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mercredi 14 mars 2012

IRA-Italie : "Tracasseries policières, confiscation de passeports…C’était comme si on nous attendait "

La section IRA-Italie, venue assister au deuxième Congrès de l’association tenu les 5 et 6 mars dernier à Nouakchott, a achevé son séjour en Mauritanie après une semaine d’observation. Pour boucler ce séjour plein d’émotions et de nouveautés, selon ses membres, une conférence de presse a été animée samedi dernier au domicile de leur président, Birame Ould Dah Ould Abeid, à Riadh.
Assis à même le tapis, le teint déjà bronzé par un séjour d’une semaine en Mauritanie durant lequel, ils sont passés du froid polaire à la chaleur désertique en passant par les vents de sable, les douze activistes italiens des droits de l’homme, membre de la section IRA-Italie, sont revenus sur leur séjour à Nouakchott, ainsi que sur leur périple à Jidrel Mohguen, dans le Trarza.
S’exprimant au nom du groupe, Giammarco PISA, président de la section IRA-Italie, traduit par sa compatriote Ivana Danva, a indiqué que le bureau de la section IRA-Italie est basé à Naples et a été fondé en décembre 2011, après un séjour que Birame Ould Dah Ould Abeid venait d’effectuer dans l’île. A la base de cette section, dira-t-il, il y a des activistes, des observateurs et des spécialistes des droits de l’homme italiens issues de deux grandes organisations connues sur le plan local, européen et mondial. Ainsi, les membres de la section IRA-Italie sont tous issus soit de l’organisation AIMA (Paix en campagne) soit de l’organisation "Femmes en Noirs " connus pour leurs interventions dans les territoires occupés à Gaza, mais aussi pour leur activisme dans des causes humaines au niveau de plusieurs pays Latino-américains et d’Afrique, comme au Tchad, au Sahara Occidental…
A retenu l’attention…
Selon Giammarco PISA, avant l’arrivée de Birame, ils avaient une connaissance assez minime de l’esclavage, tiré pour la plupart de leurs lectures. Ils ont mis un visage sur cet esclavage traditionnel pratiqué en Mauritanie, poursuit-il, grâce aux entretiens avec Birame Ould Dah Ould Abeid à Naples. D’où l’idée d’aider IRA et d’insuffler à son combat un souffle plus élargi, complètera-t-il.
Selon Giammarco trois choses ont retenu l’attention de son groupe durant son séjour en Mauritanie.
D’abord, le deuxième Congrès d’IRA qui selon lui a permis de mesurer le degré de mobilisation de l’organisation, son ancrage populaire. C’est surtout, selon lui, le niveau des débats qui ont émaillé les travaux du congrès ainsi que le caractère concret et réaliste de ses orientations qui ont frappé.
Ensuite, poursuit-il, le voyage à Jidrel Mohguen dans le Trarza qui a permis à la délégation d’observer le quotidien difficile de populations Haratines, dans un environnement dénué des plus simples commodités et de la moindre infrastructure de base.
Enfin, c’est le combat des femmes Haratines, sans moyens devant l’adversité et qui tentent de s’organiser à travers des coopératives pour vivre et faire vivre leurs familles, qui ont séduit les membres de la délégation, déclare Giammarco.
Tracasseries
Selon la délégation de la section IRA, ce qu’ils ont pu constater sur le terrain en matière de pratiques esclavagistes en Mauritanie est pire que ce qu’ils s’imaginaient. C’est surtout, dira Giammarco, le silence obstiné des autorités face aux souffrances des populations qui est dramatique, comme si, dira-t-il "un mur d’incompréhension se dressait entre le monde institutionnel et le peuple". Et c’est cela selon lui qui rend le travail des défenseurs des droits de l’homme encore plus difficile.
La délégation a par la suite raconté les tracasseries dont ses membres ont été l’objet au niveau de l’aéroport de Nouakchott où ils ont été les derniers voyageurs à quitter le hall. Finalement, leurs passeports leur seront confisqués, regrettent-ils, rendant par la suite difficile leur déplacement. C’est ce qu’ils endureront sur la route de Rosso, arrêtés à chaque poste de contrôle et interrogés, relatent-ils en substance. Mais les activistes italiens ont minimisé toutes ces tracasseries auxquelles disent-ils, ils sont habitués, un tel traitement n’étant pas spécifique à la Mauritanie, préciseront-ils, avançant que dans tous les pays où les droits humains ne sont pas respectés, l’arrivée de défenseurs de droits de l’homme est partout mal perçue et non tolérée.Au passage, Birame avait tenu devant la presse, à déconstruire un mythe longtemps véhiculé par les officines du pouvoir et selon lequel Ivana Danva travaillerait pour le Sionisme internationale et qu’elle financerait Birame pour déstabiliser la Mauritanie. Ce que l’intéressée à démenti avec humour, soutenant que de telles affabulations sont courantes dans des régimes qui cherchent à salir leurs opposants.
Par rapport aux autres organisations qu’ils ont connues à travers le monde, les activistes italiens soulignent que la spécificité d’IRA est qu’elle est la plus populaire et la moins élitiste, ce qui rend son ancrage plus profond et son souffle plus durable. Il s’agit, diront-ils, d’un mouvement dynamique aux dimensions extensibles, ce qui peut à l’avenir lui permettre de se projeter dans un combat politique.
Clôturant le point de presse, Birame Ould Dah Ould Abeid a indiqué qu’IRA est engagé dans la lutte contre les inégalités et les injustices. Il s’élève contre les privilèges de rang et de sang, contre la féodalité tribale et le diktat de masse véhiculé par un clergé assujetti à une copie locale du Malékisme intolérant, basé sur l’apologie de l’esclavage et la domination de race. Enfin, Birame a indiqué que sa lutte englobe la chute du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et du système esclavagiste et de race qui le soutient, appelant à une refonte de la société mauritanienne sur des bases plus égalitaires et plus justes.
Cheikh Aïdara.

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