Translate

mardi 13 mars 2012

La Mauritanie dans la cible de la justice belge

 
Épuration ethnique contre les négro mauritaniens
Un ancien président mauritanien dans le collimateur de la justice belge
En 1990, Idy Yero était second maître de la Marine nationale mauritanienne. Le 27 novembre, il fut arrêté, conduit sur la base militaire d’Inal, déshabillé et ligoté. C’est là qu’il rencontra un autre militaire, Abdoulay Hamath Diop, qui avait subi le même sort. Torturés et humiliés, les deux hommes assistèrent aux mauvais traitements infligés à  plusieurs compagnons de cellule : brûlures au fer rouge, yeux arrachés, écartèlement entre deux voitures… Ils furent également témoins de la pendaison de 28 prisonniers négro mauritaniens, et de l’abandon de leurs corps dans des fosses communes.
Etant depuis lors réfugié en Belgique et ayant acquis la nationalité belge, M. Idy Yero a fait cause commune avec son ancien compagnon de cellule Abdoulay Hamath Diop, et avec l’Association d’aide aux veuves et orphelins de militaires mauritaniens (AVOMM) qui a son siège en France et il a saisi la justice belge sur base de la loi de compétence universelle.  La plainte, déposée auprès de la juge d’instruction Sophie Huguet, vise le colonel Ould Sid’Ahmed Taya, qui était à l’époque président du Comité militaire de salut national et président de la république islamique de Mauritanie. Aujourd’hui réfugié au Qatar, il est accusé de crime contre l’humanité et génocide.
En vertu de la loi belge de 1999, relative à la répression des violations graves du droit international humanitaire, la juge d’instruction belge compte envoyer une mission rogatoire en Mauritanie.
L’avocat des plaignants, Me Libert, rappelle  qu’au cours de la période 1989-1992 les membres de certains groupes ethniques appelés «négro mauritaniens » furent opposés aux Mauritaniens d’origine arabo-berbères, souvent qualifiés de « Maures ».
C’est en avril 1989 que des incidents frontaliers entre éleveurs mauritaniens et cultivateurs  sénégalais avaient enflammé la région voisine du fleuve Sénégal. Les autorités mauritaniennes, sous la présidence du colonel Ould Taya, décidèrent d’expulser non seulement les Sénégalais mais aussi les Mauritaniens appartenant aux ethnies noires. Plus de 50.000 personnes, faisant l’objet d’une véritable épuration ethnique,  furent chassées vers le Sénégal dans des conditions très violentes : biens pillés, femmes violées, villages encerclés de nuit par les militaires tandis que les deux tiers de l’armée mauritanienne étaient déployés le long du fleuve. En outre, la  publication du manifeste des FLAM (Forces de libération africaine de Mauritanie) et la crainte d’un coup d’Etat par des officiers noirs déclencha au sein de l’armée une épuration qui visa des centaines de militaires négro africains.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire