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jeudi 5 juillet 2012

« Je ne me rappelle pas que vous m’ayez acheté dans un marché d’esclaves en Mauritanie, »


 Monsieur Mbarek, la nature de notre société s’oppose au respect de certains vis-à-vis d’autres qu’ils considèrent comme des sous-hommes, des esclaves en clair. Si ce n’est pas dit, c’est pratiqué jusqu’au niveau du langage. La hiérarchie en espèce d’hommes différents pose un réel problème de mésentente dans les débats et d’instabilité et de rancœur. Dans cette hiérarchisation les Harratine occupent le bas de l’échelle. Cela ne va pas sans préjugés difficiles à éradiquer, et à déconstruire. En haut de l’échelle se trouvent les maures, les blancs (ou se considérant comme tel), arabes et berbères. Entre les Esclaves Harratins et les Maures se trouvent les autres Noirs avec leur propre échelonnement en castes. Les privilégiés parmi les maures et les Noirs supportent mal l’émancipation de ceux qu’ils tiennent pour des parias. C’est une des raisons de l’échec des organisations noires puisque les parias d’avant ne veulent plus de Nobles, et ces nobles en riposte préfèrent souvent s’allier avec les maures pour se donner une importance que les amures ne veulent pas leur reconnaître.

Notre combat pour l’émancipation des Harratins rencontre le combat pour une vraie citoyenneté, une société d’individus libres où chacun parle et agit à son nom propre, même pas au nom de son père. Mbarek devrait éviter de parler au nom des autres sauf s’il identifie dans une entité déterminée, nous ne savons pas à qui nous répondons. Ce combat ne peut être mené que par des hommes devenus conscients de l’anachronisme d’une tradition intenable, des hommes à l’esprit vif et  libre d’esprit. Les lourdauds d’antan pèsent trop et sont désagréables, à la limite. A voir Mbareck qui se substitue à un autre, je dois mesurer le travail colossal qui reste à faire. Dans ce cas, je ne répondrai plus qu’aux sujets et à des personnes libres et identifiées, quant à Mbarek j’attends sa liberté par rapport aux sujets sérieux, et surtout sa liberté par rapport aux autres.

C’est seulement alors que nous pourrons nous nous lancer et catalyser toutes les énergies sur les choses sérieuses : sur les crimes d’esclavage, de génocides, de dépossession, de tortures, de déportation. Dans toutes ces choses, pour moi sérieuses, il est étonnant de ne jamais vous entendre vous prononcer : là se situe le combat. Pas à ma personne ni la personne des autres que vous semblez incarner. Nous n’attaquons personne en disant qu’il y des évolutions néfastes. Arrêtons de tromper les peules africains, arrêtons de tromper le peuple mauritanien. Puisque vous avez fait tant d’investigation, je vous défie de nous parler de l’évolution du GREM (Groupe de réflexion et d’études sur la Mauritanie), n’y reviens prochainement, à Kassataya, et la relation historiciste avec l’opposition officielle qui a prouvé qu’en soixante ans d’indépendance, elle n’a que foutre de l’esclavage et l’apartheid. Cette opposition dominée par les maures et partagent les prébendes du pouvoir maure qui a fondé la Mauritanie sur la structure esclavagiste qu’ils ne libéreront jamais sans des hommes et femmes qui ont vendu leur âme à la désinvolte, la liberté, l’insouciance, et même la violence. Le monopole du pouvoir depuis l’indépendance sans d’autre partage avec les Noirs que par leur soumission : parlez-en si vous êtes sérieux. Les Noirs sont tolérés en Mauritanie, pas plus. Et cela se prouve tous les jours par meurtre, discrimination, traitements inhumains contre les Noirs du Sud qui transitent en Mauritanie.

Respectons-nous un peu plus pour nous affranchir de l’ordre ancien vers un ordre nouveau. Mais le respect exigé des uns doit rester un impératif pour les autres. Bannissez d’abord la condescendance dans le langage. Le niveau de langage détermine le niveau d’éducation, d’intelligence, voire de connaissance. Nous pouvons dire niveau de culture dans son sens le plus large.

A l’avenir, vous serez gentil de m’éviter le ton de l’impératif quand vous vous adressez à moi, « Vous n'êtes pas obligés… Oubliez, concentrez-vous, etc. » Je ne me rappelle pas que vous m’ayez acheté dans un marché d’esclaves en Mauritanie, ou que vous m’ayez échangé contre un autre esclave comme cela se pratique dans la Mauritanie actuelle, ou que vous ayez une autorité quelconque sur moi, morale ou légale ou légitime pendant.

Fall Moctar

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