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mardi 20 septembre 2011

« Les Harratins sont une ethnie à part entière »


 


Ma conviction est que les Haratin ne s’en sortir que par eux-mêmes. Le gouvernement actuel ne reconnaitra jamais l’horreur provoquée par cette tragédie millénaire.

Quelques rappels pour tenter d’en mesurer le caractère particulièrement inhumain :



1)      Un hartani ou hartanya n’a pas de nom : seulement un prénom qui rappelle d’une façon humiliante sa condition de descendant de serf : M’Bareck, Mabrouka, M’Bérike, Salma, Tenje, Tislim, Aoueïch, Koueïdim-Allah, Faïtma, Mahmoud, Meïsse, Lekweïri, M’heïmid, Messoud, Messouda. Mais aussi M’seïd et M’seïda, Bilal, Boïlil....etc, etc. Il faut vraiment commencer par bannir ces prénoms. Pour cela les intellectuels haratins et pas seulement eux doivent se proposer d’être les parrains et les marraines de tous les enfants qui naissent pour qu’aucun de ces prénoms honteux ne leur soit plus jamais attribué  !



2)      Dans l’esprit de la plupart des Maures, il n’y aucune différence entre un haratin et un esclave !  Ce qui rend difficile de s’affranchir de la condition de ses ancêtres. Les possibilités de changement de statut social sont rendues quasiment impossibles étant donnée le racisme, l’ostracisme, la ségrégation dont sont victimes les harratins et surtout les esclaves de par même leur naissance et autant de la part des Maures que de la part des autres Noirs (Peuls notamment). Quand j’étais enfant, j’entendis un jour un commentateur dire après un combat de lutte : « Hardané amen libi kodo » : ce qui signifie si je me souviens, car j’ai oublié mon poular : « Notre hartani a terrassé l’invité ».  Donc les Haratins bien que théoriquement libres demeuraient la propriété, la chose, de tous : Noirs et Beïdanes !  Une même famille d’esclaves pouvait « appartenir » en indivision à plusieurs membres d’une même famille mauresque !   



3)      Certes l’école française a été une formidable chance pour beaucoup. Simplement parce que le Maure dédaignait confier sa progéniture aux écoles françaises mais y envoyait volontiers son esclave. Mais quand l’ancien esclave devenait préfet, dans les années 60, ses maîtres tentaient de refuser ouvertement son autorité ! Et l’administration coloniale française, non seulement elle a été le plus souvent complice de ces pratiques mais elle les a encouragées, par son indifférence. Quant à l’école coranique, elle était tout simplement interdit aux Harratins et encore plus aux esclaves !



4)      Et quand bien même les harratins et les esclaves des Maures ont été arabisés, étant donné que leur langue est l’arabe, ils n’en sont pas moins des Noirs. Mais de là à confondre, dans une même communauté, les Harratins et les Noirs qui ne sont pas des Harratins, cela semble insensé. Les Harratins sont une ethnie à part entière. Une ethnie qui a été assujettie et qui est discriminée par les autres, depuis des siècles et des siècles.  Une ethnie créée par la servitude et l’esclavage : une tragédie humaine à laquelle il faut vraiment mettre fin, en Mauritanie, si nous voulons construire, ensemble, un monde meilleur.



5)      Et comme nous vivons dans un système qui semble complètement cloisonné, essayons de vivre en communautés égales en droit et œuvrons intelligemment pour le bien de tous. Mais d’abord il me semble qu’il faudra commencer par éduquer les esprits !



Par Deyloule/ Le maure conscient

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