Malgré la décision prise par la Cour criminelle d'évacuer le dossier des détenus du mouvement antiesclavagiste IRA, pour vice de forme et de procédures, malgré l'état de santé alarmant des détenus, et malgré les appels et les pétitions de centaines de personnalité de la société civile et de partis politiques, le régime continue de maintenir en détention les militants du mouvement antiesclavagiste et leur président, Birame Ould Dah Ould Abeid. Pour plusieurs sympathisants d'IRA, le système cherche à éliminer physiquement l'un de ses plus invétérés détracteurs et à décapiter un mouvement qui trouble le sommeil des maîtres esclavagistes.
Et pourtant, une telle attitude sur le plan officiel, se déroule au XXIème siècle, dans une Mauritanie qui prétend avoir gagné en démocratie et en respect des droits de l'homme, alors qu'au plus fort des pouvoirs exceptionnels que la Mauritanie a connus, jamais pouvoir n'a osé aller si loin dans le déni de justice et le mépris des droits de ses citoyens. Hormis la parenthèse, au début des années 80, du fameux procès d'El Hor, les annales des injustices commises en Mauritanie n'ont jamais enregistré par la suite une telle férocité envers les combattants de la liberté. Aujourd'hui considérés comme des prisonniers d'opinions, sinon des séquestrés par force publique, les détenus d'IRA seraient, pour la plupart des militants, dans un mystérieux couloir de la mort, insidieusement instituée en dehors des allées judiciaires. Presque tous souffriraient aujourd'hui, dans leur obscure cellule de la prison de Dar Naïm, de maux divers et douteux. Insensible, le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui fait apparemment du cas Birame Ould Dah une affaire personnelle et une affaire d'Etat, l'est resté face à l'appel à la clémence lancé par des dizaines de personnalités, dont des activistes des droits de l'homme, des associations de la société civile et plusieurs autres acteurs politiques et sociaux. Ceux-ci ont mis en avant le caractère sacré du mois de Ramadan où les bonnes actions sont doublement rétribuées, le devoir des dirigeants de faire preuve de générosité et de se placer au dessus de la mêlée. Tout cela n'a apparemment pas encore infléchi la volonté manifeste du système à garder sa proie.
Fétu de paille contre pot de fer, les militants d'IRA continuent à manifester devant le Palais de justice de Nouakchott pour réclamer la libération de leurs camarades, après avoir vaincu la machine répressive de l'Etat qui avait d'abord institué un système de répression systématique contre toutes les sorties du mouvement. Lors du récent sit-in organisé par IRA, le vice-président Brahim Ould Bilal avait démenti les rumeurs selon lesquelles, le mouvement antiesclavagistes projette d'incendier des commerces à Nouakchott, dans une interprétation exagérée de la déclaration faite par l'organisation de décréter l'escalade si leurs camarades emprisonnés n'étaient pas libérés. Selon lui, escalade oui, mais en termes de moyens de revendications pacifiques et légales, et non en termes de vandalisme et de pagaille, niant toute intention de son mouvement à se livrer à des violences. "Nous restons fidèles au tryptique de notre mouvement, la victoire, la prison ou la mort, nos militants étant prêts à se sacrifier pour la cause antiesclavagiste, mais non à verser le moindre sang innocent " devait-il conclure.
Cheikh Aïdara/ L'authentique Mauritanie
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