Translate

dimanche 10 juin 2012

Entretien avec Mme Lalla Aicha Sy : SG adjointe du Fonadh



« Il s’est passé des choses plus graves, en cette terre d’islam » 

La SG adjointe du Fonadh et présidente du Comité de Solidarité avec les victimes, Mme Lalla Aicha Sy n’y est pas allée avec le dos de la cuillère, pour dénoncer l’autodafé, commis par le leader de l’IRA, Biram Ould Dah. Selon elle, des actes plus graves ont été commises en Mauritanie, lors des événements de 89-91, sans aucune manifestation.

Dans cet entretien exclusif, la militante des droits de droit l’homme revient également sur la nouvelle loi qui impose la carte de séjour aux étrangers, mais aussi sur la clôture des opérations de retour des réfugiés. Entretien.

Quotidien-Nouakchott : Quelle est votre réaction, par rapport à l’autodafé perpétré par le leader de l’IRA ?


Lalla Aicha Sy :
Le leader de l’IRA a réagit par instinct à des propos déplacés de certains religieux esclavagistes. Même si Biram a commit une erreur, cela ne devrait pas à mon avis susciter toute cette polémique. On sent dans cette histoire comme une instrumentalisation de son acte. Une occasion offerte pour les autorités publiques de distraire les mauritaniens et d’écarter le leader de l’IRA de ses militants, afin de les éloigner de leur combat qui dérange.

Par ailleurs, il s’est passé des choses plus graves, en cette terre d’islam : tuer des musulmans au cours du mois béni de Ramadan. Leur seul tord était la couleur de leur peau et pourtant tout ceux qui ont manifesté contre l’acte commis par Biram y compris nos érudits ont brillé par leurs mutisme, à l’exception du regretté Liman O /Bousseirii « Rahmetou laahi Aleihi » qui a fustigé et dénoncé les actes barbares. Alors, quelle est cette politique de deux poids deux mesures ?

Quotidien-Nouakchott : Selon vous, quel est le meilleur moyen de combattre l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie?

Lalla Aicha Sy : Pour lutter contre l’esclavage l’Etat mauritanien doit : prévoir de meilleures conditions de vie pour les esclaves (travail décent, santé, éducation logement …). L’Etat doit veiller à l’application des textes juridiques, en sanctionnant ceux qui pratiquent l’esclavage. Sensibiliser les esclavagistes sur la loi incriminant l’esclavage et la conséquence fâcheuse et inadmissible de cette pratique. Veiller à l’application des textes juridiques, en sanctionnant ceux qui pratiquent l’esclavage, ce qui pourrait se faire qu’avec l’indépendance de la justice qui doit avoir les moyens adéquats pour accomplir cette mission.-

Quotidien-Nouakchott : Quel commentaire faites-vous de cette nouvelle loi qui impose la carte de séjour aux étrangers et que préconisez-vous pour éviter l’expérience de Nouadhibou ?

Lalla Aicha Sy : Je trouve légitime et normale, que la Mauritanie réglemente et surveille le flux migratoire en instaurant l’obligation d’avoir une carte de séjour pour les non mauritaniens présents sur le territoire. Ce que je déplore cependant, c’est les conditions d’obtention de cette carte. La plupart des étrangers travaillent dans le milieu informel, il serait donc très difficile pour eux de fournir la somme demandée (30 000 UM). Il est rare qu’un travailleur de l’informel, gagne plus de 30 000 UM par mois. On devrait à mon avis alléger les conditions d’obtention de cette carte surtout pour les citoyens des pays limitrophes tels que, le Sénégal, le Mali, avec lesquels, il existe des accords bilatéraux sur la libre circulation des biens et des personnes, du fait de la proximité géographique et des relations diplomatiques qui lient la Mauritanie à ces pays.

Quotidien-Nouakchott : L’opération de retour des réfugiés vivants au Sénégal a été récemment clôturée à Rosso. Y a-t-il encore des possibilités de retour pour les réfugiés mauritaniens du Sénégal et du Mali ?

Lalla Aicha Sy : Tous les réfugiés mauritaniens ne sont pas rentrés, certains sont restés par peur de ne pas pouvoir vivre décemment et paisiblement dans un pays qui leur a tout arraché. Ces personnes ne sont pas encore remises des événements de 89 – 91. Pour cette catégorie de réfugiés, l’Etat doit les rassurer, les accompagner et leur assurer un retour décent dans des conditions qui respectent leur dignité. Par contre, ceux qui sont au Mali ont été oubliés par le gouvernement et abandonnés à leur propre sort. On doit examiner et entamer leur retour.

Propos recueillis par Dialtabé

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire