En
Mauritanie, seuls les partis maures sont désormais autorisés !
Communiqué
de RAG
Au moment où il s'élance dans une
aventure électorale unilatérale qui hypothèque la fragile stabilité du pays et
sape tous les efforts déployés par la classe politique pour résoudre la crise
conjoncturelle dont il est à la cause, le régime de Ould Abdel Aziz vient de
signifier, par une lettre laconique, de son ministère de l'intérieur, le rejet
de la demande de légalisation de notre parti, le parti Radical pour une Action Globale (RAG).
La demande de légalisation a été
déposée le 18 avril, soit il y a de cela 107 jours. Or, la loi sur la
reconnaissance des partis politiques
(ordonnance 91-024 du 25 juillet 1991 relative aux partis politiques modifiée
par la loi 94.014 du 12 juillet 1994) prévoit qu'une décision de rejet de la
part de l'Administration devrait intervenir dans un délai maximum de 60 jours,
à partir de la date de dépôt de la requête; le non-rejet de cette demande
pendant ces 60 jours équivalant, selon la norme explicite et les usages, à un
une tacite acceptation.
L’article 6 de la loi
invoquée pour motiver le rejet cite le racisme, le tribalisme dont, ironie du
sort et comble du ridicule, le pouvoir mauritanien taxe le RAG . Il se
trouve que la majorité des personnalités mauritaniennes civiles ou
militaires qui constituent l’oligarchie
du pouvoir en place est impliquée de manière notoire, directement ou
indirectement, dans les exécutions extra-judiciaires, les disparitions forcées,
les pogroms et la chasse aux Noirs de Mauritanie ainsi que l’expropriation de
leurs terres, de leurs biens meubles, immeubles et bétail. Le pouvoir
mauritanien joue avec brio le rôle du voleur qui crie au voleur. Il est aussi impliqué - jusqu’à la moelle de sa
superstructure - dans des pratiques esclavagistes contre les Hratine. On y
croise des coupables, à divers niveaux, hommes et femmes porteurs de
responsabilités. Ce pouvoir applique une gouvernance esclavagiste, refuse
d’appliquer les lois anti-esclavagistes et ce malgré la pratique massive et
multiforme d’un tel crime, au sein de la minorité ethnique arabo-berbère dont
la segmentation tribale n’exclut une solidarité quasi automatique face à toute
revendication de l’égalité des droits.
Contrairement aux partis politiques
dirigés par des ressortissants de l’ethnie arabo-berbère et déclinant des
principes et des propagandes racistes et esclavagistes, les sept personnalités
mandataires du RAG sont issues des différentes régions du pays ; leur
réunion reflète la diversité nationale mauritanienne : deux
Arabo-berbères, deux Négro-mauritaniens et deux Hratine.
D’autre part, pourquoi le
gouvernement mauritanien et ses laudateurs, clament-ils qu’il n y a pas de
Hratine en Mauritanie, seulement des Arabes et des Négro–mauritaniens ?
Pourquoi s’obstinent-ils à qualifier les Hratine d’arabes, niant ainsi, par le
fait accompli de l’assimilation forcée, une identité propre à la fois
africaine, arabe et berbère , forgée dans la douleur de l’oppression?
Alors, oui, pourquoi ce même pouvoir, dans une flagrante contradiction,
interdit-il un parti politique où il y a une majorité hratine, au prétexte
qu’il ne compterait pas assez d'Arabes? Pour le système hégémonique, toute
revendication d’équité et de remise en cause des privilèges, dès lors qu’elle
conteste la préséance des tribus maures sur le reste du pays, devient, de
facto, une manifestation de « racisme »,
voire d’ « extrémisme » ;
les intérêts du bloc arabo-berbère constituent, aujourd’hui, l’étalon
souverain, à partir duquel la politique, en Mauritanie, se mesure : toute
expression en dehors de ce périmètre constitue une hérésie, y compris au sens
littéral, c'est-à-dire religieux ; les lois, la coercition policière, les
instruments administratifs et les outils de la contrainte armée, la presse, les
instances de l’accumulation matérielle, la production symbolique tendent, tous,
à préserver, reproduire et étendre le domaine d’influence de cette oligarchie
pourtant déclinante, du moins par le nombre.
Le RAG est une émanation des luttes
anti-esclavagistes, antiracistes et pour la défense des droits et de la dignité
humaine. Ses statuts, règlement intérieur, composition des organes de direction
représentent la pluralité du peuplement et des dynamiques à l’œuvre dans la
société mauritanienne ; ils reflètent des aspirations à plus de justice,
plus d'égalité et à l'abolition
définitive et effective de l'esclavage et de toutes les ségrégations raciales
ou de castes. La ficelle paraît bien
grosse et la volonté d'exclure du champ politique les représentants des
opprimés, laissés pour compte et autres damnés de la terre n'en est que plus
manifeste.
Nous, direction du RAG :
1- Rejetons catégoriquement la
décision de refus qu'opposent les services de Ould Abdel Aziz à notre demande
de légalisation et dénonçons le caractère inique et illégal d’une atteinte
caractérisée au droit à la libre association, garanti par la Constitution. Nous
attaquerons la décision en justice et userons de tous les recours disponibles;
2- Considérons que les activités
de notre parti, RAG, ont effectivement débuté lors du lancement que nous avons
organisé le vendredi 2 août 2013, soit 107 jours après le dépôt de la demande
de légalisation. Nous continuerons nos activités, comme nous les avions
prévues, pacifiques, dans le respect de la loi et pour imposer l'application de
cette dernière et notamment les dispositions pénalisant l'esclavage;
3- Nous nous étonnons du refus
systématique, constant et méthodique opposé par l'Administration mauritanienne
à la légalisation des organisations de lutte anti-esclavagiste, contre toute
forme de discrimination et pour l’éclosion d’une véritable démocratie. Avant le
parti RAG, on peut citer le cas de l'Initiative pour la Résurgence du mouvement
Abolitionniste (IRA) qui attend toujours sa légalisation ainsi que le mouvement
Conscience et Résistance (CR). Cependant, à l'instar d'IRA, le RAG ne se
laissera pas intimider par les atermoiements d'une administration au service
d’un régime qui ne cache plus son engagement aux côtés des forces
esclavagistes, obscurantistes et rétrogrades et trahit, déjà, la peur de la compétition avec notre parti
naissant.
4- Lançons un appel à l'ensemble
des organisations politiques et de la société civile, les représentations
diplomatiques et les institutions internationales et les prenons à témoins,
afin d’obtenir l’annulation d’une mesure liberticide et attentatoire à l’unité
du paix, voire à la paix civile.
Le 05 août
2013
Le bureau Exécutif du parti RAG
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