Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Actes, interventions et enregistrements vidéo
12 juin 2013 à l'Assemblée Nationale Française
Rencontre-Débat à l'Assemblée Nationale
(organisée par IRA-France sous le haut patronage Jean-François MANCEL,
Député de l'Oise, Conseiller Général )
Thème:
L'esclavage
en Mauritanie
Lieu: Assemblée Nationale, Salon Mars III, 101, rue de l'Université
(RdC), 75007 Paris
Date: Mercredi 12 juin 2013 de 16:00 à 19:00
Présentation de la rencontre-débat
Après quatre abolitions (1905, 1960 , 1981 et 2003), une loi
parlementaire le criminalisant (2007) et une loi institutionnelle (2012) le
qualifiant de crime contre l'humanité, l'esclavage vient d'être l'objet de la
création, en Conseil des Ministres (mars 2013), d'une "Agence
Nationale" pour l'éradication de ses "séquelles" en Mauritanie.
Depuis
plusieurs décennies, des courants d'émancipation sillonnent la communauté des
Hratine (esclaves, descendants d'esclaves et anciens esclaves de Mauritanie) en
cristallisant de façon continue une identité qui a du mal à se détacher des
deux grands ensembles culturellement dominant en Mauritanie à savoir les Maures
(arabo-berbères) auxquels ils sont liés par assimilation et les
Négro-africains ( Halpular, Wolof et Soninké) avec lesquels ils partagent les
origines.
Ces
courants prirent la forme de mouvements d'opinion (Elhor, "le
libre"), de partis politiques (Action pour le Changement, AC et l'Alliance
Populaire et Progressiste, APP) ou d'ONG de défense des droits de l'Homme
(SOS-Esclaves). Ils aboutirent à l'injection dans le corps de l'Administration
et de l'Etat d'une dose importante de cadres issus de la communauté hratine
exerçant une réelle modification des mentalités au sein de la société
mauritanienne. L'apogée de cette évolution pourrait être situé en août 2007
avec l'adoption de la Loi 008/2007 criminalisant l'esclavage par une Assemblée
Nationale dont le "perchoir" était occupé par Messaoud Ould
Boulkheir, figure emblématique d'Elhor. Un autre marqueur significatif de cette
évolution est la candidature (2009) à la présidence de la République du même
Ould Boulkheir soutenue par une large coalition de partis regroupant
l'essentiel du personnel politique du pays.
Pourtant, en 2013, la carte de la pauvreté en Mauritanie recoupe intimement la
géographie des villages hratine (Adwaba) et les bidonvilles essentiellement
peuplés de ressortissants de cette communauté. L'analphabétisme et l'échec
scolaire y sont à leur maximum.
Depuis
quatre ans, de nouvelles formes de lutte contre l'esclavage ont fait leur
apparition en Mauritanie. Des pans entiers de la communauté hratine ont décidé
de prendre leur destin en main et de ne plus compter sur le "temps et
les programmes de lutte contre la pauvreté" pour sortir de la misère
sociale économique et morale. Ce fut le crédo de l'Initiative pour la
Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie, IRA créée en octobre
2008.
IRA,
dont le président Biram Ould Dah vient d'être distingué par le prestigieux prix
de défenseurs des droits de l'homme décerné par FrontLine Defenders, organise
une journée-débat le mercredi 12 juin 2013 à l'Assemblée Nationale française
sur cette thématique de l'esclavage en Mauritanie. Y seront conviés des acteurs
de la société civile nationale et internationale travaillant dans le domaine de
la défense des droits de l'homme, des politiques et des représentants de la
presse.
IRA et le Député Jean-François MANCEL seraient honorés de votre présence
à cette manifestation
Annonce de la Rencontre-débat diffusée dans la presse mauritanienne
Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
IRA à l'Assemblée Nationale française
La
section IRA-France organise, ce mercredi 12 juin 2013, une grande
rencontre-débat sous le thème de "l'esclavage en Mauritanie" dans les
locaux de l'Assemblée Nationale française. La rencontre est organisée sur l'invitation
et sous le patronage du Député UMP et Conseiller Général de l'Oise (Nord de la
France), Jean-François Mancel. Sera présent à cette réunion le président d'IRA,
Biram Dah Abeid, qui achève dans la capitale française une tournée européenne
qu'a organisée en son honneur l'ONG Front Line dont il est le lauréat du Prix
FrontLineDefenders 2013.
De
nombreuses autres personnalités politiques, scientifiques, de défense des
droits de l'homme et de la presse ont confirmé leur présence à cette rencontre-débat
aux côtés du Président Abeid et du Député Mancel. On peut citer notamment:
-
Monsieur Mal Thomas, Chargé
de mission au près de l'Ambassadeur Chargé des Droits de l'Homme au Quai
d'Orsay;
-
Monsieur Iyad Jaber, Chargé de la
Mauritanie au Quai d'Orsay;
-
Monsieur Forst Michel, Secrétaire
Général de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH);
-
Madame Verges Françoise,
Directrice du Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage de Nantes.
La
rencontre se déroulera de 16 heures à 19 heures et verra la projection
d'un documentaire sur les luttes d'IRA en Mauritanie, des témoignages d'ONG
internationales de défense des Droits de l'homme, des interventions de
responsables d'IRA et une grande plage de discussion et de débats. Au total,
plus de 110 invités ont confirmé leur venue.
IRA-France
Lundi 10 juin 2013
L'annonce a été largement relayée dans les sites mauritaniens
d'information. Voici quelques liens:
Liste des invités ayant confirmé leur venue
Le Comité d'organisation de la Rencontre-débat tient à présenter
ses excuses sincères à ceux qui n'ont pas pu accéder à la salle et qui sont
dans leur très grande majorité des militants d'IRA.
1.
Abeid Biram Dah
2.
Acloque Benjamin
3.
Aït-Larbi Aghilès
4. AKORRI Sayfa
5. Artur Danièle
6. BA Ciré
7. Ba Elhadj
8.
Ba Ousmane
9.
Ba Sileye
10. Ba
Tidjane
11. BAAL Aissata
12. Baba Mohamed
13. Baba Marie
14. Beau Nicolas
15. Beidary Coulibaly
16. BEL Mohamed
17. Berthilier Jean pierre
18. Bonifassi Marie-Laure
19. Botte Roger
20. Boukoum djibril
21. Brahim Yayha
22. Brette Ibrahima
23.
CHARBAGI Claire
24. Charbagi
Mohamed
25.
Chedad Amar
26. Chedade
Oumar
27. Cheibetta
Moctar
28.
Cheikh Ahmed
29. Cire Aminetou
30. DAH Mohameden
31. Dalibert Alain
32. Daoudi Naima
33. Das
Sobha
34. Delius
Ulrich
35. DIAGANA
Boubacar
36. Diagana
Cheikh
37. Diagana
Mamadou Yousssouf
38. Diagne
Oumar
39. DIALLO
Ibrahima
40. Diallo
Rougi
41. Diallo
Saidou
42. Diallo
Samba Kabe
43. Diallo
Tahirou
44. Diankha
Youba
45.
DIAW Abdoulaye
46. Dieng
Alioune
47. Dieng
Samba
48. Diko
Hanoune
49. Dion Véronique
50. Djimera Cheikhou
51. Emrou Itewel
52. Fall
Malick
53. Forst
Michel
54. Gakunzi
David
55. Galledou
Younouss
56. Gandega
Adama
57. Ghaye
Mamy
58. Guelaye
Abdou
59.
Hardung Christine
60. Houssein
Mohamed Mbareck
61. Iyad
Jaber
62.
KANE Elimane
63. Kane El
housseinou
64. Kane
mariame
65. Kane
Oumou Kelthoum
66. Kébé
cheikhouna
67.
Koenig Erika
68. Kone
Makan
69. LY Fatima
70.
Macha Sinegre
71. Mal
Thomas
72. Maya
Drame
73. Meclot
Dominique
74. Messeoud
khadjetou
75. Mint Baba
Ahmed Mariem
76. Moulin
Jacqueline
77.
Ndiaye Sidi
78. N'diaye
Abou
79. Ndiaye
Demba
80. Ndiaye
Mohamed
81. Niang
Ousmane amadou
82. Niasse Fatimetou
83. Nyoumsi Guy Samuel
84. O'Brien Michele
85. Ould
Abdallahi Ould Bouchame Mohamed
86. Ould ALI
brahim
87. Ould Anny
Mouamar
88. Ould
Cheikh Abdel Weddoud
89. Ould
Elmewloud Amar
90. Ould
Jiddou Baba
91. Ould
matalla Mohamed
92. Ould
Merzoug Abidine
93. Ould
messeoud Maloum
94. Ould
Moustapha Ahmed Amou
95. Ould
Saloum Vall Yacoub
96. Pagny Celine
97. Pelckmans Lotte
98. Pelenc Marie
99.
Peschanski Flora
100. Poivre d' Arvor Catherine
101. SAMBA Oumoulkheir
102. Sao Ousmane
103. Sarr Abou
104. Schulthes Martin
105. Sidibe Moro
106. Soumare El hacene
107. Sow Alpha
108. Sow Djariyatou
109. Sow Issa
110. Sy Fatimata
111. Tal Moktar
112. THIAM Maimouna
113. Thiam Abdoulaye
114. Vergès Françoise
115. Villasanté de Beauvais Mariella
116. Wague Alioune
Compte rendu rapide paru dans la presse le lendemain de la rencontre
L'Esclavage en Mauritanie: rencontre-débat à l'Assemblée Nationale
française
Le mercredi 12 juin 201, s'est tenue au Salon Mars III de l'Assemblée
Nationale française, une importante rencontre-débat sur le thème
"l'Esclavage en Mauritanie". Cette rencontre a été organisée par la
section IRA-France sur invitation du Député de l'Oise (Nord de la France),
Jean-François Mancel. Un nombre important d'organisations, d'institutions et de
personnalités travaillant dans le domaine des droits de l'Homme ont honoré IRA
par leur présence à cette rencontre. On peut en citer les représentants du service
de l'Ambassadeur chargé des Droits de l'Homme au près du Ministère des Affaires
Etrangères françaises, la Commission Nationale Consultative chargée des Droits
de l'Homme française, La Fédération Internationale des Droits de l'Homme,
l'Organisation People Nation Non représentés, l’Association pour les Peuples
Menacés, le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN),
le Mémorial de l'abolition de l'esclavage de Nantes...
Après
le mot d'accueil et de remerciements adressés par le Député Mancel aux invités,
un
documentaire
Vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=Xh0Gd68N8yM
relatant les
principales étapes du combat d'IRA en Mauritanie et à l'extérieur du pays
introduit la séance permettant aux participants de mettre des images et des
mots sur la lutte antiesclavagiste en Mauritanie. Par la suite, a pris la
parole Dr Ahmed Amou Ould Moustapha, membre du Bureau Exécutif d'IRA, pour
expliquer "Ce que veut IRA". Essentiellement deux choses:
appliquer la loi 2007-048 criminalisant l'esclavage, à tous, pour tous et
partout et promulguer une nouvelle loi instituant une réforme permettant
aux Hratine d'accéder à la propriété foncière des terres arables. Etre et
avoir, telles sont les principales revendications des Hratine portées par IRA.
"Monsieur le Député, Messieurs les représentants du Ministères
des Affaires étrangères françaises, vous avez devant vous, vous
accueillez et honorez le président et les responsables d'une organisation
mauritanienne hors la loi! Une organisation hors la loi qui s'est assigné comme
objectif de faire appliquer la loi.", souligne Ould Moustapha.
A
suivi une importante communication de Monsieur Martin Schulthes, responsable de
la programmation auprès de l'Organisation des Peuples et Nations Non représentés
(UNPO) où a été abordée l'épineuse question du "Travail servile et
droits syndicaux".
Puis
ce fut le tour de Monsieur Ulrich Delius, Vice-directeur exécutif et Directeur
du bureau Afrique de l’Association pour les Peuples Menacés, une ONG
internationale de défense des droits humains en Allemagne et dans d’autres pays
européens. Monsieur Delius a traité de "la non-application de la loi de
2007 et l'impunité". " Il y une culture de l’impunité en
Mauritanie. L’échec total des systèmes administratifs, policier et judiciaire
face à la répression de l’esclavage est dû à la mauvaise foi de l’appareil
judiciaire et à la partialité du système politique.", précise Monsieur
Delius.
Viendra alors le tour de Monsieur Biram Dah Abeid, Président d'IRA, qui traita
de "IRA aujourd'hui". Monsieur Abeid aborda les principales
thématiques portées par IRA. Son caractère généraliste et non-exclusif.
"Nous avons, dit-il le président d'IRA, défendu les Salafistes condamnés
et emprisonnés au secret et sans la possibilité pour les leurs de leur rendre
visite". "Nous voulons déconstruire le système pour favoriser
l'émergence d'un ordre plus juste, précise-t-il". Monsieur Abeid précise
que la volonté d'IRA est d'être présente partout où sévit l'injustice. IRA
mettra sur pied, annonce-t-il, des syndicats au sein des secteurs manuels de
l'économie à savoir les dockers et les mineurs, pour commencer.
Après
ces cinq séquences, la parole a été donnée à la salle. De nombreux thèmes ont
été abordés; l'esclavage au sein des ethnies mauritaniennes autres que les
Maures et notamment la présence de cimetières d'esclaves séparés de ceux des
maîtres, le problème de l'enrôlement en cours et le risque de le voir exclure,
un peu plus, les esclaves et anciens esclaves dépourvus d'état civil et dont la
filiation est souvent compliquée. Le caractère discriminatoire de ce même
enrôlement a aussi été évoqué ainsi que l'aberration qui réside dans l'exigence
par l'ambassade de Mauritanie à Paris de produire un document étranger (carte
de séjour) pour obtenir des documents nationaux.
La
rencontre débat, qui a commencé à 16H30, a été clôturée à 19H15 par le Député
Jean-François Mancel.
La Commission de
Communication
Le
13 juin 2013
Les interventions
Voici les principales interventions enregistrées lors de la rencontre
débat. Chaque intervention est précédé d'un lien hypertexte pointant vers
l'enregistrement vidéo correspondant. Pour ouvrir le lien à partir de la
version pdf de ce document, il convient de copier le lien et de le coller dans
la barre du navigateur.
Mot d'accueil de Jean-François Mancel, Député et Conseiller Général de
l'Oise
Nous sommes vraiment à l'Assemblée Nationale, car à l'Assemblée, les
sièges ça compte. En l'occurrence, je suis vraiment désolé pour ceux et celles
qui ne pourront pas assister à cette réunion-débat parce que tout simplement
les organisateurs, que nous sommes collectivement et nous assumons notre
responsabilité, nous n'avions pas imaginé un tel succès et tant mieux, c'est
plutôt une bonne chose. Vous savez, il vaut mieux avoir une salle comble qu'une
salle à moitié vide. Je suis désolé pour ceux et celles qui auraient bien voulu
participer à cette réunion et qui se voient obligés de rester dehors. Mais,
président, vous n'aurez qu'à revenir et on pourra recommencer. Je crois que ce
sera une bonne idée. En ce qui me concerne, je serai très bref. Juste vous
souhaiter la bienvenue à l'Assemblée Nationale. Dire au président Biram Ould
Abeid que je suis très heureux de l'accueillir et le féliciter aussi parce que
vous savez qu'il a été en 2013 le lauréat du Prix FrontLine Defenders et dire
tout l'intérêt que nous allons porter à ce qui sera dit tout à l'heure et ça
permettra certainement d'avoir aussi un débat avec la salle sur ce problème
extrêmement grave et important et peut être très largement méconnu hélas de
l'esclavage en Mauritanie. C'est donc un sujet qui va être l'objet de
discussion tout à l'heure. Je voudrais donc dire simplement mon intérêt en tant
que parlementaire pour cette question et puis me réjouir encore une fois de
vous accueillir à l'Assemblée Nationale en espérant que nous aurons encore
d'autres occasions de le faire car il ne suffit pas d'une première rencontre,
il faut continuer après l'action et l'action que vous avez engagée commence
progressivement à porter ses fruits malgré les difficultés et les handicaps que
vous rencontrez dont vous direz certainement tout à l'heure un mot. Alors
encore bienvenue.
Intervention du Dr. Ahmed Amou Ould Moustapha, Membre du Bureau Exécutif
d'IRA
Monsieur le Député, cher Jean-François, Mesdames Messieurs les invités,
camarades et amis
Ce n'est pas sans une certaine émotion que nous sommes réunis sous ce
toit. Dans cette illustre Maison de l'Assemblée Nationale française qui a vu
s'élaborer des textes fondateurs. Des textes abolissant l'esclavage, il y a de
cela presque deux siècles. Mais aussi des textes plus récents instaurant une
journée de commémoration de l'abolition de cette abomination. Ici, l'esclavage
est du domaine de la mémoire. Il convient de ne pas oublier qu'il eut existé.
En Mauritanie, Monsieur le Député, un système militaro-féodal implacable,
habillé de vieux oripeaux d'une démocratie théâtrale et grotesque laisse des
homme soumette d'autres êtres humains et les maintenir dans la servitude la
plus abjecte dans l'indifférence totale de la conscience des hommes comme si le
progrès des idées de l'Humanité s'est arrêté net depuis des
siècles en Mauritanie et s'est enkysté dans une coque qui le rend imperméable
aux changements.
L’esclavage est le lot quotidien d'une part importante de la population.
On les appelle les Hratine, esclaves et anciens esclaves. Certes, ils ne sont
pas enchaînés deux par deux. Ils ne s'échinent pas à longueur de journée dans
des champs de canne à sucre . Mais il y'en a qui naissent esclaves parce que
leur mère ou père sont esclaves. Certains travaillent toute leur vie au service
d'autre sans contrepartie. Certains se voient déshérité par un prétendu maître
de leurs ascendants. Notre organisation a débusqué plusieurs cas de ce type. La
police a même arrêté quelques coupables de pratique esclavagistes quand
les militants d'IRA lui avaient fait comprendre qu'il ne pouvait en être
autrement. il est vrai qu'elle les a vite relâchés.
Vous l'aurez compris, Monsieur le Député, Mesdames et Messieurs les
invités, il y a des lois qui répriment l'esclavage en Mauritanie. Il y en a eu
même plusieurs dans l'histoire du pays. La plus récente porte un titre qui
souligne, à lui tout seul, l'anachronisme qui caractérise les mentalités de mes
concitoyens: "loi N° 2007-048 du 3 septembre 2007 portant criminalisation
de l'esclavage et réprimant pratiques esclavagistes". L'esclavage est donc
qualifié de crime en Mauritanie depuis 2007. Il est vrai qu'en 1981, une autre
loi l'avait aboli mais elle prévoyait l'indemnisation des maîtres d'esclaves,
avant cette date en Mauritanie, posséder un être humain, le vendre, en totalité
ou en partie pour une ou plusieurs personnes qui peuvent se partager son
service, vendre sa force physique à une personne et ses attributs sexuels
si c'est une femme à une autre ou les garder pour soi, le vendre, parfois à la
naissance et attendre le sevrage pour le remettre à ses nouveaux maîtres qui
peuvent être à des milliers de kilomètres de ses parents, le donner, le
céder, l'astreindre aux violences physiques, à l'exploitation sexuelle,
travaux forcés, dangereux et/ou dégradants , le priver de l'éducation du droit
au mariage, au voyage, exercer sur lui des châtiments ou des mutilations
et souvent en présence des autres membres de sa famille, toutes ces pratiques
étaient totalement légales avant 1981. C'est vous dire le progrès
accompli. Mais aussi récente que soit la reconnaissance par l'Etat mauritanien
du caractère criminel de l'esclavage, une loi existe désormais et elle est
promulguée. Notre organisation, IRA, ne demande que son application. Toute son
application. A tout un chacun et pour tous. Faire appliquer la loi, c'est l'une
des missions de l'Etat. En Mauritanie l'Etat rechigne à s'acquitter de son
devoir. Il rechigne à appliquer cette loi. Parce qu'elle remet en cause le
système sur le quel il repose.
Les militants d'IRA ont payé de leurs corps et de leur liberté l'exigence
d'appliquer la loi. Ils sont entrés dans des commissariats pour exiger que la
police instruise des affaires qu'ils lui apportent. Comme le prévoit la loi.
Ils ont organisé des meetings, des sit in, des "caravanes des
esclaves" pour la liberté. Ils ont été réprimés, calomniés et jetés
en pâture à la vindicte populaire.
Notre Président, plusieurs de nos dirigeants et de nos militants ont
croupi en prison pour avoir dénoncé ces pratiques ignominieuses et pour avoir
voulu jeter le faux masque de la religion sur cette pratique d'un autre âge.
L'état mauritanien nargue le droit international et se joue des
organismes et des partenaires internationaux en édictant de plus en plus de
lois modernes contre l'esclavage et en ratifiant les conventions
internationales de promotion et de protection des droits humains mais,
parallèlement, en sourdine, l'Etat continue à promouvoir les anciennes
références, tirées de manuels d'exégèses esclavagistes qui partagent les
musulmans en deux catégories: maîtres et esclaves et qui stipulent que
l'esclave est un bien matériel pour son maître et il peut en disposer à sa
guise sans aucune restriction.
C'est l'autodafé symbolique de l'un de ces livres qui a valu au Président
Biram un séjour de quelques mois dans les geôles mauritaniennes sans aucun
procès ni de qualification des faits qui lui sont reprochés avec une
campagne de diabolisation sans précèdent par les autorités mauritaniennes
avec la complicité malveillante des Oulémas salariés.
Mais cet acte courageux a réveillé les consciences et a permis d'ouvrir
le débat sur les fondements de jurisprudence musulmane de l'esclavage, qui sont
en fait inexistants mais qui sont le fruit d'une interprétation erronée à la
carte des exégètes qui ont tordu le cou au texte religieux pour
satisfaire aux désirs aux pulsions sexuelles et aux besoins en main
d'oeuvre et en domestiques des rois, des émirs et des notables musulmans, le
problèmes est que nos Oulémas récitent ces textes et continuent à les appliquer
et toute remise en cause de ces manuels équivaut à ces Ouléma de revenir aux
bancs de l'école pour apprendre autre chose puisqu'ils ne savent rien d'autre
que ces livres esclavagistes, chose qu'ils n'accepteront pas par fainéantise et
par orgueil pour cela ils tirent à boulets rouge sur Biram.
Mais à la fin tout le monde s'accorde à dire que c'est Biram qui
avait raison mais son crime c'est qu'il a eu raison avant les autres et surtout
par son acte il sape le fondement juridique de cette pratique hideuse que
beaucoup, malheureusement , s'en accommodent en Mauritanie.
Le combat de l'IRA commence à porter ses fruits, la reconnaissance
internationale de la pertinence du combat de l'IRA incarné par son président
vient de se concrétiser par l'attribution du prix Frontline
defenders remis des mains du premier ministre irlandais et dont je
félicite le Président Biram ici présent, d'autres prix viendront, j'en suis
persuadé, couronner le combat juste sincère et efficace de notre
organisation, les esclavagistes prennent peur et déploient
des trésors d'ingéniosité pour cacher leur forfaiture en falsifiant des
contrats de travail bidons, des pièces d'état civil en fabricant des
témoignages parfois rémunérés, parfois obtenus sous la contrainte avec la
complicité des autorités du pays, le gouvernement feint d'instruire les
affaires d'esclavage quand il se trouve acculé par les militants de notre
organisation.
La loi portant criminalisation de l'esclavage commence à être timidement
appliquée. Pas partout, pas par tous ni contre tous. Mais c'est un début.
C'est un début d'application d'une loi obtenue par l'action d'une organisation
qui opère hors la loi. Monsieur le Député, Messieurs les représentants du Ministères
des Affaires étrangères françaises, vous avez devant vous, vous avez accueilli
et honoré le président et les responsables d'une organisation mauritanienne
hors la loi! Une organisation hors la loi qui s'est assigné comme objectif de
faire appliquer la loi. Depuis octobre 2008, IRA opère en dehors du cadre
juridique mauritanien, a son corps défendant. Ce n'est pourtant pas faute de
constituer un dossier de demande de légalisation. A chaque fois c'est le refus
catégorique.
Notre demande première et que nous n'avons eu de cesse de réitérer est
d'avoir notre titre de reconnaissance en tant qu' ONG de la société civile
mauritanienne.
Mais le travail pour faire progresser les mentalités dans une
société croulant sous le poids des conservatismes de tous genres nécessite de
déborder du cadre strictement de défense des droits de l'homme et aller sur le
terrain politique au sens traditionnel du terme. Un groupe de militants
émanant de notre organisation a décidé de créer un parti politique. Ils l'on appelé
"RAG" pour Parti Radical pour une Action Global. Là aussi c'est la
légalité que nous visons et que nous voulons utiliser le plus pacifiquement du
monde pour faire avancer notre cause. Mais là aussi, nous nous heurtons au murs
de l'Administration. Nous attendons toujours notre autorisation. Nous sommes,
pourtant décidés à investir toutes les tribunes qu'offre la vie politique
mauritanienne. Nous mènerons nos listes sous nos propres couleurs, briguerons
tous les mandats et œuvrerons pour avoir, dès les échéances prochaines, un
groupe parlementaire en propre.
IRA veut l'application de la loi 2007-0048. Toute la loi, à tous et par
tous. Mais nous voulons aussi qu'une nouvelle loi soit adoptée. Une loi qui
aura pour objectif de régler la question de la propriété foncière et agricole.
Une réforme agraire juste, durable et équitable.
Les Hratine sont courageux, travailleurs et endurants. Ce sont eux qui
constituent les forces vives et motrices de la société. IRA considère que
les Hratine ont suffisamment longtemps travaillé pour les autres. Nous estimons
qu'ils ont le droit, maintenant, de travailler pour eux mêmes. Mais la plupart
des Hratine sont des cultivateurs, dans les oasis, dans les cuvettes et les
dépressions cultivables. Ils sont aussi dans les bétails des maîtres. Les
Hratine méritent et réclament d'avoir des terres à eux, avec titre foncier
inaliénable et possibilité de le léguer à leur descendance. Vous voyez ce sont
des revendications simples. Etre et avoir. Mais ce qui semble banal et naturel
sous ce toit peut s'apparenter à la provocation en Mauritanie. Mais IRA a
décidé de mener cette provocation. Désormais, elle accompagnera les esclaves et
anciens esclaves dans leur combat pour la propriété de la terre. Jusqu'à la
dissolution de la saisine collective de la terre et la distribution, à leur
profit, de terres arables de qualité en quantité.
Evidemment qu'IRA sera vigilante pour qu'une telle réforme ne soit un
moyen oblique qu'utiliseront certains hommes d'affaire pour mettre la main sur
les meilleures terres. L'Etat doit avoir une politique de ségrégation positive
dans ce domaine.
Le combat autour de la question de la propriété de la terre sera
autrement plus rude et violent que celui pour l'application de la loi
criminalisant l'esclavage. Pour une première raison qui est qu'il n'y a pas
encore de loi. Pas de cadre juridique opposable. Les féodalités vont se
réveiller et actionner tous leurs ressorts au sein de l'Administration et
jusqu'au plus haut niveau de l'Etat.
La lutte contre l'esclavage étant un combat universel, notre organisation
est ouverte à tout le monde et compte dans ses rangs, en Mauritanie des
esclaves, des anciens esclaves mais aussi des hommes et des femmes de bonne
volonté d'autres conditions sociales, qui ont décidé de s'associer à corps
perdu avec leurs frères victimes depuis des siècles de cette pratique ignoble
en s'affranchissant du sentiment de culpabilité, résultat de pratiques indignes
dont ont pu se rendre coupables leurs parents en les dénonçant justement et en
demandant réhabilitation et réparation pour les victimes. Nous comptons dans
nos rangs des femmes et des hommes de toutes nationalités et de toute catégorie
sociale( des avocats, des médecins, des hommes d'affaires des hommes
politiques des activistes des droits de l'homme cet...) partout dans le monde,
en Europe au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique.
Notre organisation manque de tout. Ses moyens, très indigents,
proviennent surtout des cotisations de nos adhérents qui sont, hélas, ceux
parmi la population mauritanienne qui, de par leur naissance, sont dans le
dénuement le plus total ce qui plombe nos activités qui reçoivent pourtant un
engouement sans précédent des populations cibles
Nous auront besoin de votre aide et soutien dans cette future épreuve
aussi. Comme nous avons eu à l'éprouver dans les mois qui viennent de
s'écouler.
Au nom d'IRA-France, je vous remercie.
Intervention de Monsieur Martin Schulthes, responsable auprès de
l'Organisation People Nation Non représentés (UNPO))
"Travail servile et droits syndicaux"
Bonjour à tous
J’ai choisi ce thème par ce qu'en tant que représentant de l'organisation
UNPO (Unrepresented Nation and People Organisation), une organisation qui
regroupe des peuples non représentés, des territoires inconnus. C’est après
notre dernière élection qu'IRA nous a rejoint en 2011.
C’était notre rôle de les affranchir et donc de les faire sortir d’un
isolement social, politique et économique, Biram et ses amis pour pouvoir
justement donner une envergure à leurs actions.
Une chose classique que nous avons l’habitude de faire à Bruxelles est de
chercher les moyens d’aider les organisations, donc il est difficile de
demander à la Commission de donner de l’argent et d’aider Biram à chambouler le
pays, donc il faut trouver des entrées un peu plus obliques, c’est le premier
problème. Le deuxième problème est sur la question de l’esclavage; il y’a un
problème si ont fait une démarche de droits de l’homme on arrive toujours un
peu en retard parce qu’ont doit attendre qu’il y ait violation et ensuite on
essaye de réparer les dégâts.
Alors que toute la démarche semble floue et pour pouvoir effectivement
faire avancer les choses il faut finalement les regarder dans le sens du droit
de travail par ce qu'en termes pratiques au-delà de la dominatrice culturelle
qui est clairement sous-jacente à la question du texte, il y a en termes
matériel, d’honoraire de travail, de salaire, des choses qui regardent les
droits des travailleurs.
Alors la question importante c’est une démarche que les autorités
mauritaniennes elles-mêmes ce sont posée et à bien voir il y a eu déjà et sans
le voir, on le verra dans l’intervention d’Ulrish, sur l’impunité et la non
application ou là aussi le documentaire.
C’est que ce sont souvent les domestiques qui sont victimes de la
pratique, c’est à peine étonnant du moment où ce sont des mineurs et en tant
que domestiques tu travailles chez ton employeur et c’est probablement dans ce
contexte que la dominance culturelle qui passe par le type d’interprétation
religieuse a le plus facilement pu s’imposer puisque ça rentre dans le domaine
des domestiques on a l’ordre familial et que donc effectivement à partir du
moment où on doit adhérer à ses conventions, il suffit de dire qu’on adhère
avec ses conventions sous réserve que la Charia a la priorité et la question du
type de charia’a devient important et quand on a un domestique à la maison de
quelqu’un il fait partie de la famille et sa devient effectivement très
difficile.
Je rentre dans les détails par ce que je pense que l’action de l’IRA en
Mauritanie auparavant comme très typique pour un pays qui a des
spécificités et je crois que c’est quelque chose qui est dans l’esprit du temps
et donc on exploite le droit et l’esclavage moderne et je veux dire que c’est
quelque chose qui est à l’avant-garde interne mais qui est en train de monter
en puissance sur la scène internationale.
Je sais que la Commission européenne est très axée sur se qui peut donner
de grandes ambitions susceptibles d'arrêter la traite des êtres humains.
Ce qui est claire, la Commission est intéressée quand il s’agit de traite
transfrontalière et donc qu’on a une migration clandestine. Tout le problème en
Mauritanie est qu’il s’agit d’une traite interne donc la question est de
rentrer dans des questions d’origine interne et on s’y attèle.
Ce que je voulais préciser en fait est que les conventions elles sont
ratifiées et ne le sont pas du tous bien entendu de façon secrète, c’est
tout à fait officiel. C’est dire qu’elles sont ratifiées sous réserve de la
charia’a, c’est parfaitement claire.
La question internationale, dans sa démarche qu’on essaye de faire, est
que, par exemple, il y a eu une convention du Bureau International du
Travail sur les femmes domestiques et les droits des femmes domestiques,
qu’est ce que fait la Mauritanie, elle a ratifié la convention et un mois
environs avant la convention elle a fait passer un décret qui de fait établit
des règles d’embauche des femmes domestiques.
On verra avec les manifestations et les procès d’IRA, ça concerne le plus
souvent des femmes domestiques et s'est important de savoir que les autorités
mauritaniennes essayent de se mettre en règle ne serait ce que parce
qu’il y a des intérêts nationaux de ne pas être trop publiquement marqué comme
étant un Etat esclavagiste. Le problème est que ce décret est presque
totalement secret, je ne leur lance pas la pierre mais je pense qu’il y a un
retard du côté de tous sur les organisations de droits de l’homme qui ont
l’habitude de s’occuper que des prisonniers politiques et de torturés en
prison et il y a les syndicats qui ont l’habitude d’être aussi plus limités à
des négociations salariales et que donc il y a un trou entre les deux, un
décalage et une déconnection à mon avis c’est peut être dans ça qu’on est
entrain de travailler pour trouver des projets et arrangements et l’idée est de
faire travailler les organisations des droits de l’homme et des syndicats pour
un peu se préparer à ses habitudes. On va essayer de travailler ensemble pour
trouver ensemble.
Il est clair que le fait qu’IRA ne soit pas reconnue par les autorités ne
simplifie pas les choses. Elle rend impossible de travailler directement avec
IRA. On va trouver des partenaires locaux qui peuvent porter le projet. C’est
l’aperçu de la difficulté en voulant faire quelque chose.
C’est important aussi de savoir qu’il y’a un rapporteur spécial des
Nations Unies contre l’esclavage qui est parfaitement au courant et qui a fait
des rapports intéressants et c’est bon de savoir que ça commence à sortir. Même
chose pour le Mali et le Niger et vous êtes à l’avant-garde et ça fait savoir
aussi que le problème est régional. C’est une question qui touche beaucoup de
pays et il faut savoir où se positionner.
C’était un aperçu de ce que sa veut dire de vouloir faire avancer les
choses en Mauritanie sans rentrer dans les détails, ce que ça veut dire de vous
accompagner et essayer de trouver des moyens pratiques.
On a pas de raison de croire qu’on ne va pas gagner.
Intervention de Monsieur Ulrich Delius, Vice-directeur exécutif et
Directeur du bureau Afrique de l’Association pour les Peuples Menacés sur
"la non-application de la loi de 2007 et l'impunité"
Résumé: En 1982, notre association a publié notre premier rapport sur les
“Hratine” et “L’esclavage en Mauritanie”. Longtemps le gouvernement Mauritanien
a nié l’ existence de l’esclavage. On ne parlait que de séquelles de
l’esclavage. Ce langage n’a pas change depuis plus qu’une trentaine d’années,
c’est étonnant, même choquant.
En adoptant le 3 septembre 2007 la loi portant criminalisation de l’esclavage
et réprimant les pratiques esclavagistes, beaucoup d’ONG avaient espéré que
finalement le gouvernement mauritanien prenait la lutte contre l’esclavage au
sérieux. Depuis lors, néanmoins, cette loi attend toujours d’être pleinement
appliquée. Il y a une très forte réticence aussi bien de la part des autorités
administratives et de police que de celle du ministère public et des juges
quant à sa mise en œuvre effective.
La plupart des affaires d’esclavage sont closes sans la conduite
d’enquêtes sérieuses, ce en violation de l’article 12 de la loi contre
l’esclavage. Suivant cet article, celles des autorités concernées ne donnant
pas suite à une plainte portée à leur connaissance sont passibles d’une peine
d’emprisonnement et d’une amende. Dans la mesure où les poursuites prévues au
titre de cet article reposent sur les mêmes autorités que celles chargées de
réagir aux plaintes relatives à l’esclavage, il n’a jusqu’à présent jamais été
appliqué. Dans les cas où une plainte est transmise au ministère public, il est
pratique courante pour le procureur de requalifier le crime d’esclavage sous
une autre inculpation ou de chercher à obtenir un arrangement à l’amiable,
contournant de la sorte l’application de la loi contre l’esclavage. Dans
d’autres cas la plainte reste pendante devant le procureur ou le juge
d’instruction pendant des mois voire des années sans aucune explication.
Depuis son adoption, la loi de 2007 contre l’esclavage n’a été invoquée
que par deux fois devant les tribunaux mauritaniens. Dans le premier cas, la
date du procès a été fixée trois jours après la tenue de l’audience de
confirmation des chefs d’accusation si bien que ni le procureur ni la partie
civile n’ont eu le temps de s’y préparer correctement. Par contraste, l’appel
interjeté contre la décision d’acquittement est en suspens depuis le mois
d’avril 2011. Dans le deuxième cas, l’esclavagiste a été reconnu coupable mais
remis en liberté sous caution moins de quatre mois après sa condamnation.
L’appel interjeté contre cette décision n’a à ce jour pas non plus été traité.
Il y une culture de l’impunité en Mauritanie. L’échec total des systèmes
administrative, policier et judiciaire face à la répression de l’esclavage est
dû à la mauvaise foi de l’appareil judiciaire et à la partialité du système
politique.
Intervention de Biram Dah Abeid
Je remercie toutes les organisations de droits de l’homme présentes.
Mes remerciements aux éminents chercheurs qui s’intéressent à la
Mauritanie et à la problématique de l’esclavage.
Je ne pus aussi ne pas remercier les officiels, les représentants
du Quai d’Orsay qui nous honorent de leur présence.
Mes remerciements vont aussi aux organisations de la diaspora
mauritanienne et au conseiller de l’ambassade de la Mauritanie en France.
Ira-Mauritanie est une forme de dissidence idéologique et religieuse dans
un monde, une société et un environnement où le droit positif ne régit pas les
rapports entre les hommes, dans un environnement où les droits individuels ne
sont pas reconnus, où le geste de droit est l’apanage de livres, d’écrits qui
datent d’au moins six siècles avant les années dans les quelles nous vivons
actuellement.
Nous sommes contre cela, nous sommes dans l’optique de la déconstruction
idéologique et religieuse.
Nous sommes un mouvement d’idées et une organisation qui veut appeler à
la fois à une renaissance, un siècle de lumière et à une révolution
démocratique et du travail.
Comme la Mauritanie, certaine pays du monde arabo-musulman et d’Afrique
stagnent car l’éthique de la manière de voir le droit de l’être humain continue
à être tributaire de sa naissance, de sa couleur, de sa foi.
Nous représentons une insurrection morale contre les pratiques, contre
les pensées et les dogmes qui continuent à diriger les mentalités.
Nous nous élevons contre les pratiques politiques des Etats, de tous les
Etats qui font de la duplicité : qui ont un droit international auquel ils
adhérent et qu'ils ratifient avec empressement et sans mauvaises foi apparente
tout en continuant à perpétuer l’application de codes traditionnels ou
« religieux » qui sont en total contradiction avec le droit
international.
IRA est aussi une organisation de droits de l’homme. On a vu la loi de
2007 criminalisant l’esclavage, on a vu même l’Agence pour lutter contre les
séquelles de l’esclavage, on a aussi un cota de 20% pour les femmes lors
d’élections municipales et parlementaires; tous cela constitue les grandes
décisions avec lesquelles l’Etat mauritanien fait beaucoup d’agitations et
c’est la seul réplique que l’Etat mauritanien et les Etats partenaires de la
Mauritanie et des institutions partenaires de la Mauritanie comme l’UE, la
France et l’Espagne nous servent comme arguments.
Ce que argue l’Etat Mauritanien qui continue à jouer la carte et la ligne
du déni actif de l’esclavage mais aussi les partenaires de la Mauritanie qui
vont dire voila ils ont promulgué une loi.
Ce droit concerne les esclaves de façon collective. C’est une bonne
chose, comme les lois et décisions sur les femmes qui concernent
collectivement les femmes mais aucune femme en particulier n’est protégée
contre le machisme de la famille en Mauritanie et ce malgré ces lois.
Les femmes dans leur gémissement, dans leur douleur, le déni de
l’égalité, le déni de la majorité que leur fait subir le code négrier, machiste
et immoral que nous avions incinéré symboliquement le 27 Aout 2012.
Ces lois qu’ils ratifient et promulguent avec fanfaronnades, quelle
est leur intervention dans la désolation individuelle de chaque femme
mauritanienne ? Où sont les décisions des tribunaux qui rendent
justice à une seule femme violée, maltraitée où discriminée ?
Ces lois et conventions que la Mauritanie et ses partenaires citent
beaucoup de fois sur l’esclavage, quelle est la seule décision qui a porté
secours à une seule personne victime d’esclavage ?
Dans tous les tribunaux mauritaniens aucune décision n’a corrigé le tort
fait à une femme et à un esclave et vous, Messieurs et Dames, savez que
l’application de la loi est individuelle mais se qu’on nous cite ce sont des
choses qui sont là mais qui ne partent pas à l’essentiel et sans influence sur
l’individu ou la personne victime. Donc je voudrais que ceux qui soutiennent où
qui tolèrent ce qui continue à être pratiqué en Mauritanie, dans leurs
arguments, de nous apporter des preuves matérielles d’une véritable volonté de
l’Etat mauritanien en dehors de toutes ses ratifications et déductions de lois
qu’on peut égrener mais dont on ne voit pas les effets.
Je voudrais dire qu'Ira-Mauritanie, en tant que ONG, mouvement
d’idées a pu faire un effet déstabilisateur sur la société mauritanienne,
des groupes dominants de l’Etat mauritanien qui a fondé sa gouvernance, qui
s’appuie et continue à s’adonner à une gouvernance esclavagiste, a été durement
éprouvé au cours de ces dernière années grâce à la détermination de
l’organisation IRA et des choix des angles d’attaque par lesquels nous avons pu
atteindre le système dans ses régions les plus sensibles.
L’incinération symbolique des livres négriers a pu mettre à nu la
complicité que l’élite mauritanienne avec les érudits, Uléma car l’Etat
mauritanien est une "République de Marabouts" qui sont réfractaires à
toute idée de tolérance, au principe de la contradiction qui refusent la
transition de la Mauritanie vers une société, un Etat, un environnement où ce
qui lie et qui gère les relations entre les hommes est le droit.
Nous avons constaté, avec l’incinération des livres, que les vrais
leaders d’opinion ce n’est pas la classe politique ni les administratifs, ni la
bourgeoise. Ceux qui dirigent la Mauritanie à travers les différentes
corporations de l’Etat ce sont les Marabouts (Erudits, ndlr).
L’incinération symbolique des livres négriers qui représentent l’unique
version qui interprète le Coran en Mauritanie et les gestes du Prophète en
Mauritanie, des livres qui sont inscrits dans la Constitution comme principale
source de loi, qui sont à la base de la formation des magistrats, des officiers
de la police judiciaire, des administrateurs civils et du commandement, des
érudits.
Ces livres négriers, anciens, qui partagent et divisent les Musulmans en
deux catégories : les libres et les esclaves, qui disent que la femme est
génétiquement programmée pour mentir plus que l’homme et qu'elle n’a pas le
droit de diriger dans la société.
Toute la classe bourgeoise qui dirige le pays ou s’exprime dans la
politique a crié au sacrilège, à l’apostasie et ils ont demandé la peine la
plus lourd (la peine de mort), ce qui prouve qu’en réalité ce sont les
Marabouts qui dirigent.
Ils ont fait du zèle pour satisfaire les Marabouts. Nous sommes alors
contre les Marabouts et notre lutte est contre les Marabouts car ce sont eux
qui sont à l’avant-garde de la lutte pour maintenir l’esclavage et
l’intolérance. Ce sont eux les commandants en chef.
Ira-Mauritanie doit continuer sont action de sape visant à mettre fin au
dictats des Livres sur les mentalités des Mauritaniens, mais aussi les idées
d’IRA doivent être exprimées dans tous les domaines, c’est pourquoi le parti
RAG est une version politique d’IRA. Le "rag" en langue maure est le
terrain qui est au centre du village où se retrouvent tous les esclaves à la
fin de la journée après leurs corvées quotidiennes pour se raconter
beaucoup de chose, se mesurer physiquement, lutter etc…Il joue un grand rôle
dans la vie de l’esclave parce que c’est dans le RAG que les esclaves
goûtent à un moment de liberté, tard dans la journée quand tous le monde
dort.
IRA est aussi dans la nécessité de mettre en branle un mouvement
syndical, parce que dans notre société le travail manuel et dégradant est le
lot des esclaves et ça continue à l'être. Donc les classes ouvrières sont le
lot des Hratine. IRA considère que la fin de l’esclavage et l’émancipation des
Hratines est la seul bataille structurante en Mauritanie.
L’aile syndicale d’IRA qui a fait ses preuves en encadrant par
IRA-Mauritanie le mouvement des dockers à Nouakchott, par exemple, a entamé sa
naissance.
Nous considérons aussi que nous devons prendre en tenaille les
institutions esclavagistes à travers une ONG active sur le plan nationale et
international, une ONG pas comme les autres ONG classiques qui sont un
rassemblement d’élite qui ont comme forme de lutte la dénonciation par voie de
presse.
Nous avons décidé que cette ONG fera s'approprier la population le combat
contre l’esclavage, d’où la nécessité de créer un mouvement de droit civique
avec tous ce que cela peut contenir à la manière que M.L.King et ses
amis: marches, manifestations et mouvement de masse.
IRA-Mauritanie est une organisation de masse qui permet aux populations
elles-mêmes de faire cette lutte, de se sacrifier et je pense que nous sommes
un mouvement qui a dans ses objectifs de créer un courant universaliste et
moderniste au sein du monde arabo-musulman et africain.
Parce que nous considérons qu’avant la traite atlantique il y’avait la
traite arabe et orientale et avant la traite arabe et orientale il y avait la
traite africaine.
Donc les élites africaines et arabo-musulmanes, par une solidarité
confessionnelle et tiers-mondiste, ont passé sous silence la traite interne
en Afrique et la traite arabo-musulmane pour se focaliser sur la traite
transatlantique d’où la réplique qu’ont pu avoir ces élites en Afrique et
dans le monde arabe pour continuer cette forme d’esclavage. Etant donné
qu'actuellement en Mauritanie il y a des formes d’obscurantisme qui s’expriment
avec beaucoup de violence , nous considérons que ceux qui détiennent le
pouvoir en Mauritanie s’appuient sur des groupes qui sont les vrais
détenteurs du pouvoir, le groupe des Marabouts.
Intervention, lors du débat, de Maître Norbert Trucaud, avocat de Conseil
Représentatif des Associations Noires de France (CRAN)
Il serait bon qu'il y ait une coordination entre les différentes ONG pour
qu'effectivement on dépêche des observateurs internationaux dans ces
procédures. Par exemple j'étais observateur lors de procès au Maroc
devant le tribunal militaire de Rabat contre les militants sahraouis. Donc la
présence d'observateurs internationaux permet de réduire, je ne dis pas
annuler, mais seulement de réduire la partialité des juridictions. Donc il est
de notre intérêt de coopérer, l'union fait la force. Il serait bon de regrouper
nos activités et d'organiser justement des veilles juridiques et humanitaires
pour que dans tous les cas où on peut dénoncer l'esclavage en Mauritanie il y
ait des observateurs internationaux. C'est la première des suggestions que je
voudrais faire. Je pense qu'il n'y a pas que le CRAN qui s'associerait à ce
type d'activité. Et je pense qu'il serait bon, et là l'IRA pourrait jouer un
rôle important, de créer un véritable observatoire des droits humains en
Mauritanie pour recenser toutes les atteintes et il serait bon, je remercie mon
frère, Maître Diop, d'avoir évoqué ce cas, rien que photographier et faire des
vidéos et mettre sur internet des cimetières différents pour les esclaves et
pour les maîtres, ça devrait être diffuseé partout. C'est une honte pour la
Mauritanie. Tous les cas d'esclavage domestique, le moindre mineur mis en
esclavage, on doit pouvoir l'identifier, le témoigner pour le premier jet. On
doit pouvoir faire un recensement, un inventaire des cas d'esclavage. Là aussi
agir en conséquence. Je ne veux pas être long. Pour lutter contre ce crime
contre l'humanité qu'est l'esclavage, je rappelle qu'en France il a fallu
attendre le 10 mai 2001 pour que soit adoptée la première loi Taubira qui a
reconnu la traite négrière et l'esclavage comme des crimes contre l'humanité.
Les crimes contre l'humanité sont des crimes imprescriptibles. Donc c'est à
nous, concernant l'esclavage, qu'il soit moderne ou plus ancien de dénoncer ces
crimes contre l'humanité et de nous organiser en conséquence. Donc deux
suggestions: organisons-nous pour des observateurs aux procédures judiciaires
en Mauritanie et mettons en place un observatoire des droits humains en
Mauritanie et invitons toute la communauté internationale et les associations
et ONG de la société civile à y participer. Merci.
Les débats dans la salle
Vidéo : http://www.dailymotion.com/video/x10xdmn_debats-a-l-assemblee-nationale-ira-partie-1_webcam#.UcHgqef0GSo
Débats à l'Assemblée Nationale - IRA - partie 1 par FreedomForSlaves
Les débats avec la salle ont duré une heure trente minutes et furent
riches et courtois. De nombreux thèmes y ont été abordés dont, notamment:
- la non-application de la loi criminalisant l'esclavage;
- la nécessité d'une libération économique des esclaves
- la mise en garde contre les effet dangereux et pervers de l'opération
de recensement (enrôlement) en cours. Les esclaves et anciens esclaves risquent
de s'en trouver exclus, un peu plus. On a parlé dans la salle de "génocide
biométrique". Cette question concernerait l'ensemble de la communauté
noire de Mauritanie. Le représentant de l'Ambassade de Mauritanie à Paris,
présent dans la salle, a été interpelé à ce sujet mais aussi au sujet de
l'exigence, faite par l'Ambassade, de la production d'une carte de séjour
(document étranger) pour la délivrance de documents nationaux.
- La question de l'esclavage au sein des autres ethnies mauritaniennes
(autres que les Maures) a aussi été largement débattue.
documentaire
Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=Xh0Gd68N8yM
relatant les principales étapes du combat d'IRA en Mauritanie et à l'extérieur du pays introduit la séance permettant aux participants de mettre des images et des mots sur la lutte antiesclavagiste en Mauritanie. Par la suite, a pris la parole Dr Ahmed Amou Ould Moustapha, membre du Bureau Exécutif d'IRA, pour expliquer "Ce que veut IRA". Essentiellement deux choses: appliquer la loi 2007-048 criminalisant l'esclavage, à tous, pour tous et partout et promulguer une nouvelle loi instituant une réforme permettant aux Hratine d'accéder à la propriété foncière des terres arables. Etre et avoir, telles sont les principales revendications des Hratine portées par IRA.
Débats à l'Assemblée Nationale - IRA - partie 1 par FreedomForSlaves
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