Mauritanie : le rêve brisé de l’IRA

Le couperet est tombé. Le ministère de l’Intérieur vient d’émettre un avis défavorable à la création du parti radical pour une action globale ( RAG) initié par l’IRA de Ould Abeid au lendemain du lancement de ses activités cette semaine à Nouakchott. Les autorités de Nouakchott mettent fin ainsi à un suspens qui aura duré plus de deux mois.

En refusant ce ticket officiel à l’une des ONG les plus célèbres en Mauritanie et dans le monde le régime de Ould Aziz ouvre ainsi un combat frontal juridique et politique avec les radicaux militants anti esclavagistes.

C’est Ould Boilil le ministre de l’intérieur mauritanien qui sort vainqueur de la première bataille contre Ahmed Ould Abeid en levant un suspens qui aura duré plus de deux mois. Une fin de non- recevoir à la demande du parti radical pour une action globale (RAG) pour des motifs jugés non conformes à la législation en vigueur.

Les autorités de Nouakchott reprochent ainsi aux radicaux anti esclavagistes de vouloir créer un parti qui s’identifierait aux Hratins exclusivement. Un couperet qui intervient deux jours seulement après le lancement des activités cette semaine dans la capitale mauritanienne sous haute surveillance d’ailleurs des forces de l’ordre.

La réaction des initiateurs du projet est immédiate. Ils dénoncent le caractère illégal de cette décision et envisagent de trouver des parades dans les jours à venir. En tout cas c’est un coup dur pour la plus grande ONG mauritanienne la plus célèbre et la plus active dans la lutte contre l’esclavage. Et un recul pour la démocratie en Mauritanie.

Le moins qu’on puisse dire ce rejet met fin du moins provisoirement aux ambitions politiques de l’IRA mais n’enlève en rien la détermination de ses leaders à en finir avec l’ostracisme dont les Hratins sont victimes depuis l’aube des indépendances en 1960.

Pour certains observateurs ce refus du ticket officiel au RAG pourrait être interprété comme une dérive gouvernementale anti IRA qui friserait un acharnement politique contre le chef historique du mouvement Ould Abeid lequel commence à avoir une audience nationale et internationale assez gênante pour le régime de Ould Aziz en perte de vitesse populaire.

Nul doute que cette première défaite politique poussera le leader Hratin à poursuivre sa lutte des convergences synonyme d’un ancrage dans les quartiers populaires pour défendre les droits de tous les opprimés et à s’ouvrir aux autres composantes de la population. Un enracinement qui permettra au RAG de diversifier ses adhérents pour ne plus prêter facilement le flanc aux autorités politiques.

C’est peut-être le seul recadrage idéologique qui rendra plus lisible un parti creuset de la souffrance dont l’ambition est bien entendu d’accéder un jour au pouvoir. Un premier test mal engagé qui vient briser un vieux rêve des Hratins.

Source : Baba Kane