Illogique est ce déni d'existence de l'esclavage affiché par les pouvoirs mauritaniens, au moment où l'encre qui a servi à la rédaction et à l'approbation de la loi criminalisant les pratiques esclavagistes en Mauritanie tarde encore à se sécher. Aussi, la Mauritanie officielle a tout simplement passé sous silence la célébration de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, célébrée chaque année sous l'égide de l'Unesco. Un acte d'indifférence plus compromettant que tous les discours.
Contrairement aux pays membres de l'Unesco dont elle fait partie, la Mauritanie a ignoré la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, célébrée jeudi 23 août dernier. Une manière de dire qu'une telle thématique ne la concernait pas, ne serait-ce que d'un point de vue historique. Une manière aussi de rester logique avec la position négationniste officielle annoncée par le premier magistrat du pays qui lors de sa fameuse "Rencontre avec le peuple " avait martelé que l'esclavage n'existe pas en Mauritanie. Comme si célébrer cette journée était une reconnaissance de l'existence du phénomène. Ainsi, la loi de 2007 criminalisant l'esclavage, son inscription toute fraîche dans le Préambule de la Constitution mauritanienne et les tentatives précédentes pour se débarrasser de ce cancer, c'est juste pour amuser la galerie. Ce passage d'une simple reconnaissance du phénomène sous forme de séquelles, longtemps position officiellement affichée par les différents pouvoirs qui se sont succédés en Mauritanie, laisse ainsi place à la négation pure et dure.
Un affront pour les organisations des droits de l'homme, en particulier les deux organisations antiesclavagistes, SOS Esclaves et IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) qui ont dénoncé vivement, lors d'une conférence de presse animée en marge de la journée du 23 août, l'absence de volonté des autorités mauritaniennes pour l'éradication de l'esclavage en Mauritanie, explicitement exprimée par leur silence face à cette date importante. Un mépris selon elles, vis-à-vis de toutes les victimes qui portent encore les stigmates du mal.
Cette négation d'un phénomène qui concernerait encore, selon les organisations antiesclavagistes, des dizaines de milliers de Mauritaniens, encore sous le joug de maîtres esclavagistes, se serait accompagnée d'une guerre sans merci contre les défenseurs des droits de l'homme. Interdits de parole dans les organes officiels, ils sont traqués, emprisonnés et brimés. Ce que SOS Esclaves et IRA ont traduit par la volonté des autorités mauritaniennes à saborder les actions menées par les antiesclavagistes qu'elles cherchent à réduire au silence par tous les moyens. A cela s'ajoutent l'impunité dont bénéficient les présumés auteurs de pratiques esclavagistes ou de fait de complicité de la part de l'administration publique et de la justice.
Amar Béjà/L'authentique Mauritanie
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