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lundi 28 janvier 2013

- L’éditorial de La Nouvelle Expression : Haratines, doublement victimes !

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Haratines, doublement victimes ! En 1978 c’était, Elhor. Le verbe de l’initiative était expressif sur le degré de l’injustice agissante qui était – et malheureusement reste être toujours - le lot du quotidien de cette communauté. En 2013, le manifeste des Haratine, - comme un rappel -, vient de planter le décor de l’état d’humiliation continuel le dont cette communauté est victime.

Deux initiatives de deux époques différentes qui pourraient être perçues comme une sonnette d’alarme afin d’amener les tenants du pouvoir à une prise de conscience sur le danger de la politique ininterrompue d’exclusion, de racisme, d’archaïsme sociétal et surtout d’esclavage. Deux événements qui ont comme référentiel la déliquescence de l’Etat.

Un Etat inexistant dans son rôle de vecteur de l’unité, de la cohésion et de la stabilité nationale. Un Etat communautaire et tribal. La culture de l’incivisme a des beaux jours devant elle.

Pour le besoin de l’histoire, en 1966, la Mauritanie a failli basculer ; en 1987, année de la tentative de prise du pouvoir des officiers noirs et après la parution du Manifeste du Négro-africain opprimé, dont on ne verra jamais la copie originale, a été le point de départ de la honteuse besogne du système ; en 1989, cette même Mauritanie a frisé la déchéance.

Les années qui ont suivi étaient jalonnées des pires atrocités de l’histoire macabre de ce pays. Des années qui ont vu l’écoulement du sang de ses propres citoyens et la mise sur pied d’un mode d’emploi consacrant l’état d’exclusion pour certains citoyens, le népotisme, le racisme, le chauvinisme, le favoritisme, le tribalisme avec comme corollaires l’incivisme, l’inégalité et les vols de deniers publics, sans vergogne.

Comme par miracle, le pays échappe toujours de l’effondrement dans ses attributs territoriaux mais reste gravement affecté dans son tissu social. La Mauritanie tend de jour en jour en mauritaniland, véritable jungle où tout est permis car les tenants du pouvoir le veulent ainsi. La Mauritanie se divise en plusieurs sous-Mauritanies. Les tribus, les régions, les communautés se côtoient sur ce territoire sans une grande conviction d’appartenir ensemble à un pays, à une communauté de destin qu’il faut préserver, sauvegarder et épanouir dans la justice, la véritable justice…

Ces cris justifiés des Haratines, car les faits sont manifestes, ont été précédés par d’autres cris d’autres victimes ; et au rythme où va ce pays, notre pays, d’autres cris se succéderont aux cris de cette communauté haratine doublement victime ; une communauté haratine qui croupit sous l’esclavage et ses séquelles mais aussi sous le poids du regard et du rejet des autres communautés des victimes.

Le Haratine ou « Harnos » est tout simplement considéré comme étant un sous-homme, une chose. Une chose que tout le monde voit avec dédain et mépris. Et cela doit cesser. Cette injustice horizontale et verticale qui continue de frapper les Mauritaniens doit cesser pour une Mauritanie juste et égalitaire. Pour des citoyens à part entière et non entièrement à part.

Les Haratines, les victimes d’Inal, de Sorimalé, d’Azlat, de Jreida, de Tiguent…. S’invitent toujours à notre quotidien, un quotidien fait d’incertitudes. L’anarchie s’incruste dans une Mauritanie ou l’injustice continue d’être le mode d’emploi. La communauté des victimes s’agrandit et les privilégiés continuent à croire à l’infaillibilité de leur système pourtant agonissant.

Il n’est pas tard de bien faire. Il n’est pas tard de finir avec les pratiques moyenâgeuses et honteuses de l’esclavage, du racisme et de l’exclusion. Il est important d’admettre que toute entreprise qui a comme fondement l’injustice et l’hypocrisie est vouée à l’échec.

La population haratine ou noire de ce pays a souffert et continue de souffrir. Le temps est plus que jamais venu pour dire non. Non aux privilèges indus. Non à la communautarisation de victimes mais surtout non à l’insouciance de la situation des autres ou tout simplement de la situation de ce pays. La Mauritanie doit être juste et égalitaire.

Seidi Moussa Camara

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