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vendredi 23 août 2013

Voyez dans cette affaire, l’inhumanité des féodaux et des autorités civiles et militaires...



C’est noblement sordide mais tout le monde trouve cela normal et parfaitement juste selon la tradition soninkée et les autorités civiles et militaires locales. Au Guidimakha un conflit foncier éclate entre maîtres et anciens esclaves comme on en voit de plus en plus depuis apparemment cette ère de liberté d’expression qui permet au citoyen lambda d’entendre parler de tous les petits crimes commis ici et là. Souvent, grâce à l’Ira on entend que telle famille maure veut prendre les terres de h’ratines mais croyant connaître l’IRA, on se dit qu’ils exagèrent peut-être un peu. On finit par ne plus savoir si l’IRA a définitivement tort ou raison ou si le pouvoir joue toujours ou non le jeu de l’injustice.

Pour ma part, je restais perplexe comme certainement beaucoup de lecteurs mais là ce qu’on apprend dans les détails avec les arguments des maîtres est stupéfiant. Déjà, depuis l’article d’Amel Daddah paru à l’époque dans le monde diplomatique (docteur en sociologie) le citoyen lambda a su que chez les soninkés on pratique une forme de discrimination singulière chez les musulmans car elle va au-delà de la mort. Ainsi, les esclaves et les maîtres ne sont pas enterrés dans le même cimetière. Quand cette affaire fit grand bruit, tous les intellectuels soninkés ayant quelques séquelles de noblesse accusèrent Amel Daddah d’amalgame et d’approximations douteuses. Je connais personnellement des journalistes soninkés qui passent leur temps à défendre l’IRA et qui nient cette vérité. Personne ne veut balayer devant sa porte.

Toujours est-il que le cas d’espèce est assez hallucinant. Le litige éclate entre les maîtres et les anciens esclaves, notez qu’on ne dit jamais anciens maîtres mais toujours anciens esclaves. Finalement l’état mauritanien donne raison aux anciens maîtres car la terre n’appartiendrait pas aux anciens esclaves qui en avaient juste l’usufruit grâce à la charité des maîtres qui avaient permis à la mère de cultiver la terre depuis 1969 car sa mère était une esclave de ladite famille. Ainsi quand la mère est décédée, les petits-enfants de l’esclave ont voulu garder la terre pour continuer à en vivre. Là la noble famille rappelle qu’il ne s’agissait pas d’un don à la fille de l’esclave mais d’un prêt. Les descendants d'esclaves en appellent à la justice et là nous apprend al-Akhbar, les autorités locales civiles et militaires donnent raison à la noblesse.

On a l’impression quand on entend ça qu’on a affaire à des gens qui ont prêté leur terre à d’autres gens qui veulent la leur voler après cette gentillesse. Dieu ! Oublie –t-on qu’il s’agit d’esclaves ! Comment peut-on reconnaître que telles personnes ont été réduites par la famille à l’esclavage pendant mille ans et ne pas même leur laisser en guise de dédommagement une parcelle de terre qu’ils cultivent ? Pire ! L’état mauritanien estime que les maîtres ont raison. N’est-ce pas de la barbarie pure et simple ?

Est-ce noble de priver des descendants d’esclaves de la terre qu’ils cultivent pour la rendre à ceux qui les ont réduits en esclavage ? Le noble montre là son vrai visage. Les castés complexés font tout pour avoir l’air noble mais qu’ils réfléchissent un instant : la noblesse ce n’est rien que la loi de la force, l’arbitraire, l’exploitation et la tyrannie. C’est tout. Les descendants de nobles qui se gargarisent de leur condition sont plus méprisables que leurs ancêtres car ceux-là avaient l’excuse de temps anciens. Que le noble sache que s’il se sent plus fin plus éduqué ayant plus de manières que ces pauvres esclaves et descendants d’esclaves, il devrait en avoir honte car ce n’est en rien un héritage sanguin, il n’est marqué nulle part que tel gêne te rendra bien éduqué, ayant patrimoine et droits d’humiliation sur tes semblables, la morgue des nobles n’est rien que le menton haut de l’impunité et l’état des pauvres descendants d’esclaves n’est que la marque du crime qui rend noble.

C’est écœurant cette impunité.


«  Litige foncier au Guidimakha: les autorités locales donnent raison aux maîtres sur leurs anciens esclaves
ALAKHBAR (Nouakchott) – Les autorités administratives et militaires ainsi que des dignitaires de Sélibabi au Guidimakha (Sud Mauritanie) auraient tranché en faveur de la famille Sidi Rekhiyé Camara dans le litige foncier qui l’opposait à ses anciens esclaves, a appris Alakhbar de sources locales.

Le litige porte sur un champ dans le village de Tachott situé à 35 km au nord de Selibabi, capitale du Guidimakha.

Yelly Bakary, membre de la famille Camara, a affirmé à Alakhbar que son grand-père, Sidi Rekhiyé Camara, avait simplement autorisé l’exploitation du champ, depuis 1988, à Rékhyé Sidibé, parce que la mère de celle-ci était une esclave de la famille.
Mais après le décès de Rékhyé Sidibé, ses enfants voulaient hériter le champs; la famille s’en est opposées et a finalement décidé de le récupérer, a-t-il poursuivi. 

Quant aux enfants de Rékhyé Sidibé, ils ont accusé Sidy Rékhyé Camara d’avoir arraché le champ à ses héritiers légitimes.  Ils crient également à l’esclavagisme et rappellent que la terre appartient à leur mère qui la mettait en valeur depuis 1969.

Dans la tradition de la communauté soninké, on peut confier l’exploitation d’un champ à sa belle-fille ou à ses anciens esclaves, mais cela n’annule pas le droit de la famille propriétaire, a expliqué la source locale.
Elle a ajouté que l’exploitation du champ en question était autorisée à une belle-fille des Camara. Mais après son départ en Centre Afrique, le périmètre a été confié aux anciens esclaves de la famille. »


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