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mercredi 11 juillet 2012

Interview de Brahim Bilal Ebeid , vice president IRA-Mauritanie

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En tournée européenne pour sensibiliser l’opinion publique internationale sur la problématique de l’esclavage en Mauritanie et l’arrestation arbitraire de Biram Dah Abeid, le vice président d’IRA-Mauritanie a bien voulu répondre à nos questions. Revient entre autre sur la détention de Biram, sur la mainmise du pouvoir politique sur les juges.

Flere.fr : Pensez-vous que l’acte posé par Biram ait,d’une certaine manière, contribué à l’évolution  des mentalités en Mauritanie ?

Brahim Bilal Ebeid: Je remercie votre site de m'avoir donné cette occasion pour donner des informations sur mon périple européen, et je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui on participé de prêt ou de loin à la réussite de ce voyage. Je félicite particulièrement Abidine Ould Merzough, coordinateur de IRA en Europe pour son travail efficace et sérieux sans lequel ma visite n'aurait pas pu avoir lieu.

Pour revenir à votre question, je rappelle que nousavons toujours dit que c'était un mal nécessaire. Un mal parce que tout simplement la population cible (les hratin ) ignore en grande partie le contenu néfaste de ces livres; et nécessaire en ce sens que nous ne pouvons plus continuer à « traire notre chamelle dans la marre » lutter, démontrer et braver le mutisme voulu par l'Etat sur ce fléau et le résultat de notre travail fini dans les tiroirs d'un disciple de Khalil, c'est-à-dire l'un des juges maures qui dominent à100 % la "justice", et les maures sont entrain de fructifier leur argent illicite, et ils prient dans leurs mosquées, comme si tout allait bien. Donc il fallait un acte fort, pour tirer la sonnette d'alarme sur le ras-le- bol que nous ressentons et nous sommes convaincus que cet acte va contribuer, de façon sensible et perceptible, à l'évolution rapide des mentalités. La problématique de l'esclavage va impérativement connaitre un saut en avant d'une vingtaine  d'années.  


Flere.fr : La justice mauritanienne commence à tergiverser autour du dossier sans pour autant que Biram ne soit libéré, peut-on y voir une mainmise du pouvoir politique ?

Brahim Bilal Ebeid: Mais oui, voila pourquoi la justice tergiverse, c'est parce que, l'autodafé en elle même n'est pas un crime car aucun texte mauritanien ne punit ce genre d'acte, surtout que ces livres ne sont pas du tout saints, ils constituent eux-mêmes un crime contre l'humanité et Biram devait être félicité pour avoir mis la puce à l'oreille des  mauritaniens à propos de ces résidus d'obscurantisme anachronique.  

Flere.fr : Pourquoi, y a-t-il une forte résistance dans la lutte contre l’esclavage ?

Brahim Bilal Ebeid: C'est parce que ceux qui gouvernent la Mauritanie, le clergé et les maitres esclavagistes appartiennent au même groupe social, et ils ne sont pas honnêtes au point d'être juge et partie; que peut- on attendre d'un disciple de Khalil ministre des affaire Islamique ?

Flere.fr : Pensez-vous que la lutte contre l’injustice en Mauritanie puisse s’accommoder du communautarisme?

Brahim Bilal Ebeid : Non, ce n'est pas parce que une communauté, très minoritaire du reste, a hérité d'un pouvoir religieux, économique et politique de façon injuste, qu’elle a pris le soin d'en abuser, que nous autres nous voyons les choses comme ça, nous ne cherchons pas la vengeance encore moins le couper-coller, nous cherchons l'émergence d'une société égalitaire, débarrassée  de ces maux que sont le racisme, le tribalisme, le népotisme et l'esclavage.

Flere.fr : Quel bilan faites-vous de votre tournée européenne ?

Brahim Bilal Ebeid: je ne suis pas venu en touriste en Europe, j'ai profité d'une invitation à un prestigieux  "global Media forum"  en tant que membre d'une communauté opprimée, et pour venir m'adresser aux centaines de journalistes et de chercheurs invités pour la même occasion. Ce forum est organisé chaque année par la Deutsche Welle. Et cette année l'esclavage faisait partie de son ordre du jour, et j'ai donné une conférence en anglais sur le cas de la Mauritanie.

J'ai donc visité quatre pays européens (l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et la France) et j'avais à expliqué à nos militants, amis et sympathisants le sens de l'autodafé et l'instrumentalisation qu'en a fait le pouvoir pour régler ses comptes avec IRA et particulièrement avec son président Biram.
J'ai eu beaucoup de contacts de différents niveaux, des parlementaires, des avocats des citoyens mauritaniens de tous bords, des hommes et des femmes libres et engagés contre les injustices de tous genres. Et je pense que ma mission n'a pas été difficile  car le monde libre peut facilement comprendre son contraire.

J'ai rencontré aujourd'hui (Mardi 10 Juillet ) le député socio-démocrate italien Mr Pier Antonio PANZERI, quiest le président du groupe parlementaire chargé du Maghreb et de la Mauritanie et l'échange que nous avons eu a été prometteur et je serais encore a Bruxelles pour d'autres contacts importants dont un très probable avec Barbara
LOCHBIHLER député présidente de la sous commission des droit de l'homme au Maghreb et nous lui soumettrons nos doléances liées à son domaine à savoir le cas de détentions arbitraires de notre président Biram Dah Abeid et ses codétenus.

Et je rentre en Mauritanie pour rendre compte à mon organisation de toutes les démarches que j'ai eu et pour que, ensemble, nous mettions en valeur les conseils et feedbacks que j'ai collectés durant mon périple européen.

Je vous remercie.
Propos recueillis par BA Youssouf


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