Cette
rencontre a eu lieu le 12 juin 2013. D’une manière générale, les intervenants
mauritaniens ou étrangers ont fait le constat que l’esclavage continue encore à
sévir en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien a fait l’objet de critiques
parce qu’il il ne fait rien pour changer la situation et dans une certaine
mesure, il soutient les esclavagistes.
Des réflexions importantes se sont dégagées.
Il serait important qu’il y ait un suivi afin que ces bonnes idées trouvent
suite.
Une des
idées les plus importantes est celle relative à la création d’un mouvement civique.
L’intérêt de cette idée est qu’elle permet de dépasser les particularismes et
d’aborder des questions qui, jusque-là, n’ont pas tellement eu d’échos. On peut
prendre pour exemple la condition de la femme sur laquelle un des intervenants s’est longuement penché.
En créant un
mouvement civique, on pourrait rapprocher différents mouvements ou communautés et
traiter de différentes questions qui minent la Mauritanie.
La
difficulté qui se pose souvent en Mauritanie est de pouvoir rassembler. Car,
comme le dira un des intervenants, les égos empêchent d’avancer. C’est ce qu’il
a nommé le moi-moi.
Mon
expérience m’a fait comprendre que, dans les luttes qui réussissent, le
leadership s’impose de lui-même et c’est souvent par son action et comportement qu’il émerge. D’autre part,
il ne s’agit pas, à mon avis, du point essentiel. Ce qui est important est l’idéal.
Si le
problème de leadership se pose, c’est parce que la plupart des acteurs politiques et ceux de la société civile ne
mettent pas en avant l’intérêt général car si tel était le cas, les problèmes
qu’ils rencontrent ne se poseraient pas.
D’une
manière générale, les Africains de la nouvelle génération ont du mal à
travailler pour l’intérêt général, se mettre ensemble pour un but collectif.
Les sentiments, les intérêts personnels prennent souvent le dessus sur les
idéaux. Chacun se centre sur lui-même.
Le second
point qui me parait important est de travailler en vue d’avoir une assistance juridique
internationale. Ainsi, en cas de procès, des avocats venus de l’étranger et des
observateurs internationaux pourraient aider à mieux faire connaitre la manière dont les militants sont
traités sont traités par la justice mauritanienne].
Autre idée importante,
il s’agit de dire comment aider les Harratine à avoir les moyens de leur
autonomie. Certaines pistes ont surgi. Il s’agit d’une réforme foncière qui
permettrait à cette catégorie de la
population d’accéder à des terres et cette réforme foncière doit être suivie
par les organisations anti-esclavagistes et d’autres afin que cette réforme ne
soit pas détournée de ses objectifs premiers. Il ne faudrait pas que l’on
profite encore de cette occasion pour donner les terres aux riches et à certaines personnes n’y ayant pas
droit ou encore arracher à d’autres leurs biens indûment.
Dans le même
ordre d’idées, quelqu’un vivant en Inde a mis l’accent sur l’aspect économique
de la question. En Inde, selon lui, il existe des classes marginalisées, une
politique a été mise en route pour les aider à sortir de leur situation. On
pourrait donc s’inspirer de cet exemple.
Le problème
de l’esclavage en Mauritanie est lié à une question de mentalité mais comme les
mentalités ne changent que difficilement, on peut donc commencer par des
programmes éducatifs et économiques qui favoriseraient l’indépendance intellectuelle
et économique des Harratine. Celle-ci aiderait à un changement de comportements des Harratine
qui ont tendance à vouloir rester auprès de leur maître car il est difficile
de le quitter si l’on n’a pas les moyens de sa survie.
Une autre
idée aussi mérite qu’on lui prête attention, il s’agit de créer une
organisation qui travaille pour une autre lecture des textes coraniques en
faveur de l’émancipation car comme l’a affirmé un des intervenants, la
Mauritanie est une République des Marabouts dont l’idéologie est en faveur de
la légitimation de l’esclavage, de la domination des femmes, etc.
Des pistes ont été ainsi ouvertes. Il reste
maintenant à en assurer le suivi. Car les débats à eux seuls ne suffisent pas. Ils doivent
être accompagnés d’actions.
Oumar Diagne
Ecrivain
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire