L’histoire, disait Roger Garaudy, « c’est l'émergence permanente du radicalement neuf dans la vie des hommes ». Le règne du locataire du Palais Ocre de Nouakchott ressemble à un éternel retournement des faits déjà produits et une insolente stagnation. Il s’était arrogé le statut de « rectificateur », il n’a cessé jusqu’ici d’agir de manière archaïque, soldatesque et dangereuse. Sous Aziz, on ne risque plus d'espérer en la paix et en la sécurité. En effet, on ne se demande plus si certaines mesures telles que les nouveaux amendements constitutionnels, ont un caractère historique. A certains nous disons : Histoire en deçà des Pyrénées démagogique de la Mauritanie. Point de polémique. Consultons simplement le paramètre historique de Mohamed Ould Abdel Aziz pour confirmer les raisons de la montée de l’agitation populaire en Mauritanie qu'elle soit politique, sociale, ethnique ou abolitionniste.
Les coups d’Etat ont été interdits le nombre de fois qu’ils furent perpétués dans ce pays. Les articles de notre constitution reconnaissent toutes les composantes ethniques de la Mauritanie. L’esclavage a été théoriquement aboli dans les années 90 et en 2007 mais en pratique, les harratins subissent encore les séquelles de l’assujettissement et le joug autoritaire de certains maitres esclavagistes maures.
Les amendements constitutionnels votés le 6 mars dernier ne constituent donc qu'un trompe-l’œil. Il s’agit là de décisions démagogiques, visant à tromper les partenaires occidentaux. Au niveau national et de manière unanime, elles n’ont aucune importance pour les citoyens affamés. Au regard du contexte explosif dominant depuis bientôt un an, le Rais n’a pu mobiliser ses troupes parlementaires qu'en votant les dits amendements dans le but de calmer des consciences bouillonnantes des citoyens, fatigués par ses agissements. Une ruse politicienne usée par le régime actuel afin d’étouffer dans l’œuf l’agitation populaire des franges victimes du racisme d’Etat, de la discrimination et de l’esclavage. Un moyen pour cacher aux organismes internationaux des droits de l’Homme, des restrictions et violation des droits humains en Mauritanie. Mais d’autres raisons persistent…Les coups d’Etat ont été interdits le nombre de fois qu’ils furent perpétués dans ce pays. Les articles de notre constitution reconnaissent toutes les composantes ethniques de la Mauritanie. L’esclavage a été théoriquement aboli dans les années 90 et en 2007 mais en pratique, les harratins subissent encore les séquelles de l’assujettissement et le joug autoritaire de certains maitres esclavagistes maures.
Peur d’être renversé
Il y a un fait que l’écrasante majorité des citoyens mauritaniens ne pardonnera jamais au chef de l’Etat : celui d’avoir écourté l’expérience démocratique, en reversant le 6 août 2008 le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz bouleverse le cours de l’histoire de notre pays. L’homme a partout saboté l’ensemble des acquis démocratiques, ou du moins consensuels, pendant la période transitoire de 2005. Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) s’était engagé devant le peuple à rétablir l’ordre constitutionnel, reconduire les militaires dans les casernes, remettre le pouvoir à un civil mais Aziz est venu pour nous ramener à la case départ.
Un célèbre adage arabe qui dit que « l’on te trahira de la même façon que tu as trahi ». Mohamed Ould Abdel Aziz a aujourd’hui peur d’une seule chose : d’être renversé par un coup d’Etat. Car, le ralliement de deux anciens hauts gradés de l’armée au sein de la Coordination de l’Opposition démocratique est un acte symbolique. Au delà même de leur expérience militaire, ils détiennent des informations pouvant à tout point de vue déstabiliser son régime et gagner la confiance de certains officiers en exercice. En effet, durant toute la période du Haut Conseil d’Etat (HCE), le général-putschiste s’était manifesté par un semblant de redorer l’image de l’armée. Ce qui était tout a fait faux. Il a usé de leur confiance pour faire appel au puissant lobby françafrique en vue de préparer et légitimer son coup d’Etat.
Le conseiller du Président Français Nicolas Sarkozy, Bruno Joubert (seul soutien de Sidi Ould Cheikh Abdelallahi en 2008) a été vaincu par les cerveaux du lobbying diplomatique à l’Elysée notamment Claude Guéant, Roger Bourgi, Alain Joyandet et le DGSE. Il a commencé par négocier le dossier du terrorisme avec Roger Bourgi bien avant son coup d’état. Il a fait comprendre à ce dernier qu’il demeure le seul officier capable de neutraliser et battre AQMI. Apparemment, Claude Guéant a été convaincu par Bourgui. C’est ainsi que la DGSN dépêcha en catimini trois agents pour espionner l'enceinte du palais présidentiel en y implant des écoutes téléphoniques. Des officiers français séjournèrent maintes fois à Nouakchott pour des missions d’expertise. Le premier conseiller d’Ambassade de France à Nouakchott était celui qui dictait au putschiste l'attitude à adopter face à la communauté internationale.
Des zones d’ombres planent encore dans la reconstitution l'attentat perpétré devant l’ambassade de France à Noukachott. Certains officiers mauritaniens n’étaient pas tout à fait d’accord avec le mode opératoire du général putschiste. Il agissait d’une façon unilatérale même pour des décisions d’intérêt national.
C’est ainsi qu’une fois devenu président de la république, il commença à accorder des marchés aux proches des membres de ce carré puissant. Selon le Journal Billet d’Afrique [1], Patrick Balkany, mentor politique du fils du président français, Jean Sarkozy, a négocié du fer mauritanien pour un Oligarque Kasakh. François Léatard a fait du lobbying auprès d’Aziz pour Pizzorno Environnement. Vicat a acheté des parts d’une cimenterie à un cousin du président des pauvres.
Sans le soutien des autorités françaises, Mohamed Ould Abdel demeurera un chef d’état toujours contesté même après les élections.
Le passif humanitaire… le second round
On ne trompe un peuple qu’une seule fois. Le président s’est alors trompé en pensant que les révoltes de la population noire allaient s’arrêter. On ne peut pas réprimer d’une main et caresser d’une autre. Tantôt le président pose un acte, tantôt son ignorance l’annule. On se rappelle de la date du 25 mars 2009 où le général putschiste s’était rendu dans la ville martyr Kaédi pour y verser des larmes de crocodile. Avant de procéder à une très folklorique prière pour l’absent à la mémoire des martyrs des événements de 1989, il y prononça un discours appelant à l’ « oubli » des exactions sauvages et barbares commises envers les noirs dans les années 90. Il exhorta aux victimes de« tourner » la page noire, laquelle selon lui « assombrissait l’histoire de la Mauritanie ». Il les invitait en même temps à la réconciliation. Quelle forme de réconciliation ? Avec qui ? Jusqu’ici, les noirs mauritaniens subissent le même quotidien, ils attendent encore de savoir leurs fautes dans ce pays. De plus, Mohamed Ould Abdel Aziz a saboté les débuts de l’amorce de la réhabilitation de la vérité et de la justice posés par le président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Aujourd’hui, au lieu de rassurer les veuves et les orphelins, le président déclare à Nouadhibou que les peines des victimes ont été marchandées à Kéadi par le Colonnel Dia. Et c’est fini… le dossier est clos. C’est une insulte à l’égard des femmes et orphelins qui s’étaient rendus à Inal le 28 novembre dernier. Qu’il consulte aux auteurs du dossier de presse « Sory Malé », la terre accusée, et bien d’autres, pour se rendre compte que rien de significatif et symbolique à la mémoire des victimes.
Au lieu de soulager les peines des citoyens noirs, l’état reprend son arme ensanglantée contre la descendance de ceux que Taya avait décimés. Qui a tué Lamine Mangane ? Qui assiège la Vallée ? Qui ont torturé les étudiants noirs militant de Syndicat National des Etudiants Mauritaniens (SNEM) dans les commissariats de Nouakchott en les insultants des sales « Lekwar » (négre) ? Qui prive Bacari Bakhilly de sa liberté de circuler et de vivre librement sans craindre d’être inquiété ? Qui dit que certains noms ne sont d’origine mauritanienne ? Qui empêche les noirs d’intégrer la fonction publique et certains grades de l’armée nationale ? Qui ordonna aux policiers de menacer des journalistes noirs d’emprisonnement dans des lieux inconnus s’ils n’arrêtaient pas d’écrire pour la cause noire ?
Si Aziz déclare connaitre nominativement les auteurs et des coupables exactions des officiers noirs en 1989 alors qu’une commission soit mise sur pied pour les traduire en justice. En attendant, nous savons qui a abattu froidement Lamine Mangane (19 ans). Et c’est le règne sous le règne d’Aziz .
Le racisme et la discrimination des noirs en Mauritanie sont des indicateurs qui justifient encore que nous ne sommes pas sortis de l’auberge de la bêtise humaine. Toutefois, Aziz risque de nous mener vers un second round de l’irréparable. Militer et s’activer face à ces formes d’agissements est désormais un devoir national de tout citoyen et en particulier pour la jeunesse et l’élite noire. Cette jeunesse devrait riposter par des actions militantes pour réagir à la mascarade programmée le 25 mars prochain, injustement décrétée depuis la prière de Kaédi journée comme une réconciliation nationale.
L’esclavage… Une honte nationale
Les actions militantes de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (Ira) dérangent le président Aziz. Le président Biram Dah Ould Abeid et ses camarades dénoncent un ordre social qui touche bien plus que la sphère politique. Ils pointent du doigt les chefs de tribus et les ulémas qui gardent le silence sur cette pratique dont les seules victimes demeurent les harratins. En effet, l’implication de ces deux catégories justifie les réticences des autorités mauritaniennes à criminaliser définitivement cette exploitation de l’homme harratin par l’homme maure.
Désormais, les autorités font face à l’intransigeance des militants abolitionnistes. En effet, lors de la tenue de leur congrès, ils ont renouvelé leur détermination et leur abnégation en s’engageant de se constituer « l’avant-garde des forces nationales démocratiques et de défense des droits de l’Homme, pour conceptualiser et mettre en place une structure unitaire, capable d’animer l’alternative au système de domination, ethno-historique ». Et surtout de « poursuivre la dénonciation, notamment devant les partenaires extérieurs de la Mauritanie, de la connivence du gouvernement avec les auteurs de pratiques esclavagistes, toujours couverts d’impunité, par une administration, des magistrats et des forces de sécurité socialement connivents car liés par le passé et le legs commun de l’infamie".
Les harratins ont appelé aussi à la convergence des forces vives pour aboutir dans les plus brefs délais à la finalisation d’un Conseil National de Transition en Mauritanie (CNTM) capable de mettre radicalement un terme aux dérives du gouvernement prédateur qui régissent le pays depuis 1978, date du premier coup d’Etat.
Voilà un temps record et l’on voit comment le président écrit sa propre histoire. Ces manières tonitruantes mènent le pays vers des lendemains incertains. Sous son règne, toutes dispositions constitutionnelles primordiales sont violées notamment celle stipule que : « L’honneur et la vie privée du citoyen, l’inviolabilité de la personne humaine de la personne humaine, de son domicile et de sa correspondance sont garantis par l’Etat. Toute forme de violence morale ou physique est proscrite ».
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