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lundi 5 mars 2012

Ould Abdel Aziz : chef de gang, apprenti-sorcier et pied-nickelé.


Vue à travers les lunettes d’Ould Abdel Aziz, la vie parait très simple. En effet, quand il entend dire qu’en se brulant l’enfant affine ses sens et apprend de ses erreurs, boy Louga aka Aziz prend les choses à la lettre et allume un foyer géant pour apprendre à faire le président. Tant que le feu restait circonscrit, ça pouvait encore aller. Mais quand, fort de ses convictions, l’apprenti-sorcier allume un foyer dans un pays voisin, le jeu devient trop dangereux et sort du registre du jeu d’enfant. Aussi, pour montrer qu’il était « garçon », le général qui n’a jamais gagné une bataille et ne s’est jamais illustré sur un champ de bataille, se transforme en Rambo et va s’attaquer aux terroristes en territoire malien. Peu contant de ses résultats –et pour cause- Aziz profite de la chute de son mentor libyen pour sous-traiter sa guerre contre Aqmi aux Touaregs venus de Libye. Mais Aziz, qui ne connaît rien à la stratégie, à la tactique et aux relations complexes, n’est pas outillé pour embrasser d’un regard le problème dans sa globalité. Dans son raisonnement, il a sous-estimé les alliances tribales entre certaines familles de ce désert sans maitre connu. Dans cette région délaissée et vide de tout, Aqmi est devenu un investissement sûr et rentable. La branche locale d’Al-Qaïda a alors tissé de solides liens sociaux à travers des mariages mais aussi des services en tous genres. Au point qu’en septembre 2010 après l’enlèvement des français d’Areva, Bernard Kouchner himself, alors ministre français des affaires étrangères, confirmait que les ravisseurs parlaient tamasheq et arabe. Suffisant pour valider la thèse d’une alliance entre Aqmi, Touareg et barabichs de la région de Tombouctou. Il s’agit d’un véritable panier à crabes dans lequel nous nous abstenons de plonger nos doigts. Aziz ne prend pas lui cette précaution et fonce sans réfléchir. Il ira jusqu’à offrir du ravitaillement et des munitions aux rebelles touaregs lors de l’attaque de Léré en janvier 2012. En cela, Aziz ne fait que poursuivre un vieux fantasme qu’il nourrit depuis son accession frauduleuse au pouvoir.
 
Aziz voulait déstabiliser le Mali depuis 2010

C’est ainsi qu’en 2010, Ibrahima Ag Bahanga, chef rebelle Touareg du Nord du Mali, jusqu’alors exilé à Tripoli, regagnait la capitale de la Mauritanie. Pour garder le plus grand secret autour de cette visite d’une sensibilité extrême, il fut hébergé  dans un quartier résidentiel des environs du Stade Olympique, par les soins prudents de ses protecteurs, au domicile d’une honorable coordinatrice d’ONGs, probablement dans l’ignorance absolue de l’identité de son hôte de même que du motif de son voyage. Ag Bahanga n’en était pourtant pas à sa première escapade. Quelques jours après le rapt de trois espagnols à la fin du mois de novembre 2009 en Mauritanie, il séjournait, brièvement, à Nouakchott, dans des conditions identiques.

Ibrahim Bahanga
, venu seul, avait été reçu, successivement, par le Général Mohamed Ould Cheikh El Hadi chef de la DGSN puis durant de longues heures par le Général Ould Abdel Aziz, Président de la République. Une source oculaire, proche du renseignement militaire mauritanien, évoque une - voire plusieurs - réunions de travail en présence du chef du contre-espionnage, un colonel installé dans l’enceinte même du Palais.

Au retour,
Ibrahim Ag Bahanga, sous escorte discrète de policiers en civil et de quelques fidèles, aurait transité par le Sénégal d’où il rejoindrait clandestinement son pays. Au terme de ses villégiatures Nouakchottoises, il repartirait, toujours, avec une importante dotation financière; de surcroît promesse lui est faite, de disposer d’une base arrière permanente en Mauritanie.
L’opération intervenait dans un contexte de dégradation des rapports diplomatiques et sécuritaires entre les deux États; les médiations de la Libye et du Soudan avaient échoué à décrisper la situation.
Malgré des rencontres, en apparence cordiales, lors de sommets à N’Djamena et Syrte, Ould Abdel Aziz reproche, à son homologue malien, son laxisme dans le traitement des détenus membres d’AQMI dont les fréquents rapts d’étrangers attestent l’échec de la coopération régionale en matière de sécurité. Bamako, l’on se souvient, procédait à la libération de quatre d’entre eux, à la fin du mois de février 2010, en contrepartie de l’otage français Pierre Camatte. Le Président Amadou Toumani Touré, qui subissait alors la pression soutenue de Paris, avait fini par céder, en dépit de tonitruantes assurances d’intransigeance envers les groupes terroristes.

Depuis ce développement, d’ailleurs condamné par l’Algérie en des termes à peine diplomatiques,
Nouakchott rappelait son ambassadeur à Bamako, Sidi Mohamed Ould Hanena. La visite de Ibrahim Ag Bahanga intervenait quelques jours après cet accès d'humeur. Dans la foulée, la Mauritanie concentrait des troupes sur la frontière avec le voisin Est. Le Mali, à l’époque comme aujourd’hui inclinait davantage à la détente et évitait soigneusement une quelconque réaction d’escalade.

C’est dans un tel climat de tension que
Hamma Ag Sid’Ahmed, l’un des porte-voix de la rébellion Touareg au Nord-Mali menaçait de rompre la trêve militaire, dans un entretien accordé, le 21 avril 2010, au quotidien algérien Al Watan. Ag Sid’Ahmed est le beau-père de feu Ibrahim Ag Bahanga.
Aujourd’hui, Aziz réalise un vieux rêve d’enfant jouant avec des allumettes dans une région poudrière qui s’embrasse. Mais quand la barbe du voisin brûle, seul l’inconscient irresponsable peut attiser le feu et en rire au lieu de l’éteindre ou au moins de mouiller sa propre barbe.

A suivre : Ould Abdel Aziz, l’épicier du coin gardien du coffre-fort de la Mauritanie.

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