L'essentiel est oublié.
Rien ne peut être fait en
Mauritanie sans le rétablissement de la démocratie. Démocratie de forme à inventer, sans doute pour
aujourd'hui et pour demain en tenant compte de l'expérience et des acquis des
collectivités traditionnelles (Fleuve et Haute Mauritanie) et de la période
fondatrice (Moktar Ould Daddah 1957-1978) : la preuve en a été donnée par les
textes et concertation pendant le bref exercice démocratique du pouvoir, celui
de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Rétablissement auquel deux dispersions
ne concourent pas. La première est celle de l'opposition démocratique incapable
de se donner par avance un candidat unique contre celui de la dictature
militaire et personnelle, candidat soutenu par tous les autres qui auraient pu
l'être, candidat se répandant dans tout le pays et à l'international. La
seconde est précisément de l'abolitionnisme qui donne une image incorrecte de
la Mauritanie. celle-ci est une dictature avant d'être un pays esclavagiste. On
n'éradiquera pas l'esclavage et d'autres maladies comme le racisme, comme
l'accaparement des richesses, sans la démocratie. Tout ce qui n'est pas le
combat pour la démocratie et contre la dictature est une dispersion.
L'étranger se satisfait des réalistes esclavagistes, cela produit au mieux de
l'humanitaire. tandis que mettre en cause une dictature soutenue par les
partenaires de la Mauritanie, à commencer par l'ancienne métropole qui n'en
finit pas - contrairement à de Gaulle et aux paris de 1956-1958 - de
mépriser les Africains en les jugeant incapables de démocratie, et qui persiste
quotidiennement à croire que la sécurité, notamment au Sahel, n'est pas
fonction du régime intérieur des États, et qui depuis 2008 maintient un regard
sur la Mauritanie : c'est Mohamed Ould Abdel Aziz qui fait bien le travail, que
c'ait été la sape du régime démocratique, puis la déstabilisation du Mali, puis
le massacre de Germaneau, puis les palinodies d'aujourd'hui... L'esclavage
abominable, mais l'application des lois de 2007 ne se fera que par la
démocratie. C'est le moyen qu'il faut réclamer avant la fin.
Merci, cher Hanoune.
Bertrand Fessard de Foucault
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