TPMN a suivi avec beaucoup d’intérêt la sortie folklorique à la Dadis Camara du Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz lors de son meeting à Nouadhibou. Sans nous attarder sur le contenu, peu orthodoxe pour un Chef d’Etat, du discours qui passe à côté des préoccupations des Mauritaniens , TPMN relève, néanmoins, une digression se rapportant au passif humanitaire lancée sous le sceau de la passion à travers une allusion à l’adresse de ceux qu' il accuse d’avoir orchestré, ordonné ou commis des crimes de sang à une très large échelle contre la composante négro-mauritanienne de la population du pays. Les criminels en question ne sont autres que les génocidaires des années 80- 90. Les auteurs de ces atrocités sont, du reste, connus de tous. Et pour rafraîchir les souvenirs de Aziz, ces « présumés » criminels sont encore et toujours assez actifs dans l’appareil sécuritaro-militaire et administratif en Mauritanie.
Sans avoir le courage de les nommer ou de dévoiler les secrets officiels de la plus cruelle des manipulations chauvines des instigateurs, ni celui d’ordonner que soit diligentée une nouvelle enquête impartiale et objective sur ces faits graves, Monsieur Ould Abdel Aziz s’est empressé, comme d'habitude, de se targuer d’avoir essayé (maladroitement d’ailleurs) de solder la question du passif humanitaire par une prière de l’absent organisée à Kaedi, un discours de pardon et des indemnisations plus humiliantes encore que symboliques, accordées, sur des bases sélectives et souvent clientélistes, aux ayant droits des victimes. Comme d’habitude aussi, il passe sous le silence de sa déconcertante passion incontrôlée, le drame de centaines de civils qui ont perdu la vie, souffert le martyr et subi l’humiliation lors des évènements de 1989 dont la solution amorcée par le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a été sabotée et vidée de toute sa substance, à l’image de la précarité que vivent les rapatriés et les blocages systématiques cautionnés par le Chef de l’Etat en personne contre la réintégration des fonctionnaires victimes de la déportation.
Dans ses déclaration à Nouadhibou, le Général Aziz a pointé un doigt accusateur sur des hommes politiques et des anciens officiers supérieurs, tous engagés dans les rangs de son opposition, les présentant comme présumés auteurs des crimes qu’il évoque avec le cynisme d’un crocodile acculé. Le président aurait pu aller jusqu’au bout d’une logique éclairée sur cette question. Il pouvait, par exemple, pour prouver sa sincérité, décider de l’abrogation immédiate de la scélérate et caduque loi d’amnistie de 1993, exprimer clairement sa volonté de traduire les auteurs de ces crimes ignobles en justice sur la base des conclusions d’une commission d’enquête indépendante et consensuelle à créer avec charge d’élucider les crimes commis durant cette période.
Au lieu de cela, Mohamed Ould Abdel Aziz a juste voulu se servir de cette question comme un épouvantail politique pour intimider d’anciens dignitaires du système Taya (dont il fait lui-même partie) devenus gênants pour la poursuite de son catastrophique règne. En réalité, Aziz ne reproche à ces personnes -qu’il connaît très bien avant leur actuel positionnement- que d’avoir tout simplement osé mettre en cause la légitimité de son pouvoir. S’il est vrai qu’Aziz est blanc comme neige dans les faits évoqués, alors qu’il était dans le commandement militaire au moment des faits, pourquoi s’oppose-t-il à un règlement juridique du passif humanitaire comme le réclament tous les Mauritaniens, les familles des victimes et les organisations des droits humains en premiers?
Le mouvement TPMN note une fois de plus le manque de cohérence et d’objectivité dans les déclarations du Président Mohamed Ould Abdel Aziz sur toutes les questions touchant à la consolidation de l’unité nationale par la résolution pacifique, mais juste, du lourd passif des années de braise et la correction des insupportables dysfonctionnements dans la représentation des communautés noires du pays dans les centres de décision et la reconnaissance pleine et entière du droit de leurs originaires à l’égalité des chances et à leur expression culturelle libre. Des propos tels que ceux tenus à Nouadhibou ne feront qu’accentuer les souffrances des familles des victimes et heurter la conscience des justes de Mauritanie, des veuves et des orphelins sur cette page douloureuse de notre histoire.
TPMN exprime son indignation profonde et sa ferme condamnation pour ce manque de considération de la part d’un homme qui continue de n’afficher que mépris et dédain face aux revendications légitimes de la communauté négro-mauritanienne, se contentant de détourner les questions fondamentales et prioritaires au profit de mesurettes superficielles et ridicules.
Enfin, TPMN s’insurge contre la mesquine instrumentalisation politicienne des souffrances des victimes de ces lourdes violations des droits de l’homme comme en dénote le malencontreux discours de Nouadhibou et exige un règlement concerté, global, juste et définitif de tout le passif humanitaire des années 86-91.
Fait à Nouakchott, le 18 -3-2012
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