Notre pays, s’il est encore permis de le désigner ainsi est, et depuis longtemps, une farce en plus que d’être, comme d’aucuns l’affirment, « une nation dont la création fut une erreur de l’histoire ». Mais à présent cette farce tourne à la tragédie, depuis l’avènement du putschiste qui la dirige : ce petit soldat, sans autre fait d’arme que celui d’avoir été le majordome qui a longtemps protégé un petit dictateur par lui déchu puis contraint à l’exil.
« Le printemps arabe », qui n’est point une révolution pour libérer véritablement les peuples qui ont osé chasser des dictateurs véreux sans pour autant abolir totalement les systèmes néfastes (oligarchies corrompues, tribalisme et « islamisme » rétrogrades entre autres) qu’ils avaient mis en place ou renforcés, a balayé plus d’un dictateur bien « plus précieux » qu’un certain Ould Abdel Aziz.
Kadhafi a été lynché comme un chien. Ben Ali, pour sauver sa tête et celle de son épouse, a fui en Arabie Saoudite, sans laisser d’adresse et sans même pouvoir emporter tout l’or et l’argent (en devises étrangères) par lui et sa dulcinée (qui se prenait pour baronne) avaient volés au peuple tunisien durant un quart de siècle. Moubarak a été contraint a abandonné le pouvoir et répondra, peut être, de tous ses actes devant « la justice égyptienne ». Et, selon toute vraisemblance il aurait subi le même sort que Kadhafi s’il n’y avait pas eu ce holdup du pouvoir, après la révolte de la place Tahrir, commis par l’armée égyptienne au sein de laquelle Moubarak dispose de très nombreux valets-complices qui lui sont restés fidèles.
Ces trois dictateurs déchus ont laissé d’impressionnantes fortunes « personnelles » en biens immobiliers et financiers évalués à plusieurs dizaines de milliards de dollars et d’euros déposés essentiellement dans des banques occidentales. Et ces biens pourraient bien disparaitre, en totalité ou en partie, dans les labyrinthes opaques d’institutions financières qui n’ont été que très rarement regardantes quant à « la propreté » des fonds et des biens qu’elles reçoivent.
Mais il nous faut reconnaitre à Kadhafi que si dictateur qu’il fut, en particulier à la fin de son règne, il n’y avait pas de famine chez lui. Il faut dire que la recette tirée de la manne pétrolière était largement suffisante pour nourrir, de son sein généreux, toutes les bouches libyennes longtemps affamées et assoiffées par le désert le plus aride du monde et celles des millions d’immigrés, notamment égyptiens et tunisiens, qu’elle avait attirés. Par ailleurs, Kadhafi avait, grâce à cette manne, réalisé des infrastructures titanesques, aujourd’hui en grande partie détruites par la guerre civile et les bombardements de l’OTAN et donc à reconstruire…par les entreprises occidentales !…
Quant aux Moubarak et Ben Ali, leurs crimes sont bien plus cruels et à l’image de tous ces dictateurs africains voleurs, peu soucieux de la misère des peuples et qui croient leur pouvoir éternel. Ould Abdel Aziz est de la même eau. Mais en bien plus petit, sans être pour autant moins néfaste…
À présent, en Lybie le chaos menace et les Touarègues, jadis comme naguère encore alliés à Kadhafi sont allés avec armes et bagages pour s’emparer, presque sans combats, des terres qui ont vu naître leurs ancêtres. Mais des terres sur lesquelles ces ancêtres n’ont jamais régné, sauf peut-être en termes de rezzous et de pillages, notamment au temps des redoutables cavaliers Berabiches. Résultat : le Mali est dépecé. Et beaucoup de gens semblent trouver dans cette partition quelque profit.
Et d’abord les Maliens eux-mêmes, réduits à tenter de résoudre leurs querelles pour la conquête du pouvoir politique à Bamako après la débâcle lamentable de leur prétendue armée qui, prenant l’exemple sur la petite armée mauritanienne qui avait trouvé plus aisé de prendre le pouvoir à Nouakchott, en juillet 1978, que de faire face à un Polisario alors militairement soutenu par la Lybie et l’Algérie et qui avait eu l’audace, plus d’une fois, d’étendre la zone des combats qu’à Nouakchott et Néma.
Et évidemment le gangster qui a fait main basse sur le pouvoir en Mauritanie y trouve lui aussi son compte. N’a-t-il pas accueilli des chefs politiques des rebelles touarègues (aujourd’hui alliés effectifs d’Aqmi) ? En substance voilà le pacte : « La Mauritanie adoptera une attitude neutre (mais en apparence seulement, car, en réalité, beaucoup, dans l’entourage de Ould Abdel Aziz dont lui-même, se réjouissent de la défaite infligée à l’armée malienne et du dépeçage de ce voisin pour lequel ils n’ont que mépris…) mais en échange, Aqmi ne commettra plus de rapts sur le sol mauritanien. Et d’ailleurs que vont-ils pouvoir enlever, lorsque les rares touristes ont déserté le pays et que les missions diplomatiques occidentales ont imposé à leurs ressortissants d’éviter désormais ce pays classé en zone rouge ?
Et désormais, en Égypte et en Tunisie les islamistes radicaux ont la voie la libre pour se saisir de la seule chose en laquelle ils croient et ils aspirent : le pouvoir !
Et que dire de tous ceux qui, chez nous, comme les Ould Boulkeir, ont renoncé, au crépuscule de leur vie politique et de leur vie tout court, à cet idéal dont avaient rêvé les pères fondateurs de la Mauritanie et que résume si bien cette belle devise, aujourd’hui vidée de tout son sens, qu’ils nous ont laissée : « Honneur, Fraternité, Justice ». Ils déplorent la misère noire qui ronge le peuple depuis plus de 50 ans alors qu’ils n’ont fait que l’entretenir cyniquement. Ils dénoncent les militaires successifs qui ont illégalement spolié le pouvoir mais n’hésitent pas à se montrer complaisants à leur endroit dès lors qu’ils leur cèdent quelques miettes dans cette gabegie généralisée devenue seul mode de gouvernance en Mauritanie depuis 1978. Ils évoquent la démocratie alors même qu’ils ont démissionné de leurs rôles de « forces de progrès » et de celui d’une opposition constructive et vigilante capable de dissuader les hommes en armes de se succéder d’une manière, pour le moins, peu démocratique au pouvoir. Ils prétendent défendre leur « frère hartani », alors même qu’ils ne courent qu’après leurs intérêts personnels et par leur collaboration au système ils le maintiennent dans la servitude ou la domesticité. Ils réclament la justice et oublient que toute justice vraie repose sur une loi commune juste qui s’applique implacablement à tous. Ils nous affirment que leur objectif est la conquête du pouvoir alors qu’ils lui préfèrent, en réalité, une opposition sous le joug du pouvoir personnel de Mohamed Ould Abdel Aziz… Un pouvoir qui les engraisse et qui affame le peuple !...
Pour tenter de faire oublier qu’il est arrivé au pouvoir par la force, Ould Abdel Aziz se plait à dire sur RFI qu’en Lybie la situation actuelle n’est pas meilleure que celle qui lui préexistait du temps de Kadhafi. Ce qui signifie, selon la logique d’Ould Abdel Aziz, qu’il vaut mieux un dictateur, même mauvais, que le chaos. Il oublie seulement et il est excusable, étant donnée sa piètre culture, que l’éveil des peuples passent nécessairement par des périodes de crises, sans lesquelles aucune évolution positive des consciences n’est possible. Faut-il rappeler à cet individu inculte qu’aux premières heures de l’Islam, les Arabes qui se trouvaient dans la période préislamique dite de « l’ignorance » étaient essentiellement des pillards sans foi ni loi, sauf celle du plus fort ou celle du talion. Qu’ils se livraient à l’alcool et aux orgies, notamment pendant les mariages et que les petites fillettes (à cause de leur sexe) étaient enterrées vives dès leur naissance ! Cher Monsieur Ould Abdel Aziz, l’avènement de l’Islam a été une vraie révolution et sans doute la seule dans le monde arabe. Une révolution qui s’est faite hélas dans le sang, en dépit de la morale qu’elle a apportée. Mais cette révolution s’est très tôt fourvoyée et s’est éloignée de son chemin originel qui mettait l’intérêt général, celui la communauté, au dessus de tout intérêt particulier. Un chemin qui interdisait à tout bon musulman, à l’instar du Saint prophète (PSL), d’exercer la moindre autorité sur quiconque et qui exigeait de chacun un respect scrupuleux de la propriété privée et du bien collectif. Un chemin dans lequel les rois, par exemples, sont cités comme néfastes pour les cités lorsqu’ils les investissaient. Or, aujourd’hui, on voit partout des rois autoproclamés et des putschistes militaires qui ne rêvent que d’être des roitelets. Et dans l’ensemble, force nous est de constater que dans tout le monde musulman, la régression, en particulier dans les rapports entre les dirigeants est les peuples est très alarmante. Et le pire est que rien ne semble indiquer que cela va changer. Même après le prétendu « printemps arabe » !
Mais ce qui s’est passé en Libye, en Égypte et en Tunisie n’aura pas lieu en Mauritanie avant très longtemps. Sans doute, parce que ces peuples ont atteint un degré de maturité auquel les Mauritaniens, embourbés qu’ils sont dans un tribalisme sectaire, un clientélisme, un esclavagisme et un apartheid héréditaires dignes du Moyen âge, ne sont pas encore parvenus.
Mais il y aura, à coup sûr, une fin du règne d’Ould Abdel Aziz ! Pensez-y !
Deyloule.
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