Comme le personnage principal du roman éponyme de Abdoulaye Sadji, les refugiés mauritaniens sont devenus des Nini. Ils ne sont ni des mauritaniens, ni des Sénégalais, et ne veulent plus d’aucun de ces deux pays. Telles des âmes errantes, ils sont à la recherche de terre d’accueil. Ce que ne leur facilitent pas les autorités chargées de la question. D’où leur grève de la faim entamée depuis hier.
Des no man’s land ! Voilà comment se définissent les réfugiés mauritaniens au Sénégal. La raison est simple, ils ne veulent d’aucune des deux alternatives qui leur sont offertes. Se faire naturaliser au Sénégal, leur terre d’accueil. Il n’en est pas question. Retourner en Mauritanie, leur terroir d’origine et contrée de cœur. «Qu’est-ce que nous allons y faire ?», se demande Mamadou Ba, l’un d’eux. Ce qui leur reste, c’est donc de leur trouver un autre pays. Et c’est justement pour cette raison qu’ils ont entamé une nouvelle bataille.
Depuis hier, ils observent une grève de la faim afin que le dossier soit rouvert. Combat qu’il ne compte pas cesser avant la satisfaction des doléances. Installés en face de l’immeuble qui abrite les locaux du Haut commissariat des refugiés (Hcr) au Sénégal, ils sont des hommes et des femmes. A travers leur visage, on lit leur détermination à aller jusqu’au bout. Certains sont assis à même le sol, à l’ombre d’un immeuble en construction. D’autres, les dames particulièrement, ont décidé d’affronter les rayons d’un soleil de plomb. Recevant directement sur la peau la lumière solaire, ils sont entre deux tas de sable et de pierres qui servent à l’achèvement de l’immeuble. Ils affichent tous une mine de fatigue, par-dessus un regard triste.
Au Sénégal depuis 1989, les refugiés ont longtemps attendu, sans jamais voir le bout du tunnel. Aujourd’hui leur situation est plus que jamais difficile. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est de quitter le Sénégal sans retourner en Mauritanie. S’ils ne veulent point d’un retour au pays natal, ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas le pays de Abdel Aziz, explique le coordonnateur de l’Organisation des refugiés mauritaniens, mais parce que tout simplement les conditions ne sont pas réunies. «Ceux qui sont déjà partis nous servent de baromètre. Or, à chaque fois ces gens-là nous appellent pour nous dire que si c’était à refaire ils ne partiraient jamais. Ils n’ont ni terre ni pièces, par conséquent ni droit en Mauritanie, et ils ont perdu leur statut de refugié», s’indigne Aldiouma Cissokho. Ils sont donc devenus en quelque sorte des nini ; ni mauritanien, ni refugiés au Sénégal.
23 ans d'exil
Quant au refus de prendre la nationalité sénégalaise, il relève plus d’un problème psychique et psychologique et non à des questions d’ordre matériel. Ce que les autorités ne comprennent pas, d’après M. Cissokho. Selon lui, accepter la nationalité sénégalaise serait synonyme de reniement de leur patrie, car ils ont été exilés parce que considérés comme des Sénégalais. «Allez au Sénégal saluer Abdou Diouf» ! Cette phrase prononcée à leur encontre par les arabes leur est toujours restée en travers de la gorge, en dépit des 23 ans passés au pays de la teranga. «Si nous acceptons de rester au Sénégal, nous donnons raison à ceux qui nous ont fait sortir de notre pays», clarifie-t-il, lui qui ajoute que rien que l’évocation de pièce d’identité au Sénégal fait resurgir des souvenirs douloureux, l’écho de voix insupportables. Cela, sans compter les difficultés de santé et d’emploi dont ils sont sujets au Sénégal.
Ceci étant, la seule solution qu’ils acceptent d’envisager est un envol vers des cieux plus cléments. Etats-Unis, Angleterre, Canada, Australie, c’est tout ce qu’ils demandent. A défaut, «tout pays africain qui remplirait les conditions». Le seul hic, c’est qu’ils n’émettent pas sur la même longueur d’onde que les décideurs. Car, ceux-ci, explique le coordonnateur M. Cissokho, au lieu d’étudier sérieusement la question, en font une affaire de prestige. «Nous avons résolu un ancien et difficile problème. Voilà ce qu’ils cherchent à dire.» Une critique qui n’épargne aucune des trois parties, à savoir l’Etat du Sénégal, celui de la Mauritanie et le Haut commissariat des refugiés. C’est pourquoi n’ayant aucun soutien à côté d’eux, ils ont décidé de prendre leur sort en main, même à leurs risques et périls.
La procession qui est partie de la Place de l’Obélisque à la Rts, a permis aux réfugiés de dénoncer leurs mauvaises conditions de vie au Sénégal. C’est à la veille de la journée mondiale des réfugiés (20 juin).
Le Sénégal, un havre de paix, dit-on souvent. Ce qui semble être à l’origine de la venue des plusieurs milliers de populations des pays en crise dans la sous région ou dans le continent africain. "Mais sur place, le rêve des réfugiés se brise", selon les réfugiés qui ont battu le macadam, ce mardi.
Babacar WILLANE
Pour le Quotidien
Depuis hier, ils observent une grève de la faim afin que le dossier soit rouvert. Combat qu’il ne compte pas cesser avant la satisfaction des doléances. Installés en face de l’immeuble qui abrite les locaux du Haut commissariat des refugiés (Hcr) au Sénégal, ils sont des hommes et des femmes. A travers leur visage, on lit leur détermination à aller jusqu’au bout. Certains sont assis à même le sol, à l’ombre d’un immeuble en construction. D’autres, les dames particulièrement, ont décidé d’affronter les rayons d’un soleil de plomb. Recevant directement sur la peau la lumière solaire, ils sont entre deux tas de sable et de pierres qui servent à l’achèvement de l’immeuble. Ils affichent tous une mine de fatigue, par-dessus un regard triste.
Au Sénégal depuis 1989, les refugiés ont longtemps attendu, sans jamais voir le bout du tunnel. Aujourd’hui leur situation est plus que jamais difficile. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est de quitter le Sénégal sans retourner en Mauritanie. S’ils ne veulent point d’un retour au pays natal, ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas le pays de Abdel Aziz, explique le coordonnateur de l’Organisation des refugiés mauritaniens, mais parce que tout simplement les conditions ne sont pas réunies. «Ceux qui sont déjà partis nous servent de baromètre. Or, à chaque fois ces gens-là nous appellent pour nous dire que si c’était à refaire ils ne partiraient jamais. Ils n’ont ni terre ni pièces, par conséquent ni droit en Mauritanie, et ils ont perdu leur statut de refugié», s’indigne Aldiouma Cissokho. Ils sont donc devenus en quelque sorte des nini ; ni mauritanien, ni refugiés au Sénégal.
23 ans d'exil
Quant au refus de prendre la nationalité sénégalaise, il relève plus d’un problème psychique et psychologique et non à des questions d’ordre matériel. Ce que les autorités ne comprennent pas, d’après M. Cissokho. Selon lui, accepter la nationalité sénégalaise serait synonyme de reniement de leur patrie, car ils ont été exilés parce que considérés comme des Sénégalais. «Allez au Sénégal saluer Abdou Diouf» ! Cette phrase prononcée à leur encontre par les arabes leur est toujours restée en travers de la gorge, en dépit des 23 ans passés au pays de la teranga. «Si nous acceptons de rester au Sénégal, nous donnons raison à ceux qui nous ont fait sortir de notre pays», clarifie-t-il, lui qui ajoute que rien que l’évocation de pièce d’identité au Sénégal fait resurgir des souvenirs douloureux, l’écho de voix insupportables. Cela, sans compter les difficultés de santé et d’emploi dont ils sont sujets au Sénégal.
Ceci étant, la seule solution qu’ils acceptent d’envisager est un envol vers des cieux plus cléments. Etats-Unis, Angleterre, Canada, Australie, c’est tout ce qu’ils demandent. A défaut, «tout pays africain qui remplirait les conditions». Le seul hic, c’est qu’ils n’émettent pas sur la même longueur d’onde que les décideurs. Car, ceux-ci, explique le coordonnateur M. Cissokho, au lieu d’étudier sérieusement la question, en font une affaire de prestige. «Nous avons résolu un ancien et difficile problème. Voilà ce qu’ils cherchent à dire.» Une critique qui n’épargne aucune des trois parties, à savoir l’Etat du Sénégal, celui de la Mauritanie et le Haut commissariat des refugiés. C’est pourquoi n’ayant aucun soutien à côté d’eux, ils ont décidé de prendre leur sort en main, même à leurs risques et périls.
La procession qui est partie de la Place de l’Obélisque à la Rts, a permis aux réfugiés de dénoncer leurs mauvaises conditions de vie au Sénégal. C’est à la veille de la journée mondiale des réfugiés (20 juin).
Le Sénégal, un havre de paix, dit-on souvent. Ce qui semble être à l’origine de la venue des plusieurs milliers de populations des pays en crise dans la sous région ou dans le continent africain. "Mais sur place, le rêve des réfugiés se brise", selon les réfugiés qui ont battu le macadam, ce mardi.
Babacar WILLANE
Pour le Quotidien
Noor Info
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