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dimanche 29 janvier 2012

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Le fils du Président, les fils du pays


« L’affaire Raya » du nom de la fille victime d’un tir de pistolet attribué au fils du Président de la République continue de défrayer la chronique. Les salons, la presse électronique et les tabloïds se sont emparés de l’affaire. « Le fils du Président a tiré au pistolet sur une jeune femme !! », entend-on partout.

Tir à balles réelles sur un individu, c’est un homicide. Il n’y a pas une autre façon de le qualifier. Le coupable doit payer. Qu’il soit Président, fils du Président ou rejeton du vendeur d’à-côté, un criminel est un criminel ; tout comme un chat est un chat.

En pareil cas, la police se doit de faire son travail dans l’impartialité totale et le respect des droits des uns et des autres.

La Favela c’est au Brésil, un habitat des pauvres, une zone de non-droit où des hommes accros à la drogue règnent en maîtres. Ces hommes qui sèment la mort et répandent la peur dans la Favela ont comme référents la drogue, les armes et la violence ; en somme, toutes les tares qui déshumanisent l’homme. Ces tyranneaux, dans leur pays, vivent de l’autre côté du monde éduqué et civilisé.

Là-bas, c’est là-bas et ici c’est ici, la Mauritanie. Mais quand là-bas et ici tendent à devenir comparables, le paradoxe devient saisissant car on serait arrivé à une translation de décor où se meuvent banditisme, crime et racket ; la kebba se muant en Favela. Lieux maudits où la pauvreté absolue côtoie le dénuement laid et le manque de pitance l’impossibilité de fréquenter l’école. Règne de l’illégal et des oiseaux de nuit dont le repère est la faillite sociale et le refuge la citadelle du silence (la prison).

Sommes-nous tombés bien bas pour que le Mauritanien, hier connu pour son humilité et la verticalité de sa morale, montre aujourd’hui deux visages si différents : le vertueux qui rase le mur et le brigand qu’on applaudit. On se reproduit bien mal dans ce pays ! Le monde des civilisés et des riches enfante une majorité de canailles nourries à la déchéance culturelle et au surdimensionnement de l’égo dans des cercles où l’autorité parente a failli, où tous les tabous ont été repoussés dans des remises non bornées.

Le phénomène « kascadi » (cascadeurs) d’hier des fils à papa bien imbus de leur personne se « bonifie », faisant passer ces marmots de l’herbe du diable au flingue avec silencieux après un petit détour chez les filles, la drogue et l’alcool. Ce n’est même plus un secret de polichinelle tant les marmailles nanties exhibent leur « valeur » à la face d’un monde qui fustige peu et bat les pattes sur tous les plans.

Cette nouvelle Mauritanie de l’opulence, victime d’on ne sait quelle malédiction, nous perdra tant la crise morale affecte nos mœurs qu’elle dissout et l’illicite, qui tend vers la règle, gangrène notre corps qui se défend mal.

Le comportement de bien des Mauritaniens ne relève même plus du manque de civisme et du déficit de responsabilité, il est devenu une plante qui se cultive dans un pays où la sécheresse ne frappe plus le sol, la faune et la flore mais a atteint le cœur et l’esprit des habitants de cette contrée où le faux se le dispute à la magouille et l’arnaque à l’impunité.

L’humilité précède la gloire et l’orgueil précède la chute. Qui dira qu’il n’a pas été averti de ce que le chemin emprunté mène à des horizons incertains ? L’éducation de nos enfants était notre trésor et leur avenir notre préoccupation, mais quand le présent d’un pays épouse les courbes de la confusion, son futur ne pourrait alors se décliner qu’en termes de passifs honteux et de passés honnis.

Ressaisissons-nous !!

Seydi Moussa Camara

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