot.com

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