La porte qui donne accès aux bureaux du centre
de recensement de Sebkha s’ouvre brusquement. Un garde en franchit le seuil et
enjoint à la foule de déguerpir. "Nous n’avons pas l’intention de nous en
aller", lui rétorque le docteur Alassane Dia coordinateur de Touche pas à
ma nationalité (TPMN). «Ce recensement est raciste nous allons nous faire
entendre advienne que pourra», ajoute en substance le coordinateur. Devant
l’insistance du garde qui veut obliger la foule à prendre le large, Abdoul Aziz
Kane entre dans la danse. Les deux hommes en seraient venus aux mains si les
uns et les autres n’étaient pas intervenus pour calmer les esprits.
En somme ce jeudi 27 juin, la dynamique Touche pas à ma
nationalité a décidé de porter la contestation contre un recensement jugé
inique jusque dans la cour du centre d’enrôlement de Sebkha. «Rester dehors
crier ne sert à rien c’est la raison pour laquelle nous avons pris l’initiative
de tenir sit-in dans l’enceinte même du centre. Notre objectif demeure le
même : à savoir acculer les autorités afin qu’elles rectifient le tir en
ce qui concerne le recensement qui est discriminatoire», affirme Alassane Dia. «La
prochaine fois, inch allah, ajoute-t-il, nous allons franchir une nouvelle
étape en allant camper jusque dans les bureaux».
En première ligne, devant la porte qui donne accès aux locaux du
centre, Abdoul Aziz Kane lui continue à haranguer les militants et
sympathisants de TPMN auxquels sont venus prêter main forte un certain nombre
d’habitants de Sebkha qui étaient venus se faire recenser et que TPMN avait
trouvé là sur place en franchissant, ce jeudi matin, le portail d’entrée du
centre.
Alors y-a-il lieu de se frotter les mains ? Non répond le
docteur : «Nous sommes contents, dit-il, d’avoir vu juste par notre
analyse de la situation. En effet en venant ici dans le centre de recensement
de Sebkha, nous avons trouvé des citoyens qui courent pour certains depuis deux
mois derrière un recensement. Nous sommes également contents d’autant plus que
les citoyens précités nous ont appuyé dans notre sit-in qui est aussi le leur.
Mais tout de même il faut l’avouer : globalement, nous sommes déçus. Car
nous avons fait du porte à porte, passé des communiqués sur les réseaux sociaux
et sur différents médias, alors on s’attendait à une plus grande mobilisation
des résidents de Sebkha et de tous ceux qui sont épris de justice». D’ailleurs
pour le coordinateur de TPMN, il n’y aura pas lieu de parler de satisfaction
tant que tous les citoyens ne seront pas traités au même pied d’égalité en ce
qui concerne le recensement. Il faut non seulement ôter tout obstacle au
recensement des Négro-Mauritaniens qui vivent en Mauritanie mais à celui des
Noirs de la diaspora qui eux aussi sont discriminés, ajoute Alassane Dia.
En fait pourquoi TPMN a décidé de faire sit-in spécialement dans
le centre de Sebkha ?
Abdoul Aziz Dia s’est enfin extirpé de la foule. Maintenant il
paraît plus calme. «Le fait de tenir sit-in dans la cour du centre d’enrôlement
de Sebkha n’est pas anodin», explique-t-il. «Dans ce centre, ce sont toutes les
composantes noires du pays qui subissent la discrimination, c’est dire que les
menées de ce centre sont un cas emblématique d’injustice, c’est la raison pour
laquelle nous avons décidé de nous mobiliser là » poursuit-il avant de
conclure : «nous allons continuer à nous mobiliser quitte à laisser la vie
sur le carreau». A bon entendeur...
SC
Source:http://taqadoumy.com/fr
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