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dimanche 8 janvier 2012

"Abdoulaye Wade me torture une nouvelle fois en faisant trainer le dossier Habré"

NETTALI.NET-Dix neuf ans après la chute de son régime, Husseine Habré continue de terroriser les victimes des exactions de sa police secrète, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS). Clément Dohkot Abaifouta, le président de l’Association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad (AVCRP), garde toujours en mémoire les humiliations et tortures qu’il a subies quatre ans durant sous le règne du dictateur Tchadien actuellement en exil au Sénégal. Celui que l’on surnomme le fossoyeur de la plaine - il enterrait ses camarades mort en détention - revient sur ses quatre années de terreur et demande justice à Me Wade qui, selon ses propres termes, le torture une nouvelle fois en retardant la procédure du jugement de Habré. Interview.

Pouvez-vous revenir sur ce que vous avez vécu dans les geôles Tchadiennes sous le règne de Hissène Habré ?
Tout ce que j’ai vécu est horrible. A chaque fois, il faut que je me concentre pour ne pas pleurer quand je l’évoque. J’ai vécu la torture sous toutes ses formes. J’ai été battu, humilié et torturé. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que je passais tout mon temps à enterrer mes collègues qui mourraient sous la torture.
Quelles étaient les conditions de détention ?
On vivait reclus dans une salle où, il faisait presque 50° et où l’air ne circulait pas. On était réduit à la valeur d’une chose. C’est pourquoi, je me dis qu’il faut que justice nous soit rendu. Il faut que le droit soit dit dans cette affaire sinon, on assistera encore longtemps au triomphe de l’impunité. C’est seulement si justice nous est rendu que le Tchad pourra commencer à se développer et à panser ses plaies.
Que vous reprochait la DDS d’Hissène Habré au point de vous emprisonner pendant quatre ans ?
J’étais jeune, la vingtaine à peine dépassée. Je venais d’avoir mon bac. La veille de mon départ pour l’université, les agents d’Hissène Habré m’arrêtent et m’accusent de vouloir entrer en rébellion. Au lieu d’aller à l’université, j’ai passé quatre ans de ma vie en prison. Quatre années qui me marquent jusqu’à ce jour. Quatre années de galère que je n’oublierais jamais. Si un jour Habré est jugé, je voudrais qu’il me dise ce que j’ai fait. Pourquoi il a sacrifié quatre années de ma vie sans raison fondamentale. Je n’étais pas un homme politique, encore moins un militant rebelle, je n’étais qu’un étudiant.
Me Abdoulaye Wade joue aujourd’hui un rôle central dans le dossier Habré. Que lui direz-vous si vous avez la possibilité de le rencontrer ?
J’aurais aimé qu’il me reçoive. Je ne comprends pas qu’Abdoulaye Wade qui, avant d’être élu nous avait fait de belles promesses, nous déçoive à ce point. Il avait dit que dès qu’il prendrait le pouvoir, qu’il allait diligenter le dossier Habré. Lorsque Hissène devait être extradé, il nous avait promis de le faire. Nous n’avons pas compris pourquoi le Sénégal qui, est une vitrine de la démocratie africaine soit tombée aussi bas et déçoive tout un peuple qui a vécu une page noire de son histoire. Nous ne comprenons pas l’attitude d’Abdoulaye Wade. Je suis doublement victime de Habré et d’Abdoulaye Wade et de son régime. Il me torture une nouvelle fois en faisant trainer le dossier. Je demande à Me Wade de nous rendre justice en diligentant le dossier Habré

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