Pour la deuxième fois et alors que les échos de la première provocation continuent à résonner parmi les esclaves et descendants d’esclaves, voilà que Radio Mauritanie, nous ressert, dans une émission de jurisprudence islamique diffusée vers 10 heures de ce dimanche soir (8 juillet 2012), les balivernes de l’un de ces « Mufti s » en négoce d’esclaves sur les ondes de la prétendue « Radio Coran ».
L’esclavagiste Mohamed Cheikh Ould Sidi avait démenti toutes les accusations que lui avaient adressées les abolitionnistes à propos de sa précédente sortie radiodiffusé pendant laquelle il s’adonnait à l’apologie de la vente d’esclave dans un but de racheter les péchés des gens fortunés. Dans le but de crédibiliser son démenti, le dénommé Ould Sidi avait fait disparaitre les armes de son crime en détruisant la bande sonore qui contenait l’élément incriminé. Mais comment procédera-t-il cette fois ? Comment fera-t-il au moment où le Parlement est devenu une tribune du haut de laquelle la « leçon » radiodiffusée a été copieusement vilipendée et dénoncée ? Comment Mohamed Cheikh procédera-t-il cette fois alors que nous sommes très nombreux à avoir entendu cette « leçon » d’un autre âge ?
Le dimanche soir dernier, un événement d’une importance capitale s’est déroulé chez nous. Il démontre, encore une fois, l’étendue du mépris dans lequel sont maintenus les esclaves et les anciens esclaves mauritaniens et souligne la difficulté que les plus sages d’entre eux auront désormais à les empêcher de se déchaîner et de laisser libre court à leur juste colère et à l’accumulation séculaire de leur incommensurable douleur.
Il s’agit de la diffusion, par « Radio Coran », d’une « leçon » du « condensé de Khlil » traitant du « droit de la vente d’esclaves ». L’émission était animée par le « Faqih » Ahmed Ould Ehel Dawoud. Quand le « Faqih » avait terminé de disserter sur le droit des transactions impliquant le bétail et après avoir détaillé les conditions de leur validité et les circonstances de leur nullité, il entama le chapitre de la vente des esclaves rappelant qu’en Mauritanie, l’esclave venait juste après le bétail. Avec une pudeur toute empruntée, notre « Faqih », intitula ce chapitre par « du négoce de ceux qui ne sont pas libres », pour ne pas nommer les esclaves. Sans nommer les esclaves, Ould Sidi, a détaillé, lors de cette « leçon », les conditions de leur vente telles la nécessité qu’ils soient sains de corps et d’esprit et la possibilité d’annuler la transaction si un vice caché venait à se manifester après sa conclusion. Il a, par la suite, abordé les interprétations et jurisprudences coutumières du rite malikite en la matière qui continuent à être enseignées à nos enfants dans les villes et dans les campagnes.
Ainsi, Radio Mauritanie, est-elle devenue, sous la direction de l’esclavagiste Mohamed Cheikh Ould Sidi Mohamed et de l’obscurantiste Dedda Ould Mohamed Lemine Saleck un outil d’enracinement et de diffusion de la culture esclavagiste en propageant un « Vigh » de l’esclavage abusivement rattaché par les forces féodales à notre sainte religion.
C’est précisément l’enracinement de cette culture esclavagiste et de la prolifération de ces percepts appartenant aux enseignements de Khlil qui avaient été à l’origine de la regrettable opération d’autodafé. Aujourd’hui, nous assistons à une terrifiante nouvelle pratique dans ce domaine : alors que ces préceptes étaient confinés dans des Mahadras isolées, les voilà, par la volonté de Mohamed Cheikh Ould Dedda, étalés sur les ondes de la Radio Nationale et martelés aux heures de meilleure écoute pour que nos générations montantes et nos enfants intériorisent le fait que l’esclavage était lié à nos sacralités et qu’il était impossible de s’en débarrasser.
Partant de toutes ces considérations, nous, à l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA):
- Exigeons le limogeage de Mohamed Cheikh Ould Sidi Mohamed du poste de directeur de Radio Mauritanie ainsi que le limogeage de Dedda Mohamed Lemine Saleck du poste de directeur de « Radio Coran » ;
- Demandons de sanctionner le jurisconsulte esclavagiste Ahmed Ould Ehel Dawoud et sa privation de l’accès aux tribunes publiques pour cause de trouble à l’ordre public et menace sur la paix sociale ;
- Réaffirmons que Biram Ould Abeid et ses codétenus n’avaient fait que tirer la sonnette d’alarme pour alerter sur l’existence d’un danger mortel pour notre société et demandons leur élargissement immédiat. Il parait clair, après les derniers sorties radiodiffusées et provocatrices, que les interprétations qu’ils avaient contestées constituaient de véritables chaînes entravant les esclaves et les empêchant de distinguer la lueur de la liberté ;
- Rappelons, encore une fois, la nécessité de revisiter les références et l’ensemble du corpus jurisprudentiel dans le but de les purger et d’interdire l’enseignement du droit négrier et esclavagiste dans nos écoles et nos Mahadras et encore moins sur les ondes de nos radios ;
- Remercions le Député Moustapha Ould Bedreeddine pour sa dénonciation au sein du Parlement, de la « leçon » radiodiffusée incriminée ;
- Appelons nos militants et sympathisants à continuer le combat acharné et paisible jusqu’à l’émergence d’une volonté réelle d’abolir l’esclavage par, dans l’immédiat, la mise à l’écart et la privation de tous les esclavagistes de l’accès aux centres d’influence, de prise de décision et des tribunes publiques ;
- Engageons les partis politiques, les organisations de la société civile et les institutions internationales à redoubler de vigilance pour déjouer les tentatives des sbires du Pouvoir qui cherchent à semer la discorde parmi nous en procédant, par exemple, à ce genre de provocation consistant à mépriser une composante importante de notre peuple et en récidivant dans cette pratique.
Nouakchott le 10 juillet 2012-07-11
Le Bureau Exécutif
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire